SAMEDI 16 DÉCEMBRE 1826.0 Attigny avec ses dépendances, son palais, ses conciles et autres évènemens qui ont contribué à son illustra tion et à sa décadence, par M. l'abbé Hulot (1). 4 STILL STEDM Que de lieux jadis célèbres sont tombés aujourd'hui dans l'obscurité! Attigny, autrefois résidence royale, connu par des ordonnances, par des conciles, et par différens monumens d'histoire, n'est presque plus qu'un modeste village qui n'a conservé de son ancienne splendeur que le titre de chef-lieu de canton. Un ecclésiastique, distingué par ses connoissances et par son esprit de recherches, M. Hulot, curé d'Attigny, le même dont nous avons cité différens écrits (n° 906), a entrepris un travail sur les antiquités de sa paroisse. Il a interrogé tous les monumens du temps, les a étudiés sur les lieux mêmes, et est parvenu à recueillir des renseignemens précieux pour l'histoire. Il proposa à l'autorité civile de publier le résultat de son travail, et le préfet du département des Ardennes, M. Harmand, obtint que son manuscrit seroit imprimé aux frais du département. M. l'abbé Hulot méritoit en effet cette distinction par son zèle et son exactitude, et il seroit digne du gouvernement d'encourager ces recherches historiques qui tombent de plus en plus depuis la suppression des abbayes et des communautés, où le goût pour ce genre de travail s'étoit encore conservé. Le volume que publie M. Hulot est plein de faits intéressans aux yeux de ceux qui aiment les antiquités religieuses et civiles de notre pays; c'est ce qui nous engage à donner une idée sommaire de l'ouvrage. (1) In-8°. A Attigny et à Reims, chez Delannois. K ) 1 Attigny, situé sur l'Aisne, à trois lieues de Rhétel et six de Reims, fut acquis par Clovis II en 638, en échange de la terre de Fleury-sur-Loire. La tradition est que saint Méen, abbé célèbre en Bretagne, y prê cha. Le roi Chilpéric y mourut en 727. Pépin, encore simple maire du palais, y tint en 750 une cour plénière, et en 765 une assemblée générale de la nation, qui paroît avoir été un véritable concile; du moins on a les noms de 27 évêques et de 17 abbés qui s'y trouvèrent, et on conjecture qu'il y en eut plusieurs autres avec beaucoup d'officiers et de seigneurs. Le roi Carloman habita Attigny en 769, et Charlemagne vint y passer les fêtes de Noël en 771, et celles de Pâque en 772. C'est là que Witikind et Albion, chefs des Saxons, furent baptisés en 785 ou 786. Sous Louis le Débonnaire, il y eut à Attigny, en 822, un concile ou assemblée générale des Francs, où ce prince se soumit à la pénitence publique ; M. Hulot raconte avec détail ce qui s'y passa. Il dut y avoir un autre concile dans le même lieu en 834, mais on n'en a pas retrouvé les actes. Le séjour d'Attigny paroît avoir été agréable à Charles le Chauve, et on trouve beaucoup d'actes de son règne datés de ce séjour. Il s'y tint un nouveau concile en 870, sous Hincmar de Reims, et M. Hulot en donne l'historique d'une manière très-circonstanciée. Charles le Gros et Charles le Simple affectionnèrent aussi Attigny, et ce dernier fonda l'église de Ste-Waubourg, dans le palais même d'Attigny. A ce sujet, l'historien donne quelques notions sur la position et l'étendue du palais, et sur la situation des églises de SteWaubourg et de Notre-Dame d'Attigny. Il remarque ensuite une lacune de plus d'un siècle où il n'est plus fait mention de cette résidence. Depuis, la terre d'Attigny passa aux archevêques de Reims; ce furent eux qui firent rebâtir l'église, et plusieurs chartes et actes sont datés de ce lieu. Pendant les guerres des protestans, Attigny souffrit beaucoup par l'invasion et le séjour des troupes allemandes; l'église fut profanée, le château détruit, et les habitans s'enfuirent. L'état de la ville s'aggrava encore pendant les troubles de la Fronde, par le passage continuel de troupes. L'hôpital fut supprimé et réuni à celui de Rhétel en 1696. Après l'histoire d'Attigny, l'auteur donne une notice des seigneurs du lieu, puis une notice des curés dépuis 1571. Celle-ci est assez étendue, et finit par M. Courtier, curé d'Attigny, dépossédé pour refus de serment, et mort à Ath le 14 mars 1794. Quelques prêtres constitutionnels furent envoyés à Attigny, et y eurent peu de succès. A la fin de 1793, l'église fut profanée, et le club s'y établit; double scandale qui fut donné alors dans presque toute la France. Après la terreur, des ecclésiastiques non-assermentés vinrent de temps en temps à Attigny comme missionnaires, et en 1803, M. Henri-Louis Hulot, qui rentroit d'Allemagne, fut nommé curé. Il gouverna la paroisse jusqu'en 1819 qu'il fut nommé grand- vicaire de Reims. Il est aujourd'hui chanoine de la métropole, et est remplacé dans la cure d'Attigny par M. J.-V.-B. Hulot. Un ancien vicaire d'Attigny, M. Vincent Abra ham, périt dans le massacre des prêtres aux Carmes, en septembre 1792.1 .. Le volume est terminé par des pièces justificatives relatives à l'histoire d'Attigny; ce sont pour la plupart des chartes et des extraits d'anciens historiens. 3 L'auteur montre dans cet ouvrage cet esprit de récherches et cette érudition qui éclaircissent les difficul tés. Son travail sera utile pour l'histoire du départe ment des Ardennes; on peut le joindre aux Annales d'Yvois, autre ouvrage dans le même genre, dont nous avons rendu compte no 815. On est seulement étonné que M. Hulot, avec l'exactitude et le soin qu'il apporte à ses écrits, ait négligé de joindre à celui-ci une table des matières ou au moins un sommaire des chapitres. NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. PARIS. On vient de publier le Bref de Paris pour 1827, Pâque tombant le 15 avril (1). Il contient, comme à l'ordinaire, l'avis les saintes huiles, pour celui la retraite ecpour clésiastique de l'année prochaine, et un extrait des rubriques générales. A la fin se trouve le nécrologe des ecclésiastiques décédés dans le diocèse du 22 novembre 1825 au 19 novembre dernier : il y a vingt-neuf ecclésiastiques morts. Dans ce nombre, il en est cinq dont nous avons fait mention dans ce journal, savoir, MM. Decagny, Tinthoin, SaintArroman, Lasausse et de Belloc. Parmi les autres, on remarque M. Jean-Baptiste Walsh, prêtre irlandais, docteur de la faculté de théologie de Paris, reçu comme tel en 1779. Pendant la révolution, il parvint, dit-on, à sauver les biens des établissemens irlandais en France, et, en 1805, il eut le crédit de se faire nommer administrateur-général des collèges britanniques. Il perdit sa place sous le Roi, lorsqu'il fut question de rendre à chaque nation les biens qui lui appartenoient, et que l'on avoit, depuis quelques années, confondus dans une masse générale. M. Walsh étoit un homme d'esprit et propre aux affaires. Il est mort le 20 décembre 1825, âgé de quatre-vingt-un ans, après avoir été éprouvé par de douloureuses infirmités. Parmi les ecclésiastiques indiqués dans le nécrologe, nous citerons encore ici M. Jean-Baptiste Gossin, ancien grand-chantre de la collégiale de Sainte-Madeleine de Verdun, puis vicaire de choeur à Notre-Dame, décédé le 8 janvier, à l'âge d'environ soixante-douze ans ; M. Jean-François Villard, ancien chanoine de la collégiale des Andelys, en dernier lieu chanoine honoraire d'Evreux, décédé sur la paroisse de Saint-Philippe-du-Roule le 19 février, âgé de soixante-quatorze ans ; et M. Pierre-Nicolas Meunier, ancien chapelain de Mme Adélaïde de France, puis curé de Montreuil, mort le 5 août, (i) In-12, prix, 75 cent. et 1 fr. franc de port. A Paris, au bureau de ce journal. âgé de soixante-quatorze ans. Nous nommerons, dans un numéro suivant, les autres ecclésiastiques morts pendant l'année. - Demain dimanche, dans toutes les églises et chapelles du diocèse, la messe paroissiale ou de communauté sera précédée du Veni creator et suivie de l'Exaudiat; on Ꭹ dira les oraisons du Saint-Esprit et celles pour le Roi. A dater du jour de l'ouverture de la session, les prêtres doivent, pendant neuf jours, dire aux messes basses, l'oraison Deus qui miro ordine... On a célébré dimanche 10, à Ste-Geneviève, la fête de la Conception, qui est la fête patronale des associations établies par les missionnaires. M. l'abbé Jalabert, vicairegénéral, a officié. L'église étoit remplie, et la communion a été tellement nombreuse et a duré si long-temps, que le célébrant a eu peine à achever la cérémonie, et a été obligé de se faire aider par un missionnaire. Le soir, un salut extrêmement pompeux a terminé la fête. On a remarqué ce jour-là, à Sainte-Geneviève, un plus grand concours qu'à l'ordinaire, et on croit que quelques bruits qui se sont répandus y avoient contribué. Beaucoup de pieux fidèles avoient voulu donner aux missionnaires une marque éclatante d'attachement et d'intérêt dans un moment où quelques journaux avoient parlé de mesures qu'on devoit prendre à leur égard. On prétend que, dans un conseil des ministres, il avoit été agité s'il ne falloit pas apporter quelque restriction à l'exercice du zèle des missionnaires. Il y avoit eu, disoit-on, un projet d'ordonnance, d'après lequel, en autorisant une association de missionnaires dans chaque diocèse, on stipuloit que ces associations ne pourroient étendre leur ministère au-delà de leurs diocèses respectifs, et qu'il faudroit que leurs prédications fussent demandées à la fois par l'autorité ecclésiastique et par l'autorité civile. On ajoutoit que, dans le conseil, les ministres avoient eté partagés sur ce projet, que quatre étoient pour, et quatre contre. Un des journaux du ministère a paru démentir ce bruit, et en effet, quoi de plus invraisemblable! Tandis que les prédicateurs du désordre et de l'impiété ont le champ libre, et peuvent journellement insulter à la religion dans les pamphlets, dans de gros livres, dans des cours publics, dans les feuil |