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Trottant l'un contre l'autre, et de les polir au moyen de leur propre poussière. Le premier diamant qui fut taillé par ce procédé appartint à Charles-le-Téméraire, qui le perdit à la bataille de Granson. Les Bernois le vendirent à des négociants d'Augsbourg; il appartint ensuite au roi d'Angleterre Henri VIII; sa fille Marie l'apporta en dot au roi d'Espagne Philippe II; mais on ignore ce qu'il devint depuis.

carats; sa forme est belle, mais sa teinte est jaunâtre, ce qui en diminue beaucoup la valeur. Celui de la couronne de Portugal ne pèse que 95 carats: c'est le plus gros que l'on ait trouvé au Brésil; il n'a pas été taillé; on lui a conservé sa forme octaèdre naturelle. Le capitaine anglais Burner dit avoir vu, en 1830, dans le trésor du roi de Lahore, dans l'Inde, le fameux diamant appelé kohinour (monta gne de lumière). C'est une pierre magnifique, de la plus belle eau. Le diamant de la couronne de France,connu sous le nom de Régent, parce qu'il fut acheté par le duc d'Orléans alors régent, pèse 136 carats 3/4; il a coûté 2,500,000 livres et est estimé plus du double. Relativement à sa perfection, on peut le regarder comme le plus beau du monde. Enfin le Sancy, ainsi appelé parce qu'il fut apporté en France par le baron de Sancy, ambassadeur à Constantinople, pèse 55 carats et est estimé 600,000 fr. Il a été acheté par M. Paul Demidof (voy.), chambellan de l'empereur de Russie.

Bien que le diamant soit connu depuis une très haute antiquité, il ne paraît pas qu'il le fût du temps d'Homère; du moins rien ne l'indique dans ses écrits. Cependant, suivant un célèbre professeur de Gættingue, M. Heeren, le diamant était un des articles du commerce que les Carthaginois faisaient avec les Étrusques. Pline donne une description assez exacte de ce minéral lorsqu'il dit qu'il est terminé en pointe comme une toupie, et que souvent il présente l'apparence de deux toupies placées en sens contraire et jointés par leur partie la plus large. Il le compare au quartz limpide ou au cristal de roche, sauf son extrême dureté, qui fait, dit-il, que les lapidaires se servent de ses éclats, enchâssés dans du fer, pour graver les pierres fines les plus dures.

Chez les anciens, comme pendant le moyen-âge, on ignorait l'art de tailler et de polir le diamant; on choisissait comme objets d'ornement ceux dont les cristaux présentaient des octaèdres. On sait que le manteau de Charlemagne et celui de saint Louis étaient ornés de diamants semblables. Ce fut Louis de Berquen, ou mieux Van-Berchem, qui découvrit en 1476 l'art de tailler les diamants en les

<< Tout le monde, dit Haûy, connaît l'usage des pointes naturelles de diamants pour couper le verre. Avant que l'on n'em ployât ce procédé, on commençait par tracer un sillon dans le verre, au moyen de l'émeril ou avec une pointe d'acier très dure; on humectait ensuite le verre à l'endroit du sillon, et l'on y passait une pointe de fer rougie au feu, qui déterminait la rupture du verre. Aujourd'hui les vitriers, à l'aide de ces petits diamants que les lapidaires rebutent, taillent un carreau de vitre en un clin d'œil, et le diamant, lorsqu'il est privé de l'avantage de plaire, a encore le mérite d'être utile. >>

La physique appliquée à l'industrie vient de trouver un nouveau moyen d'utiliser le diamant: on en fait des lentilles de loupes avec lesquelles on obtient un grossissement de 210 à 245 fois.

C'est dans des dépôts d'atterrissement et de transport que l'on trouve le diamant, soit dans l'Inde, soit au Brésil, soit en Sibérie. Ces dépôts sont superficiels ou du moins ils ne sont recouverts que de quelques couches d'argile d'alluvion. Mais il est évident que le diamant ne s'est pas formé dans ces dépôts: aussi, pour avoir une idée de l'âge de ce minéral,devait-on rechercher une roche qui le contint. En effet, on a reconnu depuis peu dans l'Inde sa présence dans un grès qui paraît être de l'époque secondaire, dont les débris roulés ont formé des amas au pied des montagnes.

L'Inde est depuis une époque très reculée en possession de cette richesse minérale: c'est sur les rives de la Krichna et du Pennar, dans l'ancien royaume de Golconde, au centre du Dekkan, et surtout dans les environs de la ville de Pannáh dans l'Allah-Abad, que l'exploita

tion des diamants est très productive. | nées. C'est M. le professeur d'Engel

Au commencement du XVIIe siècle ces dernières mines rapportaient annuellement 2 à 3 millions de francs; la plupart des diamants qu'on en retirait ne se vendaient pas plus de 1,500 fr. chacun.

Diverses localités de l'ile de Bornéo renferment aussi, dans un dépôt de transport, des diamants qui ne sont pas moins estimés que ceux de l'Inde.

hardt, à Dorpat, qui, le premier, appela
l'attention sur la possibilité de leur exis-
tence dans ces montagnes. M. A. de
Humboldt, en 1829, examinant, chez le
comte Porlier, à Saint-Pétersbourg, les
échantillons de sables aurifères que l'on
exploite sur les terres de celui-ci, près
de la mine d'Adolph, dans les environs
de Bissersk, trouva une si grande analo-

On voit par ce que nous venons de
dire que l'extraction des diamants se fait
par l'opération du lavage des matières
avec lesquelles ils sont mêlés. Au Brésil,
le gouvernement emploie des nègres; et
bien que, pour encourager leur zèle et
leur probité, on donne la liberté à celui
qui trouve une pierre dont le poids dé-
passe 17 carats, il est rare qu'ils ne par-
viennent pas à tromper la surveillance de
leurs gardes pour vendre en contrebande
les diamants les plus beaux. Le lavage
du cascalho s'opère sous un hangar au
moyen de caisses dans lesquelles on fait

Au Brésil, c'est plutôt dans un pou-gie entre ces sables et ceux qui, au Brésil,
dingue que dans un dépôt de cailloux renferment des diamants, qu'il conseilla
roulés que l'on trouve les diamants. Ce de faire chercher avec beaucoup de soins
poudingue est composé de cailloux, de dans les résidus des lavages, pour s'assu-
quartz, de schiste talqueux, de dio- rer s'il ne s'en trouverait pas. Ces re-
rite, etc., liés ensemble par un sable cherches ne furent pas infructueuses: de
ferrugineux; plusieurs espèces miné- 1830 à 1833 on en trouva 48, la plupart
rales, telles que le fer oligiste et le fer cristallisés à 12 ou 42 faces. En 1831 on
oxidulé ou aimant, se trouvent aussi dans en trouva aussi à 3 ou 4 lieues d'Iékate-
cette roche, que les Brésiliens nomment rinebourg. Mais ces découvertes ne sont
cascalhao ou cascalho. Le territoire où intéressantes que pour la science, car les
l'on a établi des exploitations régulières frais de lavage ont jusqu'à présent sur-
occupe une étendue de 16 lieues du sud passé la valeur des diamants trouvés.
au nord et de 8 de l'est à l'ouest, dans
la Comarca ou l'arrondissement du Cerro
do-Frio, aux environs de la ville de Te-
juco. Pendant longtemps les exploita-
tions de l'or sur ce territoire empêchèrent
de reconnaître qu'il recélait des diamants,
Les premiers que l'on y trouva, vers le
commencement du XVIIIe siècle, furent
regardés comme des cristaux sans valeur,
et le gouverneur de Villa-do-Principe s'en
servit comme de jetons de jeu. « Apportés
par hasard à Lisbonne, on en remit à
l'ambassadeur de Hollande, afin qu'il
les fit examiner dans son pays, qui était
alors le principal marché de pierres pré-arriver un courant d'eau qui enlève tou-
cieuses. Les lapidaires d'Amsterdam les tes les parties terreuses; après quoi l'on
reconnurent pour de très beaux dia- cherche dans le gravier qui reste les dia-
mants. L'ambassadeur, en informant le mants qui peuvent s'y trouver. Il y a
ouvernement portugais de la décou- ordinairement 20 nègres dans chaque
Verte, conclut en même temps un traité atelier, et plusieurs inspecteurs, assis
pour le commerce de ces pierres; et sur des banquettes élevées placées sur la
Cerro-do-Frio devint un district à part. partie supérieure des caisses. Le nègre
L'énorme quantité de diamants exportés qui vient de trouver un diamant doit en
ans les 20 premières années, et qu'on avertir en frappant des mains, et le re-
úl avoir excédé 1,000 onces, en dimi- mettre à l'inspecteur qui le dépose dans
a promptement le prix en Europe, et une gamelle suspendue au milieu de l'a-'
les envoya par la suite dans l'Inde, telier. Chaque soir cette gamelle est por→
qui auparavant les avait fournis exclusi-tée à l'officier principal qui compte les
ement et où ils avaient plus de valeur. » diamants, les pèse et les enregistre.
Le gisement des diamants des monts Depuis 1730 jusqu'en 1814 les ex-
Ourals n'est connu que depuis peu d'an-ploitations de diamants ont fourni au

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gouvernement brésilien 3,023,000 carats, ce qui donne un produit annuel de 36,000 carats. Mais ce produit a considérablement diminué; il n'est plus aujourd'hui que de 20,000 carats.

« C'est le Brésil, dit M. Beudant, qui fournit aujourd'hui tout le commerce de diamants; il en parvient en Europe 25 à 30,000 carats qui n'en forment plus que 8 à 900 lorsqu'ils sont taillés. » Voy. PARURK et JOYAUX. J. H-T.

DIAMÈTRE (de μɛrpov, mesure, avec la préposition dia), ligne qui mesure transversalement. C'est une droite qui va d'un des points de la circonférence à un autre point, en passant par le centre; le diamètre d'un cercle est le double de son rayon (voy. CERCLE). Dans les sections coniques on entend par diamètre la droite qui coupe les ordonnées en deux parties égales, et ce diamètre prend le nom d'axe si la droite est perpendiculaire aux ordonnées.

On appelle aussi diamètre ou axe de la sphère la ligne qui va d'un des points de la surface de la sphère à un autre point, en passant par le centre.

Les diamètres des sphères planétaires se divisent en deux classes: diamètres réels et diamètres apparents. Le diamètre | réel d'une planète est sa véritable grandeur comparée avec le diamètre de la terre ou mesurée avec une unité quelconque, mais connue, telle que le mètre, la toise, etc.

Si l'on regarde successivement deux points opposés du disque de la planète, l'angle sous lequel les rayons lumineux venus de ces points se croisent en arrivant dans l'œil est ce que l'on nomme précisément le diamètre apparent de cette planète. L'arc qui sert de mesure à ces angles, devant être décrit avec la distance à la terre de la planète, se confond avec la corde à cause de l'immensité de ce rayon; et comme le mouvement propre de la planète fait varier la distance à la terre, et par suite son diamètre apparent, on prend la moyenne de ces variations et on l'appelle moyen diamètre apparent de la planète. C'est par la connaissance combinée du diamètre apparent d'une planète et de sa distance à la terre que l'on calcule son diamètre réel. R. DE P.

DIANE, nommée Artémis par les Grecs, fille de Jupiter et de Latone, fut la sœur jumelle d'Apollon (voy.). Homère la représente belle et forte, armée d'un arc et de flèches comme son frère, dont elle est en tout point, pour ainsi dire, la contre-partie. Inaccessible à la maladie, elle était souvent occupée à guérir, mais aussi dans sa colère elle donnait une mort prompte; elle pouvait accorder aux jeunes filles une puberté anticipée et elle était adorée par elles dans des chœurs que la déesse conduisait souvent ellemême. La tradition arcadienne sur Diane, qui s'est fondue dans celle d'Homère, en fait une chasseresse qui, donnant aussi parfois ses soins aux troupeaux, répand enfin partout la vie et la lumière. D'autres traditions nous la présentent réunissant à la fois dans sa personne Séléné (la lune), Ilithya et Hécate. Callimaque, dans son hymne, raconte que dans son enfance Diane demanda à Jupiter la faveur d'une perpétuelle virginité, car l'idée des douleurs au milieu desquelles sa mère l'avait mise au monde la rendait insensible à l'amour et en détournait ses pensées. Diane pria en même temps son père de lui faire don de l'arc, de flèches, et de toutes les montagnes; de lui assigner une ville qui devint son siége principal, de lui donner pour compagnes 60 Océanides et 20 nymphes des rivières, et de souffrir qu'elle portât une torche et qu'elle chassât le gibier des forêts. Jupiter accorda à sa fille plus qu'elle ne demandait : il consacra 30 villes à son culte, et voulut que dans beaucoup d'autres elle fût encore adorée en commun avec les divinités locales. Diane se transporta alors dans les forêts du Leucus, haute montagne de la Crète, et de là auprès du dieu Océan,pour choisir une suite nombreuse de nymphes toutes âgées de 9 ans. Ensuite elle alla trouver les Cyclopes de l'ile Lipare et commanda à son usage un arc cydonien, un carquois et des flèches. Les Cyclopes ayant exécuté ses ordres, elle se montra armée en Arcadie dans le domaine du dieu Pan, qui lui fit présent de beaux chiens de chasse. A l'aide de ces chiens, elle prit au pied du mont Parrhasius quatre cerfs d'une taille parfaite et au bois d'or; elle les at¬

tela devant son char, et se dirigea ainsi vers le mont Hémus, de Thrace. Sur l'Olympe de Mysie, la déesse fendit le tronc résineux d'un arbre pour s'en faire une torche qu'elle alluma en l'approchant de la foudre de Jupiter. Lorsque, chargée du butin de la chasse, elle rentrait dans la demeure céleste, Mercure et Apollon la recevaient à l'entrée. L'un la débarrassait de ses armes, l'autre se chargeait du gibier. Les nymphes dételaient les cerfs, les faisaient paître dans les prairies de Junon, et leur donnaient à boire de l'eau dans des vases d'or. Diane entrait ensuite dans la salle du festin des dieux et venait s'asseoir à côté de sou frère Apollon. Ainsi qu'il conduit le char du soleil, Diane conduit le char de la lune. L'Amour et Vénus tentèrent vainement de triompher d'elle par leurs séductions: la fille de Jupiter ne trouvait de plaisir qu'à la chasse, à la musique et à la danse. Elle punissait sévèrement les jeunes filles qui venaient rompre le vœu de chasteté qu'elles avaient fait entre ses mains, mais elle infligeait un châtiment encore plus ri- | goureux à quiconque osait blesser sa pudeur à elle-même. Actéon (voy.), petitfils de Cadmus, l'ayant surprise au bain, fut changé en cerf et déchiré par ses propres chiens. Il était cependant réservé au beau chasseur Endymion de lui faire sentir enfin le pouvoir de l'amour. Lorsque la nuit elle brillait au ciel, sous les traits de la Lune, et qu'elle voyait le bel adolescent, fatigué de la chasse, dormir sous le feuillage, elle descendait du haut de la voûte azurée et imprimait à la dérobée un baiser sur les lèvres de l'aimable jeune homme qui jouissait d'un bon-ter). Les rangées de mamelles dont son heur à nul autre accordé, fût-il Dieu ou mortel. Malgré son aversion pour l'amour, Diane assistait les femmes qui, dans les douleurs de l'enfantement, invoquaient Son secours. Quelquefois même on la représentait comme une déesse de la mort: c'est elle, en effet, qui rappelait les femnes de ce terrestre séjour, coupant sans gret le fil des matrones ou des malheureuses lasses de vivre et dont les génératons nouvelles s'apprêtaient à prendre la place. Mais quand elle était irritée, envoyait, comme Apollon, la mort par des épidémies et des maladies sans re

mède; elle vengeait sans miséricorde les offenses dont elle avait été l'objet. Dans sa jalousie, elle tua le chasseur Orion, parce que l'Aurore (voy.) s'était éprise d'amour pour lui, et elle frappa de mort les filles de Niobé, pour punir celle-ci de s'être élevée au-dessus de Latone. Dans la guerre de Troie, de concert avec Apollon, elle secourut les Troyens, et dans les guerres des dieux contre les Géants et les Titans, elle montra un courage mâle et héroïque.

Le culte de Diane était répandu dans toute la Grèce. Les Artémisies étaient une fête célébrée exclusivement en son honneur à Delphes. On la représenta d'abord avec un diadème, ensuite avec un croissant sur la tête, avec un arc et souvent avec des flambeaux, comme déesse répandant la lumière et la vie. On la reconnait à son vêtement dorien, tunique large à manches,et à ses souliers de chasse. On voit fréquemment à côté d'elle des cerfs et des chiens. Dans son temple le plus célèbre, à Éphèse, on l'adorait comme symbole de la nature féconde, et on la représentait sous une forme semblable à celle des momies, ou bien aussi dans un costume d'amazone asiatique. C.L.

elle

Cette Diane d'Ephèse, dont Érostrate incendia le temple et dont saint Paul trouva les autels encore debout, avait beaucoup de ressemblance avec Isis et ses attributs se confondaient aussi quelquefois avec ceux de Cybèle. En Asie, Diane n'est point, comme chez les Grecs d'Europe, la brave chasseresse, la brillante et sauvage fille des bois : elle est la mère, la mère nourricière du genre humain (alma ma

sein est gonflé annoncent la fécondité, la richesse, comme son nom d'Artémis rappelle le pain (äptos ), nourriture universelle et élémentaire. Elle est la déesse suprême, et son culte, entouré de magnificence, se compose des cérémonies les plus austères. Le sang coule sur ses autels dans la Chersonnèse Taurique, comme il était répandu à Sparte avant Lycurgue; elle seule peut rendre la paix à Oreste rongé par les remords, et des rives du Péloponèse le jeune parricide va faire le lointain pèlerinage d'où il doit rapporter l'image révérée

gent, dans la nomenclature des alchimistes, s'appelait Diane ou lune. F. R.

de la déesse. Envisagée comme compagne d'Apollon (voy.), principe de vie et de lumière, elle est la douce Phoebe de ce radieux Phoebus, le principe fécondé par l'essence génératrice. Elle est l'air ou la lune longtemps avant d'être l'astre des nuits. Apollon et Artémis, Dis et Diane, sont inséparablement unis dans le dualisme des anciens Grecs, comme des anciens Égyptiens et des peuples de Syrie; et c'est sous cette forme que se présente à nous l'antique culte de Délos (voy.), cette ile où Latone devint mère. Ici, comme partout dans la mythologie, l'idée primitive simple, profonde, austère, fut défigurée par les poètes leur imagination l'entoura d'abord de mille ornements divers, et bientôt la déguisa si bien qu'on la perdit de vue et que l'accessoire fit oublier l'essence fondamentale. L'espace nous manque ici pour développer cette idée qui partout, dans la mythologie, trouve son application, et que M. Creuzer, dans sa remarquable Symbolique*, a saisie sous un autre point de vue; mais nous aurons occasion d'y revenir.

Parmi les belles représentations figurées de la déesse, nous ne mentionnerons ici que la Diane de Versailles (au Musée du Louvre), l'un des chefs d'œuvre de la sculpture ancienne. J. H. S.

DIANE (ARBRE DE), sorte de récréation physico-chimique fort curieuse autrefois, parce qu'on n'en connaissait pas la théorie. Elle consiste à mettre dans une dissolution étendue de nitrate d'argent un amalgame de mercure et d'argent. Le nitrate d'argent décomposé laisse former des cristaux d'argent métallique qui se disposent en arborisations. On favorise d'ailleurs cette cristallisation en mettant dans la liqueur un faisceau de fils métalliques, sur lesquels les cristaux viennent se fixer. Ces sortes d'arbres se voyaient autrefois chez les pharmaciens et dans les cabinets de physique; ils sont maintenant fort rares. On peut les produire rapidement par le moyen de la pile galvanique. Leur nom venait de ce que l'ar

(*) Religions de l'antiquité considérées principa lement dans leurs formes symboliques, trad. en français par M. Guigniaut, avec figures; Paris, chez Treuttel et Würtz,

DIANE DE POITIERS naquit le 3 septembre 1499. Son père, Jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, sortait d'une des plus anciennes familles du Dauphiné, que la tradition faisait remonter jusqu'à Guillaume de Poitiers, dernier duc d'Aquitaine. Diane fut mariée dès l'âge de 13 ans à Louis de Brézé, comte de Maulevrier, grand-sénéchal de Normandie, petit-fils par sa mère de Charles VII et d'Agnès Sorel. Elle le perdit le 23 juillet 1531 et prit alors les couleurs de veuve, qu'elle ne quitta jamais, même au temps de sa plus grande faveur. Avant cette époque elle avait eu à trembler pour les jours de son père, condamné à mort comme complice de la fuite du connétable de Bourbon. SaintVallier eut à cette occasion une peur si violente que ses cheveux blanchirent en une nuit, et que le lendemain ses gardiens étonnés le prenaient pour un autre: la puissante intercession de sa fille le sauva. Cette grâce, obtenue par une femme jeune et belle d'un roi connu par sa galanterie, a fait compter Diane parmi les maîtresses de François Ier, et, quoiqu'il ne soit pas clairement prouvé qu'elle ait racheté la vie de son père par le sacrifice de son honneur, il faut avouer que le caractère de François et le peu de scrupule que Diane montra plus tard en acceptant publiquement de Henri II le poste de favorite, donnent de la vraisemblance à cette opinion. Le duc d'Orléans, second fils de François, était plus jer ne qu'elle de 18 ans ; il ne dut donc ressentir l'effet de ses charmes que longtemps après la mort du grand-sénéchal; mais elle était déjà maîtresse absolue du cœur de ce prince lorsqu'il devint dauphin. La jeunesse et la beauté de Catherine de Médicis, qu'il venait d'épouser, ne parvinrent point à le distraire de cet attachement. La duchesse d'Étampes étalors maîtresse de François Ier, et la cour se partagea entre les deux favorites. Diane, qui avait au moins 10 ans de plus que la duchesse, entendait les partisans de celle-ci annoncer le déclin de sa beauté et déjà la traiter de vieille ridée. Ces railleries lui étaient sans doute fort

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