Le garde-des-sceaux a écrit une lettre au procureur du Roi de Saint-Quentin, dans laquelle il lui annonce que le Roi a été satisfait de sa conduite. Son Exc. regrette la méprise dont le sieur Chauvet a été victime; mais il reconnoit qu'il étoit impossible de l'éviter. On avoit paru redouter que la ville de Bordeaux eût aussi ses voleurs, mais la police de cette ville a pris des mesures pour que tous les vagabonds fussent éloignés de la ville. Tout donne la certitude que la sécurité dont jouit cette ville ne sera pas troublée. - En vertu d'une délibération de la cour royale de Bourges, une députation de huit de ses membres a assisté aux quatre processions du jubilé, qui ont eu lieu dans cette ville, depuis le 6 novembre... Un bateau pêcheur a été saisi par la douane de Fécamp (SeineInférieure), parce qu'il étoit chargé de harengs provenant de la pêche étrangère. L'affaire a été portée devant le juge de paix, qui, suivant l'application des lois et ordonnances royales y relatives, a condamné les contrevenans à 500 fr. d'amende, et ordonné la confiscation de la barque, du poisson et des filets. Le Journal du commerce de Lyon a subi un nouveau procès. Il étoit prévenu d'avoir mal parlé des agens de la force publique, et notamment d'un capitaine de dragons dans l'exercice de ses fonctions. Il a été acquitté. - Unc tentative d'évasion vient d'avoir lieu au bagne de Rochefort, dans la salle des forçats condamnés à vie. Ces malheureux avoient travaillé pendant sept mois à se ménager les moyens de s'évader, sans que leur complot eût été découvert; mais le zèle de M. le commissaire et sa persévérance ont fait découvrir cette trame préparée dans l'ombre. La mortalité a diminué un peu à Groningue; cependant, du 17 au 21, le nombre des décès a été de quarante-cinq. Il est reconnu aujourd'hui que quelques villages de la province ont seuls échappé à l'épidémie. Pierre Paganel, ex-conventionnel, vient de mourir à Bruxelles où il étoit réfugié. Il étoit, au moment de la révolution, curé de Noaillac, près Agen, se déclara pour le nouvel ordre de choses, et devint vicaire épiscopal de l'évêque constitutionnel de son département. Son zèle lui mérita aussi d'etre nommé, procureur-syndic du district de Villeneuve, puis député de Lot-et-Garonne à l'assemblée législative. Le 5 février 1792, il dénonça les manœuvres des prêtres réfractaires contre les patriotes, et demanda des mesures vigoureu-ses. Réélu à la convention, Paganel vota contre l'appel au peuple dans le jugement du roi, et ensuite pour la mort avec l'amendement de Muilhe; il se déclara pour le sursis. Il remplit différentes missions dans les départemens; voyez les Missionnaires de 1793, par Fabry. Paganel dénonça l'évêque de Condom, et fit mander à la barre le procureur-général-syndic de son département, qu'il accusoit d'hypocrisie. Quoique dans les procès-verbaux de la convention, il ne soit pas désigné nommément comme ayant abjuré en novembre 1793, sa conduite précédente et postérieure ne donne que trop lieu de croire qu'il suivit l'exemple de la plupart de ses confrères à la convention. Après la session, il obtint une place aux affaires étrangères, puis à la chancellerie de la Légion d'Honneur. Obligé de sortir de France en 1816 comme régicide, il se retira à Liège. On a de lui un Essai historique et critique sur la révolution, qui parut en 1810, 3 vol. in-8°, et dont il y a eu deux autres éditions. Il a traduit le poème des Animaux parlans, de Casti; sa traduction a été publiée à Liège en 1818, 3 vol. in-12. Le gouvernement prussien vient d'ordonner, dans les provinces du Rhin, des mesures sanitaires, à cause des maladies qui règnent en Hollande. On dit que le roi d'Espagne vient de nommer membres du conseil actuel des ministres, avec droit de vote, les conseillers d'Etat cardinal-archevêque de Tolède, duc de l'Infantado, comte de Venadito, et général Castanos. Quelques journaux avoient annoncé que M. Lamb, ambassadeur d'Angleterre près la cour d'Espagne, avoit subitement quitté Madrid, parce qu'il étoit mécontent, dit-on, de la réponse du gouvernement espagnol à une note qui lui avoit été présentée par cet ambassadeur. Cette nouvelle est controuvée. L'infant don Miguel occupe, à Vienne, un appartement dans la partie du palais impérial qui a été incendiée dernièrement, et qui est déjà remise en état. Le prince dîne tous les jours avec la famille impériale. Le duc de Cadaval, président de la chambre des pairs du Portugal, a donné sa démission de conseiller d'Etat. Les séances des chambres dans le Iortugal n'offrent encore rien d'important. La chambre des pairs a adopté le message qui doit être transmis au roi don Pedro IV, pour le remercier des bienfaits de la charte octroyée par lui à la nation portugaise. Dans la chambre des députés, M. Léomil a fait la motion que tous les individus accusés d'avoir conspiré contre la charte de don Pedro soient immédiatement dégradés de leurs titres et livrés à des tribunaux qui les jugeront sans aucune des formalités d'usage. La chambre a pris cette proposi tion en considération. M. de Miranda réclame l'urgence sur les projets de loi de sûreté générale, « parce que, dit-il, la fermentation est presque générale, et que nos institutions sont fortement menacées. >> On assure qu'à la suite des grandes pluies tombées dans la campagne de Rome, l'Anio s'est fait une nouvelle issue, et que les fameuses cascatelles de Tivoli n'existent plus. Parmi les objets curieux que l'on a découvert dans les fouilles que l'on fait à Pompéia (Naples), on remarque cinq bocaux de verre dans lesquels se trouvoient des olives dans un état parfait de conservation. Elles étoient enfouies depuis dix-huit siècles. On a fait l'analyse d'une partie de ces olives, et les autres ont été déposées au Musée, dans les bocaux mêmes où elles ont été trouvées. La goëlette du roi de Naples l'Aristide, ayant à bord trois millions de francs relatifs à l'emprunt de cette puissance, est arrivée aux iles d'Hyères. Le prince Gustave, fils de l'ancien roi de Suède, vient de recevoir le grade de lieutenant-colonel de hulans, dans l'arméc de l'empereur d'Autriche, - On annonce, comme définitivement arrêté, le mariage dn prince Charles de Prusse avec la princesse Marie, fille ainée du grand-duc héréditaire de Saxe-Weymar. Les gouvernemens de Bade et de Bavière s'occupent de la rectification du cours du Rhin. Neuf percées seront pratiquées sur le territoire de Bade et sept sur le territoire de Bavière. La largeur du fleuve sera fixée à huit cents pieds, et cet espace sera continuellement tenu en bon état par de fortes digues. On dit que le gouvernement de Bade a entamé des négociations avec la France pour rectifier le cours du Rhin depuis Huningue jusqu'à Schvock. Si le gouvernement de Hesse suivoit cet exemple, les habitans des côtes de Hesse seroient moins sujets aux inondations auxquelles ils sont exposés. La diète de Hongrie s'est réunie, le 20 novembre, pour délibérer sur une résolution de l'empereur d'Autriche relativement à la contribution; mais avant de commencer les délibérations, les membres s'accordèrent à demander l'intervention légale de l'archiduc palatin entr'eux et l'empereur, afin d'amener l'arrangement dont on s'occupe depuis long-temps. L'archiduc a bien voulu promettre sa mé diation. Le 7 novembre, on a promené en triomphe dans les rues de Saint-Pétersbourg trois drapeaux pris sur les Persans; ils étoient portés au son des trompettes. Deux de ces drapeaux sont blancs avec un soleil devant, derrière un lion couché; sur le troisième, qui est rouge, on voit un lion d'or, tenant un glaive nu dans une de ses pattes. La hampe de ces drapeaux est terminée par une main droite ouverte argentée. La cour des finances de Plosko (Russie) ayant privé injus tement de son emploi, et livré au tribunal criminel, un trésorier nommé Negonowsky, quoiqu'il se fût complètement justifié de l'accusation de dilapidation qui avoit été élevée contre lui, les membres de la cour de Plosko ont été condamnés par la section criminelle du sénat dirigeant, à indemniser sur leurs appointemens respectifs le trésorier, pour le temps pendant lequel il a été privé d'emploi et d'appointe mens. Neuf négriers, sous divers pavillons, et portant ensemble deux mille cinq cent soixante esclaves, ont été pris par les croiseurs anglais. Le journal qui rapporte ce fait ajoute que l'on approuveroit plus le zèle ardent à poursuivre la traite, si, au lieu de faire vendre les prises qu'ils font, ils rendoient ces malheureux à leur terre natale. 1 - On annonce que le congrès de Panama à ouvert sa session à Acapulco le 4 septembre, et que quelques jours après, il s'est ajourné à Tacubaya. Le congrès mexicain a ouvert sa session le 14 septembre, avec les formalités ordinaires. Plusieurs journaux assurent que Bolivar devoit quitter, le 16 abût, la capitale du Pérou, pour se rendre dans la Colombie. Son départ avoit été retardé par une conspiration dont on ne connoit pas le but, et qui avoit été formée par les généraux Corréa, Alvarado et Nicochea. A la suite de cette découverte, douze de ses principaux offieiers ont été arrêtés, SAMEDI 9 DÉCEMBRE 1826. (N° 1287.) OEuvres complètes de Bourdaloue, nouvelle édition en 16 volumes in-8° (1). Le nom et la réputation de çet orateur nous dispensent d'insister long-temps sur le mérite de ses discours, et nous nous bornerons à rappeler quelques faits relatifs au succès de son ministère, et à donner une idée de la présente édition. Louis Bourdaloue étoit né à Bourges, le 20 août 1632; c'est par erreur que dans l'édition actuelle on a mis 1633; et même dans la vie de Bourdaloue qui suit la préface du Père Bretonneau, la date véritable se trouve rétablie, Bourdaloue entra chez les Jésuites dès l'âge de 15 ans, et se prépara lentement par la méditation et par l'étude au ministère de la parole. Il paroît que ce fut en 1670 qu'il parut pour la première fois dans les chaires de la capitale. Il prêcha cette année-là le carême dans l'église des Jésuites, rue Saint-Antoine, et eut dès-lors un grand succès. L'esprit, le goût et la piété étoient également satisfaits de l'éloquence grave de l'orateur, de la solidité de ses preuves, de la sagesse de ses plans, de la noble simplicité de sa diction, de l'usage heureux qu'il faisoit de l'Ecriture et des Pères. Sa réputation ne fit que s'accroître d'année en année, et elle étoit soutenue par l'exemple d'une vie toute religieuse et sacerdotale. Ce célèbre prédicateur puisoit dans la prière ce qu'il y avoit de plus persuasif dans son talent; il ne descendoit de chaire que pour se livrer aux œuvres de piété et de charité. Les pauvres surtout étoient l'objet de (1) Prix, 7 fr. le volume. A Paris, chez Méquignon-Havard; et au bureau de ce journal. Tome L. L'Ami de la Religion et du Roi. H ses soins et de son zèle. Les personnes les plus distinguées par leur rang vouloient l'avoir pour directeur, mais l'humble religieux ne recherchoit point leur confiance. Mme de Maintenon l'eut quelque temps pour confesseur; mais il lui déclara qu'à cause de ses prédications, il ne pourroit plus la voir que tous les six mois. Cette circonstance augmenta l'estime de cette dame pour lui; car, ajoute-t-elle naïvement, la direction de ma conscience n'étoit pas à dédaigner. Bourdaloue prêcha devant Louis XIV l'avent de 1670, les carêmes de 1672, 1674, 1675, 1680 et 1682, et les avents de 1684, 1686, 1689 et 1693. Il étoit sans exemple que le même orateur eût été appelé si souvent à la cour; mais on ne se lassoit pas d'entendre des discours si solides, si sages, si pleins de choses. Tous les mémoires du temps attestent l'impression générale qu'ils produisoient. Mme de Sévigné n'en parle dans ses lettres qu'avec admiration et enthousiasme. Elle écrivoit le vendredi-saint, 27 mars 1671: J'ai ́entendu la passion de Mascaron, j'avois grande envie de me jeter dans le Bourdaloue, mais l'impossibilité m'en a ôté le goût; les laquais y étoient dès le mercredi, et la presse étoit à mourir. C'est sans doute une chose presque incroyable que l'on retînt des places dès le mercredi pour un discours qui ne devoit être prononcé que le surlendemain. La même dame dit dans une lettre du 27 février 1679: Bourdaloue tonne à Saint-Jacques de la Boucherie; la presse et les carosses y font une telle confusion, que tout le commerce de ce quartier-là en est interrompu. Il passe toutes les merveilles passées, dit-elle ailleurs, et personne ́n’a préché jusqu'ici. En 1686, le célèbre Jésuite fut envoyé à Montpellier, pour travailler à la conversion des protestans. Dans l'intervalle que lui laissoient les stations, il étoit toujours occupé de bonnes ceuvres, et ses travaux ne l'empêchèrent jamais, ni de dire la messe tous les jours, |