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de Gardes Nationales, 80,000; Gardes Nationales pour les Côtes, 90,000; 24 Août, Armée d'Espagne, 30,000; 9 Octobre, Conscription de 1814 et antérieures, 120,000; Conscription de 1815, 160,000; 15 Novembre, rappel de l'an 11 à 1814, 300,000; Janvier 1813, offres de Cavaliers équipés, 17,000; 1814, Levées en Masse organisées, 143,000. Total, 1,300,000 Hommes.

Heureusement ces dernières Levées n'ont pu être complétement exécutées mais ce seul exposé des réquisitions exercées sur la Population dans un intervalle de 14 à 15 mois, suffit pour faire comprendre ce qu'ont dû être depuis 22 ans les pertes de la Nation.

Plusieurs causes concouraient cependant à réparer ces pertes: le sort des Habitans des campagnes amélioré par la division des grandes propriétés, l'égalité de partage dans les successions, et la propagation de la vaccine, ont été sans doute les plus puissantes; c'est à la faveur de ces causes, et en exagérant leurs effets, qu'on a essayé de tromper la Nation sur l'étendue de ses sacrifices.

On a été plus loin: on a voulu voir dans la Conscription même la source d'un accroissement de Population, source impure qui a introduit le désordre et l'immoralité dans des mariages conclus avec précipitation et imprudence; de là une foule de ménages malheureux, d'unions ridicules ou indécentes; on a vu même des Hommes du Peuple, bientôt lassés d'un état qu'ils n'avaient embrassé que pour se soustraire à la Conscription, se rejeter ensuite an les dangers qu'ils avaient voulu éviter, et s'offrir comme remplaçans pour sortir de la misère qu'ils n'avaient pas prévue, ou rompre des liens si mal assortis.

Comment n'a-t-on pas réfléchi d'ailleurs que si la Conscription, en multipliant ces mariages déplorables, avait pu accroître le nombre des naissances, elle enlevait annuellement à la France une grande partie de ces Hommes déjà formés qui constituent la véritable force d'une Nation Les faits prouvent évidemment une conséquence si naturelle: la Population au-dessous de 20 ans s'est accrue; au-delà de cette limite, la diminution est prodigieuse et incontestable.

Ainsi, tandis que le Gouvernement attaquait les sources de la prospérité nationale, il étalait avec orgueil les restes de cette prospérité qui ne cessaient de lutter contre ces fatales mesures; il cherchait à déguiser le mal qu'il faisait sous le bien qui se soutenait encore, et dont il n'était pas l'auteur. Maître d'un Pays où de longs travaux avaient amassé de grandes richesses, où la civilisation avait fait les plus heureux progrès, où l'industrie et le commerce avaient pris depuis 60 ans un essor prodigieux, il s'emparait de tous ces fruits de l'activité de tant de générations et de l'expérience de tant de siècles, tantôt pour les faire servir à ses funestes desseins, tantôt pour cacher les tristes effets de son influence. Le simple exposé de l'état actuel du Royaume montrera constamment la prospérité nationale, luttant contre un principe destructeur, sans cesse attaquée, souvent atteinte de coups terribles, et puisant toujours en elle-même des ressources toujours insuffisantes. Ministère de l'Intérieur.-L'agriculture a fait en France des pro

grès réels; ces progrès avaient commencé longtems avant la révolution; depuis cette époque, de nouvelles causes en ont accéléré la marche, et ces causes auraient produit des effets bien plus importans, si des événemens funestes n'en avaient détruit ou diminué l'influence.

La propagation des bonnes méthodes de culture par les Sociétés savantes, la résidence d'une foule de riches Propriétaires à la campagne, leurs essais, leurs instructions, leurs exemples, enfin la création des Ecoles Vétérinaires qui ont appris à préserver les animaux domestiques du désastre des épizooties, amenaient dans les diverses branches de l'économie rurale les plus heureux résultats; mais les erreurs et les fautes du Gouvernement apportaient au développement de ces causes de continuels obstacles.

Le Système Continental a causé aux Propriétaires de Vignobles des pertes énormes; dans le Midi de la France beaucoup de vignes ont été arrachées, et le bas prix des vins et des eaux-de-vie a généralement découragé ce genre de culture.

La ferme expérimentale de Rambouillet, créée en 1786 par Louis XVI, avait commencé l'introduction des mérinos en France; un grand nombre de Propriétaires avaient formé des entreprises semblables; en 1799 fut créée la ferme de Perpignan, que suivirent quelques années après 7 établissemens du même genre. Le nombre des mérinos allait croissant; nos races s'amélioraient chaque jour; mais le Chef du Gouvernement, qui aurait voulu soumettre à son inquiète ambition la marche de la nature, se persuada que cette amélioration n'était ni assez étendue ni assez rapide; un Décret du 8 Mars, 1811, ordonna la création de 500 dépôts de béliers-mérinos, de 200 béliers chacun, et assujétit les Propriétaires de troupeaux particuliers à une inspection insupportable; découragés par tant d'injonctions et de défenses, blessés de cette surveillance continuelle qui les gênait dans leurs affaires et dans le soin de leurs intérêts, les Propriétaires renoncèrent bientôt à leurs bergeries; la race, au lieu de s'améliorer plus rapidement, ne tarda pas à se détériorer; les dépenses de la Guerre mirent le Gouvernement hors d'état de consacrer à ses propres bergeries des sommes suffisantes; et cette imprudente mesure a coûté à la France plus de 20,000,000 francs, qui auparavant étaient employés avec fruit à la propagation des mérinos et à l'amélioration des races indigènes.

Les établissemens de haras ont eu plus de succès: formés d'abord par l'ancien Gouvernement, ils avaient été détruits par la Révolution, et n'ont été complettement rétablis qu'en 1806; alors furent organisés 6 haras, 30 dépôts d'étalons, et des haras d'expérience. A la fin de 1813, ces établissemens renfermaient 1364 étalons; mais dans le courant de cette même année, 80,000 chevaux ont été requis sans ménagement et sans choix; et des états approximatifs évaluent la perte faite en chevaux, depuis le ler Janvier, 1812, à 230,000 chevaux. Les remontes coûtaient en général, au Gouvernement, de 400

à 460 francs par cheval, ce qui porte la perte en argent à environ 105,200,000 francs.

Les mines ont reçu en France une augmentation notable; notre Territoire offre maintenant 478 mines de toutes sortes en exploitation, ce qui emploie 17,000 Ouvriers et rapporte à la France un produit brut de 26,800,000 francs, et à l'Etat une redevance de 251,000 francs. Cette redevance était affectée au paiement de l'administration des mines, mais ce fonds spécial qui se montait au ler Janvier dernier à 700,000 francs, a été employé par le Gouvernement aux dépenses de la Guerre, et tout le corps des mines a été privé d'appointemens. C'est au milieu de ces vexations continuelles, de cette législation changeante et tyrannique, de cet appauvrissement général, que nos champs ont été cultivés, nos mines exploitées, nos Troupeaux mêmes en partie conservés et améliorés! Certes, rien ne prouve mieux l'industrie de notre Nation et ses heureuses dispositions pour le premier de tous les arts, que les progrès de son agriculture sous un Gouvernement oppressif; c'est peu d'avoir fatigué le Laboureur de cette tyrannie active qui pénétrait jusqu'à sa dernière chaumière; de lui avoir enlevé ses bras, ses capitaux, de l'avoir condamné à racheter ses Enfans pour les lui ravir encore; des réquisitions qu'on peut appeler la plus savante découverte du despotisme, lui ont enlevé à-la-fois tous les fruits de son labeur; la Postérité croira-t-elle que nous avons vu un Homme s'ériger en Maître absolu de nos propriétés et de nos subsistances; nous condamner à les porter dans les lieux où il daignait nous les ravir; toute la Population sortie de ses foyers avec ses boeufs, ses chevaux, ses greniers, pour livrer sa fortune et ses ressources à ce Maître nouveau ; heureux encore, lorsque ses Agens n'ajoutaient pas à nos misères un trafic infâme! Mais jettons le voile sur ces indignités, et oublions les excès de la tyrannie pour admirer les dons que nous a fait l'Auteur de la Nature; quelle autre terre aurait pu résister à tant de calamités ? mais telle est la supériorité de notre sol et l'industrie de nos Cultivateurs que l'agriculture sortira avec éclat de ses ruines, et doit se montrer plus brillante que jamais sous le Régime paternel qui est venu finir ses misères,

L'industrie manufacturière a besoin de retrouver la méme liberté; la mécanique et la chimie, enrichies d'une foule de découvertes, et habilement appliquées aux arts, lui avaient fait faire des progrès rapides; le Système Continental, en forçant les Manufacturiers à chercher sur notre Territoire des ressources jusque-là inconnues, a amené quelques résultats utiles; mais les obstacles qu'il a opposés à l'entrée d'un grand nombre de matières premières, et le défaut de concurrence qui en a été la suite, ont élevé hors de mesure le prix de la plupart des denrées de fabrication Française, et porté ainsi une atteinte funeste aux droits et aux intérêts des Consommateurs. Quelques-uns de ces obstacles sont déjà levés; des Lois raisonnables sur l'importation et

l'exportation concilieront désormais les intérêts des Consommateurs et ceux des Manufacturiers; intérêts qui ne sont opposés, que lorsque les prétentions sont exagérées de part et d'autre.

Si l'on en croit les rapports des Fabricans, les manufactures de coton occupent maintenant 400,000 Ouvriers et un capital de 100,000,000. Les manufactures de Rouen ont déjà repris une grande activité.

Les fabriques de toile de Laval et de Bretagne ont beaucoup souffert par la Guerre avec l'Espagne, où elles trouvaient leur principal débouché.

Les fabriques de soie ont éprouvé le même sort. L'Espagne était la route par laquelle leurs produits passaient en Amérique et aux Colonies; les Fabricans ont reporté leur activité vers le Nord de l'Europe, mais cette ressource leur a bientôt été ravie: l'Italie seule leur est restée; il est vrai que notre consommation intérieure en étoffes de soie s'est accrue, mais que ne gagnerons-nous pas à la liberté des communications avec l'Europe entière, nous dont la supériorité dans ce genre de fabrication est si incontestable?

Eu 1787, le fabrique de Lyon avait jusqu'à 15,000 métiers en activité; pendant la dernière Guerre, ce nombre a été réduit à 8000. Déjà la fabrique se relève, et la Ville de Lyon a reçu des commandes très-considérables.

Les manufactures de draps, de cuirs, &c., ont également souffert de l'interdiction des communications avec l'Etranger. En général, l'industrie n'a cessé de lutter contre la funeste influence du Système Continental et des Lois qui y étaient associées; ses tentatives n'ont pas toujours été infructueuses; mais elles ont prouvé en même tems l'absurdité de ce système. Si, au lieu de se consumer en efforts continuels pour atténuer les effets de mauvaises Lois, cette industrie avait pu déployer librement ses forces, que n'aurait-on pas dû en attendre ? et que ne pourra-t-on pas en espérer dès que les Lois, au lieu de lui imposer des chaînes, ne feront que lui prêter des appuis.

Commerce.-Les Lois prohibitives ont fait encore plus de mal au commerce qu'à l'industrie; si la difficulté des communications extérieures rétrécissait le marché de nos Manufacturiers, du moins dans celui qui leur restait ouvert, leurs denrées n'avaient-elles pas à craindre la concurrence des denrées Etrangères; et si ce défaut de commerce Duisait aux intérêts des Consommateurs, du moins une certaine classe de Citoyens était-elle appelée à en profiter.

Mais le commerce a besoin d'un champ plus vaste et plus libre, réduit à des spéculations étroites et peu avantageuses; dès qu'il essayait de les étendre, il se trouvait livré aux incertitudes d'un Gouvernement qui voulait le soumettre à ses caprices et à ses calculs. Le système des licences a ruiné ou découragé un grand nombre de Négocians, en les abusant par des espérances que détruisait en un instant la volonté qui les avait fait naître. Des spéculations nécessairement

hasardeuses ont besoin que la stabilité des Lois prête son secours à la prévoyance des Hommes; et ce passage brusque et continuel du Régime des licences au Régime absolument prohibitif, a causé au commerce des pertes immenses. Quelle tranquillité pouvaient avoir, d'ailleurs, des Négocians qui voyaient dans le Gouvernement un rival aussi avide que puissant, et toujours attentif à se réserver l'exploitation exclusive du domaine qu'il leur interdisait? Une longue Paix et des Lois stables et libérales, rendront seules aux Commerçans assez de confiance pour qu'ils puissent se livrer sans crainte à leurs utiles

travaux.

Telle est, en abrégé, la situation actuelle de l'activité agricole, industrielle et commerciale de la Nation; cette activité, qui n'avait besoin que de liberté et d'encouragement, a été sans cesse entravée et ralentie par l'influence d'un Gouvernement qui, en voulant tout maîtriser ou tout faire, détruisait d'avance le bien qu'il prétendait protéger.

Si nous passons de là aux objets dépendans du Ministère de l'Intérieur, qui tenaient immédiatement au Gouvernement lui-même, et sur lesquels il exerçait une action directe, leur situation paraîtra encore plus déplorable.

Administration Générale de l'Intérieur.-Le Budjet du Ministère de l'Intérieur, c'est-à-dire la réunion de tous les fonds affectés aux différens services de ce Ministère, s'élevait,

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En 1813, à............. .140,000,000

Le Trésor Public n'a jamais contribué à cette masse de fonds que pour 58, 59, ou 60,000,000; le surplus provenait de Droits et Prélèvemens spéciaux, établis pour subvenir à telles ou telles dépenses qui étaient successivement rejetées du Budjet de l'Etat, ou que nécessitaient des besoins nouveaux qui n'avaient pas été prévus dans ce Budjet.

Lors du Gouvernement Consulaire, presque toutes les dépenses des Ministères entraient, comme cela doit être, dans les résultats généraux des Budjets de l'Etat soumis au Corps Législatif; mais lorsqu'on eut entrepris des Guerres ruineuses, il devint si difficile de subvenir à ces dépenses, malgré l'énorme augmentation des Contributions, que les Ministres, et principalement celui de l'Intérieur, n'eurent d'autre ressource que de proposer des Taxes, des centimes additionnels ou perceptions spéciales, à l'effet de couvrir des dépenses auxquelles ne suffisaient plus les crédits qui leur étaient accordés sur les fonds généraux de l'Etat.

Par ce moyen, les Départemens et les Communes, après avoir payé les Contributions ordinaires, n'obtenaient presque rien dans la répartition du produit général de ces Contributions, et se trouvaient encore réimposés en centimes additionnels, pour les routes, prisons, canaux, casernes,

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