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sont-elles pas d'invincibles barrières contre tous les genres d'usurpations?

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Que peut-on craindre du clergé? Son concours dans les affaires publiques? il en est exclu. Il étoit le premier ordre de l'Etat, il ne lui appartient plus que par ses prières. Ses richesses? elles ont disparu; son existence est devenue précaire; elle est dans les mains de ceux qui le salarient. Ses principes et ses sentimens? les échafauds teints de son sang, les nations étrangères, témoins de son dévoû ment, attestent leur pureté. Ses réunions? il n'en a plus; à ces assemblées solennelles et périodiques, où se discutoient, avec ses intérêts particuliers, les intérêts de la religion; à ces assemblées qui contribuèrent si puissamment à la gloire de l'église gallicane et à l'affermissement de ses libertés, a succédé l'isolement le plus absolu. Plus de moyen de concert, plus de possibilité d'agir ensemble. Répartis dans les différentes circonscriptions des lieux où ils doivent exercer leurs fonctions, ses membres forment des classes indépendantes l'une de l'autre, et sur chacune desquelles l'autorité civile et locale exerce une surveillance attentive et perpétuelle. Dans un tel état de choses, la crainte de son influence politique n'est-elle pas dérisoire?

>> On s'alarme du redoublement de ses efforts pour ranimer dans les cœurs les sentimens religieux, et l'on oublie que les doctrines et les fureurs de la révolution les y avoient à peu près éteints. Quand les secousses d'un violent tremblement de terre ont ébranlé l'édifice jusque dans ses fondemens, ne faut-il pas de nouveaux appuis et des précautions nouvelles pour prévenir sa chute?

>> On semble craindre le succès de ces efforts. Ah! qu'on se rassure; les passions n'y mettront que trop d'obstacles. Mais d'ailleurs ces efforts, si amèrement censurés, quel est donc leur objet? N'est-il pas de pénétrer le cœur des peuples de cette morale évangélique, de ces vertus célestes que la terre doit au christianisme? et ce résultat pourroit-il être à redouter pour la société?

» Ce n'est pas ce qu'en pensoit Montesquieu réfutant les paradoxes de Bayle. « De véritables chrétiens, dit ce profond publiciste, se»roient des citoyens infiniment éclairés sur leurs devoirs, et qui au>> roient un très-grand zèle pour les remplir. Plus ils croiroient devoir » à la religion, plus ils penseroient devoir à la patrie. Les principes » du christianisme, bien gravés dans les cœurs, seroient infiniment » plus forts que ce faux honneur des monarchies, ces vertus humai»nes des républiques, et cette crainte servile des Etats despotiques. » » Non, Messieurs, non, ce n'est pas là qu'est le danger. Chaque siècle a son caractère particulier; chaque siècle obéit à des impulsions qu'il faut favoriser ou combattre, accélérer ou retenir, selon leur nature ou leurs progrès. Si la superstition aveugla nos pères, craiguons que l'abus des lumières ne nous précipite dans des excès contraires. La lutte a changé d'objet; elle est aujourd'hui entre la religion et l'incrédulité, entre l'indépendance et l'autorité légitime. On ne se déguise plus; c'est ouvertement que les fondemens de la religion et du trône sont attaqués. L'esprit révolutionnaire, un moment comprimé, s'est relevé audacieux et menaçant, et agite les deux mondes. Des torrens de livres, où toutes les ressources d'une philosophie so

phistique se joignent à tout ce que la licence des mœurs a de plus effréné pour séduire les esprits et les cœurs, inondent les cités et les campagnes. Des associations sont formées pour diriger l'agression et les mouvemens; on ne se borne pas à des écrits, on a recours à la violence. En proclamant la liberté des cultes, on s'oppose avec fureur à l'exercice du culte de la religion de l'Etat. Les temples sont profanés, les prêtres sont assaillis. Des forcenés, dans leur délire irréligieux, osent porter leurs mains impies sur ces ministres de paix, dont la bouche ne s'ouvre que pour inspirer l'union et la charité......

» Et c'est au milieu de pareils désordres, que l'on vient simuler des craintes sur ces vieilles querelles religieuses élevées entre les théologiens d'en-deçà et d'en-delà des monts! Ne nous y trompons pas, Messieurs, ce n'est évidemment là qu'une diversion artificieuse, pour détourner notre sollicitude de ce qui doit le plus essentiellement l'exciter. Si quelques voix se sont fait entendre pour réveiller ces querelles depuis si long-temps oubliées, elles sont demeurées solitaires. La voix imposante de l'épiscopat français s'est hâtée de désavouer au pied du trône ces attaques téméraires dirigées contre les antiques maximes de l'église de France, et de rendre un hommage solennel au dogme politique et religieux de l'indépendance pleine et absolue des rois dans l'ordre temporel, de toute puissance ecclésiastique.

» Bannissons donc de vaines alarmes. Sans doute que si jamais elles pouvoient être justifiées, notre zèle ne seroit point au-dessous de nos devoirs. Il appartient à la magistraturc de veiller, dans le cercle de ses attributions, à la garde de ces inviolables limites qui séparent les deux autorités. Elle doit aussi surveillance et protection à ces libertés qui, bien que communes de droit à toutes les églises catholiques, semblent appartenir plus spécialement à l'église gallicane, par la fermeté que dans tous les temps elle mit à les défendre et à les conserver. Loin de nous la pensée de manquer à de si grands intérêts. Nous saurons, s'il le faut, les soutenir, sans cesser toutefois de respecter le lien sacré qui, depuis quatorze siècles, nous unit au chef de l'Eglise.

>> Mais sachons aussi apprécier les circonstances..

>> C'est surtout du zèle qui enflammoit les d'Aguesseau et les Seguier, quand ils poursuivoient de toute la sévérité des lois ces écrits immoraux et séditieux, élémens funestes de notre révolution, qu'il importe aujourd'hui de nous armer. Mais il ne suffit pas de le faire éclater dans les actes de notre ministère. Une force morale est attachée à l'exemple du magistrat : faisons-la valoir, Messieurs, au profit de la religion et de la monarchie. Les regards sont fixés sur nous. La nation est sans crainte pour la liberté : de nombreuses barrières l'entourent; la magnanime générosité du monarque l'a mise à l'abri de toute atteinte; mais le trône est dans ce moment l'objet de ses inquiètes pensées. Dans sa sollicitude, elle n'oublie pas que la magistrature en est un des plus solides appuis c'est sur elle qu'elle fonde ses espérances; c'est son zèle qu'elle appelle de ses vœux; c'est particulièrement d'elle qu'elle attend la défense et l'affermissement des principes sur lesquels repose la stabilité de ce trône, protecteur luimême de tous les droits. »

NOUVELLES ECCLESIASTIQUES.

PARIS. M. Pierre-Matthieu-Guillaume de Belloc, chanoine de Paris, est mort le 18 novembre, à l'âge de 75 ans. M. l'abbé de Belloc, issu d'une famille honorable, étoit avant la révolution, grand-vicaire de Troyes. Le cardinal Maury, avec lequel il étoit lié, l'attira à Paris pendant qu'il administroit le diocèse, et lui procura un canonicat de Notre-Dame. Ses obsèques ont eu lieu le 18. M. l'archevêque lui a donné pour successeur M. l'abbé Morzières, premier vicaire de St-Jean-St-François. M. Morzières, du diocèse de Paris, étoit avant la révolution, attaché au clergé de St-Jean en Grève, qui étoit alors un des plus remarquables par son zèle et sa régularité. Aucun ecclésiastique n'y prêta le serment, et le vénérable curé, M. Royer, fut une, des premières victimes massacrées à l'Abbaye, après le 10 août. 1792. . M. Morzières exerça le ministère en secret dans les temps les plus fâcheux. Dès que les prêtres purent se montrer, il se joignit à plusieurs de ses confrères pour rouvrir une église, et n'a cessé depuis de se livrer au ministère.. Son application au travail, sa piété, sa modestie, son désintéressement, lui avoient mérité la confiance d'un grand nombre de fidèles, et le respect de tous ceux qui le connoissoient. M. l'abbé Morzières est âgé d'environ 60 ans. Sa nomination au canonicat vacant est une nouvelle preuve de l'intérêt que M. l'archevêque porte aux membres laborieux de son clergé, et de l'empressement qu'il met à placer honorablement les prêtres qui ont vieilli dans les fonctions pénibles du ministère.

Quelques journaux ont annoncé avec empressement la défection d'un ecclésiastique attaché depuis plusieurs années au clergé d'une des paroisses de la capitale. Cet ecclésiastique s'est nommé lui-même dans une lettre adressée au Courrier, c'est M. O'Egger, ancien vicaire à Notre-Dame. Il déclare qu'il est faux qu'il ait abjuré la religion catholique pour embrasser le protestantisme; il a seulement, dit-il, quitté sa place, et renoncé aux fonctions du ministère, et a annoncé cette résolution à M. l'archevêque, par une lettre

du 7 novembre, où il expose ses motifs. Nous ne pouvons que gémir sur cette triste affaire où les ennemis de la religion voient un sujet de triomphe. M. O'Egger est né à Bitche, dans la Lorraine allemande. Il est auteur d'un Manuel de religion et de morale, dont nous avons parlé, et d'un autre écrit sur lequel nous avions cru devoir garder le silence; nous en dirons plus tard la raison.

Un ecclésiastique, distingué par son zèle et par ses em; plois, nous écrit pour nous prier de soumettre au jugement de personnes éclairées une difficulté qui a pu se rencontrer plus d'une fois dans la circonstance du jubilé. Voici le cas ; un confesseur a cru devoir, pour de graves raisons, différer l'absolution à un pénitent; le temps du jubilé étant expiré, il donne l'absolution à son pénitent, qui a rempli les autres conditions prescrites par la bulle; on demande si ce pénitent, en communiant dans un intervalle assez court après l'expiration du jubilé, peut gagner l'indulgence. Les personnes consultées ont été pour l'affirmative; tel est, selon elles, l'esprit de la bulle, et on l'a toujours comprise dans ce sens. M. l'abbé Bouvier dans l'excellent Traité, qu'il a publié cette année, sur les indulgences et le jubile, et dont nous avons rendu compte dans ce journal, n'a point fait entrer ce cas de conscience; on suppose qu'il n'a pas cru que cela pût offrir de difficulté.

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Quelques journaux de la capitale, sur la foi d'un journal de province, avoient rapporté un fait horriblement calomnieux dont on accusoit un prêtre. On supposoit qu'une tentative de vol auroit été commise par un prêtre masqué chez une ancienne aubergiste dont il avoit appris en confession qu'elle avoit une grosse somme d'argent; ce prêtre mast qué, ajoutoit-on, avoit été tué par un postillon qui logeoit dans la maison, et on avoit reconnu avec étonnement, sous le masque, le confesseur même de la femme. Les indications vagues que l'on donnoit faisoient croire que le fait s'étoit passé dans le département des Landes; le préfet de ce dé partement a donc jugé de sou devoir de réfuter la calomnie? Le magistrat est fondé à croire que l'auteur de cette fable n'a évidemment eu en vue que d'exciter l'animadversion contre les ministres de la religion. M. le préfet rapporte ensuite un fait qui est bien véritable, et que les libéraux se

garderoient bien de divulguer, il fait trop d'honneur au sacerdoce. Un individu avoit volé plusieurs fois chez M. le curé de Saint......., lorsque celui-ci parvint à le connoître mais, au lieu de porter plainte devant le procureur du Roi, il pria seulement M. le sous-préfet de l'arrondissement de faire au voleur une sévère remontrance, et de l'engager à aller se fixer dans une autre paroisse, et de se charger de lui offrir de sa part une pension annuelle de 200 fr., afin que la misère ne le portât plus au crime. Ceci s'est passé aux environs de Dax. Si c'est de ce fait dont les journaux libéraux avoient voulu parler, ils l'avoient singulièrement dénaturé. La lettre dont nous avons tiré ces détails est datée de Mont-de-Marsan, 17 novembre, et est signée par M. le comte de Puységur, préfet des Landes.

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Charles-Antoine Caffarelli, frère des généraux de ce nom, vient de mourir au château du Falga, près Villefranche. Il avoit embrassé l'état ecclésiastique, et étoit, à l'époque de la révolution, chanoine de la cathédrale de Toul. Depuis, la faveur dont jouissoient ses frères auprès de Buonaparte, le lança dans les emplois de l'administration. M. Caffarelli fut successivement préfet de l'Ardèche, du Calvados et de l'Aube. Dans ces différentes places, il montra de la capacité et de la sagesse. On assure qu'il n'avoit pas entièrement oublié les obligations de son état, et qu'il disoit exactement son bréviaire. Il fut destitué par Buonaparte en 1814, pour n'avoir pas montré assez de dévoûment pour sa cause. Depuis ce temps, il vécut dans la retraite, et il avoit repris les habitudes qui convenoient à son état, se rendant utile pour différentes bonnes œuvres, et montrant même du zèle. Il étoit aussi frère de M. JeanBaptiste-Marie Caffarelli, évêque de Saint Brieux, prélat pieux, zélé et aimable, mort presque subitement dans les premiers jours de janvier 1815.

Nous avons parlé, il y a quelque temps, du projet d'acquisition d'une maison contigue à l'église de St-Bonaventure, à Lyon, et destinée à servir de presbytère pour la paroisse. L'administration municipale de Lyon a traité avec le sieur Rhenter, propriétaire, et une ordonnance du Roi du 25 octobre autorise l'acquisition. Une autre ordonnance du 8 du même mois avoit autorisé le conseil de fabrique à

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