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front et ne compose point avec elle. S'il ménage quelques libéraux, il signale la marche et la théorie du libéralisme. Il nous montre dans M. de Montlosier F'organe et l'avocat de ce même parti. Nous ne citerons de son livre que ce passage, qui prouvera en même temps le mérite du penseur et celui de l'écrivain :

« La tactique perfide qui dirige ses traits sur la religion pour atteindre plus sûrement la politique, qui sape la royauté dans ses fondemens catholiques en semblant la flatter et la soutenir, qui a sinon pour objet, du moins pour résultat inévitable, d'établir une scission, un schisme entre le sacerdoce et l'empire, si essentiellement alliés et indispensables, pour les faire tomber tous les deux l'un par l'autre, au malheur des peuples et des générations; la tactique qui s'acharne sur un pouvoir en paroissant n'attaquer que ses abus, qui proteste de son attachement à l'autorité et lui dé nie ses premiers moyens d'existence, qui reconnoît une autorité, mais abstraite et indépendante de la personne-roi ou de la personne-prêtre, c'est-à-dire, une autorité illusoire; qui proteste de son respect pour la souveraineté pon→ tificale et même pour l'épiscopat, et calomnie indignement le clergé en général, et surtout les corporations, les missions et les congrégations religieuses, ses plus évidens moyens de recrue et de secours; cette épouvantable tactique, on ne sauroit se le dissimuler, se trouve dans tous les livres de M. de Montlosier, à toutes ses pages, même au milieu de celles qui en semblent le plus exemptes, à ce point, que nous nous trouvons dans la malheureuse obligation de conclure que cet homme, sans que la plupart des lecteurs s'en aper çoivent (tant de nos jours on lit ainsi qu'on écrit avec indifférence), n'a fait rien moins que ressusciter les doctrines. de tous les jacobins, les erreurs de tous les sectaires, et les impiétés de tous les philosophes. »

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le dimanche 22 octobre eut lieu, dans l'église ab

batiale de Saint-Grégoire, sur le mont Celio, le sacre de M. Soglia, aumônier de S. S., nommé archevêque d'Ephèse. Le consécrateur étoit M. le cardinal Bertazzoli, assisté de MM. Mucioli et Perugini, évêques d'Agathopolis et de Porphire. A la fin de la cérémonie, le saint Père arriva sans être attendu; et, après avoir adoré le saint sacrement et entendu une messe, S. S. entra dans le monastère contigu des religieux Camaldules, et visita plusieurs oratoires ainsi que les jardins du couvent. Elle dîna ensuite avec les cardinaux, prélats et religieux, et visita la bibliothèque choisie formée dans ce lieu par les doctes cardinaux Zurla et Capellari.

Le mardi 24 octobre, M. Lambruschini, archevêque de Gênes, et désigné nonce près la cour de France, est arrivé à Rome, d'où il doit se rendre à sa destination.

Le Père Joachim - Marie Gualdo, que S. S. avoit nommé, en 1825, prieur-général des Frères de la Charité, est mort, à Florence, d'une attaque d'apoplexie, dans la nuit du 5 au 6 septembre dernier. Il étoit né à Rome en 1752, et étoit connu par les services qu'il avoit rendus dans les hôpitaux. On sait que son ordre a commencé en Espagne, où il porte le nom de Frères hospitaliers; en Italie, on les appelle ben Fratelli, et en France on les nommoit Frères de la Charité.

-L'état de la population de Rome, à Pâque dernier, donne une population de 139,847 ames; dans ce nombre il y a 35 évêques, 1525 prêtres séculiers, 1726 religieux, 2040 religieuses, 382 séminaristes et collégiens, 2255 pauvres dans les hôpitaux, 998 prisonniers et 159 protestans, turcs ou infidèles, non compris les juifs, qui ne font point partie du tableau. Le nombre de ceux qui sont en âge de communier est de 106,293. Il y a eu dans l'année, depuis Pâque de l'année dernière, 1230 mariages, 4382 baptêmes et 3578 morts. La population, depuis 1817, a augmenté graduellement de 8491. On remarque encore que le nombre des paroisses de la capitale, qui étoit autrefois de 81, n'est plus que de 54: on a supprimé les plus petites; il y en avoit qui n'avoient que 2 ou 300 ames.

PARIS. Le dimanche 12, M. l'évêque de Vannes a été sacré dans l'église de St-Germain-des-Prés par M. l'évêque

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d'Aire, assisté de M. l'évêque de Montauban et de M. l'évêque d'Iméria. Plusieurs grands-vicaires, curés, supérieurs de communautés et autres ecclésiastiques assistoient à la cérémonie. Le lendemain, M. l'archevêque de Bordeaux, M. l'évêque de Montauban et M. l'évêque de Vannes ont prêté serment entre les mains du Roi. S. M. étoit descendue dans le bas de la chapelle, et les prélats ont été présentés au Roi par Mr le cardinal grand-aumônier.

Tout le monde a gémi de l'horrible affaire du malheureux Mingrat, et si nous n'en avons point entreteņu nos lecteurs, ils en ont pénétré le motif. Ils savent que nous ne rendons point compte ordinairement de ces crimes dont trop de journaux recueillent les détails. Ici, les faits étoient si atroces, que l'imagination en étoit épouvantée, et cependant il semble que certaines gens éprouvent quelque plaisir à les raconter et à en répandre la connoissance parmi le peuple. Des estampes, des complaintes, des brochures, sont destinées non-seulement à présenter le crime dans toute sa noirceur, non-seulement à appeler l'horreur et l'indignation contre le coupable, mais à flétrir et à rendre odieux tous ceux qui portent le même habit qu'il a déshonoré. Il se trouve des gens qui colportent de ville en ville des écrits qui ont le double inconvénient de familiariser le peuple avec l'idée du crime, et d'appeler la haine sur toute une classe de citoyens. Ces distributions ont donné lieu à un procès qui a eu lieu dernièrement à Niort. Le sieur Gerin, frère de la malheureuse victime de Saint-Quentin, et qui prend le titre de bijoutier de Paris, étant arrivé à Niort, s'y occupoit moins du commerce de bijouterie que de répandre un Précis historique sur Mingrat. Gerin n'ayant ni le titre ni le brevet de libraire, le préfet donna l'ordre de saisir la brochure, dont le ton annonçoit plutôt encore le projet de flétrir tous les prêtres que le sentinient d'une juste indignation contre l'auteur d'un crime horrible. La femme Gerin non-seulement s'opposa à la saisie, mais s'échappa en injures contre le cominissaire de police il agissoit ainsi par hypocrisie; il étoit le protecteur des brigands et des assassins, le complice et l'ami de Mingrat; elle se moquoit de son écharpe, et il paieroit cher ce qu'il faisoit. On prétend même qu'elle s'étoit oubliée jusqu'à dire que des députés lui avoient recommandé de tenir note des lieux où elle seroit inquiétés.

Dans le procès-verbal, il est rapporté que la femme Gerin avoit dit qu'elle feroit figurer le commissaire dans son livre. Elle fut conduite en prison. Interrogée par le juge, elle montra la même exaltation : les prêtres la tourmentoient, ils étoient sans cesse autour d'elle. Exhalant, dit le Journal des Deux-Sèvres du 28 octobre, exhalant son ressentiment contre Mingrat en présence des autres prisonniers, elle confondoit dans ses discours, comme elle confond dans sa haine, la religion, les prêtres qui la prêchent, les fidèles qui la pratiquent, les magistrats qui répriment les écarts de ses ennemis, enfin tous ceux que l'imagination enflammée d'une femme furieuse lui montre comme des complices ou des fauteurs de crimes. M. l'aumônier l'a souvent engagée à garder le silence; il a même pris inutilement la peine de rectifier ses idées, en lui faisant comprendre que le crime d'un seul homme n'est pas celui de tous, que la religion n'a jamais autorisé les désordres, qu'un individu peut être vicieux ou criminel sans que tout le corps soit coupable ou corrompu. Telles sont les seules persécutions que la femme Gerin ait eu à souffrir à Niort; mais le Constitutionnel du 30 septembre n'a pas manqué de s'emparer d'un si beau champ de déclamations; il a pris sous sa protection la bonne et douce Mm Gerin, et suppose que ses plaintes ont ému toutes les ames sensibles à Niort. Toutefois elle a été condamnée par le tribunal de cette ville à quinze jours de prison, et, sur l'appel du ministère public, la cour royale de Poitiers a confirmé le jugement. Quant à son mari, il a prétendu qu'on l'avoit accusé du meurtre de sa sœur, et que Précis avoit été publié pour sa justification. La cause ayant été appelée le 22 septembre, l'avocat de Gerin a écarté la prévention, en ne peignant son client que comme un brave militaire qui repoussoit une odieuse calomnie. Ce système a été accueilli par le tribunal, et Gerin et sa femme pourront continuer à courir le royaume et à distribuer leur Précis, dont les persécutions qu'ils ont essuyées à Niort formeront même un épisode très-touchant. Il est probable qu'on y aura fait figurer quelques autorités de Niort comme des complices de Mingrat, ainsi que l'avoit annoncé la femme Gerin.

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Le dernier recensement d'Amsterdam a donné pour résultat 200,784 ames; dans ce nombre les calvinistes sont

pour 100,899, les catholiques pour 43,212, les luthériens évangélistes pour 22,263, les luthériens réformés pour 9845, les remontrans pour 777, les anabaptistes pour 1945, les épiscopaux pour 237, les juifs allemands pour 18,978, les juifs portugais pour 2520, différens autres cultes pour 107. Tel est le tableau qu'offrent les journaux des Pays-Bas; mais on se demande ce que c'est que des luthériens évangélistes et des luthériens réformés; les premiers seroient-ils ceux qui se sont réunis aux calvinistes, comme en plusieurs cantons de l'Allemagne où ces réunions prennent le nom d'évangéliques? Quant aux épiscopaux, ce ne peut être que des an-, glicans. On peut remarquer encore dans ce tableau qu'il y a plus de catholiques à Amsterdam qu'on ne le croit communément. Nous avions supposé nous-même, n° 883, qu'il y en avoit 20,000 environ, et voilà que le recensement en compte plus de 43,000. On dit que le zèle et la ferveur de ces bons catholiques a quelque chose de touchant. Combien, en effet, ne leur a-t-il pas fallu de courage pour conserver leur foi au milieu de l'influence et même des vexations d'un parti dominant! Il y a dans la ville quatorze églises catholiques.

Une des missions éloignées qui a le plus de droits pour intéresser les fidèles est l'église de Baltimore, qui a été érigée la première en siège épiscopal, mais qui n'en est pas pour cela mieux pourvue sous le rapport du temporel. L'archevêque actuel n'a aucun revenu, et ne jouit même pas des fonds que possédoient ses prédécesseurs, et qu'ils avoient cru peut-être avoir attachés à leur siège. Il habite, à la vérité, une ville riche et commerçante, mais cette circonstance même ajoute à la difficulté de sa position. Ses dépenses doivent nécessairement être plus fortes que celles d'un évêque qui habite dans des pays encore peu peuplés. Une grande ville, un vaste diocèse, une correspondance étendue, tout cela entraîne des frais plus considérables. De plus, la cathédrale qu'a bâtie le prélat lui a coûté énormément; elle doit près de 250,000 fr. qu'il a fallu emprunter à des négocians protestans, lesquels ont hypothèque sur l'édifice même. L'intérêt de cette dette est exigé tous les trois mois, et le moindre retard exposeroit à de graves inconvéniens. Le seul moyen de faire face à cette dépense est le loyer des bancs de la cathédrale, sur lequel il faut prendre encore tous les frais

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