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ment du Cantal ne sauraient aboutir à une pure et simple substitution d'une centralisation à une autre. Ce mot de décentralisation fait trop fortune, quelles que soient les visées particulières de chacun, pour qu'il n'en reste rien qu'un stérile mouvement.

En attendant, les vœux des conseils généraux émis durant la dernière quinzaine, méritent d'être recueillis, et l'économie politique ne s'y trouve pas la moins intéressée. L'instruction y tient une grande place, comme on devait s'y attendre cette année, après les appels du ministre de l'instruction publique et conformément à l'état de l'opinion. Le vou de l'extension de la gratuité, sinon absolue, au moins devenue plus large, des allocations pour les bibliothèques scolaires, parfois de modestes récompenses assurées aux instituteurs primaires qui complètent par des cours faits aux adultes les lacunes de l'instruction primaire dont les éléments ont été trop souvent oubliés, ont signalé le zèle de plusieurs conseils généraux pour le développement de l'instruction des masses, sans oublier les bourses pour la nouvelle école de Cluny, fondée en vue de l'enseignement secondaire spécial. Les travaux publics ont joué aussi un rôle important dans les vœux des conseils généraux, tantôt pour la håter, tantôt pour en indiquer la direction, tantôt pour en prononcer l'ajournement provisoire. C'est ce qui est arrivé, notamment pour les c'emins de fer départementaux. Plusieurs conseils ont pensé que la crainte de dépenses exagérées devait l'emporter dans tel département sur les avantages éventuels de chemins d'une utilité peu urgente. D'autres en ont jugé diversement. Enfin les conseils généraux désirent ou plutôt attendent de la loi prochaine la suppression de ce qu'on appelle le fonds commun. On a remarqué aussi le veu énoncé par un certain nombre de conseils de ne pas donner suite au projet d'aliénation des forêts de l'État. Dans le Cher, M. le marquis de Vogué lisait, avec l'approbation de ses collègues, un long rapport sur les souffrances de l'agriculture. Nous rappelons ces vœux sans commentaire, la plupart des questions auxquelles ils ont rapport ayant été l'objet d'un examen approfondi dans ce journal. Le trait assez général qui se dégage de l'ensemble de ces vœux est certainement un certain désir, quoique fort modéré, ainsi que nous l'avons dit, d'émancipation administrative. Le département de la Manche ne s'est pas borné à émettre le vœu que le président et le secrétaire du conseil général fussent nommés par le suffrage de leurs confrères; il a exprimé le désir que les maires et les adjoints fussent pris dans les conseils municipaux. C'est à quoi on sait que le gouvernement s'est engagé d'une manière générale dans la dernière session. Seulement il reste juge des cas d'exception, et il en use. Des vœux comme celui du département de la Manche ne peuvent que tendre à convertir en obligation étroite ce qui n'est aujourd'hui que convenance purement facultative.

La nomination d'un conseil supérieur de perfectionnement pour l'enseignement secondaire spécial, créé au ministère de l'instruction publique sous la surveillance du ministre, se rattache au plan de réforme de l'enseignement dont nous avons parlé. Les considérants économiques sont invoqués avec beaucoup de force, dans le rapport de M. Duruy, pour tout ce qui touche le développement de l'enseignement spécial, si essentiel à nos producteurs agricoles et manufacturiers. Cette instruction, d'un caractère encore général dans sa spécialité, doit varier dans les applications selon les localités et les besoins des populations. Ce qu'il doit avoir d'unité et ce qu'il comporte de diversité est un problème qui ne saurait être étudié de trop près. Le conseil supérieur, dans la pensée du ministre, est destiné à le résoudre le mieux possible, en recevant, en appréciant tous les documents qui s'y rapportent et en sachant en tenir le meilleur compte et le meilleur parti. Nous avons vu avec satisfaction figurer dans la liste des membres qui composent le conseil, à côté de quelques sommités du corps enseignant, des notabilités industrielles et commerciales, dont la présence ne peut être que fo t précieuse en imprimant un caractère plus pratique au nouvel enseignement.

Que dirons-nous de la mesure qui interdit momentanément l'importation et le transit des animaux de l'espèce bovine par tous les ports du littoral, de Nantes à Dunkerque, et par la frontière du Nord, de la mer au Rhin? Il est de toute évidence que la liberté commerciale n'a rien à voir ici. Le fléau connu en France sous le nom de typhus contagieux des bêtes à cornes, ou de peste bovine, continue de sévir en Angleterre et d'y exercer d'affreux ravages. Cette épizootie, originaire des steppes de l'Europe orientale, où elle est endémique, n'avait jusqu'ici pénétré que fort rarement dans les contrées de l'Occident et du Midi, grâce aux précautions minutieuses des gouvernements de l'Allemagne, qui élevaient comme une barrière infranchissable entre la France et les pays sujets à cette contagion; elle avait cependant sévi chez nous en 1815 par l'introduction du bétail hongrois à la suite de l'armée autri chienne; mais, depuis le développement des moyens de communication, le fléau a pu tourner cet obstacle, et des bestiaux importés en Angleterre par des spéculateurs qui avaient été s'approvisionner directement dans. les ports russes ont communiqué à cette contrée la peste bovine. De l'Angleterre, le mal a gagné la Hollande; il menace d'envahir la France. Pour préserver notre agriculture d'une atteinte fatale, M. le ministre du commerce a soumis à l'Empereur un décret qui interdit l'importation et le transit des animaux de l'espèce bovine par tous les ports que nous venons d'indiquer. Il paraît, d'après le rapport du ministre, que nous avons tout un arsenal d'arrêts du conseil du roi, d'ordonnances royales et d'articles de lois : il y en a de 1714, de 1745, de 1746, de 1774, sans

en compter d'autres plus récents. Était-il bien nécessaire d'exhumer ces antiques monuments remplis de prescriptions vexatoires? Ces actes ne sont point abolis, il est vrai, mais ils sont tombés en désuétude. La prétention de les faire revivre pourrait inquiéter les partisans de la liberté commerciale, si l'on devait en faire usage autrement que dans des circonstances aussi urgentes et exceptionnelles.

-La question, puisque c'en est une, du travail des femmes dans les ateliers de typographie, s'est ranimée plus que jamais durant le mois passé, et a rempli la polémique des journaux. Naturellement, la plupart se sont hautement prononcés pour la liberté du travail. Aucun, à notre connaissance, n'a prétendu que les femmes dussent être expulsées des ateliers. Quelques-uns seulement ont soutenu la thèse que la place de la femme n'étant point dans le travail industriel, la prétention des hommes à le remplir seuls n'était point théoriquement si mal fondée. Il ne pouvait, au surplus, se produire rien de bien nouveau dans les arguments mis en avant. Les ouvriers typographes, qui veulent l'interdiction du travail des femmes, n'ont guère fait que tourner dans un cercle de raisonnements épuisés déjà, et nous ne voyons pas qu'ils aient répondu rien de bien spécieux, ni à la spirituelle raison de M. Edmond About qui les a réfutés dans le Moniteur, ni aux articles de journaux qui les ont combattus. Le privilége des imprimeurs a seul reçu quelques atteintes dans cette polémique. Nous ne le regrettons pas, quoique ce privilége ne nous paraisse nullement justifier ici la conduite des ouvriers partisans de l'exclusion des femmes, ni ajouter la moindre force à leur argumentation. Nos lecteurs sont trop au courant de la question en elle-même pour que nous la reprenions de nouveau, ce qui, d'ailleurs, n'est point le lieu. Nous souhaitons tous que la femme puisse vivre chez elle; mais quand la nécessité la force à en sortir pour trouver le moyen d'exister, nous ne nous lasserons pas de réclamer pour elle le droit commun de la liberté du travail.

HENRI BAUDRILLART.

Paris, 15 septembre 1865.

Le Gérant, PAUL BRISSOT-THIVARS.

TABLE

DES MATIÈRES DU TOME QUARANTE-SEPTIÈME

DEUXIÈME SÉRIE

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BULLETIN FINANCIER (France, Étranger). -

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Sommaire Causes gé-
nérales de la situation actuelle de la Bourse. Nouvelles entre-
prises venant alourdir la situation. — Améliorations reportées
à l'année prochaine. Les banques étrangères en 1864. — Taux
d'escompte sur les diverses places de l'Europe. Tableaux des
cours aux Bourses de Paris, Lyon et Marseille. Bilan de la
Banque de France et de ses succursales. Par M. A. COURTOIS fils. 132
BIBLIOGRAPHIE.- La Banque de France et les banques départementales,
par M. L. de Lavergne, membre de l'Institut. Compte rendu par
M. R. DE FONTENAY. Le pauperisme et les Associations de pré-
voyance, par M. Émile Laurent. Compte rendu par M. PAUL

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No 440. - Août 1865.

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Pages.

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BULLETIN FINANCIER (France, étranger). Sommaire: Le décou-

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vert à la Bourse.

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Les capitaux disponibles sont-ils abon-

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