Sidebilder
PDF
ePub

Qu'est-ce à dire? Est-ce que le catholique
formé qu'au temps du concile de Trente? Cette ex-
pression, qui a échappé à l'auteur, présente un sens
assez peu orthodoxe.

&

En général, il y a un peu de confusion dans son livre. L'auteur abuse de sa facilité à faire des rapprochemens; ceux qu'il établit page 58 et suivantes sur les anges, sur l'Eglise, sur le nombre sept, sur les étoiles, etc., sont bien frêles et bien arbitraires. Dans l'arbre de vie il voit le corps épiscopal, un autre y verra autre chose, et assiera son opinion sur des analogies tout aussi futiles. M. Lefebvre, qui est fécond, a trois tableaux différens des sept âges de l'Eglise chrétienne; on se perd dans ces tableaux un peu compliqués, dans ces rapports qui se croisent, dans ces analyses qui prétendent expliquer toutes les énigmes, et qui ellesmêmes auroient besoin d'explication. J'ai cherché à comprendre le grand tableau, page 53, qui offre une double analyse de l'Apocalypse, et j'avoue que j'y ai échoué, et que je n'ai pu saisir le fil qui m'eût guidé dans ce labyrinthe. Le plan symbolique de la cité chrétienne est dans le même goût. Les 1,440,000 dont il est parlé dans l'Apocalypse ne sont plus les enfans de Jacob, soit; c'est l'universalité des catholiques rangés sous un même pasteur. La succession des papes est, dit-on, désignée par les différentes tribus; saint Pierre est le premier pontife de la tribu de Ruben, saint Evariste de la tribu de Gad, saint Sylvestre de la tribu d'Aser, saint Jules de la tribu de Nephtali, saint Damase de la tribu de Manassé, saint Grégoire le Grand de la tribu de Siméon, Léon III de la tribu de Lévi, Grégoire XI de la tribu d'Issachar, Pie IV de la tribu de Zabulon, Pie VII de la tribu de Joseph; et sur quoi se fondent tous ces rapports? Sur des inductions si légères, qu'elles échappent à l'esprit.

[ocr errors]

Le règne de mille ans, qui a donné lieu à tant d'interprétations différentes, n'est pas ce que l'on croyoit;

[ocr errors]

ce n'est point un avènement intermédiaire de J.-C., ce n'est pas non plus toute l'étendue des siècles jusqu'au jour du jugement; les mille ans sont dix siècles très-précis qui se comptent depuis Charlemagne jusqu'à Napoléon. Pendant ce temps, les lois étoient toutes chrétiennes. Or, ce temps commence en l'an 800 jusqu'en 1800, ou mieux encore, dit l'auteur, de 814 à 1814. Remarquez que, dans cette époque si chrétienne, se trouvent comprises précisément les années l'impiété a le plus dominé parmi nous. Ainsi, 1793 et 1794, où tout culte étoit aboli, se trouvent faire partie d'un règne tout chrétien; ce rapprochement n'estil pas heureux? M. Lefebvre auroit pu se dispenser d'emprunter une idée si bizarre à l'abbé Wurts, qui l'a le premier émise dans ses Précurseurs de l'antechrist.

Autre interprétation non moins singulière; les deux témoins ne sont plus Enoch et Elie, comme on le croyoit jusqu'ici; ce sont les Jésuites, ayant à leur tête saint Ignace et saint François-Xavier, et marchant à la tête des autres missionnaires. Ce n'est même pas une simple conjecture. Rien de plus vrai, dit l'auteur, que la mission des deux témoins, c'est-à-dire, des Jésuites comme représentant tous les missionnaires depuis le concile de Trente jusqu'à nos jours; le temps de notre révolution, le rétablissement des missions et des Jésuites, les jours, les mois et l'heure, tout est arrivé à point nommé, et sera calculé et démontré. Voulez-vous connoître cette démonstration victorieuse? la voici. Il est dit que les deux témoins prophétiseront durant 1260 jours; or, comme il y a deux témoins, il faut, par la même analogie, dit naïvement l'auteur, doubler le temps de leur mission, c'est donc 2520 jours. Ces jours sont-ils des jours proprement dits, ou bien des mois, ou bien des années? Il convient à l'auteur que ce soient des mois, et les 2520 mois donneront 210 ans, nombre d'années écoulées depuis la clôture du concile de Trente en 1563 jusqu'à la

suppression des Jésuites en 1773. C'est la première partie de la démonstration. Voici la deuxième ; il est dit que les corps des deux témoins doivent rester trois jours et demi sans sépulture; ces trois jours et demi, dit M. Lefebvre, ne doivent pas être calculés de la même manière que les jours ci-dessus. C'est autant que 42 ans, 12 pour chaque jour; c'est tout le temps de la suppression des Jésuites depuis 1773 jusqu'à la bulle de Pie VII, en 1814. Si vous dites que cela ne fait que 41 ans, M. Lefebvre vous répondra que les 42 ans sont commencés, et que d'ailleurs la bulle ne peut avoir son effet qu'en 1815. Le calcul est donc précis, ajoute-t-il, et justifié par l'évènement. Effectivement, il est difficile de ne pas se rendre à des preuves si concluantes.

L'auteur de l'Heptaméron montre en plus d'un endroit la même assurance dans son système. Nous devons conclure avec toute certitude, dit-il...... Enfin, dit-il en finissant, le vrai plan de ce livre admirable est aujourd'hui bien connu; avec le secours des auteurs qui m'ont précédé, il m'a été possible de présenter un ensemble régulier, suivi et conforme aux évènemens arrivés jusqu'à ce jour. Donnons encore un autre exemple de rapprochement que l'auteur croit aussi avoir bien prouvé; l'histoire du malade de 38 ans guéri par le Sauveur le jour du sabbat est l'image du peuple juif qui persiste dans son aveuglement; mais combien durera cet aveuglement? Cette fois, ces années ́ sont 38 fois 50 ans ou 1900 ans; ce n'est qu'après cette époque que les juifs seront jetés dans la piscine, e'est-à-dire, convertis. Le calcul des années, le jour de la guérison et d'autres circonstances en sont autant de preuves. Comment voulez-vous répondre à tout cela? Des jours qui sont tout ce que l'on veut, tantôt des mois, tantôt 12 ans, des années qui sont cinquante ans; avouez que cela est commode.

Je ne chicanerai point l'auteur sur un endroit de sa

préface où il répond à un article de notre n° 991, sur un ouvrage à peu près semblable au sien. Il croit que depuis l'antechrist jusqu'à la fin des choses il s'écoulera encore un temps assez long; c'est une conjecture qu'on peut rendre plus ou moins vraisemblable, et sur laquelle je ne veux pas disputer. J'ai peut-être déja trop contristé un homme dont j'admire le travail et les recherches, et dont je respecte le zèle et la piété. M. Lefebvre montre partout un vif attachement à l'Eglise, à la pureté de la foi, au saint Siège; il déplore les maux de la religion, il s'efforce de rappeler les hommes aux doctrines salutaires que le siècle a méconnues. Il règne dans son livre une bonne foi, une pureté d'intentions, un amour de la vérité, qui font estimer l'auteur. On est fâché de ne pouvoir adopter toutes ses vues, ni accueillir toutes ses conjectures, et on est touché de son dévoûment et de son zèle. Ce dévoûment et ce zèle lui ont mérité d'honorables suffrages; le Pape régnant, auquel il avoit envoyé son livre, lui a adressé, le 6 mai dernier, le bref le plus flatteur. A la vérité, S. S. lui marque qu'elle n'a pas eu le temps de lire l'ouvrage, mais elle le félicite de ses sentimens, de son respect pour le saint Siège, de son application à étudier les livres saints, de sa disposition à soumettre son livre au jugement de l'Eglise. Ce bref ne sauroit donc être regardé comme une approbation de l'Heptaméron, mais c'est un témoignage infiniment précieux pour la personne de l'auteur. Aussi M. Lefebvre l'a-t-il fait imprimer à part on y a joint des extraits de lettres de deux prélats, de quelques ecclésiastiques et autres personnes. On ne nomme point ceux qui ont écrit ces lettres, et je suis disposé à y souscrire, si on y voit principalement ce qui y est en effet, c'est-à-dire, une juste estime pour les principes solides et les honorables sentimens d'un si savant et si pieux laïque.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le mardi 28, l'assemblée de trimestre pour l'œuvre des petits séminaires a eu lieu à l'Abbaye-aux-Bois. M. l'archevêque n'a pu la présider, le prélat étant retenu chez lui par un gros rhume. M. l'abbé Desjardins l'a remplacé. Le discours a été prononcé par un missionnaire, et a offert des considérations solides et intéressantes sur la situation et les besoins de l'Eglise, et sur l'importance de l'oeuvre qui faisoit l'objet de la réunion, L'orateur a déploré les excès de la persécution que la révolution suscita contre la religion il y a 35 ans, et les excès d'une persécution nouvelle, celle des écrits, des calomnies et des injures, qui travaille avec tant d'ardeur à livrer la religion et ses ministres au mépris et à la haine. Les fidèles doivent repousser cette guerre funeste en honorant et en s'efforçant de perpétuer le sacerdoce. M. l'abbé Desjardins a présenté quelques réflexions sur le même objet, et a exhorté les dames trésorières à continuer les efforts de leur zèle. Plusieurs curés et ecclésiastiques, et un grand nombre de dames, assistoient à cette réunion.

Le samedi 2 décembre, à dix heures du matin, il sera célébré, dans l'église des Missions Etrangères, une messe solennelle en l'honneur de saint François-Xavier. Cette messe est destinée à appeler les bénédictions du ciel sur l'œuvre de l'association de la Propagation de la foi. Ceux qui s'intéressent au soutien des missions étrangères sont invités à prendre part aux prières qui vont se faire pour cet objet.

MM. Lambert et de Rochemonteix, grands-vicaires de Poitiers, ont dernièrement exercé leur zèle dans le diocèse d'Albi où M. l'archevêque les avoit invités à venir. Ils ont d'abord donné une retraite ecclésiastique qui s'est trouvée composée de 250 prêtres. Le vénérable archevêque, malgré l'état de sa santé, a voulu assister à tous les exercices, et a plusieurs fois adressé à son clergé les conseils les plus sages. Le dernier jour de la retraite, le prélat officia dans sa métropole en présence d'un peuple nombreux; il donna la communion à tous les prêtres, et les exhorta, dans un dis

« ForrigeFortsett »