Sidebilder
PDF
ePub

de cette peine, à Dieu ne plaise ! mais il remarque pourtant avec une courtoisie charmante, que la magistrature seroit peut-être autorisée à reconnoltre la un délit; et en disant cela, le journaliste, qui n'est point hypocrite, proteste de son respect pour l'épiscopat. Il expose à ce sujet une théorie vraiment singulière, c'est que tout particulier a droit de censurer un acte du gouvernement, mais qu'un évêque ne le peut pas. Tout en ce genre est permis aux journalistes, ils vous diront même que c'est pour eux un devoir rigoureux de contrôler les actes du ministère; cela est dans l'ordre légal, c'est une de nos libertés publiques, c'est le fondement du régime constitutionnel.

Quant aux ministres du culte, c'est différent; ils n'ont pas le même privilège que les journalistes, on fait revivre pour eux le code du despotisme, on les dénonce indirectement, on suppose qu'ils prêchent la révolte. Pour traduire cela en français, licence pour les journaux, oppression pour les prêtres; voilà la théorie dans toute sa simplicité. Elle est nette, elle est précise, elle est impartiale surtout. Aussi le journaliste, qui ne veut pas qu'on s'y trompe, la reproduit deux fois, au commencement et à la fin de son article. I tâche même de motiver sa doctrine; une opinion privée, dit-il, est sans conséquence; erronée, elle ne résiste point au choc d'une démonstration contraire. C'est avec ce beau sophisme qu'on plaide depuis dix ans pour la liberté illimitée de la presse. On a vu si les opinions privées des journalistes étoient sans conséquence, s'ils n'avoient pas un grand ascendant sur l'esprit de la multitude, s'ils ne faisoient pas en dernière analyse l'opinion de la foule.

Un journal qui a des milliers d'abonnés, qui va dans toutes les parties du royaume, qui joint le piquant de la raillerie et du persifflage au sérieux de la discussion, qui peut, tous les matins, déraisonner sur un sujet et assommer son enneini avec l'arme de l'injure ou du ridicule; un tel journal a une influence bien autrement redoutable qu'un évêque, qui n'est guère entendu que dans son diocèse, qui ne fait point d'appel aux passions, et à qui son caractère et sa position imposent une grande réserve. Il semble que le gouvernement a un peu plus à craindre d'un anonyme qui lance ses coups dans l'ombre et qui cache la main dont il frappe, que d'un évêque que l'on connoit, et qui se nomme. C'en est assez pour apprécier la théorie un peu intéressée du journaliste, qui a trop montré ici le bout de l'oreille, et qui, en faisant un crime à un évêque de ce que lui-même s'est permis tant de fois, affiche une partialité qui devroit lui ôter tout crédit.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Sur le refus de M. d'Astros, évêque de Bayonne, qui avoit été nommé à l'archevêché de Besançon, M. l'abbé duc de Rohan, précédemment nommé à Auch, a été, par

ordonnance du 6 de ce mois, nommé à Besançon. Cette nomination a paru au moment même où on apprenoit que M. l'abbé de Rohan avoit été préconisé à Rome, dans le consistoire du 23 juin, ainsi que M. d'Hautpoul, nommé à Cahors. Nous donnerons, dans le numéro prochain, la liste des évêques préconisés dans ce consistoire. La nomination de M. le duc de Rohan à Besançon sera une heureuse nouvelle pour le clergé de ce diocèse, si distingué par sa piété, par son zèle et par son attachement aux règles de l'Eglise, et si digne par là d'avoir un chef plus recommandable encore par les vertus d'un prêtre et d'un pasteur que par son rang et ses titres selon le monde. M. le duc sera remplacé à Ausch par M. le cardinal d'Isoard, ancien auditeur de rote, qui est revenu en France depuis quelques mois, et que l'on prévoyoit devoir être nommé bientôt à un siège. M. le cardinal d'Isoard avoit plus d'un titre pour appartenir à l'épiscopat français; sa conduite à Rome pendant plus de vingt ans qu'il y a rempli une mission pour la France lui a concilié l'estime générale.

-Le Courrier français, dans un de ses derniers numéros, dit qu'il paroît que l'épiscopat en masse suit l'impulsion donnée par M. l'archevêque de Paris. Nous pouvons assurer à notre tour que c'est faire à ce prélat un honneur auquel il est fort éloigné de prétendre. Dans les causes où la religion. est intéressée et la conscience engagée, M. l'archevêque peut bien demander des conseils à l'épiscopat, recevoir son impulsion; mais il ne cherche pas certainement à la lui donner. Cette haute direction n'appartient qu'à un seul dans l'Eglise catholique, au Pape, vicaire de Jésus-Christ, successeur de saint Pierre, pasteur des pasteurs, et qui seul a reçu le pouvoir de gouverner les fidèles et les évêques et de confirmer ses frères. L'épiscopat français s'est toujours fait gloire de consulter le saint Siège dans les affaires de foi et de discipline ecclésiastique, toujours il y a trouvé sa consolation; nous espérons que cette gloire et cette consolation ne lui manquerout pas dans les circonstances difficiles où il est actuellement placé. Nous savons de plus que, si les évêques de France sont soumis de cœur et d'affection au souverain pontife dans les choses spirituelles, ils ne le sont pas moins au Roi dans celles qui regardent la terre; nous ne craignons donc pas qu'ils s'écartent jamais de l'obéissance et du respect qu'ils doivent à l'une et à l'autre autorité.

[ocr errors]

-

- La circulaire suivante a été adressée par M. l'archevêque, le ar juillet, aux curés des douze arrondissemens de la capitale :

« Monsieur le curé, je vous donne avis qu'en vertu de l'article 3 de l'ordonnance du 21 avril 1828, concernant l'instruction primaire, je vous ai désigné, en qualité de délégué, pour présider le comité gratuit du arrondissement de la ville de Paris, qui doit être formé pour surveiller et encourager l'instruction primaire.

>> De plus, j'ai désigné, comme membres du même comité dont la nomination m'appartient, MM. les curés de..... et de.....

» Je vous prie de faire connoître à ces MM. leur nomination : j'en informe M. le ministre de l'instruction publique, ainsi que de la vôtre. Je vous prie aussi de concerter avec eux les mesures que vous croirez les plus propres à fortifier' dans les écoles primaires l'influence de la religion, et de m'instruire de tout ce que vous jugerez qu'il seroit désirable de chercher à obtenir : je m'emploierai de tous mes moyens pour seconder vos efforts.

» Désirant prévenir beaucoup d'inconvéniens qui me paroîtroient résulter de l'obligation où se trouveroient MM. les délégués ou curés, de délivrer le certificat d'instruction religieuse exigé des aspirans à l'instruction primaire par l'art. 9 de l'ordonnance, et voulant en même temps prendre d'autant plus de précautions, que l'autorité de la religion sur les écoles primaires est plus restreinte par la même ordonnance, je me suis réservé exclusivement le droit de délivrer ledit certificat d'instruction, religieuse, et j'ai formé un conseil d'examen devant lequel les aspirans devront se présenter pour l'obtenir. Ce conseil, composé de MM. les grands-vicaires, archidiacres, le chanoine archiprêtre, le chanoine pénitencier, le chanoine théologal, et de M. l'abbé Nicole, l'un de mes vicaires-généraux, se réunira à l'archevêché les lundis de midi à deux heures; il sera présidé par moi, et j'y ai adjoint un chanoine de la métropole pour remplir les fonctions de secrétaire. C'est à lui que toutes les demandes et pièces devront être adressées ou remises à l'effet d'obtenir le certificat d'instruction religieuse.

» Par l'article 20, l'ordonnance n'a pu rien ajouter au droit des pasteurs sur la visite et la surveillance des écoles primaires, non plus qu'elle n'en pouvoit rien diminuer. MM. les curés doivent donc se livrer sans inquiétude, comme avant l'ordonnance, à tout ce que leur prescrivent à cet égard le zèle et la charité pastorale : j'ai la consolation de n'avoir pas besoin de leur faire sur cet objet la moindre recommandation. »

La Gazette des tribunaux a présenté quelques observations sur le réquisitoire de M. Menjot de Dammartin dans l'affaire Dumonteil; elle convient d'abord que le Globe, n'a pas répondu d'une manière assez directe et assez concluante

aux raisonnemens du magistrat. Elle se flatte d'être plus heureuse elle-même, et prétend que ce qu'a dit M. le substitut sur l'art. 5 de la Charte et sur la crainte de la séduction, si le mariage étoit permis aux prêtres, est plein d'exagération et de fausseté. Je reconnois, dit-elle, que permettre aux prêtres de se marier, c'est, s'ils sont pervers, leur donner un moyen de séduction, c'est livrer les familles aux dangers de la confession; je reconnois que, si, du mariage des prêtres, résultoit une entrave au libre exercice du culte, il faudroit dire que le mariage des prêtres est prohibé par l'article 5 de la Charte. Néanmoins le journaliste chicane sur ce qu'avoit dit M. Menjot, qu'il venoit réclamer pour vingt-quatre millions de Français la liberté de leur culte; sur ces vingt-quatre millions, dit ingénieusement le rédacteur, il faut retrancher les hommes, les femmes mariées, les enfans, et il ne restera, dit-il, que quelques jeunes filles nubiles. L'avocat qui a rédigé cet article a voulu s'amuser apparemment; ces quelques jeunes filles sont toutes les filles des catholiques depuis 15 jusqu'à 25 ans; elles ne forment pas sans doute un nombre si petit, et leur honneur intéresse un peu leurs familles. Ainsi, quand M. l'avocat du Roi a parlé de vingt-quatre millions de Français, il a parlé trèsbien et très-juste; car non-seulement toutes les filles qui appartiennent à l'âge marqué ci-dessus auroient à craindre la séduction, mais leurs pères, leurs mères, leurs parens auroient à craindre une tache et une douleur ineffaçables. Si l'auteur de l'article étoit père de famille, il sentiroit sans doute cela; il a un autre argument qu'il croit péremptoire : c'est qu'au lieu d'envoyer les jeunes filles se confesser à un jeune prêtre, il n'y a qu'à les envoyer à des prêtres de 50 ou 60 ans. Mais cela lui est bien aisé à dire; dans beaucoup de paroisses, dans les campagnes surtout, il n'y a pas de prêtres à choisir. Le curé est le plus souvent tout seul; jeune ou vieux, on ne peut s'adresser qu'à lui. Cette seule observation renverse la prétendue réfutation de l'avocat de Dumonteil, qui finit néanmoins cet article par un trait d'une rare présomption. Voilà, dit-il, l'argument (de M. Menjot) ruiné par sa base, et ne portant plus sur rien, absolument rien. Le pauvre jeune homme! c'est son argument à lui qui se trouve porter à faux.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. MADAMɛ, duchesse de Berri, est arrivée de Rennes à Nantes le 28 juin. Plusieurs ares de triomphe avoient été élevés auprès de la ville. Le lendemain, S. A. R. entendit la messe à la cathédrale, et se rendit sur le Grand-Cours, o elle passa la revue des troupes; elle visita ensuite plusieurs établissemens, et notamment le collège royal de Nantes, où elle voulut bien faire la distribution des prix. Elle assista aussi à la fête des fleurs instituée par la société d'horticulture de la ville. Le 30, la princesse se rendit à l'abbaye de Milleraye, où elle fut reçue par le R. P. abbé supérieur des Trappistes. Avant S. A. R., aucune autre femme que la princesse Charlotte d'Angleterre n'avoit pénétré dans la retraite de ces religieux. MADAME déjeuna à l'abbaye, et y passa trois heures. De là, elle alla visiter une des écluses du canal de Nantes à Brest, auprès de Nort, et elle s'arrêta au châtean de la Dennerie, appartenant à M. le comte de Sesinaisons, et à la Trémissonière, chez M. le baron Charette, où elle dina. MADAME quitta Nantes le 1er juillet pour continuer son voyage dans la Vendée; elle laissa, avant son départ, pour le collège royal deux médailles, l'une à son effigie, l'autre à celle du duc de Bordeaux, en témoignage de son auguste satisfaction, et elle daigna accorder son propre por trait au fidèle département de la Loire-Inférieure.

L'auguste mère du duc de Bordeaux n'a pas quitté Lorient sans avoir laissé d'abondantes aumônes pour les pauvres de cette ville et de Port-Louis. En revenant d'une promenade de mer qu'elle avoit faite à Lorient, elle accueillit avec une bonté inexprimable la veuve et les trois jeunes enfans du lieutenant de vaisseau Gaude, qui vient de mourir à Madagascar, et s'empressa de promettre à cette dame sa protection pour lui faire obtenir une pension sur la cassette du Roi.

- Vendredi dernier, M. le duc de Bordeaux a été conduit, par M. le baron de Damas, son gouverneur, à l'école royale de SaintCyr, où le jeune prince a assisté aux manœuvres exécutées par les élèves. On assure que c'est samedi prochain que la chambre entendra le rapport des pétitions pour le rétablissement de la garde nationale parisienne. Cette affaire fait grand bruit dans le monde libéral.

- Une ordonnance royale du 29 juin fixe à 65 ans, au lieu de 70, l'âge où les gens de mer qui jouissent de la demi-solde pourront tou cher le supplément de 6 ou 9 fr. par mois, et contient d'autres mesures d'encouragement pour les individus employés à la pêche des poissons frais sur les côtes.

[ocr errors]

Le ministre de l'intérieur, pour satisfaire aux réclamations du sieur Cauchois-Lemaire, appuyées par des membres de la chambre des députés, a consenti à ce que ce prisonnier, qui allègue un état de malaise et se plaint de l'insalubrité de la prison, fût transféré dans une maison de santé.

-Dumonteil vient d'interjeter appel du jugement du tribunal de première instance de la Seine, qui a rejeté ses prétentions.

« ForrigeFortsett »