les qui paroissent sous toutes les formes, il ne seroit pas permis à des prêtres zélés de remplir en toute liberté un ministère de paix! Dans le royaume très-chrétien, on appor teroit des entraves à des prédications qui n'ont pour but que de ramener les hommes à la pratique de la religion! Sous un prince si distingué par sa piété, on frapperoit d'une sorte d'interdiction des ecclésiastiques pieux, courageux et charitables! Nous osons espérer qu'on ne donnera pas aux ennemis des missions ce grand sujet de joie, et qu'on ne clôra pas le jubilé par une si humiliante concession, et par une si désolante foiblesse, qui ne feroit qu'enhardir les méchans, affliger les gens de bien, et ôter à la religion et à la monarchie des appuis dont elles ont plus que jamais besoin au milieu des dangers qui les entourent. Ce n'est pas assez pour certaines gens de poursuivre l'ultramontanisme en France, ils étendent leur sollicitude au-delà des monts, et dans le zèle qui les dévore, ils voient partout des sujets d'inquiétude et d'alarmes. Nous avons parlé d'une congrégation d'Oblats formée dans le diocèse de Pignerol; cette congrégation a donné de l'ombrage à des gallicans très-susceptibles, et il a paru dans le Journal des débats de mercredi dernier un long article contre la congrégation, contre le prélat qui la protège, contre le bref qui la reconnoît. Mais remarquez ici la bonne foi du journaliste. On se rappelle que nous avions donné d'abord une formule de serment pour la congrégation des Oblats, et dans un numéro plus récent, nous avons dit que cette formule avoit été rejetée par le saint Siège, qui s'étoit contenté de prescrire la signature de la profession de foi de Pie IV; eh bien! dans son article, le rédacteur des Débats suppose toujours que la première formule a été prescrite aux Oblats. Il avoit lu notre n° 1286, puisqu'il cite plusieurs fois le bref qui y est rapporté; il avoit dû remarquer ce que nous avions dit, que la première formule avoit été rejetée par le saint Siège; cependant il raisonne toujours dans la supposition contraire, il regarde comme admis ce même serment que le saint Siège n'a pas cru devoir autoriser. Que dire d'uin tel procédé? Peut-on imputer cette méprise à une simple légèreté ou à une préoccupation toujours répréhensible? Peut-on absoudre le journaliste de mauvaise foi dans une circonstance où il est difficile qu'il n'ait pas connu la vé-' ཎཱ * > rité? Comment insiste-t-il si fort pour montrer le venin de cette même formule que le Pape et la congrégation des cardinaux ont rejetée? Il se fatigue à crier contre la promesse de conserver la communion immédiate avec le Pape, de suivre en tout la chaire apostolique, d'improuver sans distinction tout ce qu'elle improuve. (Voyez le n° 1284.) Mais encore une fois ces clauses ont été rejetées à Rome elles ont été rejetées sur l'avis de la congrégation des évêques et des réguliers. Que voulez-vous de plus? Quel prétexte avez-vous de vous plaindre quand cette même formule qui vous dé plaît a été improuvée et mise à l'écart par le saint Siège? Mais ce n'est pas tout; il est évident par le bref du 1er septembre que la congrégation n'est approuvée que pour le Piémont; on ne parle que de l'évêque de Pignerol et des Etats du roi de Sardaigne; mais le journaliste, dans la frayeur qui le tourmente, voit déjà les Oblats inondant la France; les Alpes sont aplanies devant eux, les continens vont en être peuplés, les vaisseaux les porteront aux extrémités du monde... Et le ministère se tait! Ces métaphores brillantes et ces exagérations pompeuses pourroient-elles en imposer? au fond, les Alpes aplanies et les continens peuplés, tout cela n'existe que dans votre imagination. Le bref ne parle point de la France; il ne dit point que les Oblats se proposent d'évangéliser les peuples partout, ainsi que le prétend le journaliste qui, dans sa citation, a ajouté le mot partout, fequef ne se trouve pas dans notre traduction. Cette petite infidélité est digne de l'esprit qui a dicté tout l'article; on n'y trouve en effet qu'aigreur et déclamation. Et le ministère se tait, dites-vous; et que voudroit-on que fit le ministère dans une cause qui ne regarde qu'un royaume étranger? Le ministère peut-il empêcher le roi de Sardaigne de favoriser une congrégation dans ses Etats? Faut-il par hasard lui déclarer la guerre parce qu'il veut avoir des Oblats? En vérité, l'esprit de vertige et de contumace est dans cette famille. Les exercices du jubilé à Lyon se terminent en ce moment, et le zèle des missionnaires a été couronné d'un étonnant succès. Le dimanche 10, la communion générale des hommes a eu lieu à la métropole; l'affluence étoit si grande à sept heures du matin, que beaucoup de fidèles n'ont pu y trouver place et ont été obligés de retourner à } leurs paroisses respectives. La distribution de la communion a occupé quatre ecclésiastiques pendant une heure et demie. Dimanche prochain, d'autres communions auront lieu dans les paroisses. Les processions pour les stations, qui se font dans les différentes paroisses, sont nombreuses et édifiantes; les hommes s'y montrent en grand nombre, et les bannières, le chant, et tous les signes de la piété, forment un spectacle religieux qui touche et qui console. Honneur aux hommes généreux à qui la ville doit ce grand et beau mouvement! Les exercices du jubilé ont été terminés à Rennes le vendredi 8, par une procession générale qui a été imposante par le concours des fidèles et par la présence des autorités. La cour royale y assistoit en robes rouges, ayant à sa tête son premier président. Le général commandant la division, le préfet, le maire, et beaucoup de fonctionnaires grossissoient le cortège, et des détachemens de troupes étoient sous les armes. Déjà les antorités avoient donné le même exemple dans les processions pour les stations, les 9, 21 et 26 du mois précédent. La procession du 8 décembre a couronné dignement ces pieux exercices; elle partit à deux heures de la cathédrale, et se dirigea vers la croix de la mission qui fut plantée en 1818. M. l'évêque, quoiqu'encore foible, voulut suivre cette procession comme les précédentes; il marchoit appuyé sur un jeune ecclésiastique. Quand on fut arrivé au pied de la croix, M. l'abbé Letourneur, prédicateur du Roi, qui étoit venu à Rennes, comme nous l'avons vu, pour prêcher le jubilé, monta sur le piédestal de la croix, et prononça un discours sur les beautés de la religion. La procession ne rentra à l'église que sur les cinq heures. L'empressement des fidèles pour prendre part aux exercices du jubilé s'est soutenu jusqu'à la fin, et aucun trouble n'est venu affligé la piété. On termine en ce moment à Châlons-sur-Marne les exercices du jubilé; deux prêtres zélés sont venus prêter pour cela leur ministère, ce sont MM. Noailles frères, dont l'aîné est supérieur de la congrégation des pauvres prêtres, nouvellement fondée à Libourne. Leurs prédications ont été fort suivies. La ville de Châlons, quoi qu'en ait dit récemment le Courrier français, sait estimer le zèle et la "t piété de ceux qui travaillent au salut des ames. On y voit fréquemment des exemples d'édification. Le 29 novembre dernier, une dame protestante a fait abjuration, elle avoit été instruite de la religion catholique par les soins de M. l'abbé Musard, supérieur du petit séminaire; elle a reçu le même jour la communion des mains du vertueux évêque de Châlons. Pendant que des hommes apostoliques font retentir les églises du Mans de la parole sainte et ébranlent les cours dans la ville épiscopale, les ecclésiastiques du diocèse, animés du même zèle, se réunissent sur plusieurs points dans les campagnes pour procurer aux peuples des secours extraordinaires pendant le jubilé. La paroisse de Courcemont, près Bonnétable, vient de jouir de cet avantage. Quelques ecclésiastiques du voisinage, répondant au zèle du. pasteur, se sont concertés avec lui pour donner à ses paroissiens une espèce de mission. Les exercices ont commencé le 12 novembre, et consistoient en deux instructions, matin et soir; ils se sont terminés le 4 décembre par la plantation de la croix. M. le supérieur du grand séminaire du Mans avoit bien voulu s'arracher à ses fonctions pour présider à la cérémonie. Le concours des fidèles étoit très-considérable, malgré le mauvais temps, et la procession, composée de tous ceux qui avoient suivi la mission, présentoit une multitude d'hommes et de femmes, tous parés du signe de notre rédemption. La croix de mission, dont Mme la marquise Levayer avoit voulu faire présent, a été portée en triomphe tout le long du bourg. La communion générale avoit eu lieu la veille; mille personnes à peu près y avoient pris part, sans parler de ceux qui ont approché plus tard de la table sainte. Les confesseurs ont été accablés les huit derniers jours, et passoient dans le tribunal une partie des jours et des nuits. On voyoit se presser à l'entour des hom mes long-temps éloignés de la religion. Les plus opiniâtres n'ont pu résister à la force de l'exemple et de la vérité, et ceux dont on espéroit le moins ont donné plus de consola tions. Tous les journaux ont retenti des détails de l'affaire Keller, et on sait que, dans le prétendu assassinat, la calomnie avoit mêlé les personnages les plus estimables, et que la nonciature de Lucerne fut même accusée d'y avoir eu part. La notoriété des actes judiciaires qui ont eu lieu à Lucerne ne laisse plus de prétexte à des bruits qui n'avoient pu être provoqués que par un déplorable esprit de parti. Toutefois, le saint Siège étoit en droit de demander une réparation convenable pour des imputatious qui avoient retenti au loin, et ç'a été l'objet de la note rapportée dans notre numéro 1282,, et adressée par M. Gizzi, auditeur de la nonciature, en l'absence du nonce. Nous donnerons aujourd'hui les réponses faites à cette note. Dès le lendemain, le directoire fédéral répondit en ces termes : 0 «Le conseil d'Etat de la ville et république de Lucerne, directoire actuel de la confédération suisse, a l'honneur d'accuser la réception de la note officielle de M. Gizzi, en date du 18 octobre. » Certainement le directoire fédéral n'auroit besoin pour lui-même, ni d'examen ultérieur, ni d'autre information pour déclarer son intime conviction touchant la fausseté absolue et l'absurdité manifeste d'imputations semblables à celles dont fait mention la note de M. l'auditeur; mais comme la malheureuse affaire à laquelle il paroît que ces calomnies se rapportent est demeurée entièrement étrangère à l'autorité fédérale, et que le directoire n'en a aucune connoissance officielle, le conseil d'Etat soussigné s'est empressé, selon l'obliga tion de sa charge, de communiquer les réclamations de M. l'auditeur au gouvernement du canton de Lucerne, en l'invitant à donner à cette importante communication l'attention sérieuse qu'elle mérite, et à mettre le directoire fédéral en état d'y faire une réponse ultérieure. »Dans l'attente da moment où il pourra remplir ce devoir, le conseil d'Etat fédéral a l'honneur de réitérer à M. l'auditeur l'assurance de sa considération très-distinguée. » Les avoyers et le conseil d'Etat de la ville et république de Lucerne, directoire fédéral, et en leur nom, l'avoyer en charge, » Lucerne, 19 octobre 1826. Vincent RUTTIMAN. » Le chancelier de la confédération', MOUSSON. » Le gouvernement de Lucerne ne tarda pas à répondre au directoire fédéral, et le 3 novembre, il adressa la note suivante, qui fut aussitôt communiquée officiellement par le directoire à l'auditeur de la nonciature : « L'avoyer et le petit conseil de la ville et république de Lucerne, au conseil d'Etat comme autorité fédérale. » Excellences, le conseil a apporté toute son attention et une mûre délibération à la note de M. Gizzi, en date du 18 octobre, que |