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du diocèse. Il conserva jusqu'à la fin toutes ses facultés, et sa mémoire surtout avoit quelque chose de prodigieux. En février 1824, il ressentit les premières atteintes d'une maladie cruelle, la strangurie, qu'il devoit peut-être à la continuité des travaux du cabinet. Les effets de cette maladie, et le traitement qu'elle exigeoit, le forcèrent de renoncer à ses occupations habituelles; ce qui fut pour lui une privation plus dure que ses souffrances. Il mourut avec résignation le 26 septembre 1825, chez son beau-frère, à SaintLaurent, près Pontaudemer. Il étoit âgé de quatre-vingttrois ans et dix mois.

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Tous ceux qui l'ont connu savent qu'il avoit autant de finesse dans l'esprit que d'agrément dans le caractère. Doué d'un bon cœur, laborieux, actif, il possédoit des avantages plus précieux encore. Sincèrement attaché à la religion, il la faisoit aimer par ses manières insinuantes, et remplissoit avec exactitude tous les devoirs de son état. Les gens du monde recherchoient ses entretiens, et les personnes pieuses se félicitoient de suivre ses conseils. Il a laissé à Rouen la réputation d'un homme sage, d'un prêtre vertueux, d'un écrivain spirituel ; et quelques préventions, suite d'une démarche fâcheuse, ne doivent point nous fermer les yeux sur son mérite, et sur les services qu'il rendit dans le reste de sa carrière. Il parut un article en son honneur dans le Journal de Rouen du 29 septembre 1825, puis la Notice plus étendue dont nous avons parlé. Outre ses cuvrages imprimés et inédits que nous avons indiqués dans le cours de notre Notice, l'abbé Baston laissa d'autres manusc, its, le Bartian ou Défense des animaux contre l'homme, 2 vol. in-8°, ouvrage qu'on dit être original, et qui paroît du même temps que les Narrations d'Omai. L'auteur se disposoit à le faire imprimer, et avoit déjà obtenu une approbation du censeur, lorsque la révolution ou d'autres raisons le firent changer d'avis. Il avoit composé encore une espèce de roman, l'Oncle et le Neveu, ou l'Acquéreur et le Propriétaire, dans lequel il avoit fait entrer, dit-on, beaucoup d'anecdotes relatives à la révolution. On a quelques raisons de croire qu'au moment de sa mort il étoit sur le point de publier cet ouvrage', que sa famille n'a pas retrouvé dans ses papiers.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. La fête du Roi de France a été célébrée dans l'église de Saint-Louis-des-Français, qui avoit été ornée avec beaucoup de goût. M. Artaud, chargé d'affaires; M. de Marcellus, ministre de France à Lucques; MM. de Mortier et de Gasville, secrétaires d'ambassade à Rome et à Lucques, sont arrivés les premiers à l'église, et ont reçu le corps diplomatique. On y remarquoit, entr'autres, Mr Lambruschini, archevêque de Gênes, désigné nonce à la cour de France, qui avoit voulu s'unir aux voeux pour le Roi. L'infant duc de Lucques occupoit une place distinguée. A onze heures, on apprit que le saint Père alloit arriver; en effet, peu après S. S. arriva; elle fut reçue avec les honneurs accoutumés par le chargé d'affaires et par tout le corps diplomatique. Elle se rendit immédiatement devant l'autel de Saint-Louis, où, après avoir adoré le saint Sacrement, elle entendit la messe, célébrée par un de ses chapelains. La messe solennelle fut célébrée par Mer Ispard, doyen de la rote. S. S., avant de se retirer, visita la chapelle des fonts, et examina les travaux qu'on y a faits.

-Le même jour on apprit que, par ordre du Roi de France, la frégate la Galathée, et d'autres bâtimens de guerre, avoient fait voile pour Alger, pour demander au dey la restitution immédiate des bâtimens pris et de leurs cargaisons, la liberté de leurs équipages, et un ordre aux navires algériens de s'abstenir de toute violence contre le pavillon pontifical. On sait que les pauvres prisonniers de l'Etat romain sont sous la protection de M. Deval, consul de France, qui pourvoit généreusement à leurs besoins.

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M. le cardinal Turiozzi est mort le 9 novembre, au soir. Fabrice Turiozzi, né à Toscanella le 16 novembre 1755, avoit été nommé autrefois, par Pie VI, à la place de chargé d'affaires près la cour de Turin, et envoyé ensuite, en 1798, aux conférences de Radstat. De retour à Rome, Pie VII lui confia le gouvernement de diverses provinces, le nomma assesseur de l'inquisition, et enfin le fit cardinal le 10 mars

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1823. Une complication de maux l'a enlevé à l'Eglise et à ses amis.

- M. le comte de Celles, ambassadeur extraordinaire du roi des Pays-Bas près le saint Siège, est arrivé le 9 novembre à Rome. Il étoit accompagné de M. Germain, référendaire et conseiller d'ambassade, et du marquis de Frazegnies, attaché à l'ambassade. Les fonctions de secrétaire de cette mission extraordinaire seront remplies par celui qui étoit chargé d'affaires, M. Serruys.

PARIS. La cérémonie annuelle du renouvellement des promesses cléricales, au séminaire de St-Sulpice, avoit attiré plusieurs membres distingués du clergé. Outre S. Em. M. le cardinal Macchi, qui présidoit la cérémonie, M. l'évêque d'Hermopolis et M. l'évêque de Tempe y ont aussi pris part. M. Garnier, supérieur-général, M. le curé de St-Sulpice, MM. les grands- vicaires du diocèse, M. l'abbé Jalabert, M. l'abbé Desjardins, M. le duc de Rohan, plusieurs curés et ecclésiastiques de la capitale ont successivement renouvelé leurs promesses cléricales entre les mains de S. Em. Au séminaire d'Issy, la cérémonie a été faite par M. l'évêque de Vannes, sacré il y a quelques jours. Le même jour, M. l'archevêque de Paris est allé célébrer la messe dans l'église de la Visitation, rue de Vaugirard; le prélat a reçu les vœux des religieuses, qui les renouvellent en ce jour suivant leur usage.

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Mor Bernetti, qui étoit gouverneur de Rome, et en dernier lieu ambassadeur extraordinaire du saint Siège en Russie, est arrivé lundi de Moscou. Ce prélat, que le Pape a proclamé cardinal dans le dernier consistoire, a désiré venir passer quelque temps à Paris, où il avoit résidé pendant plusieurs années, lors de la dernière persécution, et où ses excellentes qualités lui ont procuré des amis qui lui

sont tendrement attachés.

-Le jeudi 23, M. l'évêque d'Hermopolis a célébré la messe dans la chapelle du collège Louis-le-Grand, pour l'ouverture de l'école préparatoire formée dans cet établissement. Après la messe, S. Exc. a adressé aux élèves une allocution simple et touchante sur leurs devoirs, sur la nécessité de l'instruction, et sur les sentimens religieux dont ils devoient se pénétrer avant tout. Un grand nombre de membres de l'Université assistoient à cette cérémonie.

Par ordonnance du 10 de ce mois, les bulles d'institution canonique de M. l'archevêque de Bordeaux, des évêques de Montauban et de Vannes, seront publiées en la forme ordinaire.

M. l'abbé Boyer, de St-Sulpice, a terminé le cours de ses retraites de cette année par celle de Soissons, qui a commencé le 17 octobre et a fini le 24. Il s'y est trouvé 130 ecclésiastiques, et elle a été présidée par M. l'évêque. Le prélat avoit pris son logement au séminaire, et n'a manqué à aucun des exercices. Le dernier jour de la retraite, il y a eu la procession ordinaire à la cathédrale. M. l'évêque a célébré la messe; après l'évangile, M. Boyer prêcha sur les avantages de la retraite, moins encore pour les ccclésiasti ques que pour les peuples confiés à leurs soins. Tous les prêtres, MM. les vicaires-généraux à la tête, reçurent la communion du prélat. Après le dernier évangile se fit le renouvellement des promesses cléricales. Les ecclésiastiques étant retournés au séminaire, et s'étant réunis dans la salle des exercices, ont témoigné leur reconnoissance à M. l'évêque de l'avantage qu'il venoit de leur procurer, et chacun

est retourné ensuite à sa résidence.

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les

Les exercices du jubilé se continuent à Lyon avec calme. Le 10 novembre, les hommes a une retraite pour commencé dans l'église Saint-Jean; elle a duré huit jours. On y voyoit réunis, chaque soir, plusieurs milliers d'hommes dont le silence, l'ordre et le recueillement avoient quelque chose de frappant. Ils écoutoient avidement les instructions du missionnaire. Malgré ce grand concours, autres églises de la ville où il y avoit des exercices n'ont pas cessé d'être remplies, et partout on remarquoit le même ordre et la même attention. Pas le moindre trouble ni au dedans, ni au dehors des églises. Le 17, au soir, on a fait dans toutes les églises la cérémonie de l'amende honorable; elle a été particulièrement très-imposante à la métropole. Un autel avoit été dressé au fond de l'église; il étoit couvert de flambeaux et de fleurs distribuées par gradins, et surmonté d'une croix lumineuse; le saint sacrement y avoit été exposé. M. l'abbé Rauzan prononça un discours touchant sur la miséricorde divine. Après avoir rappelé cette parole, qu'il y aura un jugement sans miséricorde pour celui qui n'aura pas fait miséricorde, il a exhorté ses auditeurs à pardonner

les injures qu'ils auroient reçues. Son discours étoit terminé par la promesse de pardonner à nos ennemis, promesse qui fut répétée avec acclamation redoublée par la multitude des fidèles. Le missionnaire et tout l'auditoire étoient prosternés devant le saint sacrement, et M. l'archevêque, entouré de son clergé, étoit au pied de l'autel. C'est ainsi que les prê tres et les missionnaires répondent à ceux qui les accusent de semer des divisions: ils prêchent le pardon des injures, et ils prient publiquement pour ceux qui les calomnient.

Le jubilé s'est ouvert à Montpellier le 12 novembre, conformément au Mandement de M. l'évêque. Le prélat y déplore avec force les maux de l'Eglise et les désordres de la société :

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« L'Eglise voit avec une amère douleur l'impiété devenant de jour en jour plus audacieuse, attaquer ouvertement ses dogmes et sa morale, répandre partout les plus funestes maximes, sources fécondes de désordres, de scandales et de crimes; elle leur oppose constamment son antique doctrine et ses vérités saintes, aussi propres à entretenir le repos des familles qu'à perpétuer le bonheur des Etats. Mais elle ne voit partout que des plaies profondes faites dans le cœur de ses enfans par le poison de l'impiété; elle voit leurs pensées incertaines et flottantes, leur ame dégradée, leurs sentimens flétris leurs inclinations courbées vers la terre, les ténèbres répandues sur leur esprit, et l'obscurcissement presque entier de leur dignité première d'homme et de chrétien.

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» Elle a mesuré l'étendue de cette dégradation morale, de cette dépravation universelle qui porte partout le désordre et la corruption, qui menace de briser de nouveau tous les liens de la société, et qui, sur les débris de toutes les inclinations nobles et de tous les principes qui les inspirent et les soutiennent, fomente, nourrit et enracine dans tous les cœurs l'égoïsme le plus dur et l'insensibilité la plus profonde.»

Les exercices du jubilé sont donnés à Montpellier par plusieurs ecclésiastiques auxquels s'est joint M. l'abbé Desmares, missionnaire de France. De semblables exercices auront lieu dans les autres villes du diocèse. A Beziers, la station sera prêchée par M. l'abbé Martin.

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La convocation générale du clergé anglican, qui a lieu à chaque nouveau parlement, s'est tenue à Londres le 15 novembre. Les juges, les jurisconsultes et les députés de la cour ecclésiastique s'étoient rendus le matin au chapitre, où se trouvoient réunis les membres du clergé, ayant à leur tête l'archevêque de Cantorbéri et l'évêque de Londres. A

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