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Jême se rendit à neuf heures et demie à la cathédrale, pour entendre la messe. Le clergé le reçut à la porte de l'église sous le dais. La sainteté du lieu ne put retenir les acclamations et les cris de joie. Après la messe, S. A. R. voulut bien admettre à son audience les corporations et les particuliers.

Au commencement de l'audience, le Prince avoit reça publiquement chevaliers de Saint-Louis, M. le comte Ruty, M. le baron Rivaud, et M. le colonel Noireau.

S. A. R. Mr. le duc d'Angoulême a quitté notre ville ce matin, à huit heures. Il se rend à Beaupreau, à BourbonVendée, et de-là à Bordeaux par la Rochelle et Saintes. Partout, sur son passage, S. A. R. a recueilli les témoignages non équivoques d'amour et de respect que les Nantais n'ont cessé de faire éclater pendant son séjour dans cette ville.

Réponse à la lettre d'un patriote allemand

Une lettre que nous avons reçue, et qui est datée des bords du Rhin, mérite de notre part une explication à laquelle nous nous refusons d'autant moins, que le reproche qu'on nous y fait est plus grave et plus sérieux. Voici ce dont il est question. Nos lecteurs se rappellent peutêtre que dans notre numéro XVIII, nous leur adressâmes quelques réflexions sur la révolution mémorable qui vient de s'opérer à Rome, et sur la délivrance du chef de l'Eglise « Quelle autre que la Providence, disions-nous, auroit appelé des bouts du nord les instrumens de ses desseins. Jadis elle fit venir les barbares du nord pour châtier Rome païenne, aujourd'hui elle les amène pour délivrer Rome chrétienne ». Cette phrase, nous le croyons, étoit claire pour des lecteurs françois. Ils ont sans doute très-bien compris dans quel sens nous prenions ce mot de barbares. Les circonstances, l'esprit de notre ouvrage, celui de l'article, tout, jusqu'au soin que nous avions eu de souligner ce mot, indiquoit assez que nous n'avions pas voulu flétrir nos libérateurs. Nous avons témoigné plus d'une fois notre admiration et notre reconnoissance pour les vainqueurs généreux à qui nous devons notre salut. Nous avons proclamé plus d'une fois leur conduite loyale et magnanime dans la capitale. Dans notre numéro Ier., entr'autres, nous avons payé un juste tribut d'éloges aux souverains, qui sont entrés en amis et en protecteurs dans ces murs, qu'ils eussent pu foudroyer et détruire. Il est peu de nos numéros où nous n'ayons eu occasion de manifester les mêmes sentimens. Il étoit donc évident pour tous ceux qui lisent nos feuilles depuis le commencement, que nous n'attachions aucune idée défavorable à cette expression de barbares. C'étoit comme si nous eussions dit: Voyez comme se sont conduits ces prétendus barbares! leurs pères sont venus autrefois pour châtier Rome chrétienne. Eux ne viennent aujourd'hui que pour délivrer Rome chrétienne. C'est ainsi que les hommes qu'on qualifie de barbares (ou

sait que le dernier despote donnoit ce nom aux Russes, dans ses Bulletins), réparent les injustices, et rétablissent ce qui étoit détruit, et relèvent l'Eglise, etc. A la fin même de cet article, nous célébrions encore la sagesse, la modération et la magnanimité qui ont présidé aux conseils des alliés. Comment, après cela, a-t-il pu rester quelque doute sur nos intentions? Quoi qu'il en soit, un patriote allemand s'est cru offensé, et nous a écrit une lettre verte et énergique pour nous reprocher notre ingratitude. Il n'est point abonné à notre ouvrage; il n'en connoit point l'esprit. C'est par hasard, à ce qu'il paroît, que notre numéro XVIII lui est tombé entre nos mains. Il l'a probablement la fort vite peut-être ne s'est-il pas donné la peine d'aller jusqu'à la fin de l'article, où il eût trouvé des éloges de ces mêmes hommes qu'il nous accuse d'avoir voulu flétrir. Son imagination s'est animée sur-le-champ. Il a pris la plume pour nous tancer rudement. Cet ami de son pays a été un peu vif dans cette occasion. Un peu plus de calme et de réflexion, un peu plus d'habitude de nous lire surtout, lui eussent donné d'autres pensées. Non, nous n'avons point voulu injurier des nations généreuses. Nous reconnoissons certainement toutes les obligations que nous leur avons. Nous avouons qu'elles nous ont mieux traités que nous ne pouvions nous y attendre, et que nous ne leur en avions donné l'exemple. Nous donnerons même au réclamant une déclaration plus précise encore, si elle est nécessaire pour le calmer. Nous lui protesterons que nous n'avions point pris le terme de barbares dans une acception outrageante, et nous lui en donnerons acte, s'il le faut. Nous pourrions lui ajouter encore que cette expression ne pouvoit regarder les Allemands, qui ne sont pas venus sans doute des deux bouts du nord. Nous lui dirions enfin, pour achever de le réconcilier avec nous, que nous estimons et que nous honorons sa nation, et que nous n'avons rien de plus à cœur que de nous concilier les suffrages des hommes sages et droits qui, en Allemagne et ailleurs, sont attachés aux principes de la religion et de la morale. L'empressement que nous mettons à repousser des reproches peu fondés, lui prouvera seul, le prix que nous attachons à la confiance de nos lecteurs. Nous n'insérons point sa lettre, qui est un peu longue; mais nous faisons mieux, puisque nous lui prouvons la pureté de nos intentions, et, nous osons le dire, la précipitation de son jugement et le peu d'équité de ses plaintes.

AVIS.

Les Abonnés de trois mois, dont la souscription a commencé au 20 avril dernier, sont prévenus qu'elle expirera au 20 juillet exclusivement. Nous les en prévenons, afin d'éviter tout retard à ceux qui seroient dans l'intention de continuer. En renouvelant, il est essentiel de ne pas oublier de nous transmettre une des adresses imprimées qui sert d'enveloppe à chaque numéro. Cette attention nous évite bien des recherches et même des erreurs que la parité des noms et l'indication inexacte des lieux de poste occasionnent.

RÉFLEXIONS sur l'état de l'Eglise en France, pendant le 18e. siècle, et sur sa situation actuelle (1).

Ces réflexions ne sont point un ouvrage de circonstance; elles étoient destinées à paroître, il y a plusieurs années, dans un temps où les maux contre lesquels l'auteur s'élève, n'étoient pas moins graves, et où l'espoir de les voir finir étoit bien incertain la distribution en fut arrêtée par des ordres supérieurs. Aujourd'hui, sous un gouvernement qui aspire à faire le bien, et qui en cherche les moyens, rien n'est plus à propos que de reproduire des idées qui y tendent,

Le sujet de cet ouvrage est important. Il ne s'agit de rien moins que de l'intérêt de la religion, frappée de tant de plaies dans les temps modernes. Il s'agit par conséquent aussi du plus cher intérêt du gouver nement, du plus cher intérêt de la société, qui ne manque jamais d'être en souffrance, quand on ébranle la base sacrée sur laquelle repose la morale publique, Nous venons d'en faire l'expérience d'une manière trop pénible pour qu'il puisse s'élever aucun doute à cet égard.

L'auteur, qui paroît être un ecclésiastique, et un ecclésiastique éclairé, sage, pieux et zélé; l'auteur remonte à la source des innovations qui ont amené de si tristes résultats, et il en trouve l'origine dans

(1) Edition corrigée. Broch. de 150 pag.; prix, 1 fr. 80 c., et frane de port, 2 fr. 30 c. A Paris, à la Société typographi que, place Saint-Sulpice, no. 6; et au bureau du Journal.

Tome I. L'Ami de la R. et du R. No. XXV.

la réformation; non qu'avant Luther, dit-il, « une inquiétude séditieuse n'agitât déjà les esprits, las de toute espèce de joug ; mais « les réformateurs du 16. siècle sappèrent à la fois les fondemens de l'ordre religieux et de l'ordre social, et établirent l'anarchie en principe, en attribuant la souveraineté au peuple, et à chaque particulier le droit de juger de la foi ». De là découlérent bientôt, et le mépris de l'autorité du prince, et l'interprétation arbitraire de la parole de Dieu, laquelle produit l'indifférence religieuse, et conduit nécessairement au déisme; d'où il suit qu'on ne peut manquer d'avoir, en dernière analyse, la destruction de la religion et la dissolution complète des liens sociaux. Bayle fut un des premiers qui donna, dans ses écrits, le funeste exemple de la liberté de penser, et c'est à lui que l'auteur fixe l'époque de la philosophie moderne. Se bornant néanmoins à ébranler l'édifice, par son scepticisme, si on peut lui reprocher du cynisme, on n'a point à lui împuter d'avoir érigé formellement l'irréligion en systême.

Mais un pas fait vers le mal en amène un autre. On vit bientôt paroître, sous le nom d'esprits-forts, une société d'hommes qui osa citer à son tribunal les vérités religieuses, afficha l'incrédulité, et qui, pour grossir son parti et mieux séduire, joignit à ses dogmes nouveaux, un épicurisme d'autant plus dangereux, que les talens, et le ton de ce qu'on appelle la bonne compagnie, y voiloient, en quelque façon, la honte attachée à la débauche. Contenue sous le règne sévère et religieux de Louis XIV, combattue par les hommes de génie que la religion comptoit alors dans ses rangs, cette association pernicieuse n'osoit trop se montrer à découvert; si elle dogmatisoit, c'étoit en

secret; elle étoit plutôt une coterie qu'une écolė : elle avoit secoué le joug de la religion plus pour vivre librement, que pour répandre les principes qui lui sont opposés; mais sous la régence la corruption des moeurs étant portée à son comble, et ayant infecté ceux qui étoient à la tête du gouvernement, l'írréligion commença à se montrer avec audace. Jusque-là les principes n'avoient été attaqués que de loin en loin et avec réserve; on les combattit ouvertement. On n'avoit employé contre eux que des raisonnemens souvent abs traits, et hors de la portée du peuple; on employa des armes toutes différentes et bien plus dangereuses. C'est à M. de Voltaire que, parmi nous, l'auteur donne l'initiative, et attribue le triste honneur de ces nouvelles attaques. « Il alloit, dit-il, distribuant, d'une main légère, la raillerie et le sarcasme; sa plume intarissable versoit des flots d'ironie, sur les objets les plus saints, en prose et en vers, avec une fécondité qu'on admireroit si on n'en frémissoit pas. Ainsi, peu à peu, on s'accoutumoit à considérer la religion sous un point de vue ridicule, à rire de ses pratiques, de ses dogmes, de ses ministres....... D'un autre côté, on attaquoit, les uns après les autres, dans des pamphlets répandus avec profusion, tous les faits sur lesquels repose le christianisme, on cherchoit à le ren→ dre odieux, à le calomnier ». Le dira-t-on, ces agressions, aussi impolitiques que funestes, qui ne menaçoient pas moins les trônes que la religion, trouvoient de l'appui près des grands, près des ministres, à la cour même de quelques souverains. En vain, dans leurs Mandemens, les évêques s'élevoient contre ces pernicieuses nouveautés; en yain les parlemens les proscrivoient, en vain les prédicateurs tonnoient contre

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