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anciennes; d'autres espèrent que cela amènera forcément l'è mancipation des catholiques. En attendant, l'Irlande est livrée à la plus vive agitation, et le gouvernement n'est pas sans inquiétude sur les suites de cette effervescence. Déjà on se rend de toutes parts à Ennis, où l'élection doit avoir lieu, et le 29 juin la ville étoit remplie de monde. Des lettres postérieures annoncent que l'élection a eu lieu le 30 juin à Ennis. M. O'Connel l'a emporté d'emblée. Les électeurs arrivoient de la campagne par milliers. Le sheriff du comté a seulement demandé qu'ils ótassent la décoration verte adoptée depuis quelque temps en Irlande, et qu'on appelle l'ordre des libérateurs. M. O'Connel et ses amis y ont consenti. Ils ont exhorté les paysans à ne pas se laisser influencer par leurs propriétaires. L'exemple donné dans cette journée peut avoir de grandes suites pour l'Irlande.

On vient de commencer, sous le titre de Bibliothèque des familles chrétiennes, une collection d'ouvrages d'histoire, de morale ou de piété, qu'on a crus propres à plaire au goût, à instruire et à édifier. Cette collection, qui sera d'environ 24 volumes, comprend quelques ouvrages inédits, et d'autres auxquels on se propose de faire des augmentations. La première livraison, qui vient d'être publiée, se comde 2 volumes (1): l'un est un recueil de pièces sur la duchesse de Vallière, l'autre est le premier volume des Méditations du Père Nouet pour tous les dimanches de l'année.

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Le recueil comprend une notice sur la duchesse de la Vallière, sa vie pénitente, les sermons prononcés pour sa vêture et sa profession par Fromentières et Bossuet, cinquante lettres de la duchessc adressées pour la plupart au maréchal de Bellefonts, les Réflexions sur la miséricorde de Dieu et les Prières tirées de l'Ecriture sainte; ces deux derniers écrits sont attribués à l'illustre pénitente, et ont été plusieurs fois réimprimés. Nous pourrons revenir quelque jour sur ce recueil et en considérer les différentes parties. La notice seroit susceptible de quelques observations; la Vie pénitente, dont on ne connoit pas l'auteur, est, quoi qu'en ait dit une Biographie récente, un morceau plein d'intérêt comme de piété.

Les Méditations pour tous les dimanches de l'année sont tirées d'un ouvrage du Père Nouet, intitulé l'Homme d'oraison. Cet ouvrage, en 5 vol., renfermoit des méditations et entretiens pour tous les jours de l'année; on en a extrait ce qui regardoit les dimanches. On a cru que ces méditations convenoient mieux au commun des fidèles. Le premier volume contient les méditations depuis l'Avent jusqu'à la Fête Dieu; le second contiendra le reste des dimanches. On a joint, au premier, une notice sur le Père Nouet, sur lequel nous savons fort peu de chose : l'obscurité où il s'est tenu convenoit à l'auteur des Méditations sur la vie cachée.

L'éditeur de la Bibliothèque des familles chrétiennes se propose de publier tous les mois une livraison de sa collection.

(1) Deux vol. in-18, prix, 4 fr. 50 c. et 5 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Blaise, rue Férou, el au bureau de ce journal.

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De l'Opinion de l'ancienne magistrature française sur la société des Jésuites, par un ancien magistrat (1).

Depuis quelque temps, il a été publié d'excellens écrits, pour la défense des Jésuites, mais on n'avoit pas songé à réfuter un argument de leurs ennemis; c'est celui qui résul teroit de l'opinion attribuée à l'ancienne magistrature contre la société. Beaucoup de gens, qui n'ont point examiné le fond de la question, sont dominés par ce préjugé. L'auteur de l'écrit que nous annonçons, se propose de leur répondre en exposant les sentimens de nos plus grands magistrats à l'égard des Jésuites, depuis l'époque où cette société se dévoua à la défense de la religion contre les protestans, et ouvrit ses collèges en France. Il a partagé son écrit en cinq chapitres; dans le premier, il expose la conduite des parlemens envers les Jésuites depuis l'origine de la société jusqu'en 1594; dans le second, il rappelle ce qui s'est passé depuis 1594 jusqu'en 1604; dans le troisième, il présente l'état des Jésuites depuis la mort de Henri IV jusqu'en 1761; dans le quatrième, il explique la conduite des parlemens en 1761, et dans le cinquième, il examine les dispositions de l'édit de 1777.

Dans ce résumé rapide, l'auteur nomme d'illustres magistrats qui favorisoient les Jésuites. Christophe de Thou, premier président, père de l'historien, étoit de ce nombre. Le chancelier de l'Hôpital même, dont la catholicité étoit si suspecte, les recommanda et les protégea. Un arrêt du 5 avril 1565 autorisa les Jésuites à ouvrir leurs collèges. En 1594, sur les conclusions conformes d'Antoine Séguier, avocat-général, il fut rendu un arrêt semblable à celui de 1565, et les collèges des Jésuites furent maintenus. Le chancelier de Chiverny, dans ses Mémoires, rendant compte de l'affaire de Châtel, dit que les ennemis des Jésuites trouvèrent dans cette affaire un prétexte pour les tourmenter, qu'ils allèrent fouiller dans leur collège, où ils trouvèrent

(1) In-8°. prix, 75 centimes et fr. franc de port. A Paris, chez Rusand, et au bureau de ce journ 1,

Tome I.VI. L' Ami de la Religion et du Roi.

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véritablement, ou peut-être supposèrent, comme quelques-uns l'ont cru, quelques écrits contre l'autorité des rois; le chancelier ajoute que les Jésuites furent chassés de Paris, non sans étonnement de beaucoup et regret de plusieurs. Les parlemens de Bordeaux et de Toulouse les maintinrent alors.

Lorsque Henri IV rétablit les Jésuites en 1603, le premier président de Harlay lut des remontrances très-fortes contre eux; on sait ce que le roi leur répondit, sa a réponse a été souvent imprimée. Le parlement se soumit. Il changea d'idées avec le temps, dit d'Avrigny dans ses Mémoires, et les Jésuites n'ont point trouvé, dans la suite, plus de protection que dans cet illustre corps, ni d'amis plus déclarés que les descendans du premier président, qui les avoit tant maltraités.

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L'auteur de la nouvelle brochure cite les vœux du clergé et de la noblesse en faveur des Jésuites, aux états-généraux de 1604; il rappelle les témoignages d'affection que le président de Lamoignon et le procureur-général Matthieu Molé donnèrent aux Jésuites en 1626. Ce sentiment, dit-il, se perpétua dans ces illustres familles, et s'y conserva longtemps. Le premier président Guillaume de Lamoignon confia au Pere Rapin l'éducation de son fils, et celui-ci, le président Chrétien-François de Lamoignon, fut l'ami intime du célèbre Bourdaloue. Le premier président de Novion disoit des Jésuites, en 1681, qu'on ne surprenoit point leur sagesse, et qu'on ne corrompoit point leur fidélité.

Si le parlement tint quatre-vingts ans plus tard un langage si différent, la cause en est assez connue. De nouvelles opinions avoient pénétré dans ce grand corps; des magistrats avoient adopté les idées des jansénistes; on en avoit vu se déclarer hautement, même pour les miracles du diacre Pâris et pour les folies des convulsions. La foiblesse de la cour les encouragea dans une opposition systématique qui alla toujours en croissant, et qui, sur la fin, passa toutes les bornes, surtout depuis les progrès de l'esprit philosophique. De jeunes conseillers, imbus des doctrines de l'incrédulité, et de vieux magistrats, connus par leur attachement au jansénisme, se donnèrent la main pour renverser un corps également odieux aux appelans et aux philosophes. Dans quelques parlemens, les ennemis des Jésuites ne triomphèrent que de quelques voix; à Besançon,

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Douai, en Alsace, en Artois, ils furent les moins nombreux. A Paris même, plusieurs magistrats donnèrent aux Jésuites des marques d'estime et d'intérêt. Quelques-uns, dit un historien, offrirent un asile à leurs anciens maîtres et crurent par là réparer leur foiblesse. Ainsi le Père Griffet, homme d'esprit et de mérite, fut recueilli dans l'hôtel du premier président de la chambre des comptes, Aymar-Jean de Nicolaï, chef d'une de ces antiques familles de magistrature qui n'avoient cessé de protéger les Jésuites; on assure que c'est là qu'il rédigea ses Mémoires sur la vie du Dauphin.

L'ancien magistrat dont nous analysons l'écrit rappelle les principales dispositions de l'édit de Louis XVI en 1777. Ce prince ne regardoit apparemment pas les Jésuites comme ennemis de l'Etat, puisqu'il leur permettoit de posséder certaines cures, des bénéfices, des canonicats, et le parlement qui, quinze ans plus tôt, avoit accusé les Jésuites de protesser les doctrines les plus coupables et les plus dangereuses, reconnut apparemment lui-même la fausseté de cette imputation, puisqu'il ne s'opposa point à ce que les Jésuites occupassent des cures sans prêter les sermens qu'il leur avoit précédemment imposés.

L'auteur, dans une courte conclusion, explique le déchaînement qui s'est manifesté de nouveau contre les Jésuites dans ces dernières années. Ce déchaînement est encore moins étonnant que celui qui éclata il y a près de 70 ans. Les doctrines philosophiques ont encore conquis un plus grand nombre de partisans : une génération familiarisée avec les écrits de Voltaire, de Rousseau, de Diderot, de Raynal, de Condorcet; une génération qui a sucé tous les poisons de l'impiété, tant dans ces productions anciennes que dans une foule d'autres qu'une nuée d'écrivains nous lance chaque jour; une telle génération ne pouvoit que souhaiter la suppression des Jésuites: mais sans doute les vœux des élèves de l'incrédulité ne suffisent flétrir un corps qui pas pour a rendu tant de services à la religion et à la société.

L'écrit de l'ancien magistrat est une honorable protestation contre les passions et l'esprit de vertige de notre temps. L'auteur est un de ces hommes sages et fermes qui ne changent pas d'opinion arbitrio popularis auræ. Son écrit pourra dissuader des lecteurs de bonne foi; quant aux autres, que peut-on en attendre?

en date du 23 décembre dernier, insérée dans divers journaux. Depuis, Maulvault a suivi le conseil que lui avoit donné le Constitutionnel, de s'adresser à la justice; il a intenté une action contre la dame Gibaut où Chantal, supé rieure du couvent des Sœurs de la Nativité, et demande qu'on lui rende sa fille. D'un autre côté, le sieur Guizenet, aïeul et subrogé tuteur, intervient pour que la fille reste où elle est. Cette fille, nommé Stéphanie, a prononcé ses vœux, la supérieure a déclaré qu'elle ne la rendroit que si le tribunal l'ordonnoit. Des informations ont été prises, et une lettre du juge de paix, qui a été lue à l'audience, donne de fâcheux renseignemens sur la conduite du sieur Maulvault. On a plaidé de part et d'autre à l'audience du tribunal de Versailles. Le sieur Vervoort, chargé des intérêts de Maulvault, a fait valoir les droits de l'autorité paternelle, et le sieur Landrin à parlé pour le subrogé tuteur. La supérieure a déclaré s'en rapporter au tribunal. Le procureur du Roi a établi en fait que tout atteste au procès la vocation de Stéphanie pour la vie religieuse, et en droit, que la puissance paternelle a des limites, et qu'elle doit être restreinte par les magistrats, si le père en abuse; il a conclu à ce que la fille fût autorisée à rester au couvent, ou au moins que Guizenet fût admis, comme il l'avoit demandé, à faire preuve des faits articulés. Le tribunal de Versailles a rendu un jugement portant que, vu que Stéphanie n'est point entrée au conseil par séduction ni par violence, que son père lui-même l'y avoit introduite, qu'il est articulé que la fille a éprouvé de mauvais traitemens, ordonne qu'avant faire droit, Guizenet fera preuve des faits articulés, que le couseil de famille donnera son avis, et que Stéphanie sera interrogée dans la chambre du conseil.

-MADAME, duchesse de Berri, qui vient de parcourir une partie de la Bretagne, n'a pas craint de visiter des gens en disgrâce. Arrivée à Vannes le 25, elle annonça qu'elle iroit le lendemain au petit séminaire d'Auray. A l'entrée du village, un arc de triomphe avoit été élevé par les soins des supérieurs et des élèves. La princesse se rendit à l'église pour y entendre la messe. Le supérieur complimenta S. A. R. Un homme moins sage et moins résigné eût eu peine à comprimer sa douleur et à ne pas faire entendre quelque plainte sur un coup terrible qui portoit en ce moment la désolation

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