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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. M. Della Genga, archevêque de Tyr, et nonce de S. S. en France, est le même qui a été précédemment revêtu du même titre en Allemagne, et qui passa, il y a quelques années, par Paris, en retournant à Rome. Un journal croit qu'il vient pour complimenter le Roi sur son retour, et qu'il n'est chargé d'aucune négociation relative aux affaires de l'Eglise, étant certain, ajoute-t-il, que le Pape, qui est à peine à Rome, n'a pu reprendre l'administration générale de l'Eglise d'apres les formes accoutumées. Nous ne voyons pas ce qui empêcheroit le Pape de s'occuper des affaires de l'Eglise avant d'être arrivé à Rome, et nous ne savons pas quelles sont ces formes accoutumées qu'il n'a pas encore remplies. Le saint Père peut envoyer un nonce de Césène comme de Rome. Il peut, quelque part qu'il soit, reprendre le soin et la sollicitude de toutes les églises, que la violence seule l'obligeoit de suspendre; et il paroît certain, en effet, que M. Della Genga ne vient point seulement pour féliciter S. M., et que sa mission a un autre but plus important. On donne même à ce sujet des détails qui semblent positifs, niais qu'il ne nous convient pas de publier. Il faut attendre patiemment du temps et de l'autorité ce que l'on jugera à propos de nous apprendre.

-S. E. Mr. le cardinal Consalvi vient d'arriver à Paris.

AMIENS. M. l'évêque a adressé, le 20 mai, au clergé et aux fidèles de son diocèse, un Mandement sur l'heureux retour du Roi dans ses Etats. Ce Mandement respire l'amour de la religion et l'attachement à une famille auguste, deux qualités dont cet estimable prélat a donné plus d'une preuve. Nous en citerons le passage suivant:

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« Mais, N. T. C. F., comment s'est opéré ce grand changement que nous n'osions nous promettre, lorsque tout présageoit l'accroissement de nos malheurs, lorsque la folle résistance opposée aux armées étrangères, devoit naturellement enflammer leur rage, leur rappeler le douloureux souvenir des horreurs commises dans leurs contrées, les porter à user de représailles envers nos villes et nos campagnes, et à faire de notre superbe capitale, un amas de ruines, de cendres et de cadavres? Que n'avions-nous pas encore à craindre du désespoir d'un homme aussi irrité de ses défaites multipliées, qu'il avoit été enivré de ses succès, et qui, pour conserver une couronne prête à s'échapper, ne balançoit pas de sacrifier la fortune et la vie d'une grande partie de ses peuples, et de proscrire les honnêtes citoyens soupçonnés de ne pas applaudir à ses violences, à ses moyens destructeurs? Nous étions donc menacés de toutes parts; nous avions également à redouter, et ceux qui étoient armés pour nous défendre, et ces guerriers accourus du nord, moins pour nous combattre, que pour étouffer l'hydre si funestre à l'Europe. En nous déclarant pour les uns, nous encouragions l'indignation des autres, et nous pouvions être tour à tour la proie du vainqueur et du vaincu. Dans cette cruelle perplexité, l'heure de notre délivrance s'est fait entendre; la vérité a percé le nuage épais dont l'esprit de mensonge cherchoit à l'envelopper, pour l'empêcher de parvenir jusqu'à nous. Tout à coup la renommée a publié l'entrée triomphale des souverains alliés dans Paris, non en ennemis victorieux, mais en héros généreux et magnanimes, apportant la paix et le bonheur; les acclamations d'un peuple immense, qui, se pressant autour d'eux, -leur prodiguoit les témoignages les plus éclatans de la joie, de l'amour, de la reconnoissance; les cris de vive Louis XVIII! vivent les Bourbons! s'élançant de tous. les coeurs, et répétés par toutes les bouches; la chute de cette puissance colossale, fondée sur l'injustice, ac

quise au prix du sang et des larmes de tant de millionsd'hommes, et qui en demandoit encore des torrens, pour se soutenir et se consolider; le rappel, en un mot, de cette auguste dynastie qui, régnant sur la France depuis plus de huit siècles, l'avoit élevée au plus haut degré de gloire et de prospérité. A ces nouvelles consolantes, promptement répandues dans nos provinces, tout François digne de ce nom a tressailli d'allégresse, et l'a manifestée avec cette effusion extraordinaire que produit le sentiment d'une félicité inespérée. Dès ce moment, tous les regards se sont fixés vers cette île hospitalière, où la Providence gardoit le dépôt précieux destinés à rétablir notre antique monarchie, et à nous réconcilier avec la terre et avec le ciel..... ».

BAYEUX. Notre évêque vient aussi de publier un Mandement sur les heureux événemens qui nous ont rendu les Bourbons. Il nous a paru avoir saisi, sous leur véritable point de vue, ces grands et mémorables changemens où le doigt de la Providence éclate d'une manière si visible:

<«< Il nous seroit impossible, dit-il, N. 'T. C. F., de vous faire part de toutes les réflexions qui se présentent en foule à notre esprit. En voyant s'écrouler dans un instant cette puissance colossale, qui effrayoit l'univers, nous nous sommes écriés avec David: Si le Seigneur ne bátit une maison, c'est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent; et nous avons dit en nous-mêmes: La sagesse vaut mieux que la force. La force a vu en un clin d'œil briser ses arcs, ses boucliers et ses flèches; la sagesse, accompagnant Louis XVIII dans son exil, l'a soutenu dans l'adversité, l'a consolé dans ses disgrâces, et le conduit aujourd'hui à l'heureux terme de nos espérances. Assise avec lui sur le trône, cette même sagesse sera l'ame de ses conseils. Comme ses illustres ancêtres, il soutiendra l'honneur et la gloire de la nation françoise, et la fera respecter des nations étrangères,

non pas en portant chez elles le fer et le feu, la dévastation et la mort; mais par des voies plus douces, plus raisonnables et plus sûres, par un gouvernement juste, ferme et vraiment paternel. Nous paroîtrons moins puissans, mais nous serons plus heureux; nous ne vous réunirons pas si fréquemment dans nos temples pour y célébrer des victoires, mais nos cantiques d'allégresse ne seront plus interrompus par les cris perçans, les larmes et le sanglot de tant de mères désolées, qui, nouvelles Rachel, demandoient au ciel leurs enfans, qui étoient inconsolables, parce qu'ils n'étoient plus...».

CHANTILLY. Il est juste de publier ce que nous devons à la maison de Condé, qui a tout fait, non-seulement pour embellir Chantilly, mais pour y être utile aux habitans. Le grand Condé avoit ordonné, par son testament, d'y bâtir une église paroissiale, et il avoit légué pour cela 150,000 fr. Son fils remplit et dépassa même ses intentions, en dépensant pour cet objet 300,000 fr. M. le Prince de Condé actuel donna à cette église un revenu de 15,000 fr., et la pourvut de tout ce qui étoit nécessaire. Il avoit aggrandi l'hôpital fondé par ses ancêtres, et lui avoit donné de nouveaux domaines. Mme. l'abbesse de Remiremont, sa fille, se faisoit un plaisir d'y servir les malades, et de se mêler aux sœurs de la Charité dont elle prenoit volontiers l'habit. La rentrée des deux Princes qui restent encore de cette noble maison, a répandu la joie dans Chantilly. Les habitans ont restauré d'euxmêmes le petit château, l'ont orné de leurs plus beaux meubles, et ont député huit d'entre eux, à Compiègne, pour offrir aux Princes ce modeste asile, comme un témoignage de leur respect et de leur reconnoissance. Leurs altesses ont accueilli cet hommage, et ont promis d'aller visiter cet ancien patrimoine de leur famille. Nous les attendons, et nous nous disposons à leur faire une réception digne d'eux. Leur malheureux fils nous étoit cher à plus d'un titre. Il étoit né parmi nous en 1772. II avoit été baptisé ici, et sa fin funeste a été déplorée ici

plus qu'ailleurs. Nous avons même cru qu'il nous convenoit de rendre un hommage particulier à sa mémoire. Le 24 mai, il a été célébré pour lui un service solennel. On y avoit convoqué les curés voisins, les anciens officiers des régimens et des maisons des Princes et les notables des environs. Un catafalque avoit été dressé dans l'église, et un ecclésiastique a prononcé un discours analogue à la circonstance, après lequel il a été fait une quête pour les pauvres. Puissent ces secours, nos prières et nos larmes expier, en quelque sorte, un grand crime! Puissent des Princes, à qui nous devons tant, être sensibles à l'expression de notre douleur, et agréer nos vœux et nos hommages!

GIEN. Cette ville, qui s'est toujours distinguée par son bon esprit, a pris aussi sa part à la joie générale qu'à ressentie toute la France des heureux événemens dont elle vient d'être le théâtre. Le 8 mai, on y a chanté un Te Deum pour notre délivrance. M. Vallet, curé de Saint-Louis, et ancien député de l'assemblée constituante, prononça un petit discours, où il récapitula tous les bienfaits de la Providence envers nous, et célébra le retour du Roi et le rétablissement de cette monarchie, si long-temps florissante et si cruellement renversée. Il exhorta ses auditeurs à la concorde, à l'amour du Prince, et aux sentimens de paix et de religion, dont il donne de si beaux exemples. M. Hirn, évêque de Tournay, étoit présent à la cérémonie. On se rappelle, que lors du concile de 1811, ce prélat fut enveloppé dans la disgrâce des évêques de Gand et de Troyes. Il fut enfermé avec eux à Vincennes, d'où il ne sortit qu'au mois de décembre suivant. Après lui avoir arraché un acte de démission, on le fit partir pour Gien, où il arriva, le 18 décembre, et où il étoit resté jusqu'à ce jour. Il logeoit chez M. Vallet, qui s'étoit empressé de lui offrir un asile chez lui, et de lui rendre les égards dus à son caractère et à sa position. Depuis ce temps il étoit toujours resté dans notre ville, qui se félicitoit d'avoir un tel hôte. Rendu à la liberté, il s'est joint à

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