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dans la province; mais le discours du supérieur fut plein d'une noble réserve. Après avoir complimenté la princesse, il s'adressa, en finissant, aux jeunes gens, et leur dit simplement que, dans deux mois, ils alloient être rendus à leurs parens; que, dans quelque position qu'ils fussent placés, ils ne devoient jamais oublier les principes de religion et de conduite qu'on avoit cherché à leur inculquer; qu'ils devoient au Roi un attachement inviolable. Quel que soit le sort qui nous attend, ajouta-t-il, nous n'en dirons pas moins dans tous les instans de notre vie : Vive le Roi quand même! Ce fut la seule allusion que se permit le sage supérieur. Aussi MADAME fut touchée de ce calme et de cette circonspection; elle demanda le discours écrit, et passant dans la sacristie, elle fit don au petit séminaire d'une belle lampe en argent, et voulut bien recevoir, au nom des élèves, un chapelet en or et un vaisseau en ivoire. Cet échange de présens recevoit un nouvel intérêt de la circonstance; il est assez connu que l'auguste princesse ne partage point les préventions répandues contre les Jésuites. Sa visite est du moins une consolation pour ceux que vient d'atteindre une funeste mesure. Nous avons parlé l'année dernière (no 1350) d'un abbé de Juvigny, chef des anticoncordatistes, à Fougères, qui fut condamné au tribunal de police correctionnelle de cette ville pour avoir béni le mariage de personnes qui ne s'éloient point présentées à la municipalité pour l'acte civil. It fut condamné à 60 fr. d'amende, et n'a pas cessé depuis de diriger son pelit troupeau et de prêcher les mêmes doctrines. Ces gens-là entretiennent parmi leurs affidés une exaltation dangereuse; il y a quelque temps, une femme de ce parti aima mieux laisser saisir son mobilier que de payer les impôts, disant que sa conscience ne lui permettoit pas de soutenir par des subsides un gouvernement qui protégeoit l'hérésie. Depuis la sommation qui leur avoit été faite par le ministère public, les louisets, car c'est le nom que l'on donne dans ce pays-là aux anticoncordataires, ne tenoient plus d'assemblées nombreuses; mais ils prétendoient qu'on ne pouvoit les empêcher de se réunir au nombre de 15 à 20. La veuve Turin, principale locataire de la maison où se tenoient ces réunions, et l'abbé de Juvigny, ont été cités à l'audience du tribunal de police correctionnelle de Fougères du 23 juin. pour contravention à l'article 294 du Code pénal sur la po

Fice des cultes. M. le procureur du Roi a réquis l'application des peines, en disant que le parti anticoncordataire en tretenoit dans les esprits un ferment de discorde. Le sieur Martin, avocat, a plaidé pour les prévenus, et a prétendu qu'ils ne devoient compte de leurs opinions qu'à leur conscience, que ces opinions se rattachoient aux souvenirs dé la persécution et à la cause de la royauté, et qu'au surplus on ne pouvoit laisser sans secours religieux 1000 ou 1206 personnes qui tiennent à ce parti dans l'arrondissement de Fougères. Après une double réplique du ministère public et du défenseur, le tribunal a rendu, le 25 juin, un jugement qui condamne l'abbé de Juvigny à 200 fr. d'amende et aux dépens. Le jugement, qui est motivé, porte qu'il est constant que nombre de fois, depuis un mois, notamment les 4, 5, 7, 8 et 12 de juin, le sieur de Juvigny s'est livré sans autorisation à l'exercice du culte dans son appartement, rue Royale, à Fougères, qu'il y a réuni un certain nombre de personnes pour assister à ces exercices clandestins, et que déjà, par jugement du 28 juin 1827, il a été condamné à l'amende pour infraction à l'art. 199 du Code pénal. La veuve Turin à été renvoyée des poursuites, attendu qu'il n'étoit pas constant qu'elle eût voulu favoriser l'abbé Juvigny dans l'exercice illicite de son culte.

- Le Roi a bien voulu faire présent d'un superbe tableau pour le maître-antel du petit séminaire de Bazas. Ce bienfait, sollicité par un noble pair qui prend un généreux intérêt à cet établissement, est devenu plus remarquable encore par la bonté qu'on a eue de permettre que les amis du séminaire indiquassent le sujet du tableau. Le choix du sujet a été fort bien exécuté par un jeune peintre, M. Lafon, qui y a mis autant de zèle que de talent. La sainte Vierge est représentée assise sur des nuages, et tenant entre ses bras l'enfant Jésus; au bas, sur le devant du tableau, sont, d'un côté, saint Louis de Gonzague, et de l'autre feu M. d'Aviau, archevêque de Bordeaux, présentant à la mère de Dieu les élèves du petit séminaire, dont le plan se trouve dans le fond. Ce tableau, commandé en 1826, est arrivé à Bazás, et a été mis en place pour le jour de la Saint-Louis de Gonzague, fête patronale de l'établissement. L'inauguration s'en est faite avec pompe le 22 juin, malgré la tristesse qu'avoient répandue dans les cœurs des nouvelles récentes. M. le

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sous-préfet de Bazas et les autorités de la ville assistèrent à la cérémonie. M. l'abbé Lacombe, supérieur du petit sémimaire, prononça un discours et paya le tribut de la reconnoissance due au Roi pour un don si magnifique. Il exhorta les enfans à redoubler d'attachement et de respect pour un si auguste bienfaiteur. Il leur fit admirer la parfaite ressemblance du portrait du pieux archevêque. Le peintre en effet a su rendre avec vérité la bonté, la douceur et tous les traits de l'illustre préiat. Enfin l'orateur rappela tout ce qu'on devoit aux soins obligeans du noble pair, qui avoit travaillé avec tant de succès à obtenir pour le petit séminaire la faveur royale. Il n'avoit pas besoin de nommer ce religieux ami, tout le monde savoit de qui il vouloit parler. Toute la ville a voulu voir le tableau, et chacun en admire l'ensemble et les détails; tous les personnages ont le caractère de piété et de modestie qui convenoit au sujet.

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PARIS. MADAME, duchesse de Berri, après avoir déjeûné le 1er juillet à Maisdon, s'et rendue à Montaigu, d'où elle est allée à cheval à Villevêque, puis au château de Lagrange, chez M. le marquis de Gaulain, où elle a diné et couché. Le 2, S. A. R. est arrivée à Légé, où l'attendoient MM, les généraux Despinoy, Cheffontaine, conte de Larochejaquelein, MM. le baron Charette et le comte H. de Sesmaisons. La princesse, accompagnée des membres de la commission du monument de Charette, est allée visiter les travaux de la chapelle qui est érigée sur la place où se construit la statue du célèbre général royaliste. Les Vendéens, réunis en grand nombre sur ce point, faisoient éclater leur joie. Le 3, l'auguste voyageuse a pris la route de St-Gilles, en passant par le champ de Maltes, où périt en juin 1815 le valeureux Louis de Larochejaquelein. S. A. R. étoit entourée dans ces endroits célèbres d'un grand nombre de Vendéens accourus de l'ile de Bouin et du Marais. Même affluence et même enthousiasme à Bourbon-Vendée, où S. A R. a passé la journée du 4.

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- En quittant Nantes, MADAME a remis une forte somme pour les pauvres secourus par les dames de charité; elle a laissé aussi, aux personnes qui avoient eu l'honneur de l'accompagner, des marques de sa munificence. S. A. R. a donné une très-belle tabatière en or, avec son portrait, à M. Levesque aîné, maire, et une tabatière en or, avec son chiffre, à M. de Coëtas, commandant la garde d'honneur; un beau collier à Mile Levesque et à M1le de Vanssay, fille du préfet; son portrait à M. de Vanssay fils, et une médaille, repré-›

sentant d'un côté l'effigie de la princesse et de l'autre celle du duc de Bordeaux, à chacun des honorables Nantais qui composoient sa garde d'honneur.

Le voyage de Mme la duchesse de Berri ne réjouit pas tout le monde. Cette population qui se précipite sur les pas de la princesse, ces préparatifs pour la recevoir, ces arcs de triomphe, ces démonstrations de joie, tout cela importune quelques esprits chagrins : un journal faisoit observer, lundi dernier, que ces fêtes étoient fort chè. res, que ce luxe étoit onéreux au pays, que toute cette dépense, faite sur les routes et en repas somptueux, ne pourroit être acquittée qu'en économisant sur les parties les plus essentielles du service, et que ce seroit aux dépens des hôpitaux et des écoles que l'on couvri roit cette prodigalité. Le journaliste déplore que l'on ait conduit la princesse dans la Vendée, où tout rappelle la discorde et la guerre civile; ces souvenirs déchirent le cœur du trop sensible rédacteur. Ne lui parlez pas des hauts faits de la Vendée, des exemples de fidélité, de dévoûment, de courage et d'héroïsme qu'ont donnés les royalistes de ces contrées : il ne vous comprendroit pas, ou il vous répondroit peut-être que ces généreux royalistes étoient des fanatiques et des révoltés qui ne vouloient pas se soumettre au gouvernement paternel de la convention. Il se plaint, dans le même article, du zèle des courtisans et des flatteurs, et trouve tout à blámer dans les détails d'un voyage où éclatent les transports d'un peuple religieux et fidèle.

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La loi électorale vient d'être sanctionnée par le Roi, et publiée dans le Bulletin des lois et le Moniteur.

— Ce n'est qu'à une épreuve fort douteuse, et malgré les vives réclamations de MM. l'archevêque de Bourges et le comte de Marcellus, que la chambre des pairs a passé, le 5, à l'ordre du jour sur une pétition qui se plaignoit de l'inexécution de la loi sur l'observation des dimanches et fêtes.

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- M. Bosc, membre de l'Institut et professeur de culture au jardin du Roi, est mort jeudi dernier.

Le brick du Roi le Rusé est arrivé, le 30 juin, d'Alger à Toulon, avec 18 Français échangés contre les prisonniers algériens que le brick y a portés.

La Gazette de Nec'er, dont l'introduction étoit prohibée en France, vient d'être permise par le ministère actuel.

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Les journaux publient les détails de l'ouverture solennelle des cortès à Lisbonne, le 22 juin. L'évêque de Vizeu, D. Lobo, a prononcé d'abord un discours relatif aux circonstances, et dans lequel il a établi les droits de don Miguel à la couronne en harmonie avec les vœux ardens des bons Portugais. Le procureur des cortès, c'està-dire le député qu'elles avoient choisi pour parler en leur nom, a répondu dans le même sens, et a conclu en priant le prince de s'asseoir sur le trône de Portugal. Don Miguel a rendu ensuite deux décrets, l'un contre les ministr es brésiliens à Londres et à Vienne, relativement aux démarches qu'ils ont faites contre lui, l'autre pour ordonner que tous les biens, droits et emplois civils et militaires 'fussent restitués aux réfugiés portugais. Les états poursuivent leurs

travaux chacun dans leur église, celui du clergé dans l'église de StAntonio de Sé, celui de la noblesse dans celle de St-Roch, et celui du peuple dans celle de St-François de la Cité. Un décret publié le 30 est signé du Roi. L'ambassadeur d'Angleterre et les ministres de France, de Russie et de Prusse se disposoient à partir. Les constitutionnels ont été battus sur plusieurs points et repoussés avec perte. Le roi et la reine d'Espagne ont quitté Bilbao le 2 juillet, et se sont rendus à Burgos, où ils séjourneront jusqu'au 14. Ils devront aller ensuite à Palmeira, Volladolid et Ildefonse, et rentrer à Madrid le 11 août.

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Le roi des Pays-Bas a nommé général-major dans son armée le prince Gustave de Suède.

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Le roi de Bavière a prorogé au 15 juillet la session des états de son royaume.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 9, la chambre a d'abord procédé à la réception de M. le comte Desèze.

Trois commissions spéciales ont été nommées pour l'examen de projets de loi communiqués dans la dernière séance.

La discussion s'est ensuite ouverte sur le projet de loi relatif à la presse périodique. Les orateurs entendus ce jour sont MM. les comtes de St-Roman et de Labourdonnaye contre le projet, le vicomte Dambray sur le projet, le comte Molé et le baron Pasquier pour le projet. M. Dambray s'est, dit-on, élevé avec énergie contre tous les maux que cause la liberté de la presse, et a 'proposé, par voie d'amende ment, d'exempter du cautionnement les journaux qui consentiroient à subir la censure d'un conseil nommé par la couronne.

Le 10, la chambre a entendu MM. le comte de Boissy-d'Anglas et le vicomte de Castelbajac contre le projet, les comtes de Rougé et F. de Kergolay sur le projet, et le duc de Valentinois pour le projet.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 8, la chambre accorde un congé à M. Baron.
On continue la discussion du budget de 1829.

M. le baron de Lespine s'attache à réfuter les argumens de M. de Vatimesnil, et à montrer l'arbitraire et le monopole de l'Université; il s'élève ensuite avec force contre les deux ordonnances du 16 juin, et se plaint de ces mesures qui portent la consternation dans tan de familles. M. Viennet attaque les Jésuites, l'affaire de Sorrèze et les Frères de la doctrine chrétienne; il ne veut d'encouragement que pour les écoles d'enseignement mutuel.

M. de Labourdonnaye, dans un discours qui a produit la plus vive sensation, discute la légalité des deux ordonnances. Lorsqu'on veut tout faire rentrer dans l'ordre légal, il ne voit pas sur quelle loi on peut se baser pour limiter par un chiffre le nombre des élèves né

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