ou absent; présent, quand on le laisse, ou absent, quand on le classe, et que la violence le force à s'expatrier, ainsi que l'on a fait à l'archevêque de Paris, comme vous l'avez si bien remarqué dans votre lettre au premier consul. Mais quand nous vous accorderions que l'église de Paris ne peut pas rester sans évêque, mêmc pour un temps, vous n'y gagneriez pas davantage, vous n'en seriez pas plus fort : car, dans cette supposition, ce seroit au moins à nous qu'appartiendroit le droit d'aviser aux moyens de nous donner un évêque; à nous qui formons la presque totalité des catholiques de Paris; à nous qui avons presque tous les teinples de la capitale, et non à une coterie ignorée, à un tripot obscur qui se fait à lui-même ses propres règles, ou qui les viole toutes ; et non à cet étranger tombé des nues, qui se dit élu canoniquement, parce qu'il l'est clandestinement; qui, élu par une fraction imperceptible, se donne pour reconnu par tous, et qui, s'impaIronisant sans nous et malgré nous, a le front de se proclamer évêque de par nous et pour nous. Quoi donc! la religion a été détruite par vous, et vous nous demandez ce que seroit devenue la religion sans vous ! Vous avez eu la bassesse de condescendre à tout ce que les impies ont voulu de vous; vous les avez hautement favorisés, aidés de tout votre pouvoir dans leur dessein manifeste aux yeux de l'univers, de détruire la religion, et vous nous dites que vous l'avez sauvée! Quoi! vous avez déserté le poste où l'Eglise vous avoit mis, pour prendre le poste d'un autre ou elle ne vous plaçoit pas, et vous nous dites que vous avez tenu ferme! Sans doute qu'il falloit être ferme pour en agir ainsi; mais il falloit être quelque chose de plus, car il falloit braver toute pudeur et se roidir contre toute honte. Ah! ceux qui véritablement ont tenu ferme, ce sont ces courageux ministres qui, sous la hache des assassins, se sont écriés d'une même voix : Nous ne le pouvons pas, et qui, pour parler avec l'encyclique de Pie VII, ont renoncé à tout, plutot que de se lier par un crime; ce sont ces inartyrs généreux de la déportation, qui ont porté le témoignage de leur foi sur des plages barbares et lointaines; ce sont ces vieillards vénérables, qui gémissent encore sous les liens de la réclusion, et dont l'humanité autant que la justice réclament la délivrance; c'est Pie VI lui-même, qui, sous les canons du directoire, a hautement refusé de retirer ses brefs, et leur a donné par là même une nouvelle force : voilà les héros qui ont tenu serme, et non ces lâches déserteurs des saintes règles, qui ont plié à tout vent et se sont arrangés avec toutes les circonstances; et non ces pasteurs mercenaires , qui, n'ayant eu de courage que pour envabir, n'ont aujourd'hui de fermeté que pour ne pas restituer. » Enfin nous citerons un fragment d'un article sur un arrêté d'un ministre, M. Chaptal, qui autorisoit les Sours de la Charité à se réunir : « Mais nos saintes et vénérables Sæurs n'ont point tant de sollicitudes, et n'ont point fait tant de questions. Corporation ou non, qu'importe à l'eur courage et à leur zèle qu'on les fusse grises ou blanches?' qu'on feur permette de porter à leur ceinture un chape let, ou qu'elles le portent dans leur poche ; qu'importe encore? pourvu qu'elles le disent, et qu'elles prient pour la conversion des philosophes qui les ont flagellées. Résolues de faire le bien sous toutes les formes comme par tous les moyens, et de le faire pour Dieu, clles n'ont point coinpté avec les hommes. A la première invitation du gouvernement, elles ont cru entendre la voix de saint Vincent de Paul, les appelant du haut du ciel; et à l'instant toute son ame à passé dans leur ame, et sentant toutes leurs forces se ránimer, elles ont volé au secours des pauvres. Ni l'incertitude de leur sort, ni les barbares traitemens qu'elles ont essuyés, ni le souvenir du passé, ni la crainte de l'avenir, rien n'a pu ralentir leur courage; parens, amis, nouveaux établissemens, nouvelles habitudes, elles ont tout quilté; et se jetant dans le sein de la Providence, dont elles sont les plus douces images, elles n'ont mis pour condition à leur géné-* reux dévoûment, que celle de pouvoir exercer sans crainte une religion où elles puiseront leurs forces, ainsi que les malades y puiseront leurs consolations. Déjà plus de deux cent cinquanic hospices possèdent ces filles précieuses, et ceux qui en sont encore privés ne se consolent de leur absence, que par l'espoir qu'ils fondent sur le séminaire de Paris , qui va s'ouvrir incessamment. Puisse ce point de lumière, qui perce l'horizon, s'étendre de plus en plus, et devenir le germe heureux de nouveaux établissemens! Puissent tous les obstacles s'aplanir devant ce ministre qui a été assez heureux pour trouver dans le veu de son cour le voeu de la nation entière ! Puisse enfin le gouvernement, éclairé par l'expérience et instruit pas nos malheurs, se dégoûter bientôt de cette philosophie aussi vaine dans ses projets, que la religion est puissante dans ses moyens, et pour qu'on ne puisse plus l'oublier, faire graver en lettres d'or, sur tous. les monumens publics, cet oracle sacré de la vérité même : La SCIENCE ENFLE, MAIS LA CHARITÉ ÉDIFIE! » On parcourra avec d'autant plus d'intérêt ces articles, qu'on y retrouvera souvent des réflexions qui pourroient aussi s'appliquer à ce qui se passe sous nos yeux et aux circonstances où se trouve aujourd'hui l'Eglise. C'est toujours le même esprit qui anime les ennemis de la religion, et leurs efforts à l’une et à l'autre époque se ressemblent par plus d'un point. Nous aurions à parler ici du troisième et dernier volume des Mélanges qui a déjà paru il y a quelque temps, et qui offre un autre genre de mérite par le grand nombre d'articles littéraires qu'il renferme; mais l'intérêt même de ces articles nous commande de réserver notre examen pour un autre numéro, où nous pourrons y consacrer plus de temps et de place, NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. ROME. Le 24 juin , M. le cardinal Zurla , vicaire-général de S. S., a sacré évêqué le docteur Gradwell, recteur du collège anglais, à Rome, qui avoit été élu évêque de Lydda par un bref du 17 juin. La cérémonie a eu lieu dans l'église intérieure dudit collège, qui est dédiée à saint Thomas de Cantorbéri. S. Em. étoit assistée de M6 Caprano, archevêque d'Iconium, et de M6f Baines, évêque de Siga, qui se trouve depuis quelque temps à Rome. M. l'évêque de Lydda partira sous peu pour Londres, où il est nommé coadjuteur du vicaire apostolique, M. Bramston. - M. Pierre Ostini, archevêque de Tarse et nonce près la confédération suisse , est parti pour Lucerne. - Le 17 mai, M. Offredi, évêque de Crémone, a conféré le baptême dans sa chapelle à une jeune juive, Angèle Ancona de Bozzolo, âgée de 21 ans, qui a eu pour marraine la marquise Sordi, née Verri, femme du magistrat. Les premières autorités de la ville assistoient à la cérémonie, où la néophyte a montré beaucoup de foi et de piété. Elle a reçu aussi la confirmation et la communion des mains du prélat, qui lui a adressé à la fin de la messe une exhortation pleine de charité. Paris. M. l'abbé de Rohan ayant été récemment nommé par le Roi à l'archevêché de Besançon, ses bulles pour Ausch seront comme non avenues, et son sacre n'aura lieu que lorsqu'il en aura reçu de nouvelles pour Besançon. M. d'Hautpoul, évêque élu de Cahors, sera sacré à Sens par M. le cardinal de La Fare; le prélat doit entrer en retraite ces joursci, et il se rendra ensuite à Sens. – Dimanche dernier, les associés de St-Joseph, qui sont sous la protection de M. le duc de Bordeaux, ont célébré la fête du jeune prince dans l'établissement des Bernardins. La réunion étoit nombreuse. M. le duc de Rohan a officié le matin, et a adressé aux associés une pieuse exhortation. La distribution des prix pour les différentes professions a été faite par M. le baron de Damas, auquel M. l'abbé Bervanger, directeur de l'établissement, a exprimé les sentimens de tous les membres de l'association. Cette cuvre continue à se soutenir malgré la difficulté des temps, et les jeunes gens se distinguent par leur bonne conduite non moins que par leur application et leur succès dans leurs travaux. Le samedi 19 juillet, le panégyrique de saint Vincent de Paul sera prêché dans l'église de l'Assomption, à une heure précise, par M. l'abbé de Maccarthy; prédieateur ordinaire du Roi. A l'issue du sermon, la quête sera faite pour les pauvres honteux de la paroisse , par Mme la duchesse de Brissac et Mme la vicomtesse de Raynaud. On assure qu'il y a un projet pour sauver d'une destruction totale les écoles atteintes par la première ordonnance du 16 juin. Les Jésuites seroient remplacés par des ecclésiastiques choisis par les évêques et autorisés par l'Université. Ce seroient de véritables collèges assujettis aux régle. mens de l'Université, mais dirigés dans le même esprit de religion et de piété qui avoit présidé jusqu'ici à ces établissemens. Les familles chrétiennes ' apprendroient avec intérêt l'exécution de ce projet. Trois mille pères de famille sont en ce moment dans la plus cruelle perplexité et ne savent où i placer des enfans qu'ils avoient confiés en des mains respectables et sûres, et qu'ils craindroient de mettre dans des établissemens qui ne leur inspirent pas, il s'en faut, la même confiance. Les bons fidèles sentent la nécessité de redoubler de prières dans les circonstances graves où nous nous trouvons. Déjà nous avons annoncé une quarantaine commeneée à Paris dans les premiers jours de juin, une autre s'est ouverte à Amiens un peu plus tard, une autre à commencé à Toulouse à la fin du même mois. Ces prières sont toutes autorisées par l'ordinaire. Dans d'autres diocèses, on s'est uni à la quarantaine de Paris, ou on fait d'autres prières particulières pour la même fin. Un juste sentiment d'inquiétude ne motive que trop cette unanimité de veux, quand nous parlons d'inquiétude , nous ne faisons que rendre l'impression qu'ont produite dans les provinces des mesures récentes et la disposition générale des esprits. S'il s'est mêlé aux plaintes de l'amertume ou de l'exagération, on nous rendra sans doute la justice d'avouer que ce n'est pas de notre part. En déplorant les coups portés aux Jésuites, en nous plaignant de l'ordonnance sur l'instruction pri et : maire, ep exprimant nos craintes sur les résultats d'une autre ordonnance, nous n'avons point cherché à soulever les esprits, à grossir le mal, à répandre la terreur. Ce n'est donc point à nous apparemment que s'adressent les reproches de deux ministres dans les précédentes séances : nous n'avons point dit que la foi fût éteinte, ni que la religion fut proscrite, ni que les autels s'écroulassent; mais nous r'avons pu dissimuler des alarmes trop légitimes, ni fermer les yeux sur des maux trop réels. Le coup porté aux Jésuites est une victoire pour l'impiété; comment les gens de bien n'en seroient-ils pas profondément attristés ? Comment les pères de famille ne gémiroient-ils pas, quand on leur enlève les maîtres vertueux qui avoient et qui méritoient leur confiance ? Comment ne s'effraieroit-on pas, quand on voit que, pour obtenir un tel sacrifice, il a suffi des déclamations de quelques journaux et des dénonciations de quelques misérables ? Le clergé n'a-t-il pas quelque droit de réclamer contre des dispositions fâcheuses en elles-mêmes ou dans leurs conséquences, contre des restrictions et des entraves qu'il n'avoit point méritées, et qui ne peavent qu'être préjudiciables au sacerdoce ? N'est-il pas permis de s'alarmer des efforts des méchans pour égarer les esprits, des progrès d'une faction puissante qui veut dominer l'opinion, de la multitude des mauvais livres qui circulent, de l'audace avec laquelle on attaque ce qu'il y a de plus auguste dans la religion, de la licence des journaux, de leur opiniâtre persévérance à déclamer contre le parti-prétre, à dénoncer et à flétrir des ecclésiastiques, à verser le ridicule sur les pratiques et des institutions les plus chères à la piété? N'a-t-on pas lieu de gémir de l'impunité de ces attaques sans cesse renaissantes, de la contagion de tant de mauvaises doctrines et de leur résultat sur les générations qui s'élèvent? La religion et la société peuvent-elles résister long-iemps à l'action continue de poisons qu'on jette chaque jour dans leur sein, qu'on répand dans toutes les classes, et qui portent le désordre dans les esprits et la corruption dans les cours? Ce sont là, il faut l'avouer, des sujets d'alarmes trop fondés, et il n'y a rien de violent et d'exagéré dans les inquiétudes qu'inspirent cet état de choses, cette direction donnée à l'opinion publique el ces préventions que l'on cherche de plus en plus à répandre et à accréditer contre le clergé. |