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Sibérie à Saint-Pétersbourg la jeune | dernier dans la direction du théâtre royal Foodosie, allant demander à l'empe- de Berlin d'avoir cédé à une jalousie reur la grace de son père. P. A. V. d'artiste en écartant Devrient d'une scène DEVRIENT. Il semble que ce soit si digne de son talent. Cependant Iffland, là un de ces noms prédestinés qui im- sentant approcher sa fin, eut la noblesse priment le sceau du talent à des familles d'appeler encore de son vivant ce reentières. Tout ce qui porte le nom doutable rival, afin de l'installer en quelde Devrient occupe un rang plus ou que sorte son héritier. Après avoir donné, moins distingué sur le théâtre allemand. en 1814, avec un succès éclatant, quelIl est juste cependant de mettre en pre- ques représentations dans sa ville natale, mière ligne celui de la famille qui en Devrient y débuta, l'année suivante, par était, non-seulement le doyen d'âge, mais le rôle si difficile de Franz Moor des aussi la gloire et le modèle. Brigands de Schiller.

Mais c'est surtout dans les caractères gigantesques et fantastiques de Shaks

LOUIS Devrient (surnommé le grand Devrient), issu d'une de ces familles de réfugiés français que la Prusse accueillit aprèspeare, ce peintre inimitable de la nature, la révocation de l'édit de Nantes, naquit à Berlin le 13 décembre 1784. Son père, honorable marchand, le destina au commerce; mais l'impression que les grands comédiens allemands Fleck et Iffland (v.) | firent sur la vive imagination du jeune homme ne tarda pas à éveiller son génie dramatique; et, comme il le racontait plus tard, l'ennui de se voir cloué au mé- | tier d'un passementier, d'entendre tous les jours le jargon de son maître, et d'aller tous les soirs, la lanterne à la main, le chercher à son club, le porta à se dérober un jour à cette position monotone pour se vouer exclusivement à son goût❘ pour la scène.

Ainsi qu'il arriva à la plupart des grands génies, sa carrière s'ouvrit sous des auspices fort modestes. Il adopta le nom de Herzberg, entra dans la troupe ambulante d'un nommé Lange, qui exploitait les petites villes sur les bords de la Saale, et débuta à Gera (1803), à l'âge de 19 ans, par le rôle d'Édouard de Schalheim dans la comédie du Caméléon de Beck. Quelque temps après il trouva, au théâtre ducal de Dessau, une place un peu plus digne de lui, et il jugea convenable de reprendre son nom de famille. Ensuite il passa à Breslau, où le théâtre était alors très florissant, et où sa réputation grandit au point qu'il put entreprendre plusieurs tournées dans les principales villes de l'Allemagne, qui toutes le reçurent avec enthousiasme. Des personnes qui l'ont connu à cette époque de son apogée le placent au-dessus de Fleck, et l'on accuse le célèbre successeur de ce Encyclop. d. G. d. M. Tome VIII.

qu'il développa un talent si remarquable que ces créations lui ont valu l'épithète de Garrik allemand. En effet, bien que dans le siècle passé Lessing et les grands artistes Eckhofet Schroder eussent donné au théâtre francisé de l'Allemagne une couleur plus nationale, en y faisant apparaître Shakspeare, dont le génie avait plus de rapports avec le génie allemand, ce n'était pourtant que sur des traductions timides et pâles que jusqu'alors on y avait joué ses pièces. C'est à Devrient qu'appartient la gloire d'avoir enfin montré au public allemand, dans toute leur force primitive, ces graves figures tragiques, empreintes d'une vérité éternelle, Lear, le fou sublime, Macbeth, l'ambitieux, Richard III, le paria de la nature, Shylok, le paria de la société; ou bien ces spirituelles expressions de la philosophie railleuse du grand humoriste, Mercutio, Parolles, le bouffon du roi Lear, et ce prototype du matérialisme égoïste, du dandysme effronté, ce Silène moyen-âge, l'incomparable sir John Falstaff, dont Devrient a osé, le premier, exposer la face enluminée à la clarté des quinquets.

On peut regarder Louis Devrient comme la clef de voûte du théâtre allemand, édifice dont Eckhof et Schroeder avaient posé la pierre fondamentale au temps où Lessing fondait la littérature allemande du XVIIIe siècle. C'est à Devrient que finit l'ancien théâtre, comme c'est à Goethe que finit l'ancienne poésie des Allemands.

Quoique Devrient fût secondé par des

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talents distingués, notamment par Mme Crelinger (voy. STICH), la supériorité de son génie pétillant l'entraînait parfois à négliger l'ensemble de la représentation et à sacrifier l'effet d'une pièce à l'éclat d'un rôle. Il se plaisait quelquefois à se laisser aller aux lazzis d'une pièce indigne de lui, et c'est ainsi qu'il a donné de la célébrité à des ouvrages fort médiocres, tels que le Poète malheureux, de Kotzebue, ou le Garde de nuit, de Théodore Korner.

Quant à sa vie privée, il semble que son caractère capricieux, inégal, rempli de contrastes, réunissait toutes les qualités qui, au bon vieux temps, faisaient du comédien un être exceptionnel de la société bonté poussée jusqu'à la faiblesse, légèreté, extravagance, cynisme, mêlés d'élans de noblesse, de sentiment et de mélancolie. Son physique, miné par les passions et les maladies, répondait à ce moral. Sa voix était forte, expressive, susceptible de toutes les vibrations de la passion, mais aussi voilée quelquefois; sa taille était de grandeur moyenne, mais son maintien plein de majesté. Une chevelure noire et bouclée ombrageait son visage pâle et souffrant, où roulaient convulsivement des yeux sombres, mais brûlants, et qui, s'unissant à une bouche sardonique et à un nez aquilin un peu penché de côté, donnaient à sa physionomie mobile quelque chose de fantasque et de lugubre.

On conçoit la sympathie qu'un artiste ainsi fait devait inspirer à un poète du genre d'Hoffmann : aussi vivaient-ils dans une grande intimité, et se tuaient-ils à l'envi et prématurément, par la joyeuse vie qu'ils menaient ensemble, environnés d'un cercle de gens d'esprit dont ils étaient le centre. Souvent Devrient, après avoir entendu dans ces réunions un nouvel ouvrage de poésie, le mit en scène à lui tout seul, en prêtant à chaque personnage le caractère et le langage convenables. Il joua le 1er décembre 1832 pour la dernière fois son fameux rôle de Shewa, dans le Juif de Cumberland, et le 30 du même mois, il suivit Hoffmann son ami, mort quelque temps auparavant. On raconte qu'avant de mourir il crut entendre son ami qui l'appelait dans une

vision nocturne. Mais un fait plus caractéristique encore, c'est que, dans son agonie, à 4 heures du matin, Devrient demanda à sa femme de lui jouer l'ouverture du Don Juan de Mozart. Il n'é| tait guère possible de choisir des adieux d'une plus haute et d'une plus éloquente poésie.

Le 2 janvier 1833, tout ce que Berlin renfermait d'hommes marquants suivit sor convoi.

Devrient avait eu trois femmes, toutes trois actrices de talent. Il laissa une fille qui embrassa la même carrière. Cependant il semble que ce grand acteur a légué la plus belle part de son talent à ses neveux, trois frères qui, sans égaler le génie de leur oncle, comptent parmi les meilleurs artistes de la scène allemande, et à qui la nature a départi, avec le don d'une rare beauté, celui plus précieux encore d'un organe sonore et harmonieux. Le plus distingué d'entre eux est le frère cadet, dont nous allons nous occuper.

ÉMILE Devrient naquit à Berlin en 1805 et manifesta dès son enfance une passion ardente pour la carrière où brillait son oncle. Celui-ci, ayant décidé le père d'Émile à lui laisser suivre son penchant, se chargea de la direction de ses études dramatiques. Mais les fréquentes maladies du maître en interrompant souvent le cours, le jeune homme se rendit à Brunswic où il mesura ses forces en jouant le rôle de Raoul de la Jeanne d'Arc de Schiller. Klingemann, directeur de ce théâtre, apprécia le talent du débutant et chercha à l'y fixer; mais le jeune Devrient préféra d'aller à Brême, où il eut du succès dans le rôle d'Arnold de Melchthal du Guillaume Tell de Schiller, surtout dans la belle scène où Arnold déplore si pathétiquement la cécité de son vieux père. Une belle voix de baryton le rendait en même temps propre à des parties d'opéra telles que le rôle de Sarastro dans la Flûte enchantée. Il passa successivement aux théâtres de Leipzig, de Magdebourg et de Hambourg, où son talent se forma de plus en plus, et actuellement il est un des ornements du théâtre royal de Dresde.

Son extérieur intéressant, le timbre

scène cette figure de Titan, selon les admirables dessins de Maurice Retzsch, pour célébrer le 80° anniversaire de la naissance de Goethe; et ce fut avec un grand succès que l'acteur s'acquitta de cette mission mémorable et ardue.

mélodieux de sa voix, ainsi qu'une certaine expression de langueur et de mélancolie, lui assignent sa place dans la haute tragédie. Il semble fait pour les héros rêveurs du drame sentimental du Nord ou du drame chevaleresque de l'Espagne. Les princes exaltés de Calderon, ou bien Hamlet, Roméo, Oreste et Egmont, Piccolomini et Posa, ou encore le comte Frédéric dans la touchante mais intraduisible ballade dramatisée de Kleist (das Käthchen von Heilbronn), sont les triomphes de M. Devrient. Dans le Tasso de Goethe, il donne un démenti victorieux à ceux qui ont prétendu que cet admirable ouvrage d'esprit et de sentiment n'offrait pas assez d'intérêt dramatique pour soutenir l'épreuve de la mise en scène.

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ÉDOUARD Devrient, le troisième frère, n'est jamais sorti de Berlin que pour de courts intervalles. Il ressemble à bien des égards aux deux autres; mais doué d'une voix de baryton très helle, quoiqu'un peu faible, il joue tout à la fois dans le drame chanté et dans le drame récité; c'est même le premier qu'il préfère. Outre cela il est auteur, et il a doté le théâtre de plusieurs pièces de sa composition. Les femmes de deux de ces frères, celle d'Émile et celle de Charles Devrient, se sont fait un nom parmi les artistes dramatiques allemands; l'une d'elles, fille de la célèbre Schroeder (voy.), s'est fait elle-même une brillante renom

M. Devrient joue aussi avec bonheur dans la comédie; cependant c'est un genre qu'il a cultivé plutôt pour l'amour de sa femme que pour satisfaire à un goût per-mée, et elle mérite de figurer dans un arsonnel.

:

ticle spécial à la suite de sa mère. Voy.
SCHROEDER-Devrient.
H. P.

DE WETTE, voy. WETTE.

DEWS. C'est le nom que prennent, dans la mythologie parse, les mauvais génies, Ahriman (voy.) et les êtres créés par lui. On les a appelés quelquefois dives. Ce sont eux qui frappent l'humanité de toutes les misères dont elle est incessamment surchargée : les maladies, les accidents, les querelles, les chagrins domestiques, la pauvreté, les revers de fortune, les méchantes passions, les catastrophes de toute espèce. Aussi ces êtres malfaisants, appartenant à l'un et à l'autre sexe (voy. PÉRI), étaient-ils fort nombreux. Ils se divisaient en trois classes dont la principale était celle des archidews, au nombre de sept, dont l'em

CHARLES Devrient, son frère aîné, a une vocation plus prononcée pour le burlesque aussi avait-il commencé sa carrière par la charge, lorsque, Mme Schroeder, voulant le marier avec sa fille, l'engagea à faire valoir les avantages de sa figure et de son organe dans un emploi plus élevé. Il débuta à Dresde (1822), à côté de la grande actrice, en jouant le rôle de Mortimer dans Marie Stuart, et celui de Phaon dans Sapho, de M. Grillparzer; et quoique l'habitude des attitudes grotesques rendissent un peu lourdes les pathétiques déclarations d'un jeune premier, il fit bientôt de rapides progrès, mais sans atteindre à la hauteur où son frère s'est placé. Son jeu a toujours gardé quelque chose d'inégal; néanmoins on ne pouvait se défendre d'un vif in-ploi consistait à lutter sans cesse contre térêt en voyant ces deux frères ensemble sur la scène dans des rôles de frẻres d'âme, tels qu'Oreste et Pylade, Don Carlos et Posa, ou bien en frères ennemis comme ceux de la Fiancée de Messine ou d'Isidor et Olga, de M. Raupach.

C'est à M. Charles Devrient qu'échut l'honneur d'être, parmi les artistes allemands, le premier représentant de Faust, lorsque M. Louis Tieck fit, devant un public d'élite, l'essai téméraire de mettre en

les bons génies, amchaspands; 2° les daroudji combattaient contre les izeds (voy.); et 3° enfin les dews proprement dits étaient très nombreux et portaient des noms particuliers qu'il serait inutile de rapporter ici,

Les dewetas de la mythologie indienne sont d'une nature différente: ce sont, en général, de bons génies créés par PEternel de sa propre essence. C. F-N.

DEXTRINE. Dans ses savantes ex

mées. Elle pourra, avec avantage, s'ajouter à diverses préparations alimentaires, surtout entrer dans la composition du pain et des pâtes féculentes; le pain qui contient 30 p. 0/0 de dextrine est d'une excellente qualité. A part son emploi dans la préparation du cidre, des vins, etc., elle apporte, dans l'analyse des farines et de plusieurs produits végétaux, un degré de précision inconnu jusqu'ici. Enfin elle offre, en thérapeutique, l'avantage de remplacer la gomme.

périences sur la polarité de la lumière, M. Biot ayant remarqué que la substance dont il s'agit faisait dévier circulairement vers la droite le faisceau lumineux qui passe à travers sa dissolution, tandis que la gomme et d'autres substances le font dévier à gauche, donna à cette substance le nom de dextrine. Longtemps on a confondu la dextrine avec les gommes et l'amidine, et ce n'est que depuis la découverte de la diastase (voy.) qu'on l'a distinguée de ces substances. Cette méprise était facile en raison de l'apparence gommeuse de la dextrine. Sa blancheur, sa transparence, son insapidité, son inodoréité, sa propriété de jaunir, d'exhaler une odeur de pain brûlé quand on l'expose à la chaleur, de se boursouffler et de se décomposer après avoir subi un commencement de fusion, étaient autant de caractères de nature à produire l'erreur.

La dextrine n'appartient ni à l'amidon, ni à la gomme, ni au sucre, ce que prouvent son inaltérabilité dans un air sec, sa solubilité abondante dans l'eau chaude ou même dans l'eau froide à laquelle elle donne une consistance mucilagineuse, l'inertie de l'eau de baryte, du nitrate de mercure, de l'eau de chaux, quand on les emploie à la précipitation de la dextrine, tandis qu'elle s'opère abondamment par l'alcool qui ne change point sa nature. Ajoutons que l'iode ne la bleuit pas, que l'acide nitrique n'y forme point d'acide mucique, qu'elle n'éprouve aucune atteinte de la part de la levure de bière. L'acide sulfurique étendu d'eau la transforme en sucre de raisin; transformation qu'elle subit aussi, mais moins complétement, par l'action de la diastase.

MM. Payen et Persoz ont présenté à l'Académie des Sciences, le 4 mars 1833, un mémoire très intéressant sur l'emploi de la dextrine et le procédé à employer pour l'obtenir.

La dextrine pourra remplacer l'emploi des gommes dans certains travaux industriels; en raison de l'absence des téguments, qui donne pour résultat la disparition d'une saveur désagréable et une plus facile assimilation de la substance intérieure, la dextrine devient préférable aux fécules alimentaires les plus esti

Le procédé indiqué par M. Payen pour obtenir la dextrine est très simple: il consiste à prendre une dissolution aqueuse d'orge gommée et séchée, et à faire bouillir rapidement la fécule dans cette eau. La fécule se crève, ses enveloppes se précipitent, et la dextrine reste en dissolution dans la liqueur. On passe au filtre : les enveloppes qui contiennent les substances âcres de la fécule restent sur le filtre; la dextrine passe pure et sans autre goût qu'une légère saveur de sucre; on fait évaporer, et on obtient la dextrine sous forme sèche, transparente, vitreuse, un peu jaunatre, ressemblant alors à la gomme. Cette dextrine peut être convertie en sucre. En continuant l'ébullition de la liqueur pendant une heure et demie, à la température de 65 à 70 degrés, la conversion est parfaite : on obtient par ce procédé un sirop fort agréable et très économique. L. D. C.

DEY, qualité que prenaient les pachas ou, pour mieux dire, les souverains de la régence d'Alger, avant sa conquête par les Français, et aussi les souverains de Tunis et de Tripoli. Dans la dernière régence barbaresque ce titre subsiste, mais celle de Tunis est depuis longtemps gouvernée par un bey, en place du dey. Le mot dey signifie, en langue turque, un oncle du côté maternel*. La

(*) Cette explication était autrefois généralement admise, mais Chardin en adopta une autre, en dérivant le nom de dey du persan daje, nourrice. D'un autre côté Langlès, dans son édition du Voyage de Chardin (t. VI, p. 3) semble rejeter cette étymologie persane aussi bien que celle qu'on a tirée de la langue turque. Il me paraît douteux, dit-il dans une note, qu'il (le mot daje) ait servi de base à la qualification d'un souverain barbaresque. Au reste je dois avouer que j'ignore l'étymologie du titre de dey.»> Un autre orientaliste, M. Wahl, auteur du sa

milice donna ce nom à son chef parce
qu'elle regardait le Grand-Seigneur
comme le père, la république comme
la mère des soldats, et le dey comme
le frère de la république. La Porte
exerçait autrefois un droit immédiat
de souveraineté sur les régences barba-
resques, en y envoyant des gouverneurs
avec le titre de pachas; mais, vers le
commencement du XVIIe siècle, la mi-
lice turque, mécontente de l'adminis-
tration de ces délégués, obtint du Grand-
Seigneur la permission d'élire dans son
sein un homme qui, avec le titre de
dey, gouvernerait la régence, la Porte
continuant d'ailleurs d'envoyer un pacha
pour veiller sur le gouvernement. De
graves dissensions éclatèrent souvent en-
tre ces deux autorités. En 1710, le deyquetterie et de l'affectation, on doit se
Ali-Baba obtint la suppression des pa-
chas et devint ainsi prince souverain
d'Alger et l'allié du Grand-Seigneur; mais
il resta soumis, ainsi que ses successeurs,
à la vaine formalité d'investiture que la
Porte s'était réservée. Nous avons déjà
parlé, à l'art. ALGER, des formes de l'é-
lection des deys et de leur autorité. Le
dey présidait le divan; son siége était
dans un angle de la salle sur un banc de
pierre élevé d'environ deux pieds; il ha-
bitait un château-fort appelé la Kasbah
et sortait bien rarement, Sa domination
s'étendait sur trois beyliks (voy. ORAN,
CONSTANTINE et TITTERY), mais il n'a-
vait guère plus de pouvoir sur les beys
que la Porte n'en avait sur lui; pourvu
que les gouverneurs des beyliks payas-
sent exactement les tributs que le dey
prélevait sur eux, ils gouvernaient les
provinces selon leurs caprices, écrasant
d'impôts et de vexations les populations
qui leur étaient soumises. Le dernier dey
d'Alger fut Hussein qui, par suite d'un
affront fait par lui à M. Deval, consul
général de France, au sujet des préten-
tions du banquier juif Bacry qui vient
vant article Dey de l'Encyclopédie allemande
d'Ersch et Gruber (t. XXIV, p. 349-393) ne la
connaît pas davantage; mais il niel'origine turque
de ce titre qu'il croit plus ancien que les régen-
ces barbaresques. Il le rapproche, par forme
d'hypothèse, de ceux de duc, de doge, etc. On
prononce d'ailleurs daï, et la régence était qua-
lifiée de dailik. L'article de M. Wahl donne de
précieux renseignements sur l'histoire des trois
régences auxquelles s'applique le titre de dey. S.

de mourir à Paris (1836), fut dépouillé
de son gouvernement par l'armée fran-
çaise. Après avoir visité la France, dans
l'espérance de se faire rétablir dans
son autorité ou indemniser richement, et
après avoir séjourné en Italie, il mourut
à Alexandrie, en Egypte, le 30 octobre
1834.
T. L.
DEZÈDE ou DEZAIDES, compositeur
léger, fort estimé vers la fin du dernier
siècle, s'est fait connaître par un assez
grand nombre d'ouvrages d'un style sim→
ple et naif. Son goût prédominant pour
les scènes pastorales et villageoises lui
mérita le surnom d'Orphée des champs.
Sa mélodie est en effet presque toujours
empreinte de franchise et de bonhomie,
et si l'on y surprend parfois de la co-

souvenir qu'il était l'ami et l'admirateur
passionné du peintre Greuze. Les prin-
cipaux ouvrages qu'il donna sur la scène
italienne à Paris, sont : Julie (1772),
l'Erreur d'un moment, le Stratagème dé-
couvert (1773),les Trois Fermiers(1777),
A trompeur trompeur et demi (1780),
Blaise et Babet (1783), Alexis et Jus-
tine (1785), les deux Pages. Ses essais
à l'Académie royale de musique ne fu-
rent pas aussi heureux : Fatmé, Péronne
sauvée (1783), Alcindor (1787), ne lui
auraient jamais acquis la réputation dont
il jouissait de son temps. Bien que De-
zède soit aujourd'hui assez généralement
inconnu, la popularité de quelques-uns
de ses airs lui a survécu : on peut citer,
Vous l'ordonnez, je me ferai connaître,
et Sentir avec ardeur. -- On n'a aucune
notion précise sur sa famille et sa patrie;
certains biographes le supposent né à
Lyon. Retiré du collége encore dans son
enfance, il fut confié aux soins d'un abbé
qui perfectionna son éducation, lui ensei-
gna les premiers éléments de musique,
et lui donna un talent agréable sur la
harpe. Le mystère dont sa naissance
était entourée et avec lequel on lui fai-
sait toucher par l'entremise d'un notaire
une rente de 2,500 francs, qui fut dou-
blée à sa majorité, lui inspira l'envie de
connaître les auteurs de ses jours: d'im-
prudentes démarches n'eurent d'autres
résultats que la perte de sa pension. La
composition s'offrit alors à lui comme

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