suppression des Jésuites en 1773. C'est la première partie de la démonstration. Voici la deuxième; il est dit que les corps des deux témoins doivent rester trois jours et demi sans sépulture; ces trois jours et demi, dit M. Lefebvre, ne doivent pas être calculés de la même manière que les jours ci-dessus. C'est autant que 42 ans, 12 pour chaque jour; c'est tout le temps de la suppression des Jésuites depuis 1773 jusqu'à la bulle de Pie VII, en 1814. Si vous dites que cela ne fait que 41 ans, M. Lefebvre vous répondra que les 42 ans sont commencés, et que d'ailleurs la bulle ne peut avoir son effet qu'en 1815. Le calcul est donc précis, ajoute-t-il, et justifié par l'évènement. Effectivement, il est difficile de ne pas se rendre à des preuves si concluantes. L'auteur de l'Heptaméron montre en plus d'un endroit la même assurance dans son système. Nous devons conclure avec toute certitude, dit-il...... Enfin, dit-il en finissant, le vrai plan de ce livre admirable est aujourd'hui bien connu; avec le secours des auteurs qui m'ont précédé, il m'a été possible de présenter un ensemble régulier, suivi et conforme aux évènemens arrivés jusqu'à ce jour. Donnons encore un autre exemple de rapprochement que l'auteur croit aussi avoir bien prouvé; l'histoire du malade de 38 ans guéri par le Sauveur le jour du sabbat est l'image du peuple juif qui persiste dans son aveuglement; mais combien durera cet aveuglement? Cette fois, ces années sont 38 fois 50 ans ou 1900 ans; ce n'est qu'après cette époque que les juifs seront jetés dans la piscine, e'est-à-dire, convertis. Le calcul des années, le jour de la guérison et d'autres circonstances en sont autant de preuves. Comment voulez-vous répondre à tout cela? Des jours qui sont tout ce que l'on veut, tantôt des mois, tantôt 12 ans, des années qui sont cinquante ans; avouez que cela est commode. Je ne chicanerai point l'auteur sur un endroit de sa préface où il répond à un article de notre n° 991, sur un ouvrage à peu près semblable au sien. Il croit que depuis l'antechrist jusqu'à la fin des choses il s'écoulera encore un temps assez long; c'est une conjecture qu'on peut rendre plus ou moins vraisemblable, et sur laquelle je ne veux pas disputer. J'ai peut-être déja trop contristé un homme dont j'admire le travail et les recherches, et dont je respecte le zèle et la piété. M. Lefebvre montre partout un vif attachement à l'Eglise, à la pureté de la foi, au saint Siège ; il déplore les maux de la religion, il s'efforce de rappeler les hommes aux doctrines salutaires que le siècle a méconnues. Il règne dans son livre une bonne foi, une pureté d'intentions, un amour de la vérité, qui font estimer l'auteur. On est fâché de ne pouvoir adopter toutes ses vues, ni accueillir toutes ses conjectures, et on est touché de son dévoûment et de son zèle. Ce dévoûment et ce zèle lui ont mérité d'honorables suffrages; le Pape régnant, auquel il avoit envoyé son livre, lui a adressé, le 6 mai dernier, le bref le plus flatteur. A la vérité, S. S. lui marque qu'elle n'a pas eu le temps de lire l'ouvrage, mais elle le félicite de ses sentimens, de son respect pour le saint Siège, de son application à étudier les livres saints, de sa disposition à soumettre son livre au jugement de l'Eglise. Ce bref ne sauroit donc être regardé comme une approbation de l'Heptaméron, mais c'est un témoignage infiniment précieux pour la personne de l'auteur. Aussi M. Lefebvre l'a-t-il fait imprimer à part on y a joint des extraits de lettres de deux prélats, de quelques ecclésiastiques et autres personnes. On ne nomme point ceux qui ont écrit ces lettres, et je suis disposé à y souscrire, si on y voit principalement ce qui y est en effet, c'est-à-dire, une juste estime pour les principes solides et les honorables sentimens d'un si savant et si pieux laïque. NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. PARIS. Le mardi 28, l'assemblée de trimestre pour l'œuvre des petits séminaires a eu lieu à l'Abbaye-aux-Bois. M. l'archevêque n'a pu la présider, le prélat étant retenu chez lui par un gros rhume. M. l'abbé Desjardins l'a remplacé. Le discours a été prononcé par un missionnaire, et a offert des considérations solides et intéressantes sur la situation et les besoins de l'Eglise, et sur l'importance de l'oeuvre qui faisoit l'objet de la réunion, L'orateur a déploré les excès de la persécution que la révolution suscita contre la religion il y a 35 ans, et les excès d'une persécution nouvelle, celle des écrits, des calomnies et des injures, qui travaille avec tant d'ardeur à livrer la religion et ses ministres au mépris et à la haine. Les fidèles doivent repousser cette guerre funeste en honorant et en s'efforçant de perpétuer le sacerdoce. M. l'abbé Desjardins a présenté quelques réflexions sur le même objet, et a exhorté les dames trésorières à continuer les efforts de leur zèle. Plusieurs curés et ecclésiastiques, et un grand nombre de dames, assistoient à cette réunion. Le samedi 2 décembre, à dix heures du matin, il sera célébré, dans l'église des Missions Etrangères, une messe solennelle en l'honneur de saint François-Xavier. Cette messe est destinée à appeler les bénédictions du ciel sur l'oeuvre de l'association de la Propagation de la foi. Ceux qui s'intéressent au soutien des missions étrangères sont invités à prendre part aux prières qui vont se faire pour cet objet. MM. Lambert et de Rochemonteix, grands-vicaires de Poitiers, ont dernièrement exercé leur zèle dans le diocèse d'Albi où M. l'archevêque les avoit invités à venir. Ils ont d'abord donné une retraite ecclésiastique qui s'est trouvée composée de 250 prêtres. Le vénérable archevêque, malgré l'état de sa santé, a voulu assister à tous les exercices, et a plusieurs fois adressé à son clergé les conseils les plus sages. Le dernier jour de la retraite, le prélat officia dans sa métropole en présence d'un peuple nombreux; il donna la communion à tous les prêtres, et les exhorta, dans un dis cours touchant, à conserver les fruits de leurs pieuses méditations. M. l'abbé Lambert prononça, dans cette circonstance, un discours sur les bienfaits du sacerdoce. Après la retraite pastorale, les deux grands-vicaires que nous avons nommés ouvrirent la mission dans le diocèse d'Albi. Malgré l'affluence des auditeurs que la cathédrale pouvoit à peine contenir, tout s'est passé dans un grand recueillement. Beaucoup de personnes sont revenues à la pratique de la religion, et se sont réconciliées avec Dieu. La mission a été terminée par une communion générale très - nombreuse que présidoit M. l'archevêque, et par une procession au cimetière où assistoient environ 6ooo ames. La religion est bien éloquente quand elle fait entendre sa voix au milieu des tombeaux. Dans le cours de la mission, M. Lambert a fait une exhortation aux prisonniers, il les a tous embrassés après son discours, et ces pauvres gens, touchés de sa charité, l'ont couvert de leurs larmes. M. l'archevêque d'Albi conduisit ensuite lui-même les deux missionnaires à Castres, et y partagea leurs travaux. Les fruits de cette nouvelle mission ont peut-être été encore plus abondans que ceux de la première. L'ancienne cathédrale de Castres ne pouvoit contenir la multitude des auditeurs, et les prêtres ne pouvoient suffire au travail des confessions. A la cérémonie de la communion générale, l'église se trouvoit entièrement remplie de ceux qui devoient participer à l'auguste sacrement, et il y avoit encore plus de monde à la procession du cimetière, où M. l'archevêque et les deux missionnaires parlèrent tour à tour sur la vanité des choses humaines. Des sentimens de paix et d'harmonie règnent entre les catholiques et les protestans de Castres; les missionnaires ont exhorté les fidèles à resserrer encore les liens de la charité, et cette conduite a touché les protestans, qui ont donné aux ouvriers évangéliques des témoignages d'estime et de respect. -Les missionnaires dits de Saint-Martin, établis dans le diocèse de Tours, viennent de terminer une mission à Loches, une des villes les plus importantes du diocèse, et qui présentoit plus d'un obstacle à leur zèle. Ils en ont triomphe plus encore par leur douceur, leur patience et leur charité que par leur courage et leurs talens. Toutes les oppositions ont cédé à la voix paternelle de ces ministres de paix. La mission, qui avoit commencé le 15 octobre, n'a fini que le 20 novembre. La communion générale des femmes se fit le jeudi 16, dans les églises de Saint-Antoine et de Beaulieu; et celle des hommes, qui n'étoit pas moins nombreuse, eut lieu le dimanche 19, dans l'église principale de la ville, qui est dédiée à saint Ours. On estime qu'il a pu y avoir en tout trois mille sept cents communians. La plantation de la croix fut faite le lundi 20; elle étoit présidée par M. l'archevêque, et fut extrêmement pompeuse. Des salves d'artillerie se mêlèrent au son des cloches pour annoncer le départ de la procession. Les jeunes filles, les dames, les Hospitalières, un choeur de jeunes gens, précédoient les divisions des porteurs de la croix, commandées par d'anciens militaires et autres notables. M. l'abbé Suchet dirigeoit tout avec beaucoup d'activité et d'intelligence. La croix étoit portée sur un brancard richement orné; M. l'archevêque, précédé du clergé de la ville et de celui de l'arrondissement, marchoit après la croix, et étoit suivi de M. le sous-préfet, du tribunal civil. en grand costume, du maire, des adjoints, etc. Les rues étoient tapissées, et la croix s'arrêtoit de temps en temps sous des arcs de triomphe. La procession, après avoir parcouru les principales rues de la ville, arriva sur le petit mail qui forme une espèce de quai prolongé sur les bords de l'Indre; elle présentoit là l'aspect le plus imposant. Là la division d'hommes composée des autorités attendoit que la croix lui fût remise. L'étendard de la croix fut déposé dans l'enceinte destinée à le recevoir, et s'éleva au milieu des acclamations et des cantiques. M. l'abbé Donnet, vicaire-général et supérieur des missions, prononça un fort beau discours, qui fut suivi d'acclamations réitérées. Quelques voix ayant crié vivent les missionnaires! M. Donnet leur imposa silence, et dit que tout le bienfait de la mission devoit être renvoyé au vertueux et digne prélat qui l'avoit accordée. Le soir, le même missionnaire prononça le discours d'adieux, qui fut très-touchant. Les habitans de Loches ont donné à l'envi, en cette circonstance, des témoignages d'estime, de reconnoissance et de regrets aux ouvriers évangéliques. Cet article étoit rédigé quand nous avons lu, dans le Constitutionnel de mardi, des réflexions foudroyantes sur cette même mission de Loches. La colère du journaliste a été surtout excitée par une affiche placardée dans cette ville, relativement à la plantation de la croix, affiche qui étoit signée du grand |