avoyer de Lucerne, et à un empoisonnement supposé, dont il est question page 198 du Recueil des actes du procès occasionné par cette déplorable affaire. Le saint Siège qui, soit dit en passant, ne permettroit pas que, dans ses Etats, on répandit impunément dès calomnies, et surtout des calomnies d'un genre aussi atroce, contre une légation accréditée auprès de lui; le saint Siège aimoit à espérer que, sans attendre une demande de sa part, on s'empresseroit de lui donner une réparation convenable. >> Cet espoir ne s'étant pas encore réalisé jusqu'à présent, le saint Siège pense que sa dignité ne lui permet pas de garder plus longtemps le silence, et ayant le droit imprescriptible d'exiger une réparation complète pour l'attaque faite contre l'honneur de sa nonciature près la confédération suisse, il a ordonné au soussigné de demander que le gouvernement, par un acte public et d'une manière claire et précise, déclarát que les imputations dont il s'agit ne sont que des calomnies, et qu'il reconnût par conséquent l'innocence de Ja nonciature, et le droit incontestable du saint Siège à obtenir une satisfaction solennelle. Le soussigné croiroit faire injure à la sagesse du gouvernement, s'il se permettoit seulement de penser qu'il fût nécessaire de motiver davantage une demande de cette espèce, vù que dans tout pays civilisé, le droit d'en faire une semblable appartient à tout homme, même de la dernière classe, qui seroit attaqué dans son honneur, et calomnié devant une nation entière. A Lucerne comme dans toute la Suisse, on reconnoitra la justice de cette demande, et l'on saura gré au saint Siège de la modération qu'il met dans sa démarche. Le soussigné s'étant acquitté par cette note de la mission dont l'a chargé S. S., et étant convaincu que l'objet de cette communication sera rempli le plus tôt possible, saisit avec empressement cette occasion de renouveler au canton directeur l'expression de sa considération la plus distinguée. » Lucerne, le 18 octobre 1826. » L'auditeur de la nonciature, chargé d'affaires du saint Siège près la confédération helvétique, Gizzi. » Tous les journaux de la Belgique ont rapporté une conversation qu'ils prétendent avoir eu lieu entre le Pape et le comte de Celles. Cette conversation est tout-à-fait destituée de vraisemblance, ce qui n'a pas empêché nos journaux de la reproduire avec une facilité qui nous étonne. On suppose qué dans le voyage que M. de Celles fit en Italie avant d'être ambassadeur, ayant été présenté au Pape, il le trouva imbu d'idées libérales qu'il professoit ouvertement. Un Pape et un Pape tel que Léon XII devenu libéral, c'est sans doute une métamorphose un peu singulière, et qui nous étonne, nous autres gens simples et asservis à nos vieilles idées. Nous avons peine d'ailleurs à concilier le libéralisme du saint Père avec le langage qu'il tenoit dans la bulle du jubilé, avec sa bulle contre les francs-maçons, et avec les autres actes de son pontificat. Nous nous imaginons que si le Pape étoit libéral, les feuilles libérales ne l'attaqueroient pas avec tant de persévérance et d'aigreur. Mais ce n'est pas tout, Léon XII, dans une deuxième audience qu'il accorda au comte de Celles, s'étendit longuement sur le collège philosophique, et dit entr'autres: Je suis fort étonné que cet établissement trouve tant de détracteurs en Belgique, car c'est une institution louable sous tous les rapports. M. de Celles trouva ces paroles si précieuses à recueillir, qu'il en prit note en rentrant chez lui; dans une nouvelle audience, il prit la liberté de mettre ses notes sous les yeux du saint Père, pour s'assurer s'il avoit rendu fidèlement la pensée de S. S. Oui, dit le Pape, c'est bien mon opinion, ma véritable opinion, je vous en donne l'assurance. Comment douter d'un conte si bien arrangé, d'un récit si bien tissu, de circonstances si bien détaillées? Il est vrai que ceux qui font cette petite histoire sont les mêmes qui crient journellement contre le Pape et les évêques. Il est vrai que, si le fait étoit exact, le gouvernement des Pays-Bas se seroit hâté plus tôt de le publier. Il n'eût pas manqué sans doute de chercher à calmer, par les paroles du saint Père, l'opposition générale que le collège philosophique a rencontrée parmi le clergé du royaume. Le roi a parlé dernièrement dans une audience à plusieurs membres du clergé, il n'a rien dit de l'entretien supposé. C'est donc une invention du parti libéral, mais une invention à laquelle on n'a pas su donner la moindre couleur de vraisemblance. Ces messieurs devroient mettre plus d'adresse dans les coutes qu'ils imaginent. Au surplus, ce qui n'est pas un conte, c'est la querelle qui vient de s'élever dans leur camp, et qui nous donne l'espoir de respirer un peu pendant qu'ils se battront. Le fait vaut la peine d'être raconté. Il s'est, comme on sait, il s'est formé depuis quelque temps un Constitutionnel pour le royaume des Pays-Bas, et il paroissoit digne de son modèle par l'esprit qui présidoit à la rédaction, et par la violence des attaques et la continuité des déclamations. On disoit que M. Tissot devoit, de Paris, diriger ce journal; mais il paroît que MM. du Constitutionnel de Paris n'ont pas vu de bon œil la création du nouveau journal, ils ont craint que cela ne leur fit perdre des abonnés dans les PaysBas. On veut bien servir la cause, mais on veut avant tout soigner ses propres intérêts et sa petite fortune. Il y a donc eu de grandes plaintes, et on a exigé de M. Tissot qu'il renonçât à toute coopération au journal étranger. Il l'a fait, et les feuilles publiques ont annoncé sa détermination. Le Constitutionnel des Pays-Bas en a été piqué, comme on le pense bien, et voilà la guerre déclarée entre les frères et amis. Ce journal annonçoit dernièrement que le Constitutionnel français a fait alliance avec les Jésuites; il prétend avoir des preuves de cette alliance monstrueuse, il donnera quelques jours les articles du traité; en attendant, le Constitutionnel de Paris lui donne des démentis par ses éternelles déclamations contre la congrégation et contre Montrouge. Il est visible que cette dispute est une affaire d'argent; mais il est assez plaisant de voir ces amis si zélés s'injurier de si bon cœur. Qui eût cru que ce pauvre Constitutionnel fût accusé d'être Jésuite? A quoi ne faut-il point s'attendre, si nous voyons de telles métamorphoses! NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. Le Roi vient d'accorder une somme de 6000 fr. aux incendiés des rues Suloc et Ste-Hélenne, à Lyon. S. M. a aussi envoyé une somme de 1500 fr. prise sur sa cassette, aux veuves et enfans des vingt-sept personnes composant l'équipage du Saint-Jean, de Dieppe, qui a péri dans les derniers jours du mois passé. Le Roi vient d'accorder une somme de Soo fr. pour aider à la construction de l'église du Portel, commune d'Outreau, arrondissement de Boulogne (Pas-de-Calais). - M. le Dauphin vient de donner 300 fr. pour le mobilier de la chapelle des prisons à Nanci. Le Roi a aussi daigné envoyer une somme de 500 fr., destinée au soulagement des incendiés de Badonvillier. Mme la Dauphine a bien voulu y joindre 300 fr., et MADAME, duchesse de Berri, 100 fr. - - M. le Dauphin vient d'accorder 500 fr., et Mme la Dauphine 200 fr., pour les besoins de l'église du Mesnil-sur-Oger (département de la Marne). M. le Dauphin a fait parvenir à M. le préfet de la Gironde une somme de 500 fr. pour contribuer à la restauration de l'église de Bazas. Par ordre de S. M., S. Exc. le ministre de l'intérieur a accordé un secours provisoire de 3000 fr. aux habitans des trois communes des Pyrénées-Orientales qui ont été victimes du violent orage du 26 août dernier. Samedi dernier, M. le duc et Mme la duchesse d'Orléans sont venus remercier le Roi qui a nommé M. le duc de Nemours colonel du er régiment des chasseurs. Le jeune prince accompagné de son frère, M. le duc de Chartres, portoit l'uniforme de son grade. Le Roi vient de rendre une ordonnance qui tend à régler avec plus d'ordre et de précision les obligations et la responsabilité des comptables des finances, envers le Trésor, les communes et les établissemens de bienfaisance, ainsi que les garanties auxquelles ils ont droit pour les couvrir des effets de cette responsabilité. -La cour suprême, à l'occasion du pourvoi du sieur Moulle contre le jugement du conseil de discipline de la garde nationale du 10 avril dernier, a décidé que l'on ne pouvoit infliger aucune peine de discipline un citoyen pour refus de service, pendant qu'il étoit en réclamation auprès de l'autorité administrative à l'effet d'obtenir sa radiation des contrôles. Déjà, , pour plusieurs délits contre les lois de la presse, le nommé Poulton avoit figuré devant la police correctionnelle : il y a paru encore aujourd'hui, comme ayant vendu l'ouvrage de Dupuis sur l'origine des cultes. Le jugement a été remis à huitaine. On a saisi chez un traiteur nouvellement établi rue de la Villelevêque, des ustensiles et des matériaux propres à la fabrication de fausse monnaie. Le traiteur et sa femme ont été conduits à la préfecture de police et la boutique a été fermée. Un commissaire de police, accompagné de deux agens, a saisi hier matin, chez M. Bénard, marchand d'estampes, passage Vivienne, ving-cinq exemplaires d'une lithographie représentant le libraire Touquet tenant d'une main l'Evangile, de l'autre la Charte. On a saisi encore quelques estampes représentant le duc de Reichstadt. Le Constitutionnel, qui surveille l'armée pour y maintenir la subordination et la discipline, s'étoit plaint, il y a quelques jours, d'un châtiment infligé à un marin à bord de la Galathée. M. le contre-amiral Roussin a fait une réponse qui le disculpe entièrement; il fait remarquer que les lois de l'armée maritime doivent être autres que celles de l'armée de terre, et que, dans l'occasion présente, elles ont été appliquées avec la plus grande modération. -M. Rouzé, sous-préfet de l'arrondissement de Saint-Quentin, écrit au Journal des débats, une lettre dans laquelle il atteste que ce que le sieur Chauvet a dit, dans le Constitutionnel, s'être passé devant témoins à la sous-préfecture de Saint-Quentin, est un échafaudage de mensonges. M. le comte de Floirac, préfet de l'Aisne, donne dans une lettre datée de Laon, des détails sur l'affaire Chauvet, et achève de disculper M, le sous-préfet de Saint-Quentin des accusations de quelques journaux. Le 18 avril, un quidam d'assez mauvaise tenue, n'étant porteur d'aucun papier de sûreté, fut conduit par les gendarmes à l'autorité judiciaire. Cet individu offroit une exacte ressemblance avec un homme dont la police avoit donné le signalement : même nom de Chauvet, même ville de Marseille, même profession apparente, une femme laissée à Bruxelles, et dont il ne peut indiquer la demeure, pas même la rue; taille, couleur de cheveux, yeux, teint absolument identiques avec ceux du signalement; et, pour confirmer tout cela, absence de papiers, aucune explication. En supposant que cet individu ne fût pas celui que la police désignoit, c'étoit au moins un vagabond; il n'avoit sur lui que des recommandations de frères aux frères, pour lui fournir des secours pécuniaires. Cet homme fut donc déposé, par ordre de l'autorité judiciaire, dans la chambre appelée violon. Sa translation à Tarascon se fit en voiture, et avec tous les égards prescrits à la gendarmerie du département. Et pourtant des colonnes de journaux ont été remplies de plaintes sur l'abus du pouvoir; on s'est pris d'une si belle passion pour un inconnu fort suspect par ses exagérations, et l'on a dénoncé partout comme inouie une sage mesure de l'autorité. Le procureur du Roi de Saint-Quentin a fait un rapport au garde-des-sceaux sur Chauvet. Le magistrat dit aussi que cet homme ne put présenter aucun papier, ni donner aucune explication; il ne savoit pas même où il avoit laissé sa femme. Ses réponses embarrassées augmentèrent les soupçons et motivèrent l'ordre de le transférer à Tarascon. Chauvet essaya de répondre dans le Constitutionnel aux déclarations du préfet et du procureur du Roi. A qui doit-on s'en rapporter sur cet individu? A ses allégations ou au témoignage des magistrats? Le tribunal de police correctionnelle a rendu le 18, son jugement dans l'affaire Ouvrard. Les sieurs Ouvrard, Ducroe, Espariat et Poissonnier, ont été renvoyés de la plainte. Ouvrard sera mis en liberté s'il n'est détenu pour autre cause. Mauléon et Baugé ont été condamnés en 6 mois de prison, 300 fr. d'amende et aux frais. Le même jour, le tribunal a entendu les plaidoiries dans l'affaire de la Biographie des députés. Il y a d'abord eu des débats entre Dentu père, Bigy et Massey de Tyrone, qui s'accusent réciproquement d'ètre les auteurs de la contrefaçon. M. Massey de Tyrone a prétendu qu'il appartenoit à l'opposition royaliste; lui et son avocat, M. Mauguin, ont soutenu qu'on pouvoit, sans se rendre coupable de diffamation, tourner des fonctionnaires en ridicule. Les avocats des autres prévenus et la cause ont été renvoyés au lundi pour la réplique du ministère public. Le lundi, M. Tarbé, avocal du Roi, a parlé dans la même affaire, les avocats ont répliqué. Le jugement sera prononcé le 29. Le canal Saint-Martin a été ouvert à la navigation le 15 de ce mois. Le perfectionnement des travaux et le zèle des entrepreneurs donnent tout lieu d'espérer que désormais cette navigation ne sera plus interrompue. - Lors des troubles qui eurent lieu au théâtre des Célestins, à Lyon, à l'occasion de l'ouverture du jubilé, les sieurs Hurré jeune, natif de Paris; Deveau, natif de Genève, ct Oriol, de St-Etienne, furent arrêtés comme moteurs du désordre. Cités, le 15 du courant, devant le tribunal de police correctionnelle, ils ont été condamnés, Hurré à 5 mois, Deveau et Oriol à 3 mois, et chacun à 300 fr. d'amende. |