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VOL. I.-PART II.

EXPOSÉ de la Situation du Royaume de France. Fait par les Ministres du Roi à la Chambre des Députés.-Juillet, 1814.

MESSIEURS,

Paris, le 12 Juillet, 1814.

S. M., en reprenant les rènes du Gouvernement, a désiré faire connaître à ses Peuples l'état où elle trouvait la France: la cause des maux qui accablaient notre Patrie a disparu; mais ses effets subsistent encore: longtems encore, sous un Gouvernement qui ne s'occupera qu'à réparer, la France souffrira des coups que lui a portés un Gouvernement qui ne travaillait qu'à détruire. Il faut donc que la Nation soit instruite et de l'étendue et de la cause de ses souffrances, pour pouvoir apprécier et seconder les soins qui doivent les adoucir: éclairée ainsi sur la grandeur et la nature du mal, elle n'aura plus qu'à partager les travaux et les efforts de son Roi pour rétablir ce qu'il n'a point détruit, pour guérir des plaies qu'il n'a point faites, et réparer des torts qui lui sont étrangers.

La Guerre a été sans contredit la principale cause des maux de la France: l'histoire n'offrait encore aucun exemple d'une grande Nation sans cesse précipitée, contre son gré, dans des entreprises de plus en plus hasardeuses et funestes: on a vu, avec un étonnement mêlé de terreur, un Peuple civilisé, condamné à échanger son bonheur et son repos, contre la vie errante des Peuples barbares; les liens des Familles ont été rompus; les Pères ont vieilli loin de leurs Enfans, et les Enfans sont allés mourir à 400 lieues de leurs Pères: aucun espoir de retour n'adoucissait cette affreuse séparation; on s'était accoutumé à la regarder comme inévitable, comme éternelle, et on a vu des Paysans Bretons, après avoir conduit leurs Enfans jusqu'au lieu du départ, revenir dans l'église de leur paroisse dire d'avance les prières des morts.

Il est impossible d'évaluer l'effroyable consommation d'Hommes qu'a faite le dernier Gouvernement; les fatigues et les maladies en ont enlevé autant que la Guerre; les entreprises étaient si vastes et si rapides que tout était sacrifié au désir d'en assurer le succès; nulle régularité dans le service des hôpitaux, dans l'approvisionnement des ambulances: ces braves Soldats dont la valeur faisait la gloire de la France, qui donnaient sans cesse de nouvelles preuves de leur énergie et de leur patience, qui soutenaient avec tant d'éclat l'honneur national, se voyaient délaissés dans leurs souffrances et livrés sans secours à des maux qu'ils ne pouvaient plus supporter. La bonté Française était insuffisante pour suppléer à cette négligence cruelle, et des Levées d'Hommes qui autrefois auraient formé de grandes Armées, disparaissaient ainsi sans prendre part aux combats. De là la nécessité de multiplier le nombre de ces Levées, de remplacer sans cesse par des Armées nouvelles des Armées presque anéanties: l'état des appels ordonnés depuis la fin de la Campagne de Russie est effrayant:-11 Janvier, 1813, 350,000 Hommes; 3 Avril, Gardes d'Honneur, 10,000; Premier Ban [1812-14.] 3 H

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