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Benedicti XIV bullarium, editio nova (1).

Le commencement de cette édition fut annoncé dans ce journal, no 1374; il en avoit alors paru 8 volumes, qui contenoient les bulles et rescrits de Benoît XIV. jusqu'en 1751. Les quatre volumes que nous avons reçus vont jusqu'en 1757. On se rappelle que le nouvel éditeur a suivi la distribution de l'édition in - folio donnée à Rome de 1746 à 1757, de manière que chaque vol. in-folio répond à 3 vol. de l'édition nouvelle. Les supplémens et appendices sont placés de même à la fin des volumes, et n'ont point été mis au rang qu'ils. auroient dû occuper dans l'ordre chronologique.

Le tome IX de l'édition in-12 est la fin du 3 vol. in-folio. Les tomes X, XI et XII répondent au tome IV de l'édition de Rome; ils renferment plusieurs constitutions importantes, des décrets, des rescrits, des allocutions. Il y a des dissertations curieuses, celle entr'autres où le savant Pape examine si, à cause de l'état de sa santé et de la foiblesse de ses jambes, il ne pourroit pas dire la messe assis. Cette dissertation, qui est en forme de lettre adressée au maître des céré monies, offre des développemens inattendus sur une matière qui ne sembloit pas y prêter.

Le tome XII est terminé par une table générale des constitutions rangée suivant l'ordre des années. Nous ne savons si cette table est celle qui avoit été annoncée et qui devoit former le tome XIII; il est possible que la publication de ce dernier volume ait été retardée par le travail qu'a dû demander la table des matières. Cette nouvelle édition doit être accueillie les par

(1) 12 vol. in-12, prix, 4 fr. le volume. A Malines, chez Hanicq; A Paris, chez Méquignon-Junior, et chez Ad. Le Clere et compagnie, au bureau de ce journal.

Tome LVI L'Ami de la Religion et du Roi.

B

théologiens, par les canonistes et par tous ceux qui s'occupent d'histoire ecclésiastique et des diverses branches des sciences sacrées.

Mélanges religieux, par Me Natalie P*** (1)..

C'est le titre qu'on a donné à un recueil d'opuscules dont l'auteur étoit une jeune personne aussi distinguée par l'élévation de son ame que par sa piété. Mlle P*** étoit née en 1795; son père, qui occupoit une place importante au trésor, mourut dans sa 34 année, laissant une veuve et trois enfans. Mme p*** se consacra toute entière à l'éducation de ses enfans; leurs heureuses dispositions firent d'abord son bonheur. Sa fille, qui étoit l'aînée, comprit dès son enfance la grandeur et la beauté de la religion, elle travailloit à orner son ame de vertus et de mérites. Dévouée à ses frères, elle crut adoucir leurs études en les partageant, et voulut apprendre le latin avec eux. Elle s'essayoit à des compositions qui ont été comme le prélude de celles dont nous avons à rendre compte. Ces dernières ont pour objet soit sa propre sanctification, soit celle de ses frères, soit l'instruction des jeunes filles des écoles gratuites. Jeune encore, elle se livroit aux bonnes œuvres, et ne paroissoit occupée qu'à se rendre agréable à Dieu et utile au prochain, quand une suite de coups terribles frappa cette famille si unie et si heureuse. Au commencement de 1819, Mile p*** fut atteinte d'une maladie de langueur qui se prolongea pendant quatre années, et qui fit éclater son courage et sa résignation. Le 30 octobre 1820, elle perdit un de ses frères, Eric P***, déjà vice-consul à Cadix, enlevé par une maladie violente à l'âge de 23 ans, lorsqu'il étoit venu passer quelques jours au sein de sa

(1) Deux petits vol. in-12, prix, 6 fr. et 7 fr. 25 c. franc de port. A Paris, chez Blaise, rue Férou, et au bureau de ce journal.

a

er

famille. Le souvenir de cette perte a constamment occupé M11* P*** dans ses longues et douloureuses infirmités, et elle a consigné ses tristes pensées dans des fragmens pleins d'intérêt et de sensibilité. Elle succomba le i avril 1823 à ses souffrances, ayant marqué les progrès de sa maladie par ses progrès dans l'amour de Dieu et dans le détachement de toutes les choses terrestres. Un seul fils restoit à une mère désolée; il tombe malade à Naples en 1824; la mère en est instruite et court lui donner des soins. Les médecins déclarent que l'air natal peut seul sauver ce jeune homme; il se met en route pour la France et il arrive à Sestri di Levante, dans l'Etat de Gênes :

il ne

« Là, au milieu des douleurs de tout genre, songeoit qu'à sa mère, seule et désolée sur ce rivage étranger, auprès du lit de mort de son dernier enfant, et il dévoroit ses maux pour alléger les siens. Mais Dieu, qui visite l'homme par l'adversité, avoit parlé à son cœur; sa foi étoit devenue aussi vive qu'aux premiers jours de sa jeunesse. Il se confioit surtout aux prières de sa sœur, dont il avoit toujours écouté les paroles avec une tendre vénération, et qu'il voyoit maintenant veiller du haut du ciel sur sa malheureuse famille. Après treize jours de souffrances, fortifié par le secours de l'Eglise, il fit avec un pieux courage le sacrifice de sa vie, bénissant Dieu jusqu'au dernier soupir d'avoir conduit sa mère pour lui fermer les yeux (1)..... La mère resta seule sur la terre. »

Ainsi finit une Notice qui ouvre le premier volume, et qui fait connoître l'auteur et le sujet de ces Mélanges religieux. Ces Mélanges sont en deux parties; la première comprend quatre instructions sur des évangiles, des avis aux enfans qui se préparent à la première communion, des conseils à un jeune homme qui va entrer dans le monde, des pensées détachées, des

(1) Ce jeune homme, nommé Arthur P***, mourut le 21 juillet 1825.

fragmens où l'auteur épanche sa douleur sur la mort de son frère, et des élévations à Dieu pendant sa maladie. Ces élévations embrassent un espace de deux ans et demi; le jugement qu'on en a porté dans la Notice est aussi vrai que touchant:

« Au milieu des progrès effrayans de la maladie, Me Natalie ne perdit rien de la liberté de son esprit; elle continuoit, suivant sa coutume, de se rendre compte de ses dispositions et de ses pensées. Nous avons conservé les lignes qu'elle traçoit de sa main défaillante, aux différentes époques de sa longue agonie, et particulièrement aux jours où elle recevoit dans la communion le Dieu qu'elle alloit voir face à face; la date de chacun de ces jours marque un pas de plus vers l'éternité. En lisant ces révélations d'une belle ame sur le point de briser ses liens, la nature se trouble et la foi s'agrandit. La nature reconnoît encore ses terreurs, ses espérances et les vicissitudes de son dernier combat; mais bientôt les vues de la foi deviennent plus nettes et plus prononcées. L'ange du Seigneur est aux côtés de cette fille bénie, un jour plus pur l'envi ́ronne et la fortifie; elle regarde avec sérénité les approches de la mort, et à mesure que la vie terrestre P'abandonne, elle s'élève vers le ciel. »

Parmi plusieurs passages que nous pourrions citer, nous choisissons celui où M1 p*** déplore le refroidissement de son jeune frère pour la piété, de celuilà même dont nous avons raconté la fin édifiante; ce fragment est du 28 mai 1822 :

«Seigneur, faudra-t-il donc aussi que celui-ci parte? En quels lieux, en quelles mains tombera-t-il? Vous le savez vous seul, ô père de tous les hommes! Hélas! mon Dieu, cet enfant que j'ai vu si soumis à vos lois, si exact à votre service, et que je me réjouissois de voir à mes côtés vous prier dans votre saint temple, n'y reviendra-t-il plus pour vous bénir encore? La foi est-elle pour toujours bannie de ce cœur si droit et

jadis si fidèle? Faudra-t-il qu'il ignore à jamais ce que c'est que le bonheur de vous aimer, ô vérité éternelle, ô bonté infinie? Seigneur, ne le permettez pas, rappelez-vous les jours de son enfance, ces jours d'innocence et de sagesse où cette ame, ignorant les passions d'un autre âge, avoit compris que le bonheur étoit dans l'accomplissement de votre loi et ne le cherchoit pas ailleurs. Rappelez-vous les jours de son enfance et ne vous souvenez plus des jours de sa jeunesse. Loin de vous, il suit encore les conseils de sa conscience; il espère sans vous vivre en honnête homme et trouver le bonheur. O mon Dieu, répandez votre lumière dans son ame, dissipez son erreur par votre grâce, avant que la cruelle expérience vienne la faire cesser. Pasteur éternel, ramenez cette brebis au bercail, avant qu'elle ne soit devenue indigne de vos bienfaits et plus accablée de misères. »

La seconde partie des Mélanges contient des instructions sur quelques évangiles des dimanches après Pâque et après la Pentecôte; ces instructions étoient destinées aux enfans des écoles de charité, ainsi que d'autres instructions sur les commandemens de Dieu ou de l'Eglise. Le volume est terminé par quelques réflexions sur les vérités de la foi, que l'auteur, à peine âgée de 17 ans, avoit adressées à une de ses amies.

Ce recueil est accompagné du rapport du vénérable et judicieux ecclésiastique qui avoit été chargé par M. l'archevêque d'examiner ces différentes pièces. Le rapport est très-favorable; les divers morceaux qui entrent dans ces Mélanges nous ont paru, en effet, dignes de l'intérêt des lecteurs par la piété qui y règne, par l'esprit de sagesse et de raison qui s'y fait sentir, par des vues qu'on croiroit ne pouvoir appartenir qu'à une longue expérience. Là, la religion se montre, comme dit l'éditeur, assise, pour ainsi dire, au foyer domestique, se mêlant aux actions ordinaires et ne se démen. tant jamais au milieu des distractions et des épreuves de la vie commune.

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