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DUJARDIN (CARLE), né à Amsterdam en 1665, ou, selon une opinion plus commune, en 1640, diffère des peintres de sa nation par le caractère, le style et la variété des sujets sortis de son pinceau; il leur ressemble par la fidélité d'imitation, la parfaite entente du clairobscur, le fini et le précieux de l'exécution. Il peignit avec un égal succès l'histoire, les bambochades (voy.), le paysage et les animaux. Quelques biographes lui donnent pour maitre Paul Potter, d'autres, Nicolas Berghem, et nous adopterions plus volontiers l'avis de ces derniers. Très jeune encore, Carle Dujardin voyagea: il vint en France, retourna dans son pays, puis partit pour Rome, où il partagea son temps entre le plaisir et l'étude. En Italie, il eut la satisfaction de voir ses ouvrages recherchés et préférés à la plupart de ceux de ses compatriotes. Mais, soit inconstance, soit désir de revoir son pays, Carle abandonna précipitamment l'Italie pour retourner à Amsterdam. En passant par Lyon, où sa réputation l'avait devancé, il saisit l'occasion d'y ajouter encore par des ouvrages nombreux et richement rétribués; mais, plus soigneux de ses plaisirs que de sa fortune, il dissipa en amusements futiles le produit de sa palette et s'endetta au point de se trouver heureux, pour sortir d'embarras, d'épouser la riche hôtesse chez laquelle il logeait. De retour à Amsterdam, il est fêté, admiré; les amateurs se disputent ses ouvrages et les paient des prix excessifs. Tout semble lui sourire; sa vieille femme seule met obstacle à son bonheur. Pour

s'affranchir de sa mauvaise humeur, il la laisse à Amsterdam et va retrouver en Italie ses amis, ses anciens admirateurs et ses plaisirs. Il se rendit ensuite à Venise, y fut accueilli par un riche négociant de sa nation, ami des arts, mais aussi grand speculateur, et ce fut chez ce dernier qu'il mourut en 1678, dans la force de l'âge et du talent. Malgré sa croyance religieuse, il fut enterré dans une église catholique par considération pour son rare talent.

du

Le long séjour que Carle Dujardin fit en Italie, où la nature est riche, chaude et colorée, les rapports qu'il y entretenait avec les peintres d'histoire, et sa vie au milieu des chefs-d'œuvre de l'art, expliquent pourquoi la couleur de ce peintre est plus suave, pourquoi ses compositions sont d'une plus grande manière, d'un style plus relevé que celles de ses compatriotes. Carle Dujardin, en Italie, peignit plusieurs tableaux d'histoire d'une rare perfection sous le rapport de la couleur, de l'harmonie et du précieux de la touche; pour être parfaits, il ne leur manque guère qu'un peu plus de noblesse, d'expression et de correction de dessin. Cette observation s'applique à son célèbre Calvaire du Musée du Louvre. Dans le genre burlesque, son Charlatan, même Musée, gravé avec tant d'esprit par Boissieu, et qui fut vendu 17,210 fr. à la vente Gagny et adjugé plus tard 20,000 fr., est un chef-d'œuvre de composition, d'expression et d'exécution. A lui seul, il justifie tous les éloges prodigués à ses nombreux et beaux ouvrages du même genre. Carle Dujardin est plus admirable encore dans ses paysages et dans ses représentations d'animaux. Toujours agrestes, toujours exacts, les premiers n'élèvent pas l'âme, il est vrai, comme ceux du Poussin, ils sont moins touchants que ceux de Claude Lorrain, moins amusants que ceux de Berghem et de Wouvermann; mais en les voyant on n'imagine pas que d'autres peintres aient pu porter leur art plus loin, tant l'esprit en est satisfait. Quant aux seconds, ils n'ont de rivaux que dans les ouvrages de Paul Potter. Ainsi que ce maître, Carle Dujardin sait donner à chaque animal le caractère de son espèce, le représenter dans

ses habitudes, lui conserver sa physiono- Jura, dans un village où il fut arrêté mie particulière, et cela avec cette cor- par les officiers municipaux. Il put cerection de formes que donne la nature, pendant continuer sa route, et habita choisie avec discernement et scrupuleu- successivement dans plusieurs cantons de sement imitée. Ce peintre a gravé à l'eau- la Suisse. Pendant près de huit mois, forte et d'une pointe légère, spirituelle dans un pays dont il ignorait la langue, et savante, une suite de 52 sujets de paysa- il ne dut son existence qu'au travail de ges et animaux de sa composion, mar- ses mains: c'est le dessin qui fut sa prinqués tantôt K. D. L., tantôt K. D. V. I. fe- cipale ressource. Après le 9 thermidor, cit, avec l'année de leur exécution. L.C. S. il écrivit à la Convention pour lui deDULAURE (JACQUES-ANTOINE) né, mander des juges. Le manufacturier le 3 décembre 1755, à Clermont - Fer- chez lequel il travaillait, lui fournit tout rand, fit ses premières études au collége ce qui lui était nécessaire pour retourner de cette ville, et, désirant vivement d'en- en France avec sécurité. En même temps trer dans le corps des ingénieurs des ponts Dulaure apprit par les journaux qu'un et chaussées, il s'appliqua avec passion au décret, rendu le 8 décembre 1794, le dessin et aux mathématiques. Mais quel- rappelait à la Convention et lui rendait ques raisons étrangères à ses goûts le tous ses droits. Rentré dans le sein de détournèrent de ce projet. Il se rendit cette assemblée, il se rendit de suite au à Paris en 1779 pour y suivre des cours Comité de sûreté générale pour demander d'architecture, et travailla sous M. Ron- communication des pièces qui avaient delet, célèbre comme continuateur de servi de base à son accusation. On lui dé Soufflot, dans l'érection du beau temple clara qu'il n'en existait pas et qu'il n'en de Sainte-Geneviève (Panthéon). Appelé avait jamais existé. Par un décret du 20 par un ingénieur en chef à concourir à germinal an III de la république ( 9 avril l'entreprise du canal projeté entre Bor- 1795), Dulaure fut nommé membre du deaux et Bayonne, il y exécuta plusieurs Comité d'instruction publique, et, envoyé travaux; mais la guerre qui éclata entre en mission dans les départements de la la France et l'Angleterre empêcha le Corrèze et de la Dordogne, il n'employa ministère de fournir les fonds nécessaires l'autorité dont il était revêtu qu'à cicatripour cette construction. Dulaure chan- ser des plaies et à réparer des malheurs. gea alors ses vues, se livra à la géogra- Le 1er thermidor suivant (19 juillet), il phie, et publia quelques cartes, princi- fut, de même que tous les autres dépalement celle d'Auvergne, qui fut très putés en mission, rappelé pour assister bien accueillie par l'intendant de cette à la discussion de l'acte constitutionnel. province. Puis il fit paraître quelques Le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), écrits sur les monuments de Paris, par- la Convention ayant terminé sa session, ticulièrement sur la nouvelle salle des Dulaure fut nommé député par trois déFrançais, appelée depuis Odéon, et sur partements, le Puy-de-Dôme, la Corrèze celle des Italiens. Nommé en septembre et la Dordogne. Il opta pour le premier. 1792 député à la Convention nationale Ayant moins de 40 ans, il fut classé par les électeurs du département de dans le conseil des Cinq-Cents; en gerPuy-de-Dôme, il ne parut que rarement minal an V, le sort le conserva membre à la tribune, mais il vota la mort de de ce conseil. En l'an VI il fut, pour Louis XVI sans sursis ni appel. Accusé la troisième fois, nommé député an ensuite de conspiration par le Comité de Corps-Législatif. Pendant tout le temps salut public, il dut se cacher, soit à Paris, qu'il y siégea, il s'occupa principalement soit à Saint-Denis, pendant deux mois; des travaux qui concernaient l'instrucmais craignant de compromettre les per- tion publique et fit plusieurs rapports sonnes qui lui donnaient asile, il voulut sur cette intéressante matière. Après le s'exposer seul au péril et se réfugia en 18 brumaire, Dulaure ne fut pas rééSuisse. Ce voyage ne fut pas sans dan-lu: rentré dans la vie privée, il renonça à ger il se vit contraint de séjourner la politique et reprit ses études favoquelque temps dans les montagnes du rites. Mais la faillite d'un notaire, qui avait

en dépôt toute sa fortune, l'obligea, en 1808, à solliciter un emploi dans une administration financière: c'est alors qu'il obtint une place de sous-chef de bureau. L'ayant perdue à la première Restauration, il n'eut plus de ressources que dans son talent littéraire, mais il y trouva des compensations suffisantes pour adoucir les rigueurs du sort. Dulaure termina sa longue et laborieuse carrière à Paris, le 19 août 1835.

Ses ouvrages sont nombreux; presque tous se rapportent à Paris, à la France et à la révolution. Le plus important est son Histoire civile, physique et morale de Paris, publiée à Paris depuis 1821 (7 vol. in-8°) et qui est aujourd'hui à sa 7° édition, ouvrage savant et curieux, mais trop passionné, et qui fit à son auteur un grand nombre d'ennemis. Les Esquisses historiques des principaux événements de la Revolution française, depuis la convocation des Etats-Généraux jusqu'au rétablissement de la maison des Bourbons (1823, 6 vol. avec gravures et le portrait de l'auteur), portent les traces de la précipitation avec laquelle elles furent écrites, et l'on en peut dire autant de l'Histoire physique, civile et morale des environs de Paris, depuis les premiers temps historiques jusqu'à nos jours (Paris, 1825, 6 vol. in-8°), qui devait former le pendant de son Histoire de Paris. Outre ces grands travaux, Dulaure a enrichi de plusieurs autres moins étendus les Mémoires de la Société des Antiquaires | de France, dont il fut jusqu'à sa mort un des membres les plus actifs et les plus assidus; il a écrit une Pogonologie ou Histoire de la barbe, divers mémoires sur les cultes anciens, entre autres sur le phallus; enfin il a laissé plusieurs manuscrits qui n'ont pas encore vu le jour, notamment une Histoire d'Auvergne, et un mémoire sur l'État géographique de la Gaule pendant la domination romaine, qui reçut de l'Institut une mention honorable. On doit à M. A. Taillandier, son collègue à la Société des Antiquaires, une Notice biographique sur M. J.-A. Dulaure, à laquelle nous avons emprunté quelques-uns des faits renfermés dans cet article.

à Douai en 1719, que la dévotion de ses parents avait fait entrer dans un couvent dès l'âge de 18 ans, jeta bientôt, suivant l'expression vulgaire, le froc aux orties, et se sauva en Hollande. Il y publia un assez grand nombre d'ouvrages libres ou irréligieux, qui lui firent une certaine réputation et lui valurent quelque aisance. Le plus remarquable fut le roman intitulé le Compère Mathieu, ou les Bigarrures de l'esprit humain. Pendant quelque temps on l'attribua à l'auteur de Candide, et à quelques égards, sauf le style du moins, on pouvait s'y tromper.

Doué de plus de facilité que de mesure et de correction, Dulaurens a aussi composé deux poèmes (le Balai et la Chandelle d'Arras) beaucoup trop diffus, répréhensibles sous plusieurs rapports, mais qui, à ne les considérer que littérairement, offrent parfois de la gaité et de la verve.

Lors d'un voyage qu'il fit en Allemagne, la Chambre ecclésisatique de Mayence, inquisition au petit pied, le fit arrêter et le condamna, en réparation des divers scandales qu'il avait donnés, à une détention perpétuelle dans une maison d'asile pour les prêtres indigents, située près de Mayence. Dulaurens y est mort, dans un âge avancé, vers le milieu de l'année 1797. M. O.

DUMARSAIS (CÉSAR CHESNEAU), philosophe grammairien, né à Marseille le 17 juillet 1676. Sa vie fut une longue suite de malheurs et de vicissitudes. Il avait perdu son père et sa mère de bonne heure,et le seul bien que deux de ses oncles lui avaient laissé, et qui consistait en une fort belle bibliothèque, avait été dispersé et vendu. Il entra chez les pères de l'Oratoire de sa ville natale, où il reçut une éducation solide; mais ne pouvant s'habituer à leur genre de vie, il prit la résolution de venir à Paris, où il se maria à 25 ans et se fit recevoir avocat en 1704. Divers embarras de fortune et d'intérieur de ménage forcèrent Dumarsais à quitter le barreau : il entra en qualité de précepteur chez le président de Maisons, et occupa successivement la même place chez le fameux contrôleur Law, DULAURENS (HENRI-JOSEPH), né puis chez le marquis de Beauffremont.

F. R-D.

Mais ses élèves moururent ou le quit- | génie. Cette faveur, sa naissance, d'un tèrent, et il se vit forcé, pour vivre, d'aller père trésorier de France et d'une mère ouvrir au faubourg Saint-Victor up pen- qui appartenait à une famille de magissionnat, dans lequel il trouva à grand' trature, lui permettait d'y prétendre, et peine des moyens de subsistance. En- le résultat favorable de l'examen qu'il fin des infirmités de toute espèce ache- subit en 1770 le fit en effet recevoir vèrent de l'accabler, et il mourut assez parmi les 25 premiers candidats pour la misérablement le 11 juin 1756, à l'âge plus prochaine promotion. Mais la supde 80 ans. Dumarsais, comme beaucoup pression de 30 places d'élèves empêcha d'autres hommes de mérite, ne fut réel- que cette promotion n'eût lieu, et le jeune lement apprécié qu'après sa mort. Homme aspirant, hors d'état de prolonger à Paris honnête, pauvre, étranger à toutes les co- un séjour trop coûteux pour son père, qui teries et aux intrigues littéraires, il put à avait eu treize enfants de sa femme déjà peine, pendant sa vie, vendre un seul de ses morte à cette époque, n'hésita pas à aclivres. Son meilleur ouvrage, le Traité des cepter un brevet de sous-lieutenant dans Tropes (voy.), qu'il avait composé pour le régiment de Médoc, infanterie. Le un de ses élèves, resta plus de trente ans service actif ne le détourna pas de ses dans la boutique du libraire. Il ne put études: en garnison à Briançon, il desparvenir à faire adopter une méthode sina, sous la direction du major de la de son invention pour apprendre la lan- place, les cartes d'un ouvrage sur les gue latine, et qui a quelques rapports guerres des Alpes; et lorsque son régiavec la méthode dont on a attribué de ment fut envoyé à Valenciennes, il s'exernos jours l'idée à M. Jacotot. Les œuvres ça à faire des reconnaissances militaires de Dumarsais, réunies en sept volumes et particulièrement celles des champs de in-8°, ont été publiées par Duchosal et bataille de Malplaquet, Fontenoy, etc. Millon (Paris, 1797, chez Pougin). On Ainsi ses études pratiques soutenaient et y remarque, outre les ouvrages déjà ci- éclairaient déjà celles qu'il poursuivait tés, sa Logique, ses Principes de Gram- dans les veilles du cabinet. Elles recommaire,divers mélanges de grammaire et de mandèrent notre jeune officier à la bienphilosophie, et d'excellents articles faits veillance du maréchal de Castries et du pour l'Encyclopédie et insérés dans les pre- comte de Puységur. Ce dernier, alors insmières lettres. En 1804, l'Académie Fran- pecteur général d'infanterie et qui fut deçaise mit au concours l'éloge de Dumar- puis ministre de la guerre, devint son sais, et le prix offert fut remporté par protecteur; il l'employa souvent près de M. de Gérando. Il existait déjà un éloge lui en qualite d'aide-de-camp et le préde lui, par d'Alembert, que ses éditeurs senta au comte de Rochambeau qui comont placé à la tête de ses œuvres. D. A. D. mandait, au camp de Saint-Malo, l'avantDUMAS (le comte MATHIFU), lieute-garde de l'armée rassemblée pour l'exnant général, conseiller d'état en service ordinaire, pair de France et grand-cordon de la Légion-d'Honneur, naquit à Montpellier, le 23 novembre 1753, au sein d'une famille considérée, et dut aux soins d'un oncle, chanoine et grand-archidiacre du chapitre diocésain, une excellente éducation qui le dirigeait vers l'état ecclésiastique auquel cet oncle le destinait. Mais le jeune Mathieu Dumas, qui se sentit de bonne heure une vocation décidée pour la carrière des armes, obtint d'être envoyé à Paris, dès l'âge de 15 ans, pour y continuer ses études en mathématiques, et dans l'espérance de se faire admettre à l'école d'application du

pédition d'Angleterre. M. Dumas s'était déjà trouvé sous les ordres de ce général au camp de Lisieux (1778), où le maréchal de Broglie faisait exécuter des essais de manœuvre dans les deux systèmes si controversés de l'ordre mince et de l'ordre profond. Ces manœuvres, entreprises au moment où la France déclarait la guerre à l'Angleterre pour soutenir l'insurrection des colonies américaines de cette puissante rivale, masquaient les préparatifs d'une descente au-delà de la Manche.

Mais la descente ne pouvait s'effectuer qu'à la condition que les flottes française et espagnole réunies sous le pavillon

amiral du comte d'Orvilliers resteraient | débarqué à Brest, il reçut l'ordre de se maîtresses de la Manche. Après une vaine démonstration contre Plymouth et les habiles manœuvres de l'amiral Hardy, d'Orvilliers fut obligé de rentrer à Brest et l'on renonça à l'expédition.

rendre à Paris, où il fut promu au grade de major. On l'envoya aussitôt à Toulon, s'embarquer avec le comte de Bonneval, capitaine de vaisseau avec qui il devait faire une reconnaissance détaillée des îles et des côtes de l'Archipel; le but osten

tion générale des échelles du Levant. Bonneval et Dumas s'en acquittèrent à la satisfaction du maréchal de Castries; mais le dernier ne revint à Paris que pour recevoir de nouveaux ordres et se rendre en Allemagne et dans les PaysBas, où l'Autriche semblait faire contre la France des préparatifs hostiles.

Pendant plusieurs années, le temps de M. Mathieu Dumas fut ainsi partagé entre les voyages et les travaux du cabinet; on l'envoya d'une frontière à l'autre, on le chargea tantôt d'une mission de paix, tantôt d'une reconnaissance militaire; on l'attacha à l'état-major, on le fit asseoir au conseil de la guerre, et ainsi employé sans relâche, il s'enrichit, jeune encore, d'une expérience précieuse qui multiplia ses services en les faisant rechercher par ses supérieurs.

Alors un autre hémisphère offrit un vaste champ à l'ambition du jeune Du-sible de cette mission était l'inspecmas, depuis quelque temps capitaine de chasseurs. Nommé aide-de-camp de Rochambeau il le suit en Amérique : il dé- | barque à Rhode Island (17 juillet 1780) et prend part aussitôt à divers travaux de fortification et à des reconnaissances militaires. Dans les campagues de 1781 et 1782, Rochambeau concertait avec Washington différentes opérations, et Dumas nommé aide-maréchal-général-des-logis, fut fréquemment employé dans les communications entre ces généraux. Dans la campagne de Virginie (1782), dont le plan fut concerté entre Washington, Rochambeau et l'amiral comte de Grasse et qui se termina par la capitulation de lord Cornwallis (voy.), ainsi que de la place d'Yorktown, M. Dumas, avec son ami et fidèle compagnon, le chevalier Charles de Lameth, ouvrait les marches, et il dirigea le passage de l'Hudson, de la Delaware et de la Susquehannah. Après le départ de Rochambeau, il fut nommé chef d'état-major du corps d'armée sous les ordres du général de Vioménil destiné à faire partie de l'expédition contre la Jamaïque. Cette division dont M. Dumas eut à disposer l'embarquement à bord de l'escadre de douze vaisseaux français commandée par l'amiral marquis de Vaudreuil, devait attendre au port de Porto-Cabello l'arrivée de la grande flotte réunie à Cadix et que le comte d'Estaing allait encore une fois conduire dans le Nouveau-Monde. Mais au lieu de cette flotte arriva la nouvelle de la paix de Versailles, conclue le 3 septembre 1783 et qui proclama l'indépendance des ÉtatsUnis. On se rendit donc à Saint-Domingue, et M. Dumas, quoique malade par suite de ses fatigues et de l'insalubrité du climat, continua ses fonctions pour l'embarquement et le débarquement des troupes et pour toutes les dispositions relatives au retour en Europe.

Il n'y trouva point le repos : à peine

Promu, en 1787, au grade de colonel et décoré de la croix de Saint-Louis, il devint, sous le ministère du comte de Puységur, membre titulaire et rédacteur du conseil, auquel il était attaché depuis plusieurs années, et directeur du dépôt de la guerre qu'il ne tarda pas à transférer de Versailles à Paris.

La révolution marchait à grands pas; les ruines fumantes de la Bastille attestaient le triomphe du peuple et présageaient des événements encore plus graves. La population de Paris en armes allait recevoir une organisation régulière, quoique insuffisante pour préserver la France du cataclysme où l'entraînait la fougue révolutionnaire. Lafayette connaissait l'activité, l'expérience et le patriotisme de son ancien compagnon d'armes: il l'appela près de lui pour l'aider dans l'organisation des gardes nationales. Le colonel Mathieu Dumas ne voulut accepter d'autre place que celle de maréchal-général-des-logis, purement honorifique et dont le titre seul pouvait lui servir à se rendre utile. Saint-Marcel Du

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