Sidebilder
PDF
ePub

Puissances eussent déposé les Armes entre les mains de l'Ennemi commun; elles eussent trompé l'attente des Nations et la confiance de leurs Alliés.

C'est dans un moment aussi décisif pour le salut du Monde, que les Souverains Alliés renouvellent l'engagement solennel, qu'ils ne poseront pas les Armes avant d'avoir atteint le grand objet de leur Alliance. La France ne peut s'en prendre qu'à son Gouvernement des maux qu'elle souffre. La Paix seule pourra fermer les plaies qu'un esprit de domination universelle, et sans exemple dans les annales du Monde, lui a portées. Cette Paix sera celle de l'Europe; toute autre est inadmissible. Il est temps enfin que les Princes puissent, sans influence Etrangère, veiller au bien-être de leurs Peuples; que les Nations respectent leur indépendance réciproque; que les institutions sociales soient à l'abri de bouleversemens journaliers, les propriétés assurées et le commerce libre.

L'Europe entière ne forme qu'un vou, celui de faire participer à ces bienfaits de la Paix, la France, dont les Puissances Alliées ellesmêmes, ne désirent, ne veulent et ne souffriront pas le démembrement. La foi de leurs promesses est dans les principes pour lesquels elles combattent. Mais par où les Souverains pourront-ils juger que la France veut les partager ces principes, qui doivent fonder le bonheur du Monde, aussi long-temps qu'ils verroient que la même ambition qui a répandu tant de maux sur l'Europe, est encore le seul mobile du Gouvernement; que, prodigue du sang Français et le versant à flots, l'intérêt public est toujours immolé à l'intérêt personnel? Sous de tels rapports, où seroit la garantie de l'avenir, si un système aussi destructeur ne trouvoit pas un terme dans la volonté générale de la Nation? Dès-lors la Paix de l'Europe est assurée, et rien ne sauroit la troubler à l'avenir.

MANIFESTE du Roi de Bavière, contre la France.Munich, le 14 Octobre, 1813. [Traduction.]

CHACUN connoît les rapports qui depuis 8 ans attachent la Bavière à la France, ainsi que les motifs qui les ont amenés, et la fidélité scrupuleuse avec laquelle le Roi en a rempli les conditions.

D'autres Etats se joignirent successivement aux premiers Alliés de l'Empire François. La réunion des Souverains prit la forme d'une espèce de Confédération dont l'histoire d'Allemagne offre plus d'un exemple.

L'Acte de Confédération, signé à Paris, le 12 Juillet, 1806 *, quoique incomplet, établit les rapports réciproques qui devoient exister * See Martens. Supplement. Vol. 4. Page 313.

entre les Etats Confédérés et Sa Majesté l'Empereur des François comme Protecteur de cette Confédération.

La base de cette Convention étoit l'intérêt réciproque des 2 Partis: il n'en pouvoit exister aucune autre, autrement cet Acte de Confédération n'eût été qu'un Acte de sujétion absolue. Il paroît que le Gouvernement François le regarda dans le fait comme tel, car, dans toutes les Négociations qui suivirent cette Convention solennelle, il ne prit en considération, dans l'application du principe qui rendoit la Guerre Continentale commune aux diverses Parties Contractantes, ni l'esprit ni les motifs qui avoient présidé à la formation de cet Acte; il lui donna arbitrairement l'interprétation la plus étendue, et requit, en conséquence, suivant son caprice, les Troupes des Confédérés pour des Guerres entièrement étrangères à leurs intérêts, et dont on ne leur communiquoit pas préalablement les causes.

La Bavière qui considéroit la France comme un des appuis principaux de sa conservation, et qui par conséquent ne prenoit pas garde à des irrégularités dont le principe éveilloit néanmoins ses plus sérieuses sollicitudes, remplit avec un zèle et une loyauté sans bornes ses engagemens envers la France. Aucun sacrifice ne lui fut trop cher pour répondre aux vues de son Allié et contribuer au rétablissement de la Paix Continentale, but qu'il annonçoit comme celui qui lui faisoit renouveler ses entreprises. Ses mesures relativement au commerce, ses relations politiques se modelèrent exactement sur ce que faisoit la France, quelque coûteux que fussent ces sacrifices au bien-être du Pays et aux penchans personnels du Souverain.

L'Empereur Napoléon, ayant en 1812 résolu la Guerre contre la Russie, requit la Bavière de fournir le maximum de sou contingent. Il est incontestable que cette Guerre étoit absolument étrangère à l'intérêt de la Bavière; il lui étoit, à tous égards, douloureux d'employer ses Forces contre un Etat qui avoit toujours été son Ami et depuis long-temps le garant de son indépendance, et contre un Souverain uni par un double lien à la Famille Royale.

Déjà le Ministère François avoit employé les expressions les plus alarmantes, et les avoit proclamées à la face de l'Europe dans des pièces diplomatiques. Ces expressions ne tendoient à rien moins qu'à représenter les Etats Confédérés comme étant les Vassaux de la France, leurs Princes comme étant tenus, sous peine de félonie, de faire tout ce que Sa Majesté l'Empereur Napoléon voudroit exiger d'eux, et tous les changemens que pourroit, d'après la volonté Impériale, subir un Etat Confédéré, comme n'étant que des affaires intérieures de l'Empire, en quelque sorte des objets de Famille, dans lesquelles aucune Puissance n'avoit le droit de s'immiscer.

Quelque inquiétude que des expressions dérivant de principes semblables dussent causer, la Bavière résolut néanmoins, puisqu'ils 'n'étoient appuyés sur aucun point de droit, et qu'on pouvoit les

regarder comme un abus et non comme une règle, de faire joindre l'Armée Françoise par 30,000 Hommes de ses Troupes.

Les calamités inouïes qui ont signalé cette Campagne sont trop connues pour qu'il soit nécessaire d'en retracer la peinture affligeante. Toute l'Armée Bavaroise et 8000 Hommes de renfort qui l'avoient rejointe dans le courant du mois d'Octobre furent anéantis; il est peu de Familles que ce cruel événement n'ait plongées dans les larmes, ce qui étoit d'autant plus douloureux pour le cœur paternel de Sa Majesté, que tant de sang avoit été versé pour une cause qui n'étoit pas celle de la Nation.

Cependant on faisoit des préparatifs pour une nouvelle Campagne, et la Bavière, d'autant plus fidèle à son Allié qu'il étoit plus malheureux, ne fit aucune difficulté de compléter les foibles restes des 38,000 Bavarois qui avoient combattu sous les drapeaux de la France.

Des succès brillans couronnèrent, au commencement de cette Campagne, les Armes de l'Empereur Napoléon si souvent victorieuses. L'Allemagne et toute l'Europe crurent que l'Empereur, puisqu'il se trouvoit dans une situation où il pouvoit se montrer modéré sans s'exposer à être soupçonné de foiblesse, profiteroit de la médiation que lui offroit l'Autriche dans les vues les plus nobles et les plus sages, pour rendre la Paix au Monde ou du moins au Continent.

Cet espoir agréable fut déçu; la France vit au contraire le nombre de ses Ennemis s'accroître par l'accession imposante de l'Autriche à la coalition déjà formée contre l'Empereur Napoléon.

Depuis ce moment la position de la Bavière devint extraordinairement critique. L'énergie du Gouvernement Bavarois, et l'affection. d'une Nation à laquelle aucun sacrifice ne paroît trop pénible quand il s'agit de prouver son amour à un Souverain adoré, avoient comme par enchantement fait naître une nouvelle Armée qui marcha contre les Frontières de l'Autriche.

Mais l'Armée Françoise à laquelle l'Empereur avoit donné le nom d'Armée d'observation de Bavière, et qui s'étoit rassemblée à Wurzbourg et dans les Environs, au lieu de soutenir l'Armée de Bavière et de combiner ses opérations avec les siennes, reçut tout à coup une autre destination, de sorte que les Troupes Bavaroises, isolées des Armées Françoises en Allemagne et en Italie à une distance de plus de 50 lieues, furent coupées de toutes communications avec elles et exposées aux attaques d'Armées bien plus nombreuses que l'Autriche pouvoit envoyer contre elles, ou de Partisans qui auroient consommé la ruine du Pays.

Dans une situation si critique, l'Empereur ne daigna pas s'occuper une seule fois des moyens de sauver ou de protéger son plus fidèle Allié. On ne reçut de lui aucune parole, aucun conseil, aucune promesse encourageante qui dissipât les alarmes du Gouvernement.

Bien plus, la seconde Armée d'observation, qui devoit se réunir sous le commandement du Maréchal Augereau, ne fut pas formée, et son foible noyau qui se trouvoit encore à Wurzbourg finit par disparoître entièrement.

Abandonnée aussi complètement, Sa Majesté eût manqué à ses devoirs les plus sacrés, si, se refusant aux vœux hautement exprimés par ses fidèles Sujets, elle n'eût pas cherché à les sauver d'une ruine certaine, et à épargner à la Bavière des malheurs qui ne pouvoient en aucune manière profiter à la cause de la France.

Les Souverains Alliés contre cette Puissance ne manquèrent pas de faire counoître à la Bavière les principes de modération dont ils étoient animés, et de lui assurer la garantie formelle de l'intégrité du Royaume de Bavière dans toutes ses dimensions actuelles, à condition que le Roi réuniroit ses Troupes aux leurs, non point pour faire à la France une Guerre dictée par l'ambition ou par l'esprit de conquête, mais pour assurer l'indépendance de la Nation Allemande et des Etats dont elle est composée, et engager l'Empereur Napoléon à signer une Paix honorable et solide qui garantît à chacun l'existence de ses droits les plus précieux et à l'Europe un repos durable.

Sa Majesté n'auroit pu rejeter des propositions semblables sans se grever d'une dette envers ses Sujets, et sans méconnoître les principes sacrés sur lesquels seuls peut reposer leur bonheur.

Pleine de confiance en des offres si ouvertes et si magnanimes, elle a résolu de les accepter dans toute leur étendue, et de conclure avec les 3 Puissances Confédérées, contre les projets ambitieux divulgués par le Gouvernement François, un Traité d'Alliance* dont les Hautes Parties Contractantes feront tous leurs efforts pour assurer l'heureux succès.

Sa Majesté souhaite qu'une Paix prompte rétablisse bientôt des rapports d'amitié appuyés sur des bases acceptables, rapports auxquels elle n'a renoncé que lorsque l'extension injuste d'une Puissance qui devenoit chaque jour plus accablante, et l'abandon total dans lequel on laissoit la Bavière au milieu de la crise la plus grave où elle se soit jamais trouvée, lui ont fait un devoir et un besoin du parti qu'elle a pris.

Réunie dorénavant d'intérêt et d'intentions avec ses illustres et puissans Alliés, Sa Majesté ne négligera rien de ce qui peut serrer plus étroitement les liens qui l'attachent à eux, et pour faire triompher la plus belle et la plus noble des causes.

Munich, le 14 Octobre, 1813.

[MAXIMILIEN.]

* See Traité Préliminaire d'Alliance.-Ried, le 8 Octobre, 1813. Page 106.

DECLARATION du Roi de Dannemarc contre la France.Middelfaart, le 17 Janvier, 1814.

[Traduction.]

GRACES aux soins du Gouvernement Danois, la Guerre, qui depuis 15 ans ravageoit l'Europe, n'avoit pas troublé le repos du Dannemarc. Mais le Roi se vit tout à coup dans la nécessité de prendre des me. sures de défense, soit pour protéger la navigation de ses Sujets, soit pour garantir ses Pays contigus à l'Allemagne.

L'attaque de la Capitale des Etats de Sa Majesté, et l'enlèvement de sa Flotte par les Anglois en 1807, mirent fin à cet état de tranquillité dont Sa Majesté avoit eu le bonheur de faire jouir ses Sujets. Les Etats Danois eurent par cette attaque un Ennemi commun avec la France, ce qui fit rechercher et conclure une Alliance avec cette Puissance. L'Empereur Napoléon promit publiquement et formellement des Hommes et de l'argent. Une Armée nombreuse entra en effet dans les Etats de Sa Majesté. Il étoit convenu que l'entretien de ces Troupes seroit aux frais du Gouvernement François; il se montoit à plusieurs millions de rixdallers. Cette Armée resta, sans rien entreprendre, plus longtemps à la charge du Gouvernement qu'il ne l'eût souhaité. Les frais de son entretien ne furent pas remboursés au Dannemarc, et ses réclamations à cet égard furent aussi infructueuses que celles qu'il fit relativement à l'argent promis. Les finances d'un Etat dont la Guerre Maritime avoit déjà diminué les ressources, et que cette nouvelle dépense avoit totalement épuisées, ne tardèrent pas à éprouver les effets les plus désastreux de l'introduction du Système Continental que l'on faisoit regarder comme un moyen d'amener la Paix Générale. L'incorporation à l'Empire François des Villes Hanséatiques et des Provinces voisines devint ensuite le plus pesant fardeau, relativement aux relations commerciales avec l'Allemagne. Les effets s'en étendirent même jusqu'aux communications scientifiques.

Des promesses formelles réitérées plusieurs fois avoient fait espérer que ces obstacles si contraires à la bonne intelligence que Sa Majesté s'efforçoit d'entretenir avec le Gouvernement François seroient écartés, mais cette espérance fut encore vaine. Pendant la retraite de l'Armée Françoise dans l'hiver de 1812 à 1813, les Troupes de cette Nation, qui conformément à la Convention auroient dû couvrir les Frontières du Holstein, disparurent. Le Gouvernement François ayant déclaré à peu près à la même époque qu'il étoit prêt à nouer avec tous ses Ennemis des Négociations pour la Paix, le Roi trouva qu'il convenoit á ses intérêts de faire des propositions pacifiques au Roi de la Grande Bretagne. L'Alliance avec la France n'avoit plus aucun but. Le Roi eût bien voulu empêcher Hambourg et Lubeck de retomber au pouvoir des François, afin d'éloigner la Guerre de ses Frontières et

« ForrigeFortsett »