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rieuse des alliés seconda ces dispositions, et à leur suite, nous avons vu entrer dans nos murs un héritier de nos anciens rois. Quel beau jour que celui qui le rendoit à la France et qui nous rendoit à lui ! Après vingt-cinq ans d'absence, il rentroit dans cette capitale, théâtre de tant d'événemens, souillée de tant de crimes, rougie de tant de sang. Quelles durent être ses pensées en revoyant ces lieux d'où il avoit été arraché par nos dissentions, et vers lesquels son cœur et ses regards s'étoient sans cesse reportés dans son exil! Aussi son émotion étoit visible. Ses larmes perçoient à travers les effusions de sa joie, et son cœur étoit partagé entre de tristes souvenirs et de riantes espérances. Pour la capitale, elle étoit livrée à la plus vive allégresse. On ne pouvoit assez se rassasier du plaisir de voir enfin un prince françois avec ses manières affables, sa physionomie ouverte et franche, sa grâce chevaleresque, son air et ses habitudes nationales, si je puis parler ainsi. On s'apercevoit bien qu'il étoit né parmi nous, et qu'il avoit nos mœurs, notre caractère, et comme une ressemblance de famille. Chacun croyoit reconnoître en lui un parent, un ami, et il a dû être content des témoignages de joie et d'enthousiasme qu'il a recueillis partout sur sa ronte. Son premier soin a été d'aller rendre hommage au Dieu qui frappe et guérit, qui perd et ressuscite ; et les amis de la religion l'ont vu avec intérêt prosterné aux pieds

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des autels, remercier avec larmes le souverain arbitre de toutes choses, qui avoit ménagé son retour dans sa patrie. Nous ne pouvons mieux terminer ces réflexions qu'en unissant nos actions de grâces aux siennes, et qu'en bénissant tous la Providence, a préparé de si grands changemens, et qui les a exécutés en peu de jours.

qui

En attendant que nous entrions dans quelques détails sur les affaires d'Italie, et sur la persécution suscitée au Saint-Siége, nous allons donner à nos Abonnés une pièce fort intéressante, et qui mérite de trouver place parmi les monumens de l'Histoire ecclésiastique. Elle est fidèlement transcrite du latin, que nous n'avons pu insérer ici.

A notre vénérable frère le cardinal Jean MAURY, évéque de Montefiascone et de Corneto, à Paris (1). Vénérable frère, salut et bénédiction apostolique. Il y a cinq jours que nous avons reçu la lettre par laquelle vous nous apprenez votre nomination à l'archevêché de Paris, et votre installation dans le gouvernement de ce diocèse. Cette nouvelle a mis le comble à nos autres afflictions, et nous pénètre d'un sentiment de douleur que nous avons peine à contenir, et qu'il est impossible de vous exprimer,

(1) On le trouve, en latin et en françois, chez le même libraire.

Vous étiez parfaitement instruit de notre lettre au cardinal CAPRARA (1), pour lors archevêque de Milan, dans laquelle nous avions exposé les motifs puissans qui nous faisoient un devoir, dans l'état présent des choses, de refuser l'institution canonique aux évêques nommés par l'empereur. Vous n'ignoriez pas que non- seulement les circonstances sont les mêmes, mais qu'elles sont devenues et deviennent, de jour en jour, plus alarmantes par le souverain mépris qu'on affecte pour l'autorité de l'Eglise; puisqu'en Italie on a porté l'audace et la témérité jusqu'à détruire généralement toutes les communautés religieuses de l'un et de l'autre sexe, supprimer des paroisses, des évêchés, les réunir, les amalgamer, leur donner de nouvelles démarcations, sans en excepter les évêchés suburbicaires, et tout cela s'est fait en vertu de la seule autorité impériale et civile; (car nous ne parlons pas de ce qu'a éprouvé le clergé de l'Eglise romaine, la mère et la maîtresse des autres églises, ni de tant d'autres attentats). Vous n'ignorez pas, avons nous dit, et vous connoissiez, dans le plus grand détail, tous ces événemens; et, d'après cela, nous n'aurions jamais cru que vous eussiez pu recevoir de l'empereur la nomination dont nous avons parlé, et que votre joie, en nous l'annoncant, fùt telle que si c'étoit pour vous la chose la plus agréable et la plus conforme à vos vœux.

Est-ce donc ainsi qu'après avoir si courageusement et si éloquemment plaidé la cause de l'Eglise catholique dans les temps les plus orageux de la révolution

(1)Du 26 août 1809.

françoise, vous abandonnez cette même Eglise, aujourd'hui que vous êtes comblé de ses dignités et de ses bienfaits, et lié étroitement à elle par la religion du serment! Vous ne rougissez pas de prendre parti contre nous dans un procès que nous ne soutenons que pour défendre la dignité de l'Eglise ! Est-ce ainsi que vous faites assez peu de cas de notre autorité pour oser, en quelque sorte, par cet acte public, prononcer contre nous, à qui vous deviez obéissance et fidélité! Mais ce qui nous afflige encore davantage, c'est de voir qu'après avoir mendié près d'un chapitre l'administration d'un archevêché, vous vous soyez, de votre propre autorité, et sans nous consulter, chargé du gouvernement d'une autre église, bien loin d'imiter le bel exemple du cardinal Joseph FESCH, archevêque de Lyon, lequel ayant été nommé avant vous au même archevêché de Paris, a cru si sagement devoir absolument s'interdire toute administration spirituelle de cette église, malgré l'invitation du chapitre.

Nous ne rappelons pas qu'il est inoui dans les annales ecclésiastiques, qu'un prêtre nommé à un évêché quelconque ait été engagé par les vœux du chapitre à prendre le gouvernement du diocèse avant d'avoir reçu l'institution canonique; nous n'examinons pas (et personne ne sait mieux que vous ce qui en est) si le vicaire capitulaire élu avant vous a donné librement et de plein gré la démission de ses fonctions, et s'il n'a pas cédé aux menaces, à la crainte ou aux promesses, et par conséquent si votre élection a été libre, unanime et régulière : nous ne voulons pas non plus nous informer s'il y avoit dans le sein du chapitre quelqu'un en état de remplir des fonctions

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aussi importantes. Car enfin où veut-on en venir? On veut introduire dans l'Eglise un usage aussi nouveau que dangereux, au moyen duquel la puissance civile puisse insensiblement parvenir à n'établir, , pour l'administration des siéges vacans, que des personnes qui lui seront entièrement vendues et qui ne voit évidemment que c'est non-seulement nuire à la liberté de l'Eglise, mais encore ouvrir la porte au schisme et aux élections invalides? Mais d'ailleurs, qui vous a dégagé de ce lien spirituel qui vous unit à l'église de Montefiascone, ou qui est-ce qui vous a donné des dispenses pour être élu à un chapitre et vous charger de l'administration d'un autre diocèse ? QUITTEZ DONC SUR-LE-CHAMP CETTE ADMINISTRATION; NON-SEULEMENT NOUS VOUS L'ORDONNONS, mais nous vous en prions, nous vous en conjurons, pressés par la charité paternelle que nous ávons pour vous, afin que nous ne soyons pas forcés de procéder malgré nous, et avec le plus grand regret, conformément aux statuts des SS. Canons : et personne n'ignore les peines qu'ils prononcent contre ceux qui, préposés à une église, prennent en main le gouvernement d'une autre église, avant d'être dégagés des premiers liens. Nous espérons que vous vous rendrez volontiers à nos vœux, si vous faites bien attention au tort qu'un tel exemple de votre part feroit à l'Eglise et à la dignité dont vous êtes revêtu. Nous vous écrivons avec toute la liberté qu'exige notre ministère et si vous recevez notre lettre avec les mêmes sentimens qui l'ont dictée, vous verrez qu'elle est un témoignage éclatant de notre tendresse pour vous.

En attendant nous ne cesserons d'adresser au Dieu

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