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entre lui et ses collègues, il lui répondit, le 16 février 1814, par une lettre que nous avons sous les yeux, et qui paroît dictée par un grand esprit de modération. Dans cet écrit, Mr. Quarantotti examine et discute les articles du bill qui peuvent donner lieu à quelques difficultés. La partie du serment qui porte que les ecclésiastiques n'entretiendront avec Rome ancune communication qui puisse troubler le gouver nement ou l'Eglise anglicane, hui paroît mériter quelque explication. Ce serment seroit inadmissible si on prétendoit par là punir les prêtres qui auroient contribué à la conversion d'un protestant. Mais si les legislateurs n'ont voulu que prévenir la violence, l'artifice et les complots contre la religion dominante, alors leur projet n'a rien de condamnable. Seulement il seroit à désirer que, pour le repos des consciences, ils interprétassent leur loi, ou au moins, que le clergé expliquât le sens légitime du serment. Le secrétaire de la Propagande croit qu'on peut tolérer le veto du Roi dans la nomination aux évêchés. Il pense que le Prince a droit de prescrire quelques conditions pour le choix des sujets, et il n'improuve pas non plus l'établissement d'un comité chargé d'examiner la correspondance du clergé avec la cour de Rome. Le Saint-Siége, dit-il, ne se mêle point du civil, et ses réclamations ne portant que sur le spirituel, ne doivent point alarmer le gouvernement anglois. Telles sont les principales dispositions de cette lettre, du 16 février, que M. Poynter, à qui elle étoit adressée, a fait imprimer et répandre en Angleterre. Toutefois il ne paroît pas que cette pièce ait ramené tous les esprits. Quelques-uns ont regardé l'autorité de Mgr. Qua--, rantotti comme insuffisante pour décider la question.

Avoit-il des pouvoirs assez étendus, et pouvoit-il luî seul remplacer la Propagande? N'est-il pas besoin que le souverain Pontife, de retour dans ses Etats, examine ce qu'a fait ce délégué et prononce sur cette question? Voilà ce que disent ceux qui désapprouvent le veto. M. Milner, et les évêques d'Irlande qui lui sont unis, n'ont point adhéré à la lettre de Mgr. Quarantotti. Le premier est parti pour Rome, où il va porter lui-même ses réclamations et faire entendre ses motifs. Les autres viennent de prendre, le 25 mai, dans un synode tenu à Maynooth, une résolution où ils protestent contre la lettre de Mgr. Quarantotti, et contre toute espèce d'influence qu'on donneroit au gouvernement anglois dans la nomination des évêques d'Irlande. Les prêtres et le clergé de Dublin ont fait une déclaration analogue, le 12 mai. On a député à Rome le docteur Murray, coadjuteur de l'archevêque de Dublin, pour représenter les dispositions du peuple Irlandois, et les inconvéniens de la mesure proposée, qui, dans ce pays surtout, est regardée de la manière la plus défavorable. M. Murray a passé dernièrement par Paris, se rendant auprès de S. S. On s'attend que le Saint-Siége prononcera sur cette affaire. Il ne nous appartient pas sans doute de prévenir sa décision.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Les dames religieuses de la maison royale de Saint-Cyr ont présenté au Roi, ces jours derniers, une requête pour demander à rentrer dans leur maison, et à se consacrer de nouveau à l'éducation. 14 dames professes, 6 soeurs converses et 8 demoiselles élèves crent de se

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réunir pour le rétablisement de la règle. Elles exposent que la maison n'est point aliénée, et qu'il est digne de la piété du Roi de relever un des plus honorables établissemens du règne de Louis XIV. Ce seroit un hommage à la mémoire de ce grand Prince, et en même temps un moyen de donner une éducation chrétienne aux filles que S. M. jugeroit à propos d'admettre dans cette maison. La requête a été présentée par Mme. d'Elpeyron, supérieure, et Mmes. de Moustier et de Villefort, religieuses, qui ont aussi eu l'honneur de saluer Mme. la duchesse d'Angoulême. Le Roi et la Princesse les ont accueillies avec bonté, et S. M. leur a promis de prendre leur demande en considération. Ces dames n'ont pas manqué de faire valoir le vif intérêt que Mme. Elisabeth prenoit à la maison de Saint-Louis, et elles se flattent qu'un établissement si utile pour l'éducation, et si glorieux pour nos Rois, va renaître à la voix d'un Prince qui révère les institutions de ses illustres ancêtres, et qui veut faire le bien de ses peuples; double motif pour elles d'espérer la restauration de la maison de Saint-Cyr.

S. Exc. M. l'abbé de Montesquiou, ministre de l'intérieur, a écrit, le 25 mai dernier, à M. l'évêque de la Rochelle, une lettre ainsi conçue :

« Monsieur l'évêque, j'ai reçu la lettre du 7 de ce mois, par laquelle vous exposez que des ecclésiastiques du second ordre, qui ont constamment refusé de vous reconnoître pour leur évêque, se sont empressés, à la première nouvelle de l'heureux retour de Louis XVIII sur le trône de ses pères, de se montrer ouvertement, et d'administrer à leur gré les paroisses vacantes.

>> Le gouvernement ne sauroit tolérer un pareil désordre. Les ecclésiastiques doivent tous soumission et obéissance aux évêques nommés en vertu du Concordat, et institués par le Pape. Ils ne peuvent exercer leur ministère sans leur permission. Ceux donc qui persistent à ne vouloir pas les reconnoître, doivent s'abstenir de

toutes fonctions ecclésiastiques. Dans le cas contraire, ils s'exposent à ce qu'il soit pris, à leur égard, des mesures de rigueur, parce qu'ils troublent l'ordre public.

» Je vous engage à faire une nouvelle tentative auprès des prêtres dont vous me parlez, pour les ramener, s'il est possible, à de meilleurs principes, et à vous concerter avec les préfets pour la répression de ceux envers lesquels Vous auriez épuisé en vain toutes les voies de la douceur et de la persuasion.

» J'écris, M. l'évêque, à ces fonctionnaires pour que, dans l'occasion, ils vous prêtent leur appui, et fassent respecter votre autorité».

Nous sommes fondés à annoncer que M. l'abbé de Saint-Sauveur, qui avoit été nommé, il y a quelques années, à l'évêché de Poitiers, a remis sa nomination entre les mains du Roi, et a renoncé à faire aucun acte, même de grand-vicaire, dans le diocèse. Cette démarche est une nouvelle preuve de l'esprit de sagesse, de paix, de modération et de dévouement pour le Roi, qui anime le clergé.

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Le clergé de la ville de Gien a envoyé une adresse au Roi pour protester de son dévouement. S. M. a répondu: « Je suis sensible aux sentimens des habitans de Gien. Je sais qu'ils se sont toujours bien conduits, même dans les temps de troubles et de malheurs. Je serois fort aise de leur en témoigner ma satisfaction de vive voix en visitant mes provinces ». L'adresse au Roi étoit signée de M. Vallet et de MM. Brillard, Morin et Fontarive.

Mr. le duc d'Angoulême a passé, le 22 juin, par Laval, où il a eu une réception brillante. On avoit tendu les rues et élevé des arcs de triomphe. Le maire, M. Hercé, lui a présenté les clefs de la ville, et exprimé les vœux des habitans. S. A. s'est rendue à l'église de SaintVénérand, où elle a été complimentée par le clergé. Elle a reçu à l'hôtel-de-ville les félicitations des principaux habitans et des ecclésiastiques et fonctionnaires, et est re

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partie aux acclamations d'un peuple nombreux et plein d'enthousiasme. Elle a accordé la décoration du lis à ceux qui on eu l'honneur de lui être présentés. Le clergé entr'autre a été touché des marques de bienveillance qu'il a reçues du Prince.

On assure que M. l'abbé de Vienné est porteur d'un titre qui lui a été conféré par S. M., en vertu du droit royal de joyeux avénement, et qui lui donne une expectative sur le premier canonicat vacant dans l'église de Paris. Avant la révolution, M. l'abbé de Vienne étoit chanoine titulaire de cette église.

Les évêques viennent d'être rétablis dans la plénitude de leurs droits anciens, relativement à la collation des curés de leurs diocèses. Les curés nommés par les évêques peuvent maintenant être mis en possession de leurs bénéfices, sans avoir besoin de l'autorisation préalable du gouvernement.

MONTMORENCY. Cette ville a fait célébrer, le samedi 25, un service funèbre pour le repos de l'ame du duc d'Enghien, objet particulier de son amour et de ses regrets. Toutes les autorités y ont assisté, et ont écouté avec intérêt et sensibilité le discours, où M. le curé a retracé ses vertus privées, ses talens militaires, les causes et les circonstances de sa fin trafique, qui n'est pas une des moindres plaies faites à la patrie.

Cet hommage religieux rendu à la mémoire de ce jeune Prince, et qui, dans le chef-lieu de son apanage, devoit précéder tous ceux qui lui ont déjà été rendus ailleurs, n'avoit été différé que par l'espoir de parvenir à faire concourir avec la même cérémonie le transport et la réception de ses honorables restes inhumés dans les fossés de Vincennes. Mais des raisons particulières, et la crainte d'affecter trop vivement d'inconsolables parens, ont empêché, pour le moment, qu'ils ne fussent transférés au lieu de la sépulture ordinaire de cette auguste maison.

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