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M. de Conny, et lui a inspiré le discours qu'on va lire. Nous pouvons d'autant moins nous dispenser de le donner en entier, que plusieurs journaux ont affecté d'en parler avec une sécheresse et une brièveté qui contrastent avec le soin qu'ils prennent de recueillir minutieusement les moindres paroles d'un certain côté :

« Messieurs, c'est avec un vif sentiment de douleur que je monte à cette tribune; il n'est que trop vrai, Messieurs , que des outrages å la religion et à ses ministres sont souvent répétés dans divers journaux. Lorsque l'on observe la rapidité avec laquelle circulent ces feuilles devenues la lecture de tous les instans, celle de tous les âges et de toutes les classes, pénétrant dans les villages, dans les manufactures et jusque dans les hameaux; s'adressant à toutes les intelligences et à toutes les situations sociales, on ne peut que déplorer amèrement l'influence pernicieuse qu'exerceroient sur les moeurs publiques d'une nation de tels outrages , s'ils restoient impunis.

» Le crime le plus grand qui puisse être commis, et dont la presse puisse devenir complice, seroit d'ôter à un peuple sa morale, et la cause la plus efficiente de la dissolution des mours d'une nation est toute entière, n'en doutez pas, Messieurs, dans les outrages faits à la religion et à ses ministres.

» Lorsqu'une voix s'élève pour vous présenter des veux si légitimes, loin de l'écarter, vous porterez des regards sévères sur les graves résultats qu'amèneroit un tel état de choses.

» C'est vous, Messieurs, habitans des provinces et spectateurs de tels désordres, qui mieux que d'autres pouvez résoudre une question qui touche aux intérêts les plus élevés de l'orire sucial.

» Oui, Messieurs, on ne peut qu'éprouver une profonde douleur, lorsque l'on voit sans cesse le langage de la rai lerie employé de millé manières diverses à retracer les cérémonies les plus augustes de la religion et les expressions les plus outrageantes dirigées contre ses ministres. Aucune nation ne peut résister à un tel scandale.

» Que de fois, Messieurs, ces prêtres qui, sous titre de missionnaires, se dévouent aux plus saints des devoirs, celui de porter la parole de Dieu et d'annoncer les vérités éternelles aus peuples de nos villes et de nos campagnes; que de fois, Messieurs, alors qu'ils remplissoient leur ministère sacré, ne sont-ils point devenus dans les journaux l'objet des sarcasmes et des plus lâches railleries!

La haine que l'on porle à ces missionnaires est telle que, lorsque l'on annonce la cérémonie la plus sainte qui termine leurs travaux apostoliques, la plantation de la croix, c'est souvent dans les termes les plus laches et les plus dérisoires. A la lecture de telles railleries, chrétien et Français, j'ai éprouvé un sentiment de douleur et de honte.

» Ces sentimens, Messieurs, nous les partageons tous, la croix a sauvé le monde, et le jour où les peuples assistent à ces cérémonies sacrées, tous leur doivent respect ; j'ajouterai même ceux qui, sous divers points, ne partageroient point nos croyances.

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» Certes, Messieurs, le clergé français n'a pas besoin qu'une foible voix s'élève pour le défendre; ses vertus, son zèle éclairé, son ardente et inépuisable charité, les bienfaits immenses dont il a couvert notre pays, parlent assez haut pour répondre aux impuissans efforts de ses détracteurs. Nous sommes trop Français pour perdre jamais la mémoire de tels bienfaits. Tous les monumens de notre histoire les attestent. Le clergé a civilisé les Gaules, nous lui devons les premiers pas que nous fimes hors des routes de la barbarie, et il alluma autrefois le flambeau des sciences et des lettres dans notre patrie. Il a couvert le sol que nous habitons de monumens, dont les débris attestent encore la puissance de cette religion qui a civilisé, 'éclairé et consolé la terre. Concevroit-on la pensée, Messieurs, de pofter atteinte à la gloire du clergé français, en affectant de rappeler sans cesse dans les journaux quelques-unes de ces actions commises par divers ecclésiastiques, et qui ont reçu de la justice humaine un légitime châtiment ?

Quand des tribunaux impassibles, mais inexorables, ont prononcé, est-il juste, Messieurs, de rappeler de tels souvenirs à la mémoire des peuples; et voudroit-on, en les retraçant sans cesse, appeler le mépris sur le corps entier, dont quelques hommes indignes ont fait partie, voeux criminels, mais impuissans. Permettez, Messieurs, une compa. raison qui peut-être n'est pas sans quelque analogie. Je vois parmi vous assis sur ces Lancs, divers des guerriers nobles représentans de la gloire française, ceux qui ont porté la renommée de nos armes dans toutes les contrées du monde; eeux qui ont attaché nos drapeaux au pied des pyramides, au sommet du Kremlin, c'est à eux que je m'adresse : je leur demande si au milieu de ces bataillons qu'ils ont tant de fois conduits à la victoire, il ne se rencontre pas quelque fois des soldats transfuges désérteurs de leurs drapeaux, et indignes du nom français

» Eh bien! Messieurs, a-t-on jamais pensé que la honte de ces misérables puisse porter atteinte à la gloire de nos armées; n'ontelles point été et ne seront-elles pas à jamais les premières armées

વે du monde. Le nom même de ces transfuges est oublié, il est trop vil pour qu'on en puisse conserver la mémoire. Qu'il en soit ainsi, Mes. sieurs, de l'armée sainte des lévites ; imitons ce noble silence.

» Qu'importe en effet, Messieurs, à la gloire du clergé français que quelques membres indignes viennent à de grandes distances affliger par leur conduite et les fidèles et les chefs du sacerdoce. De tels faits disparoissent devant l'immensité de ses vertus et de ses services.

» La gloire du clergé français', immortelle comme ses vertus, est écrite dans toutes les pages de notre histoire, les siècles l'ont consacrée; ses monumens sont indestructibles. Le sang de ses martyrs qui arrosa la France l'attestera à la plus lointaine postérité.

» Ce sont les adversaires mêmes du clergé français qui, dans nos temps de troubles et de désordres, témoins de tant de vertus et de tant' d'héroïsme, en ont conservé le souvenir et l'apprendront aux siècles à venir. » Voyez l'Angleterre protestante redire les vertus du clergé fran.

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(4) çais et rendre le plus éclatant hommage aux prêtres proscrits, et sur la terre d'exil priant Dieu pour la France.

» Voyez la Hollande et la Suisse protestantes raconter encore après plus de 20 ans les vertus de ces prêtres auxquels elles vinrent ollrir la plus nuble et la plus généreuse huspitalité.

» Messi urs, le clergé français de notre époque sera digne des vertus de ses advers-ires, il marchera dans les mêmes voies à l'accomplis, sement de sa haute mission : fidèle aux enseigneinens du divin maitie, il annoncera la vérité aux perples, ei l'Europe entière continuera d'almiier avec un noble orgueil les vertus et le bienfaits du clergé français , honneur immortel de la patrie.

» Je demande donc que la pétition soit renvoyée à la commission chargée d'examiner le projet de loi sur la presse périodique.

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Ce discours, qui a excité plus d'une fois les applaudissemens du côté droit, a provoqué aussi par intervalles les murmures du côté gauche. M. Méchin s'est hâté de monter à la tribune, pour affoiblir l'impression des réflexions de M. de Conny. Il a prétendu que les lois sur la presse contenoient des dispositions très-sévères contre les insultes à la religion et à ses ministres, et que c'étoit calomnier les tribunaux que de présenter ces dispositions comme insuffisantes. Jamais, dit.il, la religion et ses ministres, n'ont eu moins à se plaindre d'outrages, jamais les temples ne furent plus fréquentés, jamais on ne bâtit plus d'églises ; on donne 40 millions au clergé. Jamais l'irreligion ne fut moins à la mode, les insultes contre la religion et les prêtres seroient aujourd'hui de inauvais goût, etc., etc. Tel a été le fond du discours de M. Méchin; nous avions déjà lu ces assertions dans le Constitutionnel ou dans les Débats, et elles ne nous ont rien offert de nouveau. De ce qu'on donne 40 millions au clergé, il ne s'ensuit pas qu'il n'y ait pas de journaux qui insultent les prêties. Si ces insultes sont de mauvais goût, comment

. les tolère-t-on ? On trouve que les temples sont assez fiéquentés; il est à croire que ceux qui font cette remarque nė sont pas fort instruits de ce qui s'y passe. Déplorons cette indifférence qui ne s'émeut point des maux de la religion, des attaques qu'elle essuie, des livres et des déclamations qui tendent à la déraciner du fond des cours, des pertes qu'elle fait tous les jours et des dangers qui la menacent. Si on se permettoit contre le gouvernement représentatif la moitié des injures qu’on adre:se à la religion, avec quelle énergie des réclamations s'éleveroient de toutes parts contre

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oet excès d'audace ! Mais quand il n'est question que des intérêts de la religion, nos politiques sont troids et tranquilles; ces minuties ne leur paroissent pas dignes de leur sollicitude.

En conséquence, on a passé à l'ordre du jour sur la pétition, et les auleurs des petits et grands journaux sont bien avertis qu'ils peuvent continuer impunément leurs plaisanteries, leurs déclamations et leurs invectives. Il est reconnu que les lois sur la presse sont bien assez sévères, ct que les tribunaux les appliquent d'une manière excessivement rigoureuse.

NOUVKLLES ECCLÉSIASTIQUKS.

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Rome. Son Em. M. Charles-François Caselli, cardinal et évêque de Parnie, vient de mourir dans sa 88° année. Né à Alexandrie le 20 octobre 1740, il étoit entré dans l'ordre des Servites, et devint procureur-général de son ordre et consulteur de la congrégation des Rits. Employé dans plusieurs négociations in portantes, il fut un des signataires du concordat en 1891. Le 4 avril 1802, Pie VII le fit évêque de Sida in part. Ce pontife l'avoit réservé in petto dans la promotion des cardinaux du 23 février 1801, et le déclara dans le consistoire du 9 août 1802. Le nouveau cardinal eut le titre presbytéral de St-Marcel et fut préconisé évêque de Parme le 28 mai 1804. Il accoinpagna Pie VII dans son voyage à Paris à la fin de cette année, et retourna avec lui en Italie. LE’tat de Parme ayant été réuni à l'empire français, le cardinal Caselli se trouvoit encore plus que les autres sous le poids du despotisme de Buona parte. On l'obligea de venir en France en 18og, et il assista au mariage de Napoléon avec l'archiduchesse en 1810. L'année suivante, il fut nommé membre de la seconde commission établie pour les affaires ecclésiastiques , et siégea au concile, où il fut de la commission de l'adresse. Les évènemens de 1814 lui rendirent sa liberté, il retourna à son siège, et se trouva sujet de l'archiduchesse Marie-Louise, qui le nomma conseiller intime et membre de l'ordre de St-Georges. En 1823, il se rendit à Rome pour le conclave, où il entra le 18 septembre, peu de jours avant l'élection. Il est mort le 19 avril à Parmie,

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ayant conservé jusqu'à la fin une tête -saine et une santé étonnante pour son âge. Ses diocésains ont perdu un pasteur plein pour cux de bienveillance et d'attachement.

Paris. La neuvaine pour le Calvaire a été généralement favorisée par le beau temps, et remarquable par le concours des fidèles. Le jeudi, il y eut une communion générale des 'congrégations de Ste-Geneviève. Ce jour, Mme la Dauphine alla faire les stations. Le samedi 10, le Roi, M. le Dauphin et Mmo la Dauphine montèrent au Calvaire, entendirent la messe et firent les stations. S. M. fut reçue par M. l'abbé Rauzan, accompagné de ses missionnaires. La présence et la piété du Roi excitèrent un vif enthousiasme parmi la foule des bons fidèles qui visitoient ce jour-là le Calvaire.

La commission établie sur les écoles ecclésiastiques s'assembloit assez régulièrement deux fois par semaine, une fois au Louvre, une fois à l'archevêché. On lui a fourni les renseignemens envoyés par les préfets et par les recteurs des académies. Un journal avoit annoncé que très-peu d'évêques avoient répondu; nous croyons l'assertion peu exacte. Plusieurs prélats ont pu différer de répondre par plusieurs motifs, mais en dernier lieu la plupart avoient répondu. Si nous nous en rapportons à des renseignemens que nous devons croire fondés, quatre ou cinq seulement ont gardé un silence absolu; à peu près autant ont fait des réponses géné

à rales, et dans lesquelles ils se sont abstenus de satisfaire d'une manière précise aux questions qui leur avoient été adressées. Dans leurs réponses plus ou moins fortes, les prélats insistent sur les droits de l'épiscopat, sur le vide qui existe encore dans le sanctuaire et sur la nécessité des petits séminai

fournir des prêtres aux diocèses. On cite plusieurs de ces réponses qui sont rédigées avec autant de force

que

de sagesse. Les évêques qui ont des Jésuites dans leurs petits séminaires ont fait, dit-on, des réponses assez semblables, au moins

pour le fond, et ont déclaré que les Jésuites avoient été appelés par eux, et étoient comme les autres ecclésiastiques du diocèse soumis à leurs ordres et placés sous leur surveillance; si, dans leur intérieur, ils suivent une règle particulière, ils n'en sont pas moins sous la main de l'évêque, soit pour l'enseignement, soit pour l'exercice du ministère. Aussi on dit

que, dimanche dernier, la commission a donné un avis favorable à l'existence des Jésuites dans les petits

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