Douai, en Alsace, en Artois, ils furent les moins nombreux. A Paris même, plusieurs magistrats donnèrent aux Jésuites des marques d'estime et d'intérêt. Quelques-uns, dit un historien, offrirent un asile à leurs anciens maîtres et crurent par là réparer leur foiblesse. Ainsi le Père Griffet, homme d'esprit et de mérite, fut recueilli dans l'hôtel du premier président de la chambre des comptes , Aymar-Jean de Nicolaï, chef d'une de ces antiques familles de magistrature qui n'avoient cessé de protéger les Jésuites ; on assure que c'est là qu'il rédigea ses Mémoires sur la vie du Dauphin. L'ancien magistrat dont nous analysons l'écrit rappelle les principales dispositions de l'édit de Louis XVI en 1777. Ce prince ne regardoit apparemment pas les Jésuites comme ennemis de l'Etat, puisqu'il leur permettoit de posséder certaines cures, des bénéfices, des canonicats, et le parlement qui, quioze ans plus tôt, avoit accusé les Jésuites de protesser les doctrines les plus coupables et les plus dangereuses, reconnut apparemment lui-même la fausseté de cette imputation, puisqu'il ne s'opposa point à ce que les Jésuites occupassent des cures sans prêter les sermens qu'il leur avoit précédemment imposés. L'auteur, dans une courte conclusion, explique le déchainement qui s'est manifesté de nouveau contre les Jésuites dans ces dei nières années. Ce déchaînement est encore moins étonnant que celui qui éclata il y a près de 70 ans. Les doctrines philosophiques ont encore conquis un plus grand nombre de partisans : une génération familiarisée avec les écrits de Voltaire, de Rousseau, de Diderot, de Raynal, de Condorcet; une génération qui a sucé tous les poisons de l'impiété, tant dans ces productions anciennes que dans une foule d'autres qu'une nuée d'écrivains nous lance chaque jour; une telle génération ne pouvoit que souhaiter la suppression des Jésuites : mais sans doute les voeux des élèves de l'incrédulité ne suffisent pas pour corps qui a rendu tant de services à la religion et à la société. L'écrit de l'ancien magistrat est une honorable protestation contre les passions et l'esprit de vertige de notre temps. L'auteur est un de ces hommes sages et fermes qui ne changent pas d'opinion arbitrio popularis aure. Son écrit pourra dissuader des lecteurs de bonne foi ; quant aux autres, que peut-on en attendre? S 2 cn date du 23 décembre dernier, insérée dans divers journaux. Depuis , Maulvault a suivi le conseil que lui avoit donné le Constitutionnel, de s'adresser à la justice; il a intenté unc action contre la dame Gibaut ou Chantal, supérieure du couvent des Socurs de la Nativité, et demande qu'on lui rende sa fille. D'un autre côté, le sieur Guizenet , aïeul et subrogé tuteur, intervient pour que la fille reste où elle est. Cette fille, nommé Stéphanie, a prononcé ses voeux, la supérieure a déclaré qu'elle ne la rendroit que si le tribunal l'ordonnoit. Des informations ont été prises, et une lettre du juge de paix, qui a été lue à l'audience, donne de fâcheux renseignemens sur la conduite du sieur Maulvault. On a plaidé de part et d'autre à l'audience du tribunal de Versailles. Le sieur Vervoort, chargé des intérêts de Maulvault, a fait valoir les droits de l'autorité paternelle, et le sieur Landrio a parlé pour le subrogé Tuteur. La supérieure a déclaré s'en rapporter au tribunal. Le procureur du Roi a établi en fait que tout atteste au procès la vocation de Stéphanie pour la vie religieuse, et en droit, que la puissance paternelle a des limites, et qu'elle doit être restreinte par les magistrats, si le père en abuse; il a conclu à ce que la fille fût autorisée à rester au couvent, ou au moins que Guizenet fût admis, comme il l'avoit demandé, à faire preuve des faits articulés. Le tribunal de Versailles a rendu un jugement portant que, vu que Stéphanie n'est point entrée au conseil par séduction ni par violence, que son père lui-même l'y avoit introduite, qu'il est articulé que la fille a éprouvé de mauvais traitemens, ordonne qu'avant faire droit, Guizenet fera preuve des faits articulis, que le conseil de famille donnera son avis, et que Stéphanie sera interrogée dans la chambre du conseil. - MADAME, duchesse de Berri, qui vient de parcourir une partie de la Bretagne, n'a pas craint de visiter des gens en disgrâce. Arrivée à Vannes le 23, elle annonça qu'elle iroit le lendemain au petit séminaire d'Auray. A l'entrée du village, un arc de triomphc avoit été élevé par les soins des supéricurs et des élèves. La princesse se rendit à l'église pour y entendre la messe. Le supérieur complimenta S. A. R. Un homme moins sage et moins résigné eût eu peine à comprimer sa douleur et à ne pas faire entendre quelquc plainte sur un coup terrible qui portoit en ce moment la désolation 2 dans la province; mais le discours du supérieur fut plein d'une noble réserve. Après avoir complimenté la princesse, il s'adressa, en finissant, aux jeunes gens, et leur dit simplement que, dans deux mois, ils alloient être rendus à leurs parens ; que, dans quelque position qu'ils fussent placés, ils ne devoient jamais oublier les principes de religion et de conduite qu'on avoit cherché à leur inculquer ; qu'ils devoient au Roi un attachement inviolable. Quel que soit le sort qui nous attend, ajouta-i-il, nous n'en dirons pas moins dans tous les instans de notre vie : Vive le Roi quand même! Ce fut la seule allusion que se permit le sage supérieur. Aussi MADAME fut touchée de ce calme et de cette circonspection; elle demanda le discours écrit, et passant dans la sacristie, elle fit don au petit séminaire d'une belle lampe en argent, et voulut bien recevoir, au nom des élèves, un chapelet en or et un vaisseau en ivoire. Cet échange de présens recevoit un nouvel intérêt de la circonstance; il est assez connu que l'auguste princesse ne partage point les préventions répandues contre les Jésuites. Sa visite est du moins une consolation pour ceux que vient d'atteindre une funeste mesure. Nous avons parlé l'année dernière (no 1350) d'un abbé de Juvigny, chef des anticoncordatistes, à Fougères, qui fut condamné au tribunal de police correctionnelle de cette ville pour avoir béni le mariage de personnes qui ne s'éloient point présentées à la municipalité pour l'acte civil. Il fut condamné à 60 fr. d'amende, et n'a pas cessé depuis de diriger son petit troupeau et de précher les mêmes doctrines. Ces gens-là entretiennent parmi leurs affidés une exaltation dangereuse; il y a quelque temps, une femme de ce parti aima mieux laisser saisir son mobilier que de påyer lęs impôts, disant que sa conscience ne lui permettoit pas de soutenir par des subsides un gouvernement qui protégeoit l'hérésie. Depuis la sommation qui leur avoit été faite par le ministère public, les louisets, car c'est le nom que l'on donne dans ce pays-là aux anticoncordataires, ne tenoient plus d'assemblées pombreuses; mais ils prélevdoient qu'on ne pouvoit les empêcher de se réunir au nombre de 15'à 20. La veuve Turin, principale locataire de la maison où se tenoient ces réunions, et l'abbé de Juvigny, ont été cités à l'audience du tribunal de police correctionnelle de Fougères du 23 juin pour contravention à l'article 294 du Code pénal sur la po lice des cultes. M. lc procereur du Roi a requis l'application des peines, en disant que le parti anticoncordataire en treténoit dans les esprits un ferment de discorde. Le sieut Martin, avocat, a plaidé pour les prévenus, eť a prétendu qu'ils ne devoient compte de leurs opinions qu'à leur conscience, que ces opinions se rattachoient aux souvenirs de la persécution et à la cause de la royauté, et qu'au surplus on ne pouvoit laisser sans secours religieux "1000 ou 1200 personnes qui tiennent à ce parti dans l'arrondissement de Fougères. Après une double réplique du ministère public et du défenseur, le tribunal a rendu, le 25 juin, un jugement qui condamne l'abbé de Juvigny à 200 fr. d'amende eť aux dépens. Le jugement, qui est motivé, porte qu'il est constant que nombre de fois, depuis un mois, notamment les 4,5., 7, 8 et 12 de juin, le sieur de Juvigay s’est livré sans autorisaa tion à l'exercice du culte dans son appartement, rue Royale, à Fougères, qu'il y a réuni un certain nombre de personnes pour assister à ces exercices clandestins, et que déjà, par jugement du 28 juin 1827, il a été condamné à l'amende pour infraction à l'art. 199 du Code pénal. La veuve Turin a été renvoyée des poursuites, attendu qu'il n'étoit pas constant qu'elle eût voulu favoriser l'abbé Juvigóy dans l'exércice illicite de son culte. -- Le Roi a bien voulu faire présent d'un superbe tableau pour le maitre-autel du petit séminaire de Bazas. Ce bienfail, sollicité par un noble pair qui prend 'un généreux in térêt à cet établissement, est devenu plus remarquable encore par la bonté qu'on a eue de permettre que les amis du séminaire indiquassent le sujet du tableau. Le choix du sujet a été fort bien exécuté par un jeune peintre, M. Lafon, qui y a mis autant de zèle que de talent. La sainte Vierge est représentée assise sur des nuages, et tenant entre ses bras l'enfant Jésus; us; au bas, sur le devant du tableau, sont, d'un côté, saint Louis de Gonzague, et de l'autre feu M. d'Aviau, archevêque de Bordeaux, présentant à la mère de Dieu les élèves du petit séminaire, dont le plan se trouve dans le fond. Ce tableau, commandé en 1826, test arrivé à Bazás, et a été mis en place pour le jour de la Saint-Louis de Gon: zague, fête patronale de l'établissement. L'inauguration s'en est faite avec pompe le 23 juin, malgré la tristesse qu'avoient répandue dans les cours des nouvelles récentes. M. le a sous-préfet de Bázas et les autorités de la ville assistèrent à la cérémonie. M. l'abbé Lacombe, supérieur du petit sémiDaire, prononça un discours et paya le tribut de la reconpoissance due au Roi pour un don si magnifique. Il exhorta les enfans à redoubler d'attachement et de respect pour un , si anguste bienfaiteur. Il leur fit admirer la parfaite ressemblance du portrait du pieux archevêque. Le peintre en effet a su rendre avec vérité la bonté, la douceur et tous les traits de l'illastre préiat. Enfin l'orateur rappela tout ce qu'on devoit aux soins obligeans du noble pair, qui avoit travaillé avec tant de succès à obtenir pour le petit séminaire la faveur royale. Il n'avoit pas besoin de nommer .ce religieux ami, tout le monde savoit de qui il vouloit parler. Toute la ville a voulu voir le tableau, et chacun en admire l'ensemble et les détails; tous les personnages ont le caractère de piété et de modestie qui convenoit au sujet. a NOUVXLLES POLITIQUES. Paris. Madame, dachesse de Berri, après avoir dijeûné le 1er juillet à Maisdon, s'ét rendue à Montaigu, d'où elle est allée à cheval à Villevèque, puis au château de Lagrange, chez M. le marquis de Gaulain , où elle a diné et couché, Ļc 2, S. A. R. est arrivée à Lége, ou l'attendoient MM, les généraux Despinoy, Chesfontaine, conite de Larochejaquelein, MM. le baron Charette et le comte H. de Sesmaisons. La princesse, accompagnée des membres de la commission du monument de Charette, est allée visiter les travaux de la chapelle qui est érigée sur la place où se construit la statuc du celèbre général royalite. Les Vendéens, réunis en grand nombre sur ce point, faisoient éclater leur joie, Le 3, l'auguete voyageuse a pris la route de St-Gilles, en passant par le champ de Maltes, où périt en juin 1815 le valeureux Louis de Larochejaquelein. S. A. R. étoit eniourée dans ces endroits célèbres d'un grand nombre de Vondéens accourus de l'ile de Bouin el du Marais. Même alluence et même enthousiasme à Bourbon-Vendée, où S. A R. a passé la journée du 4. - En quittant Nantes, Madame á remis une forte somme pour les 'pauvres secourus par les dames de charité; clle a laissé aussi', aux personnes qui avoient eu l'honneur de l'accompagner, des marques de sa' munilicence. S. A, R. a donné une très-belle tabatière. en or, avec son portrait, à M. Levesque ainé, maire, et une tabatière en or, avec son chiffre, à M. de Coëtas, commandant la garde d'honneur; un beau collier à Mlle Levesque et à Mlle de Vanssay, fille du préfet; son portrait à M. de Vanssay 6ls, et une médaille, repré-, |