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auxquels il avait fait allusion à la tribune. Ce député refusa de se rendre devant le juge d'instruction, et il donna connaissance à la chambre des faits relatifs à sa citation. La chambre ordonna la nomination d'une commission. M. Comte écrivit au président de la chambre une lettre dans laquelle il lui faisait counaître sa pensée et où il déclarait qu'il ne s'agissait que de savoir si un citoyen que le ministère public suppose instruit d'un ou de plusieurs délits peut, quand il est député, être appelé, sans contrainte, à donner à la justice les renseignements dont elle a besoin pour réprimer ces mêmes délits; et il citait à l'appui de son opinion à cet égard l'exemple de l'Angleterre. La commission déclara, par l'organe de son rapporteur (M. de Vatimesnil), que l'acte du procureur du roi était attentatoire aux droits de la chambre; qu'en conséquence la chambre avait le droit de mander ce magistrat à sa barre; que néanmoins, en raison des circonstances, la conduite de M. Comte pouvait être excusée, et qu'il y avait lieu d'approuver le refus fait par M. de Lameth d'obtempérer à la citation à lui faite. Une résolution en ce sens fut adoptée dans la séance du 6 novembre 1830.

Si les actes du député, envisagés sous le point de vue parlementaire, échappent à la justice ordinaire, ils sont assujettis au pouvoir disciplinaire que la chambre exerce sur ses membres. Ainsi, lorsqu'un député s'écarte de l'ordre, il y est rappelé par le président, qui peut même lui interdire la parole, après avoir consulté la chambre, lorsque ce rappel à l'ordre a eu lieu deux fois. En cas d'insistance, le président ordonne d'inscrire au procès-verbal le rappel à l'ordre, et s'il y a résistance de la part du député, l'assemblée peut prononcer l'inscription au procès-verbal avec censure. Là se borne l'exercice du pouvoir disciplinaire de la chambre sur ses membres, ce qui n'a pas empêché, dans des temps de passions politiques, d'aller beaucoup plus loin, et même de violer manifestement les droits des électeurs et les prérogatives des deputés. C'est ce qui a eu lieu notamment lors de l'exclusion de

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l'abbé Grégoire, ancien évêque de Blois, pour prétendue indignité, et lors de l'expulsion violente et illégale de Manuel.

Nous avons jusqu'ici résumé les prérogatives qui sont attachées en France à la qualité de député; il nous reste à jeter un rapide coup d'œil sur le même sujet chez les principales nations étrangères qui jouissent du régime représentatif.

En Belgique, il n'existe d'autre condition, pour être apte à la nomination de | député à la chambre des représentants, que d'être citoyen belge, domicilié en Belgique, et d'ètre âgé de 25 ans. Les députés sont élus pour 4 ans; ils jouissent d'une indemnité de 200 florins par chaque mois de session; ils ne peuvent être poursuivis pour leurs votes; ils ne peuvent être arrêtés en matière de répression, pendant la durée de la session, qu'avec le consentement de la chambre, excepté dans le cas de flagrant délit. Les députés au sénat belge sont élus pour 8 ans. Ils doivent être âgés de 40 ans, et payer en Belgique au moins 1000 florins d'imposition directe par an. Ils ne jouissent d'aucun traitement (Constitution du royaume de Belgique, du 7 février 1831).

En Angleterre, c'est un principe proclamé par les publicistes que tout citoyen a le droit d'être élu député, si on excepte les mineurs et les fils d'étrangers. Ce principe cependant souffre quelques exceptions: ainsi, les membres du clergé ne peuvent pas être élus, les shériffs des comtés, les maires et baillis des villes et bourgs, ne peuvent être nommés dans leurs juridictions respectives. Les individus déclarés coupables de trahison ou de félonie sont par cela même indignes d'être élus députés. Sont incapables encore d'être élus ou même électeurs tous ceux qui sont employés dans l'exercice des droits ou taxes créés depuis 1692, à l'exception des commissaires de la Trésorerie. Sont de même exclus les commissaires pour les prises maritimes, pour les transports, pour les malades et les blessés, pour les permissions de débits des vins, pour la marine et pour les approvisionnements; les secrétaires ou receveurs pour les prises; les contrôleurs des comptes des armées; les agents des régiments; les gouverneurs des colonies

et leurs délégués; les employés à Minorque et à Gibraltar; les employés de l'excise et des douanes; les commis des divers bureaux de la Trésorerie, de l'Échiquier, de la marine, des approvisionnements, de l'Amirauté, de la trésorerie de l'armée ou de la marine, des secrétaires d'état des droits sur le sel, sur le papier timbré et autres droits de la même régie, des droits pour les appels, des droits sur les licences pour débit du vin, sur les carrosses de louage, sur les colporteurs; enfin, toute personne tenant de la couronne un office ou emploi créé depuis 1705. Nul pensionnaire de la couronne, soit pour un temps à volonté, soit pour un nombre d'années, ne peut être élu ni siéger; les individus qui contractent avec le gouvernement sont aussi inéligibles.

Tout membre de la chambre des communes qui accepte de la couronne une place salariée, existant avant 1705, est obligé de se démettre de ses fonctions, mais il est rééligible.

Il existe aussi certaines conditions d'éligibilité relatives à la fortune. Voici comment elles sont déterminées par Blakstone: « Il a été ordonné que chaque chevalier de comté devait avoir une propriété claire, en franc fiefou en copyhold, de 600 livres sterl. de revenu annuel, et chaque député de ville ou de bourg de 300 livres, à l'exception des fils aînés des pairs, des personnes ayant les conditions nécessaires pour être chevaliers de comté et des membres pour les deux universités. »

Le nombre total des députés à la chambre des Communes est de 658, dont 513 pour l'Angleterre et le pays de Galles, 45 pour l'Écosse et 100 pour l'Irlande.

ton. Wilkes fut de nouveau élu en 1768, et il fut encore expulsé, le 17 janvier 1769, pour le fait qui avait motivé sa première expulsion. Les électeurs le réélurent et cette élection fut encore annulée. A la quatrième élection, Wilkes (voy.) obtint 1143 suffrages, et son compétiteur, M. Luttrel, n'en eut que 296. Le shériff envoya le nom de Wilkes comme élu; mais, le 15 avril 1769, la chambre décida que le nom de M. Luttrel aurait dû être envoyé et ordonna de corriger l'acte d'envoi du shériff. Quelques années plus tard, le 3 mai 1783, il fut arrêté que la résolution du 17 février 1769 et les autres actes relatifs à cette affaire seraient biffés sur les journaux de la chambre, comme étant subversifs des droits du corps entier des électeurs.

Nous dirons à l'article ÉTATS-UNIS quelles sont les conditions auxquelles on est apte à devenir député à la chambre des représentants du Congrès (voy.), et celles qui sont nécessaires pour être électeur. Il nous suffira de dire que ces conditious donnent les plus grandes garanties à la liberté et à l'ordre public. Quant aux priviléges des députés, ils se bornent seulement à ce qu'ils ne peuvent être l'objet d'une arrestation personnelle ( hormis les cas de trahison, de crimes emportant félonie, et de désordres portant atteinte à la paix publique) pendant la durée de leurs sessions respectives et pendant leurs allée et retour, et aussi qu'ils ne peuvent être mis en cause ou recherchés ailleurs que dans la chambre dont ils font partie, pour leurs discours et opinions émis dans l'une ou l'autre de ces chambres. Les détails sur les pays du Nord se trouveront aux mots DANEMARK, SUÈDE, etc.

Autrefois les priviléges des membres du parlement étaient très étendus : aujourd'hui ils consistent presque exclusivement dans la franchise de la personne. Un député à la chambre des Communes ne peut être arrêté pendant les quarante jours qui précèdent l'ouverture de la session et qui suivent sa prorogation. Cette chambre a l'exercice du pouvoir disci-tiers, en partie par le grand conseil luiplinaire sur ses membres: on sait l'usage qu'elle en fit à l'égard de Wilkes, qu'elle expulsa, le 19 janvier 1764, comme auteur d'un pamphlet intitulé le North Bri

Nous allons présenter maintenant les principales dispositions des constitutions suisses, révisées depuis 1830, en ce qui touche les députés des cantons. D'après la constitution de Zurich du 10 mars 1831, les deputés au grand conseil sont élus en partie par les corps d'arts et mé

même. Sont éligibles à ce conseil tous les citoyens du canton membres d'un corps d'arts et de métiers et ayant atteint l'âge de 30 ans. Ils sont élus pour 4 ans; la

été révisées depuis 1830, ces deux corporations ont des représentants dans les deux chambres ou dans la chambre unique, lorsqu'il n'en existe qu'une.

Depuis 1814, les députés français ne reçoivent ni salaire ni indemnité. Plusieurs bons esprits blament la suppression de cet usage qui permettait à des citoyens honorables, n'ayant qu'une fortune médiocre, d'accepter les fonctions législatives; d'autres croient au contraire que, si on rétablissait le traitement alloué précédemment aux députés, ce serait un nouvel aliment donné à l'intrigue, et que d'ailleurs il est de l'essence de toute représentation politique d'être gratuite. On voit que cette grave question est susceptible d'une sérieuse controverse. Avant 1830 les députés portaient un costume : il a été abandonné à cette époque et il n'a pas été repris depuis, du moins officiellement.

moitié cesse ses fonctions tous les 2 ans, | Hanovre, etc., dont les constitutions ont mais ils peuvent être réélus. L'état ne pale aucune indemnité aux membres du grand conseil; il est laissé au libre arbitre des corps d'arts et métiers de le faire. D'après la constitution de Berne du 6 juillet 1831, est éligible au grand conseil tout citoyen, domicilié dans le canton, qui jouit d'une bonne fame, est âgé de 29 ans accomplis et possède une fortune de 5,000 fr. de Suisse en immeubles ou en capitaux hypothéqués sur des immeubles. Sont dispensés de cette dernière condition les professeurs nommés par le gouvernement et les individus patentés pour la première classe d'une profession scientifique. Les membres du grand conseil du canton de Berne sont nommés pour 6 ans, mais il en sort un tiers tous les 2 ans. Ils sont immédiatement rééligibles. Ils ne reçoivent pas de traitement; mais lorsque la session se prolonge au-delà d'une semaine en hiver et pendant une semaine en été, ils ont droit à une indemnité pour l'excédant du temps, laquelle est déterminée par une loi. Ils jouissent aussi d'une indemnité pour leurs frais de voyage. A Lucerne, pour être éligible au grand conseil, il faut professer la religion catholique, être âgé de 25 ans accomplis, et posséder une fortune imposable de 2,000 fr. Les constitutions des autres cantons de la Suisse

renferment des dispositions à peu près semblables pour l'éligibilité. Nous ajouterons que ce sont ces conseils qui nomment leurs députés à la diète (voy.).

En Allemagne, pour être éligible aux assemblées d'États, il existe différentes conditions : ainsi, il faut avoir accompli❘ sa 21 année dans le duché de Brunswic; sa 25 dans celui de Nassau, de Lippe-Schaumbourg et dans plusieurs autres états de la Confédération germanique, notamment en Hanovre, etc. Dans d'autres, il faut avoir atteint l'âge de 30 ans, et particulièrement en Prusse, dans les grands-duchés de Saxe-Weimar, de Bade, etc.; il y faut posséder aussi certaines conditions de fortune.

L'ordre équestre et les universités ont des députés aux États de certains pays de l'Allemagne. Ainsi, dans le royaume de Saxe, dans la Hesse électorale, dans le

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Les devoirs des députés sont nombreux; les qualités dont ils devraient tous être doués, pour se trouver à la hauteur de leurs fonctions, sont rares et difficiles à rencontrer. Bornons-nous à dire, en finissant, qu'il n'est pas une plus belle mission, lorsqu'elle est conférée par le suffrage libre et éclairé des électeurs. A. T-R.

DÉRAISON, manque de raison quand ce dernier mot est synonyme de sagesse. Être déraisonnable, c'est être privé de la qualité la plus indispensable à l'homme pour régler ses actions. La force, le courage, les connaissances, tous les dons naturels ou acquis, deviennent inutiles, parfois nuisibles, si la déraison en fait usage. La déraison n'observe point, ne compare point, est incapable de juger et de prévoir; elle n'acquiert aucune expérience et ne profite pas de celle d'autrui. Elle résulte souvent de légèreté, de présomption, de faiblesse, et toutes les passions la provoquent. Compensée chez l'enfant par l'obéissance, elle est désespérante dans l'homme fait ; il méconnait par elle les lois divines et humaines, son intérêt, celui de tout ce qui lui est cher. Et pourtant rien n'est plus fréquent que la déraison, non-seulement pendant la jeunesse, mais encore dans l'âge mûr et dans la vieillesse. On

férents noms, et peut-être même avec Astarté (voy. DAGON). Comme cette dernière, et de même que l'Isis des Égyptiens et l'Aphrodite des Grecs, elle représentait la force naturelle qui, poussant l'amour, procrée toutes choses. C. L.

est déraisonnable quand on ne peut motiver ses actes de manière à satisfaire la majorité; quand on agit sans principes reconnus généralement comme bons et solides; quand on redoute les conseils de gens réputés sages; quand on refuse de vérifier des faits allégués, ou que l'on nie ceux qui sont avérés; quand on veut mettre les rêves de son imagination à la place d'une vérité positive. Les femmes sont souvent accusées de déraison, parce qu'elles décident et prononcent volontiers sans avoir réfléchi; qu'elles cèdent aux impulsions de leur sensibilité, donnent de l'importance aux choses frivoles, et se fatiguent ou s'ennuient des choses graves avant de les discuter. Convaincre de sa déraison un individu quel qu'il soit, c'est l'avoir presque corrigé; mais l'obstination, compagne inséparable de ce défaut, rend la conviction très difficile. Il faut beaucoup de ménagement et d'adresse pour inspirer à une personne déraisonnable quelque défiance d'ellemême, et, pour tenter de la rendre sensée, il faut l'aimer véritablement; car rien ne rebute, n'irrite davantage que d'avoir à lutter contre la déraison. Ce défaut n'est considéré ici que comme habitude: montrer de la déraison dans quelques circonstances ne constate point que l'on soit déraisonnable; peu d'hommes, aucun peut-être, ne pourrait se vanter de n'avoir en sa vie donné quelques preuves de déraison. L. C. B.

DERBEND, voy. DAGHESTAN. DERCETO (Derketo), nom sous le quel les Syriens adoraient une déesse représentée comme femme jusqu'aux hanches, et à partir de là comme poisson; elle avait ses principaux temples à Ascalon et à Joppé (Diod. Sic. II, 4). On raconte qu'ayant un jour offensé Aphrodite, celle-ci, pour s'en venger, lui inspira un violent amour pour un jeune Syrien qui la rendit mère de Sémiramis. La fable ajoute que Derceto finit alors par rougir de sa passion, et qu'après avoir tué son amant et exposé son enfant, elle se précipita dans la mer près d'Ascalon, devenu dans la suite le principal siége de son culte. Derceto ne fait probablement qu'une avec Atergatis (Tergatis, de là Derketo), connue sous dif

DERCYLLIDAS. Après la retraite des Dix-Mille, les Grecs d'lonie, qui avaient suivi Cyrus, craignant la vengeance du roi de Perse et de Tissapherne, son satrape, implorèrent le secours des Lacédémoniens. Timbron fut d'abord envoyé en Ionie, mais bientôt on lui donna pour successeur Dercyllidas, que son habileté et son esprit fécond en expédients avaient fait surnommer Sisyphe. L'armée était à Éphèse quand il en prit le commandement, 399 ans avant J.-C. Sachant que Pharnabaze et Tissapherne ne vivaient pas en parfaite intelligence et qu'ils étaient suspects l'un à l'autre, il négocia avec Tissapherne et marcha contre son rival, qu'il haïssait parce qu'autrefois, à Abydos, on l'avait, sur l'accusation de ce satrape, condamné à rester debout avec son bouclier, cruelle injure pour un Spartiate, dont les lois infligeaient cette punition au soldat qui abandonne son rang. Dans cette expédition, il pénétra jusqu'en Eolie, province alors administrée, sous Pharnabaze, par Midias, qui en avait dépouillé sa belle-mère Stranice, femme d'un mérite éminent. L'Eolie haïssait son joug; Pharnabaze lui-même se disposait à le punir de ses crimes, quand arriva Dercyllidas. En un seul jour Larisse, Hamaxite et Colonne, villes maritimes, se rendirent à lui. En vain Midias voulut traiter avec le vainqueur: celui-ci n'écouta aucune proposition, réclamant pour les Grecs de ce pays une entière liberté. Ces succès obligèrent Pharnabaze à demander une trève, et Dercyllidas alla prendre ses quartiers d'hiver dans la Thrace bithynienne. Il fut rejoint par des cavaliers Odrysiens que lui envoya Seu hès, et éprouva un léger échec pour avoir confié à 200 hoplites la défense de leur camp. Au commencement de la campagne suivante des députés de Lacédémone vinrent prolonger les pouvoirs de ce général pour un an. Après avoir donné la paix aux Perses, il traversa l'Hellespont avec ses troupes pour

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entrer en Europe, reçut l'hospitalité des | pour la rejeter, sur la théorie qui dit Scythes et vint dans la Chersonèse qu'il qu'en donnant issue au sang par un ordistribua à ses soldats, en la fermant d'un gane ou par la partie voisine de cet ormur pour arrêter les invasions des Thragane, on y fait nécessairement appel au ces. Après cette conquête, il repassa en sang des autres parties de l'économie. Asie, prit Atarne, dont s'étaient emparés Aujourd'hui la question est à peu près les exilés de Chio, et, d'après l'ordre des jugée: on s'accorde à penser que la saignée éphores, entra ensuite en Carie. Ayant dérivative est avantageuse, mais qu'elle trouvé l'armée des Perses beaucoup plus doit être plus copieuse que la révulsive, nombreuse que la sienne, il fit si bonne afin de compenser l'appel fait au saug et contenance que Tissapherne et Pharna- de causer une déplétion subite. Les caubaze demandèrent à entrer en négocia- tères, sétons, vésicatoires ou moxas, que tions. P. G-Y. l'on applique sur ou près d'une partie malade, ne sont jamais dérivatifs, puisqu'ils irritent la peau et y causent une révulsion. Voy. RéVULSIFS. C. DE B.

DÉRIVATION, voy. ÉTYMOLOGIE. DÉRIVATIONS (CALCUL DES). En 1789 Arbogast* avait envoyé à l'Académie des Sciences un mémoire intitulé : Essai sur de nouveaux principes du calcul différentiel et intégral, indépendants de la théorie des infiniment petits et de celle des limites; ce mémoire, où il pose les principes du calcul différentiel qui se rapportent au passage des quantités di

DÉRIVATIFS (adj. pris substantivement), de derivare, détourner un cours d'eau. En effet, l'action des dérivatifs consiste à détourner le cours du sang ou des humeurs qui irritent un organe, en leur donnant issue par une partie voisine ou les appelant dans le torrent général de la circulation. L'action des dérivatifs | est souvent confondue, à tort, avec celle des révulsifs: ils diffèrent cependant en ce que leur action est prochaine ou générale, tandis que celle des révulsifs est éloignée ou spéciale. Par exemple la saignée, le plus puis-rectes aux quantités continues, lui fit faire sant des dérivatifs, est aussi un révulsif énergique; mais, dans certaines spécialités, à l'anus par exemple, si on la pratique dans le but de désemplir le système de la veine-porte ou de diminuer l'irritation d'un des organes abdominaux, elle est dérivative; si au contraire on l'emploie pour appeler le sang sur les vaisseaux hémorroïdaux, en le détournant de dessus un organe important à la vie, en facilitant l'apparition ou le retour des hémorroïdes, alors elle devient révulsive. Le bain est dérivatif quand il est tiède et qu'il a pour but de faciliter et d'égaliser la circulation générale; il est révulsif quand on l'emploie pour irriter la peau : il doit alors être chaud ou chargé de substances irritantes.

Ce fut longtemps une question chaudement controversée que celle de savoir lesquels devaient être préférés des révulsifs on des dérivatifs. Les partisans de la dérivation se fondaient sur le précepte d'Hippocrate et de son école, appuyé et sanctionné par une longue expérience et de nombreux succès; les adversaires de la dérivation, au contraire, se fondaient,

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plus tard des réflexions sur des principes d'une seconde espèce, et il vit naître dès lors les premiers germes des idées de la méthode qu'il développa dans son grand ouvrage du Calcul des dérivations (Strasbourg, 1800), calcul où il considère en général les quantités comme dérivant les unes des autres, de manière que les coefficients différentiels successifs offrent l'exemple de quantités qui dérivent les unes des autres par un procédé uniforme d'opérations.

« La dérivation, dit Arbogast, est l'opération par laquelle une dérivée est déduite de celle qui la précède ou de la fonction. La méthode des dérivations consiste en général à saisir la loi qui lie les assemblages de quantités quelconques les uns aux autres, et à se servir de cette loi comme d'un moyen de calcul pour passer de dérivée en dérivée; et de cette sorte, ajoute-t-il, les dérivées que je con

(*) Né à Mutzig (Bas-Rhin) en 1759, il devint professeur de mathématiques à l'école d'artilleputé du Bas-Rhin à la Convention nationale. rie, recteur de l'université de Strasbourg, déArbogast mourut à Strasbourg en 1803.

S.

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