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vence. On voyoit dans le sanctuaire M. le cardinal de Bayanne; M. de Barral, archevêque de Tours; M. de Pradt, archevêque de Malines, et MM. de ClermontTonnerre, ancien évêque de Châlons-sur-Marne; de Lubersac, ancien évêque de Chartres; de Mérinville, ancien évêque de Dijon; de Ruffo, ancien évêque de SaintFlour; Fallot de Beaumont, ancien évêque de Plaisance; d'Agoult, ancien évêque de Pamiers; de Pressigny, ancien évêque de Saint-Malo; de Chabot, ancien évêque de Saint-Claude; Charrier de la Roche, évêque de Versailles; Bourlier, évêque d'Evreux; Manary, évêque de Trèves; Rollet, ancien évêque de Montpellier; André, ancien évêque de Quimper; de Broglie, évêque de Gand; Dupont, évêque de Coutances; de Faudoas, évêque de Meaux; Jauffret, évêque de Metz; et Boulogne, évêque de Troyes. Un grand nombre d'ecclésiastiques assistoient également à cette cérémonie, qui avoit attiré dans la Métropole un concours nombreux de spectateurs, lesquels remplissoient la galerie et la nef.

Le Te Deum a été chanté par la chapelle du Roi. Les musiciens devoient exécuter aussi le Domine, salvum fac Regem; mais le clergé et le peuple leur ont disputé ce plaisir, et ont chanté, à plusieurs reprises, ce verset national. La piété du Roi, pendant la cérémonie, a frappé les assistans. S. M. est restée à genoux plus d'un quart-d'heure. Les regards se portoient alternativement sur lui et sur la princesse auguste qui, prosternée en ce moment devant le Très-haut, versoit des larmes où la douleur et la joie venoient se confondre. Son attitude pieuse, son recueillement profond, l'expres sion de ses yeux, mouillés de pleurs, ont touché tous les spectateurs.

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Le Roi est ensuite sorti de la Métropole. Le cortége s'est remis en marche, et est arrivé au Pont-Neuf, où on avoit élevé deux temples et au milieu la statue de Henri IV, avec cette devise heureuse: Ludovico reduce, Henricus redivivus. Louis est de retour, Henri revit. Cette ins

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cription, pleine de sentiment, paroît avoir été suggérée par M. de Lally-Tolendal. A cet endroit un ballon est parti. Il étoit surmonté d'un drapeau blanc. L'aréonaute alché successivement plusieurs pigeons blancs, qui sembloient destinés, comme la colombe de l'arche, à aller annoncer à la terre que le déluge de nos maux étoit à son terme, et que le ciel étoit réconcilié avec nous. Il étoit plus de quatre heures quand le Monarque est arrivé aux Tuileries à travers des acclamations qui n'ont pas été interrompues. Elles ont semblé redoubler quand S. M. est montée au palais de ses aïeux, et est rentrée dans ces appartemens qu'elle n'avoit pas vus depuis si long-temps. C'étoit un prodige si merveilleux que chacun en a été frappé. Chacun pouvoit s'écrier alors avec le Prophète Ce changement est l'ouvrage du Trèshaut. Hæc mutatio dexteræ excelsi. On dit, et personne n'en sera étonné, que Mme. la duchesse d'Angoulême s'est évanouie en rentrant dans ce palais, qu'elle ávoit quitté vingt-deux ans auparavant dans des circonstances si différentes, et qui lui rappeloit des souvenirs si déchirans. Elle a pris quelques momens de repos, et s'est ranimée peut-être aux cris d'allégresse dont retentissoient tous les abords du palais. La foule s'étoit principalement portée dans le jardin des Tuileries et sous les fenêtres de l'appartement de S. M. Elle sembloit y demander, par ses acclamations, que le Monarque dai gnât se montrer. S. M. a paru en effet. Toute sa figure portoit l'expression de la joie et de la sensibilité. Il a témoigné, par les gestes les plus expressifs, combien il étoit touché des signes de la joie générale. Il paroît qu'il s'est montré plusieurs fois dans la soirée à un peuple qui ne pouvoit se rassasier de le voir. Une fois, entre autres, il avoit à sa droite Mme, la duchesse d'Angoulême et à sa gauche M. le duc de Berry. Ce groupe de famille a redoublé les acclamations. Au bout de quelques instans, MONSIEUR a paru. Mme. la duchesse d'Angoulême lui a cédé sa place. MONSIEUR a été salué

par de nouveaux cris. Il a pris la main du Roi et l'a baisée. Mais S. M. prenant son auguste frère dans ses bras l'a embrassé plusieurs fois. A ce signe d'amitié fraternelle, à ces épanchemens d'une sensibilité si touchante, la foule n'a plus connu de mesures dans ses acclamations ni de bornes dans l'expression de sa joie; l'enthousiasme étoit au comble. De telles scènes ne peuvent se peindre.

Le soir, il y a eu un feu d'artifice et illumination, et on peut dire qu'elle étoit générale. On le disoit, en effet, de même dans les journaux, lors des fêtes maigres et froides que donnoit, à grands frais, un homme qui avoit besoin de nous éblouir et de nous tromper. Mais quelle différence de ces spectacles étudiés avec cette effusion de joie, ces cris spontanés, cette sorte d'ivresse dont nous venons d'être témoins! Nous pouvons le dire avec vérité, nous qui n'avons point brûlé d'encens devant l'injustice toute-puissante, et qui n'avons point menti en son honneur, l'illumination étoit générale. Un très-grand nombre d'habitans y avoient même ajouté par des décorations accessoires. On voyoit à beaucoup de portes des vive le Roi! en verres de couleur, des banderolles, des emblêmes, des inscriptions, dont quelques-unes étoient de la plus heureuse application. Nous en avons remarqué, à travers un très-grand nombre, quelques-unes qui avoient un caractère religieux. On lisoit dans un endroit : Deus nobis hæc otia fecit: C'est à Dieu que nous devons ce bonheur. Ailleurs, Misericordiae Domini quia non sumus consumpti. A la porte de l'Hôtel-Dieu Pauper clamavit et Dominus exaudivit eum.

Ainsi s'est passée cette journée à jamais mémorable dans nos annales, cette journée dont nous ne pouvons plus perdre le souvenir, et qui nous sera toujours présente et chère, journée de paix et de bonheur, journée d'espérance et de joie, journée d'amour et de concorde. Nous sentirons d'autant mieux le prix des bienfaits

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qu'elle nous apporte, que depuis vingt-cinq ans nous gémissions dans la servitude et la barbarie. Nous roulions dans un cercle continuel de maux et de crimes. Le ciel a eu pitié de nous. Il nous ramène un Prince auguste, le descendant de nos Rois, l'héritier de leur bonté, le père de ses sujets. Car c'est ici le lieu de révéler une anecdote qui trouvera sa place dans l'histoire. Le lendemain de l'entrée du Roi, S. M. s'est montrée plusieurs fois au peuple. Une fois entr'autres elle a demandé silence avec des gestes de la main, et a enfin obtenu, quoiqu'avec peine, que l'on cessât les acclamations. Alors elle a dit: Ne m'appelez plus votre Roi, appelez-moi votre père. A ces paroles si belles et si tendres, à ces mots si dignes d'un fils du bon Henri, par leur sublime simplicité et leur sensibilité naïve, tout le monde a crié : Vive notre père et les airs ont retenti long-temps de ces nouvelles effusions d'allégresse. S. M. en a joui avec un plaisir marqué pendant plusieurs minutes. Enfin elle a de nouveau demandé silence, et après l'avoir obtenu, elle a salué la foule, en disant avec l'accent de la sensibilité Adieu, mes enfans. On se doute bien que les applaudissemens ont encore redoublé. Il est bon que les provinces connoissent ce trait charmant, ces mots vraiment paternels; il est bon qu'elles sachent que nous avons retrouvé un Roi qui nous aime, et qui met du prix à être aimé de nous; il est bon qu'elles apprennent à apprécier un monarque dont tous les discours respirent l'indulgence et la bonté, et qui va s'appliquer à nous faire oublier nos maux qu'il a ressentis presque comme nous-mêmes. La souveraineté avoit été profanée par un despote violent, capricieux, maussade, dur, qui disoit comme Néron: Qu'on me haïsse pourvu qu'on me craigne. Elle va être réhabilitée par un prince honnête homme, bon, affable, juste et modéré, qui connoîtra toute l'importance des vertus domestiques et Sociales, et qui les pratiquera sans effort. Alors nous retournerons à nos anciennes habitudes. Ce qui vient

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de se passer sous nos yeux nous en est un gage que nous saisissons avec empressement, et qui ne nous trompera pas,

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

Le cardinal di Pietro, qui étoit exilé à Auxonne, n'a pu en sortir qu'au moment où les troupes françoises ont évacué cette ville. Il a rencontré à Lyon le cardinal Pignatelli, venant de Fontainebleau, et qui, attaqué de paralysie, n'en a pas moins désiré de retourner à Rome pour y être témoin de la délivrance de l'Eglise, et du retour du souverain Pontife. LL. EE. sont parties en+ semble de Lyon pour Rome, le 22 avril. Le cardinal Pignatelli a fort bien soutenu la route, et on lui a procuré à Lyon une voiture plus commode que celle dans laquelle il étoit venu de Fontainebleau.

Le chapitre de Lyon a donné un Mandement pour faire chanter un Te Deum à l'occasion du rétablissement des Bourbons. Il semble que c'étoit aux grands-vicaires de M. l'archevêque à faire cette démarche en son absence, et le chapitre a plus consulté, en cette occasion, son zèle pour le Prince, que les règles de l'Eglise. Son Mandement est d'ailleurs rempli des sentimens que fait naître le bienfait signalé dont nous sommes redevables à la Providence. Depuis, M. le cardinal Fesch est arrivé à Lyon, où il n'a fait qu'un court séjour. Il en est reparti pour Rome, le 27 avril, avec sa sœur.

M. l'évêque d'Amiens a harangué S. M. à son passage par cette ville. Ce prélat a su exprimer au Roi les sentimens de joie et de respect qui animent en ce moment tous les François. Nous regrettons de ne pouvoir citer en entier le discours qu'il a adressé à son entrée dans la cathédrale. Il lui a,dit entr'autres : « C'est aux lois sages, c'est aux exemples du Roi très-chrétien, du

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