NOUVELLES ECCLESIASTIQUES. PARIS. M. Pierre-Matthieu-Guillaume de Belloc, chanoine de Paris, est mort le 18 novembre, à l'âge de 75 ans. M. l'abbé de Belloc, issu d'une famille honorable, étoit avant la révolution, grand-vicaire de Troyes. Le cardinal Maury, avec lequel il étoit lié, l'attira à Paris pendant qu'il administroit le diocèse, et lui procura un canonicat de Notre Dame. Ses obsèques ont eu lieu le 18. M. l'archevêque lui a donné pour successeur M. l'abbé Morzières, premier vicaire de St-Jean-St-François. M. Morzières, du diocèse de Paris, étoit avant la révolution, attaché au clergé de St-Jean en Grève, qui étoit alors un des plus remarquables par son zèle et sa régularité. Aucun ecclésiastique n'y prêta le serment, et le vénérable curé, M. Royer, fut une, des premières victimes massacrées à l'Abbaye, après le 10 août. 1792. M. Morzières exerça le ministère en secret dans les temps les plus fâcheux. Dès que les prêtres purent se montrer, il se joignit à plusieurs de ses confrères pour rouvrir une église, et n'a cessé depuis de se livrer au ministère. Son application au travail, sa piété, sa modestie, son désintéressement, lui avoient mérité la confiance d'un grand nombre de fidèles, et le respect de tous ceux qui le connoissoient. M. l'abbé Morzières est âgé d'environ 60 ans. Sa nomination au canonicat vacant est une nouvelle preuve de l'intérêt que M. l'archevêque porte aux membres laborieux de son clergé, et de l'empressement qu'il met à placer honorablement les prêtres qui ont vieilli dans les fonctions pénibles du ministère. Quelques journaux ont annoncé avec empressement la défection d'un ecclésiastique attaché depuis plusieurs années au clergé d'une des paroisses de la capitale. Cet ecclésiastique s'est nommé lui-même dans une lettre adressée au Courrier, c'est M. O'Egger, ancien vicaire à Notre-Dame. Il déclare qu'il est faux qu'il ait abjuré la religion catholique pour embrasser le protestantisme; il a seulement, dit-il, quitté sa place, et renoncé aux fonctions du ministère, et a annoncé cette résolution à M. l'archevêque, par une lettre du 7 novembre, où il expose ses motifs. Nous ne pouvons que gémir sur cette triste affaire où les ennemis de la reli gion voient un sujet de triomphe. M. O'Egger est né à Bitche, dans la Lorraine allemande. Il est auteur d'un Manuel de religion et de morale, dont nous avons parlé, et d'un autre écrit sur lequel nous avions cru devoir garder le silence; nous en dirons plus tard la raison. -Un ecclésiastique, distingué par son zèle et par ses em plois, nous écrit pour nous prier de soumettre au jugement de personnes éclairées une difficulté qui a pu se rencontrer plus d'une fois dans la circonstance du jubilé. Voici le cas : un confesseur a cru devoir, pour de graves raisons, différer l'absolution à un pénitent; le temps du jubilé étant expiré, il donne l'absolution à son pénitent, qui a rempli les autres conditions prescrites par la bulle; on demande si ce pénitent, en communiant dans un intervalle assez court après l'expiration du jubilé, peut gagner l'indulgence. Les personnes consultées ont été pour l'affirmative; tel est, selon elles, l'esprit de la bulle, et on l'a toujours comprise dans ce sens M. l'abbé Bouvier dans l'excellent Traité, qu'il a publié cette année, sur les indulgences et le jubilé, et dont nous avons rendu compte dans ce journal, n'a point fait entrer ce cas de conscience; on suppose qu'il n'a pas cru que cela pût offrir de difficulté. 1 Quelques journaux de la capitale, sur la foi d'un journal de province, avoient rapporté un fait horriblement calomnieux dont on accusoit un prêtre. On supposoit qu'une tentative de vol auroit été commise par un prêtre masqué chez une ancienne aubergiste dont il avoit appris en confession qu'elle avoit une grosse somme d'argent; ce prêtre mast qué, ajoutoit-on, avoit été tué par un postillon qui logeoit dans la maison, et on avoit reconnu avec étonnement, sous le masque, le confesseur même de la femme. Les indications vagues que l'on donnoit faisoient croire que le fait s'étoit passé dans le département des Landes; le préfet de ce dé partement a donc jugé de son devoir de réfuter la calomnie. Le magistrat est fondé à croire que l'auteur de cette fable n'a' évidemment ea en vue que d'exciter l'animadversion contre les ministres de la religion. M. le préfet rapporte ensuite un fait qui est bien véritable, et que les libéraux se garderoient bien de divulguer, il fait trop d'honneur au sacerdoce. Un individu avoit volé plusieurs fois chez M. le curé de Saint......., lorsque celui-ci parvint à le connoître; mais, au lieu de porter plainte devant le procureur du Roi, il pria seulement M. le sous-préfet de l'arrondissement de faire au voleur une sévère remontrance, et de l'engager à aller se fixer dans une autre paroisse, et de se charger de lui offrir de sa part une pension annuelle de 200 fr., afin que la misère ne le portât plus au crime. Ceci s'est passé aux environs de Dax. Si c'est de ce fait dont les journaux libéraux avoient voulu parler, ils l'avoient singulièrement dénaturé. La lettre dont nous avons tiré ces détails est datée de Mont-de-Marsan, 17 novembre, et est signée par M. le comte de Puységur, préfet des Landes. -Charles-Antoine Caffarelli, frère des généraux de ce nom, vient de mourir au château du Falga, près Villefranche. Il avoit embrassé l'état ecclésiastique, et étoit, à l'époque de la révolution, chanoine de la cathédrale de Toul. Depuis, la faveur dont jouissoient ses frères auprès de Buonaparte, le lança dans les emplois de l'administration. M. Caffarelli fut successivement préfet de l'Ardèche du Calvados et de l'Aube. Dans ces différentes places, il montra de la capacité et de la sagesse. On assure qu'il n'avoit pas entièrement oublié les obligations de son état, et qu'il disoit exactement son bréviaire. Il fut destitué par Buonaparte en i 1814, , pour n'avoir pas montré assez de dévoûment pour sa cause. Depuis ce temps, il vécut dans la retraite, et il avoit repris les habitudes qui convenoient à son état, se rendant utile pour différentes bonnes œuvres, et montrant même du zèle. Il étoit aussi frère de M. JeanBaptiste Marie Caffarelli, évêque de Saint Brieux, prélat pieux, zélé et aimable, mort presque subitement dans les premiers jours de janvier 1815. Nous avons parlé, il y a quelque temps, du projet d'acquisition d'une maison contiguë à l'église de St-Bonaventure, à Lyon, et destinée à servir de presbytère pour la paroisse. L'administration municipale de Lyon a traité avec le sieur Rhenter, propriétaire, et une ordonnance du Roi du 25 octobre autorise l'acquisition. Une autre ordonnance du 8 du même mois avoit autorisé le conseil de fabrique à acheter une échoppe attenante à la maison Rhenter, et qui sera jointe au presbytère. Il seroit bien à souhaiter que de semblables mesures fussent prises dans les autres paroisses et dans les grandes villes du royaume. - M. Rey, évêque de Pignerol, si connu par ses prédications éloquentes, a sollicité pour son diocèse l'érection d'une congrégation sous le nom d'Oblats de la B. V. Marie, qui s'obligent spécialement à conserver l'unité de la foi catholique et la communion immédiate avec le pontife romain. Le roi de Sardaigne a appuyé la demande du prélat, et le saint Père a chargé quelques cardinaux de la congrégation des évêques et réguliers. Les cardinaux nommés pour faire partie de la congrégation spéciale ont été MM. les cardinaux Pacca, préfet de la congrégation générale, Palotta, Pedicini, et le secrétaire de la congrégation, M. Marchetti, archevêque d'Ancyre, qui avoit voix délibérative. Cette congrégation spéciale, nommée le 9 juin dernier, a mûrement considéré les règles du nouvel institut et la for-, mule du serment par lequel les membres s'obligent, comme nous venons de le dire; elle a examiné la supplique pré→, sentée par ceux-ci, et où ils demandoient qu'on fît attention à la formule qu'ils se proposent de renouveler tous les ans, lors de la fête des saints apôtres Pierre et Paul. Cette formule est ainsi concue : 30 « Je........ promets et jure de suivre en tout la chaire apostolique, mère unique et maîtresse de toutes les églises dans tout l'univers chrétien, et d'être constamment en unité de doctrine avec elle en toutes choses, à cause de sa plus puissante principauté, de sa puissance suprême en son ordre et de son droit de gouvernement (magisterium) universel. Je promets et jure d'improuver sans distinction tout ce qu'elle improuve, et d'embrasser tout ce qu'elle approuve, parce que telle est la perpétuelle tradition des saints Pères, et la marque distinctive de l'unité et du schisme, en sorte que personne ne puisse revenir sur la sentence du pontife romain; parce que la religion demeure toujours inviolable dans la chaire apostolique en laquelle réside son entière et parfaite solidité; parce qu'enfin la première condition du salut, c'est de garder la règle de la vraie foi et de ne s'écarter en rien de la tradition des Pères; promettant en outre de ne point réciter dans les saints mystères les noms de ceux qui seroient retranchés de la communion de l'Eglise catholique, c'est-àdire, qui ne s'accorderoient pas en tout avec le siège apostolique; le tout suivant la formule approuvée dans toute l'Eglise, fortifiée par une souscription expresse dans toutes les églises tant de l'Orient que de l'Occident, répandue partout, propagée dans tous les siècles, consacrée par un concile œcuménique, comme le dit l'illustre évêque de Meaux, qui en conclut : Quel chrétien la rejettera? » La congrégation a été d'avis, le 15 juillet, d'approuver l'institut et ses règles, en y faisant néanmoins les corrections et amendemens indiqués; on ne dit point dans l'extrait que nous suivons quels sont ces amendemens et corrections. La supplique au reste demandoit que le souverain pontife amendat, corrigeât et suppléât tout ce qui lui en paroîtroit susceptible. Un rapport ayant été fait à ce sujet par Mor Marchetti à S. S., dans l'audience du 21 juillet, a approuvé ledit institut conformément au vœu de la congrégation, et a ordonné que, dans la formule du serment lue par le même secrétaire et examinée par S. S., on insérât la profession de foi orthodoxe selon toute la teneur ci-dessus; profession tirée de la tradition des saints Pères, et principalement du formulaire d'union des églises d'Orient et d'Occident sous saint Hormisdas, et du cinquième concile œcuménique qui fut tenu à Constantinople. Le rescrit est signé de M. le cardinal Barthelemi Pacca, préfet de la congrégation, et de M. l'archevêque d'Ancyre, secrétaire. M. le docteur England, évêque catholique de Charleston, aux Etats-Unis, ne néglige rien pour améliorer l'état de la religion dans son diccèse. Il a convoqué, cette année, une réunion des catholiques de Géorgie. Dans la lettre de convocation, qui est du 3 février dernier, il invite les députés des différentes congrégations à se réunir le 2 avril à Augusta. Outre les ecclésiastiques qui devoient assister à la réunion, il devoit y avoir des laïcs envoyés par les catholiques, savoir, pas plus de quatre d'Augusta, autant de Savannah, et deux de Locust-Grove. La réunion eut lieu, en effet, à Augusta, au jour indiqué. Le dimanche 2 avril, M. Edouard Swiney, grand-vicaire de l'évêque, célébra la messe solennelle, après laquelle le prélat ouvrit l'assemblée. Il s'y trouva sept ecclésiastiques, M. Swiney ci-dessus et MM. Boland, de Savannah; O'Sullivan, de Locust-Grove ; Sheehan, d'Augusta; Stokes, de Colombia; M'Encroë et Bermingham, de Charleston. Les laïcs étoient aussi au nombre de sept, qui élurent pour leur président M. Robert Dillon, un d'eux. M. England leur adressa, de l'autel, un discours relatif à l'objet de l'assemblée; il déclara qu'il avoit |