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On annonce que l'insurrection qui a éclaté dans les Moluques a pris un caractère sérieux, et que toutes les autorités hollandaises s'empressoient de quitter ces iles.

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On annonce que des agens du gouvernement colombien ont essayé de lever, à New-Yorck, un petit emprunt d'un million de dollars sans pouvoir y réussir.

Préservatif contre l'incrédulité, ou Lettres d'un père à son fils sur la religion, par M. d'Exauvillex (1).

C'est sous ce titre qu'un estimable écrivain vient de publier un ouvrage où la religion est défendue avec zèle, et souvent avec succès. L'auteur savoit quel est, à son entrée dans le monde, l'étonnement d'un jeune homme, vertueux encore, mais souvent, et presque toujours, plus versé dans les sciences profanes qu'instruit dans la connoissance de sa religion; et il a cru devoir lui donner sur ce point de salutaires conseils. Combien ne voit-on pas de ces malheureux jeunes gens qui avoient cru parce qu'ils avoient vu croire, se hâter de nier aussitôt qu'ils ont entendu nier! Le moyen qu'il en soit autrement, lorsqu'à toute la fougue de leurs passions viennent se joindre tous les sophismes de l'incrédulité, toutes les séductions de l'exemple, toute l'influence des mauvaises lectures, tout le prestige enfin attaché à l'éclat de certains noms que l'impiété rendit célèbres, et que, pour rempart contre tant d'attaques, ils n'ont que le souvenir, quelquefois assez foible, des instructions qu'ils ont reçues! M. d'Exauvillex a voulu prévenir, pour son fils, un malheur que tant de motifs lui faisoient craindre. Tous les pères de famille doivent lui savoir gré d'avoir rendu public un ouvrage qui n'étoit destiné qu'à un seul enfant. Voici à peu près la marche que suit l'auteur dans sa controverse :

Il commence par guérir l'esprit du jeune homme de la crainte d'un joug trop austère, en lui faisant connoître toute la douceur de la loi évangélique, en lui démontrant que les jouissances que la religion procure sont plus réelles et plus durables que celles que peut offrir le monde. Il lui

(1) 2 vol. in-12. A Paris, chez Méquignon-Havard; et à la librairie ecclésiastique d'Ad. Le Clere et compagnie, au bureau de ce journal.

dévoile ensuite toute l'absurdité des systèmes de la philosophie, les contradictions, les erreurs, les mensonges et l'infamie de la morale de ses plus fameux disciples; il-lui explique les sources honteuses de l'incrédulité, qui sont l'ignorance et les passions; les maux qu'elle entraîne' après elle, et le mépris qu'elle mérite. Arrivé aux preuves de la religion, il les expose avec clarté et quelquefois avec chaleur. Il oppose, à toutes les divagations de ses détracteurs, la constante uniformité de ceux qui l'ont défendue; il fait sentir toute la foiblesse des premiers et toute la force des seconds. S'appuyant de l'autorité des meilleurs apologistes de notre foi, les faisant souvent parler à sa place, il ne laisse rien à désirer pour la conviction de tout homme impartial. Puissent les jeunes gens faire de l'ouvrage de M. d'Exauvillex une lecture attentive! elle ne pourra qué leur être profitable. Il pourra également être utile à d'autres personnes, surtout à celles qui aiment à s'instruire, sur les motifs de leur croyance, et il seroit à souhaiter que ce fût le plus grand nombre.

L'ouvrage de M. d'Exauvillex nous rappelle un autre livre de la même nature dont nous avons annoncé la première partie dans le n° 1229 de notre journal, et envers lequel nous sommes en retard pour ce qui regarde la seconde. Il est intitulé Lettres d'un père à ses fils, par Goupil-Despallières (1). Dans cette seconde partie, l'auteur a traité de la politique, de la législation, de l'administration, de la police et des préjugés. Il s'est appliqué principalement à démontrer que la religion et la morale sont les sources où l'homme doit aller puiser la connoissance de ses devoirs envers Dieu, envers ses semblables et envers lui-même; que, sans la religion, il n'y a point de morale, parce qu'il n'y a aucun frein pour les crimes secrets, pour l'homme injuste et puissant, aueune consolation pour la vertu malheureuse; que, sans religion et sans morale, il seroit impossible à la société humaine de se conserver; qu'ainsi l'art de gouverner les hommes ne peut être fondé que sur elles, et qu'il seroit insensé de lui chercher d'autres bases. Justice et humanité, voilà les premiers principes de la politique; bonheur temporel des hommes, voilà le but qu'elle se propose.

(1) 2 vol. in-8°.

S.

SAMEDI 18 NOVEMBRE 1826. 1

(No 1281.)

Notice sur M. l'abbé Baston.

:

(Suite du no 1276.)

La révolution vint non pas interrompre, mais changer la direction des travaux de l'abbé Baston. On ne doute point qu'il n'ait pris beaucoup de part aux délibérations du chapitre de Rouen sur le décret de l'assemblée du 13 avril 1790, touchant la religion; la déclaration du chapitre est du 5 mai, et est conforme à celle du chapitre de Paris, adoptée alors dans plusieurs diocèses. L'assemblée n'eut pas plutôt décrété ce qu'on appelle la constitution civile du clergé, que l'abbé Baston la combattit par de nombreux écrits. Près de vingt brochures de différentes dimensions se succédèrent dans l'espace de quinze mois, et déposèrent en même temps de son talent, de son zèle et de sa doctrine. Nous nous bornerons à donner les titres de ces écrits qui circulèrent principalement en Normandie, et qui furent moins connus ailleurs. Ces écrits sont donc la Doctrine catholique sur le mariage, par M. l'abbé B*****, P. D. T. (professeur de théologie), Rouen, 1791, in-12; Solution d'un cas de conscience proposé par quelques-uns de MM. les chapelains de l'église cathédrale de Rouen, Rouen, 1791, in-8°; Adresse de quelques catholiques de Rouen à tous les catholiques du département de la Seine-Inférieure, 1791; in-8°; Observations de quelques théologiens sur une Adresse de la société des Amis de la constitution sur le serment, 1791, in-8°; Réponse aux calomnies des clubistes de Rouen, consignées dans leur pétition à l'assemblée sur la destruction des maisons religieuses, 1791, in-8°; Doutes proposés à M. V*** (Verdier), curé de Choisy-le-Roi, sur sa promotion à l'épiscopat, 1791, in-8°; Lettres d'un curé du diocèse de Rouen à M. Charrier de la Roche, élu évêque de la Seine Inférieure, Paris, 1791, in-8°; Guillaume, prêtre dans le diocèse de Rouen, à M. Louis Charrier de la Roche, évêque constitutionnel de la SeineInférieure, salut et retour à l'unité, 1791, in-8°; Remarques sur la Lettre circulaire de M. Charrier de la Roche, en Tome L. LAmi de la Religion et du Roi.

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date du 18 mai 1791, in-8°; Eclaircissemens demandés à M. Charrier de la Roche sur sa Lettre pastorale aux fidèles, in-8°; Analyse raisonnée et critique de plusieurs ouvrages sur la constitution civile du clergé, composés par M. Charrier de la Roche, 1791, in-8°; Suite de l'Analyse; Conclusion de l'Analyse; Au solitaire auteur des Réflexions tirées de l'Ecriture sainte sur l'état actuel du clergé de France, paix ét salut, 1791, in-8°; Point de réplique au solitaire, 1791, in-8°; Remontrance au peuple, 1791, in-8°; Aperçu d'un citoyen sur le serment, 1791, in-8°; Apologétique pour persécutés, au peuple de R***, des campagnes circonvoisines et de tout le département, salut et bénédiction en celui qui est la force des foibles et la consolation des affligés, 1791, in-8°; le bon Pasteur, dédié à ses brebis, en vers, Rouen, 1792, in-8°; Psaume imité de Jérémie, en vers, in-8°; la Rareté, ou les Insermentés défendus et pleinement justifiés par M. Gratien, in-8°; M. Gratien invité à revoir ses assertions sur le mariage, in-8°; Essai de morale à l'usage de l'église gallicane non assermentée, in-8°; Supplément à l'Essai de morale, in-8°; enfin de l'Absolution donnée à l'article de la mort par un prêtre schismatique constitutionnel, in-8°.

Cette liste nous est fournie par la Notice biographique de Rouen, car du reste nous avouons n'avoir point vu ces écrits. Il est remarquable qu'ils parurent dans le court espace d'environ une année. Ils furent tous imprimés à Rouen, à l'exception d'un qui porte le nom de Paris, et du dernier qu'on dit avoir été imprimé à Munster, et qui par conséquent doit être d'une date postérieure. Quoique l'abbé Baston n'eût mis son nom à aucun de ces écrits, cependant il étoit difficile qu'on n'en connût pas l'auteur; aussi, il se trouva désigné à l'animadversion des révolutionnaires. On eût dû, à la rigueur, ne pas le comprendre au nombre des fonctionnaires astreints au serment, et sujets à la déportation par le refus de le prêter; toutefois la municipalité de Rouen, à cette époque, n'hésita pas à le punir de son zèle et à l'inscrire un des premiers sur les listes de déportation. L'abbé Baston choisit pour exil les Pays-Bas, et s'embarqua à Rouen même dans les premiers jours de septembre 1792, pour le port d'Ostende; mais sa destination devoit être changée.

On étoit alors à une des époques les plus critiques de la révolution; les esprits échauffés par des prédications furieu

ses se portoient, contre les prêtres, aux plus déplorables excès, et la nouvelle des massacres des Carmes, de l'Abbaye et de Saint-Firmin, se répandant dans les provinces, y excitoit d'affreuses cruautés. Le bâtiment sur lequel étoit embarqué l'abbé Baston étoit à peine à la hauteur de la Mailleraie en descendant la Seine, qu'on apprit que deux autres embarcations également chargées de prêtres avoient été arrêtées à Quillebeuf, qu'on avoit forcé les passagers de descendre, et qu'ils auroient infailliblement péri sans l'arrivée d'une compagnie de gardes nationales de Rouen, que le frère d'un de ces ecclésiastiques eut le crédit de faire venir. Il avoit été instruit du complot, et il ne fallut pas moins que la présence de la troupe accompagnée de deux pièces de canon, pour sauver les prêtres que l'on ramena à Rouen. Au milieu de cette fermentation des esprits, le capitaine du navire qui portoit l'abbé Baston, homme humain, et qui avoit horreur du crime, prit tous les moyens de soustraire ses passagers à la fureur des révolutionnaires. Il resta loin du rivage, jeta l'ancre au milieu de la Seine, et refusa de recevoir à son bord les forcenés qui demandoient à grands cris la tête des prêtres.

Ceux-ci, voyant l'imminence du danger, résolurent d'envoyer demander du secours aux autorités de Caudebec dont ils espéroient plus de modération. L'abbé Baston, par son esprit et son courage, parut propre à cette commission périlleuse, et fut désigné tout d'une voix avec un curé de Rouen. Ils s'embarquèrent dans la chaloupe pour Caudebec, et se présentèrent à la municipalité alors en permanence. Tous les membres n'étoient peut-être pas également bien disposés, mais l'adresse de l'abbé Baston aplanit les obstacles. La municipalité non-seulement consentit à procurer un asile aux prêtres proscrits, elle prit sur elle de viser leurs passeports et d'en changer la destination, afin qu'ils pussent gagner la frontière par différentes voies. M. Baston se dirigea sur Dieppe où il s'embarqua pour l'Angleterre. Il y retrouva son protecteur et son ami, l'abbé de St-Gervais, et la reconnoissance lui fit un devoir de s'attacher à sa fortune. Son séjour à Londres ne fut pas oisif; il apprit l'anglais, visita les monumens du pays, étudia les mœurs des habitans, et recueillit des notes et des observations dont il se proposoit de faire usage plus tard.

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