tage sur les rentes, les jeux et la loterie, sera déposée au bureau des renseignemens. La chambre renvoie au ministre des affaircs ecclésiastiques les réclamations d'anciens curés de la Haute-Loire qui demandent à être réintégrés dans la jouissance de leurs pensions ecclésiastiques, et celles d'anciennes religieuses qui se, plaignent de la modicité de leurs pensions. M. le général Andréossy, rapporteur de la commission des pétitions, rend compte des pétitions des sieurs Beauzée, Leclerc et Félix Mercier, qui demandent le rétablissement de la garde nationale parisienne, et de celle du sieur Oudotte, de Châlons, pour la réorga, nisation, en cas de guerre, des gardes nationales de tout le royaume. La commission conclut au renvoi aux ministres de la guerre et de l'intérieur. M. le ministre de l'intérieur croit qu'il importe de délibérer séparépient sur ces deux sortes de demandes ; il ne s'oppose pas à la prise en considération de la seconde, mais, quant à la garde nationale de Paris, S. Exc. soutient qu'on ne peut adopter que l'ordre du jour. Sans vouloir contester les services qu'a rendus cette garde, ni défendre la mesure que les précédens ministres ont pu conseiller, M. de Martignac rappelle que le Roi a agi en cette occasion dans la plénitude de son droit et de sa liberté. On ne pourroit accueillir une telle réclamation sans attaquer un acte de la prérogative royale, et en toutes circonstances, la chambre a toujours respecté cette prérogative, Toute la droite donne des approbations à ce discours , et demande virement qu'on aille aux voix; la gauche s'y oppose, M, B. Constant parle quelque temps contre la clôture. M. le président la met aux voix, et, après deux épreuves, elle est prononcée par une majorité formée des deux parties de la droite ; ce qui est suivi d'exclamations tumultueuses de la gauche. M. Royer-Collard met alors aux vois le renvoi aux ministres de la guerre eť de l'intérieur de la pétition du sieur Oudotte : presque toute la chambre se lève pour le renvoi. L'ordre du jour sur les 3 pétitions relatives à la garde nationale parisienne est ensuite prononcé par la majorité formée des deux parties de la droite. La plus vive agitation suit cette décision : les membres de la gauche quittent brusquement leurs places; plusieurs adressent de vives interpellations à M. Royer-Collard, et M. Petou s'écrie plusieurs fois que sa condvite est tyrannique. On remarque surtout MM. Dupin, Chau. velin, Lafayette, Demarçay, G. de la Rochefoucauld. Près d'une heure s'écoule en conversations animées sans que M. le président puisse obtenir que les députés de la gauche reprennent leurs places; ils déclarent, au contraire, qu'ils ne veulent plus voter. Les murmures, les cris et les trépignemens cessent enfin, et M. Etienne , qui attendoit depuis fórt long-temps à la tribune, rend compte de quelques autres pétitions. La chambre se forme ensuite en comité secret. On dit que M. Sala verte a donné lecture d'une proposition tendant à supplier le Roi de répoquer l'ordonnance qui a prononcé le licenciement de la garde 9 nationale de Paris. II. paroit que M. Duplessis-Grécédan a demandé en vain que le développement n'en eût lieu qu'après la discussion du budget. La chambre , ajoute-t-on, s'est aussi occupée de la proposition de M. Jacquinot-Pampelune, relative à la révision de la législation sur la contrainte par corps. Cette proposition a été prise en considération. Nous sommes forcé de renvoyer au numéro prochain la séance du 14, où l'on a continué la discussion du budget, et où on a écarté par la question préalable la proposition de M. Šalyerte. Discours de M. le ministre des affaires ecclésiastiques à la chambre des députés, dans la séance du 7 juillet, avant la discussion du 7 budget de son ministère. « Messieurs, je ne viens pas défendre la religion dans cette enceinte; sa cause n'a pas besoin d'apologie auprès de vous ; vous êtes unanimes dans les sentimens de respect que vous lui portez; vous la regardez comme le premier besoin des sociétés, comme la base de la morale, comme la source des verlus et des consolations, comme le supplément et la garantie des lois, et le moyen le plus infaillible de maintenir le bon ordre, la concorde et la paix. Tous aussi', vous êtes pénétrés de cette vérité, que, parmi les charges publiques, il. ne sauroit y en avoir de plus sacrée que celle qui procure à trente millions de Français l'exercice de leur droit le plus cher, celte faculté précieuse de jouir des bienfaits et d'accomplir les devoirs d'un culte qui est pour nous un présent du ciel et le plus riche héritage que les pères puissent transmettre à leurs enfans. » Il n'a pas échappé non plus à votre esprit judicieux que l'époque da développement de notre régime constitutionnel devoit étre aussi l'époque d'un plus grand développement des institutions religieuses; qu'une forme de gouvernement où le peuple intervient sans cesse, et par la faculté d'exprimer sa pensée', et par le droit de juger ses concitoyens et de se faire représenler dans la confection des lois et dans le vote des impôts, exigeoit plus qu'un autre des moeurs fortes et des vertus nationales ; que plus il s'imprimoit de mouvement aux passions par la combinaison des élémens qui composent notre système politique, plus il devenoit nécessaire que le ressort de la religion conservât son action et son énergie; qu'en donnant à un peuple une plus grande liberté, et en lui assurant des franchises plus étendues, il falloit lui inculquer des principes de justice et de probité, l'amour du devoir, le goût du travail, le respect des droits d'autrui, la soumission aux lois, le dévoûment au trône, et qu'une nation impie ou indifférente aux pratiques religieuses, impatiente de toute espèce de joug, avide de changemens et de nouveautés, amie de la licence, poussée sans cesse vers la sédition et la révolte, seroit inhabile à recevoir les améliorations préparées à la France. » Telles sont, Messieurs, les dispositions favorables que vous apportez à la discussion du budget des affaires ecclésiastiques. Il sera voté cette année, ainsi que dans les précédentes sessions, avec un accord que l'on considérera comme un hommage rendu à la religion, un tribut de votre reconnoissance et de votre admiration pour le bien qu'elle procure aux sociétés. » S. Exc. expose en détail les besoins généraux et les motifs des al locations demandées. Les frais de l'administration centrale restent à peu près comme l'année précédente. La location du jardin n'est point de 20,000 fr., comme on l'a dit à la tribune, mais de 6000 fr. seulement. Les traitemens des cardinaux, archevêques et évêques et, des chapitres sont comme dans les précédens budgets, Les traitemens des curés s'élèvent à 3,945,000 fr., répartis entre 3129 curés. On propose d'ériger 17! succursales en cures de secondo classe. Ces érections se font sur la demande des évêques. Les traitemens des desservans s'élèvent à la somme de 16,880,000 f. Environ 4500 succursales sont dépourvues de desservans, et, d'après les demandes adressées au ministère et l'accroissement de la population, il conviendroit d'y en ajouter 1500, ce qui feroit 6000 en tout. Le væu du gouvernement seroit, en outre, de porter le traitement de tous les desservans à 1000 fr. Pour ces augmentations, il faudroit ajouter au budget 9,921,000 fr. La nécessité d'augmenter le nombre des vicariats se fait également sentir, et il seroit plus régulier de mettre à la charge du gouvernement le traitement intégral des vicaires. Dans l'état actuel, il en résulteroit une dépense nouvelle de 1,330,000 f., et même de 2,270,000 f., si tous les vicariats étoient remplis. Les indemnités pour double service dans les paroisses vacantes s'élèvent à 650,000 fr. Ces indemnités se paient aux prêtres autorisés par les évêques, et sur des certificats fournis par leur ordre. Il y a une indemnité de 100,000 f. allouée aux prêtres auxiliaires, 200,000 f. pour le chapitre de Saint-Denis, 200,000 f, pour la maison des hautes études, si on peut parvenir à l'élablir cette année; 1,200,000 fr: pour les bourses des séminaires, 600,000 fr. pour secours aux anciennes religieuses. En 1827, 6758 religieuses ont participé à ce secours, Différentes congrégations ou établissemens reçoivent 220,000 fr. La plus graude partie de cette somme est pour des religieuses enseignantes ou hospitalières. On propose d'accorder 970,000 fr. en secours aux communes pour construire ou réparer leurs églises et presbytères; précédemment il n'y avoit que 800,000 fr. , qui sont évidemment insuffisans. En 1826, 1874 communes ont participé à ce secours, et en 1827, 2040. Les secours pour les prêtres vieux et infirmes montent à 520,000 f., les dépenses ordinaires diocésaines à 1,440,000 fr., et les dépenses extraordinaires à 1,900,000 fr. Ce dernier article comprend les constructions ou réparations des églises diocésaines. Il y a pour près de 12 millions de travaux adjugés et entrepris. Enfin, il y a 130,000 fr. de dépenses accidentelles. Après avoir passé en revue toutes les parties de son budget , le ministre présente des renseignemens sur le nombre des communaulés autoriséi's. Nous sommes obligés, de renvoyer à un autre numéro la fin de son discours. 9 Lettre de M. l'évéque de Chartres à S. Exc. M;' de Vatis menil, ministre de l'instruction publique, au sujet de la formation des comités cantonnaux dans le département ď Eure-et-Loir. Monseigneur, j'ai différé la nomination de deux notables pour chaque comité cantonnal, que je vous avois en quelque surte annoncée par ma lettre du 20 mai, et que vous me pressez d'effectuer, parce que l'état des choses étant bien changé depuis la date de ma lettre, j'ai cru devoir mûrir ma détermination et voir à loisir ce que je pouvois faire. A présent mes idées sont fixées, monseigneur, et je dois vous déclarer que ce qui a été fait et dit depuis deux mois m'engage à m'abstenir des choix dont il s'agit. Le discours que V. Exc. a prononcé devant la chambre, le 7 juil. 7 let, a été particulièrement l'objet de mes profondes méditations ; j'y ai vu la règle de ma conduite; souffrez que je vous expose les inductions que j'en ai tirées. La profession de foi que vous y failes, monseigneur, c'est que la liberté en matière d'éducation doit avoir des limites, et qu'une liberté non restreinte est une chimère dans l'ordre civil. Je pourrois vous représenter, monseigneur, que cette chimère ne se réalise que. trop sur d'autres articles, puisqu'il n'y a point d'insulte à la religion de l'Etat, de mauvaise doctrine, d'erreurs impies qui ne soient permises à la liberté de la presse. Mais cette réflexion à part, ce qui m'afflige, c'est que le catholicisme seul soit l'objet et la victime des restrictions qui ont trait à l'éducation publique, que toutes les limitations et toutes les rigueurs soient réservées our lui, gu'on interprète toutes les lois à son désatantage, et que la religion, qui est de toutes les institutions la plus nécessaire et la plus sacrée, soit dépouillée pièce à pièce, non-seulement de ce qui fait sa prospérité, mais de ce qui assure sa vie et sa durée. Permettez-moi de vous le dire, monseigneur, votre discours est plein, de ces interprétations rigoureuses et de ces explications de lois où il y a toujours perte pour la religion. Je ne crains pas même de vous marquer mon étonnement de ce que les paroles d'un miniştre aussi connu par la supériorité de ses talens, m'ont paru offrir souvent des erreurs graves. Mon zèle pour des vérités qui me sont plus chères que la vie vous expliquera la sincérité avec laquelle je vais vous parler, monseigneur. Vous trouvez constitutionnel et juste qu'on oblige quiconque voudra entrer dans l'enseignement, à signer au préalable qu'il n'appartient à aucune congregation ou association religieuse non reconnue. Mais quand on lit la Charte, on ne comprend pas qu'une pareille Tome LVI. L'Ami de la Religion et du Roi. V niesure puisse être prise sous son einpire. La Charte ne fouilc point dans les cours; clle déclare tous les Français admissibles à tous les emplois; clle n'autorise pas à les en exclure pour des opinions ou des engagemens innocens ; elle n'en écarte que les indignes. Remarquez de plus, múnseigneur: qu'un tel droit implique dans les termes. Du moment qu'une association religieuse n'est pas reconnue par l'Etat, l'Etat est donc censé l'ignorer. Mais dites-vous, monseigneur, le gouvernement ne peut perdre son droit de surveillance; j'en conviens sans peine; aussi peut il surveiller les meinbres de cotte association, mais non pas les repousser, mais non pas les flétrir, mais non pas les déclarer suspects, mais non pas créer contre eux des incapacités légales. Cette 'conséquence est si évidente que, si on la rejette, il semble qu'il n'y ait plus dc Charte, du moins pour les chrétiens. En Angleterre, il y a des congrégations religieuses catholiques; le gourernement n'y rend pas lear condition pire que celle des autres non-conformistes. Que dis-je ? sous les gouvernemens les plus despotiques, en Turquie, par exemple, les religieux n'ont jamais porté aux yeux du despote un caractère particulier de réprobation. On ne les frostroit point des droits qui étoient laissés à ce malheureus peuple. Comment ne pas regarder après ceia comme une chose inexplicable, qu'en France, sous l'égide de la Charte, au moment où toutes les libertés sont dégagées des moindres gênes, les membres seuls des congregations pieuses puissent être traités comme une caste disgraciée ? Qu'on proposat aux professeurs protestans de Strasbourg de signer qu'ils n'appartiennent pas à la congrégation des frères moraves ou à telle antre association semblable, quels cris! quel soulèvement! Que vous importe, diroit-on ? Où est donc 'la Charte et la liberté de conscience? Convenez, 'monseigneur, que vous respecteriez ces réclamations, on plutôt qu'il ne vous viendroit jamais dans l'esprit d'y donner lieu ? Vous ne renteriez pas non plus de présenter un pareil formulaire à souscrire aux francs-maçons ou aux illuminés. N'est-il donc pas visible que le code de la liberté n'est muet ou voilé que pour le culte catholique ? Mais une réflexion mille fois plus forte, c'est que ces engagemens religieux sont regardés comme un trait de perfection par la religion de nos pères , qui est la religion de l'Etat. Ce détachement a été déclaré, par Jésus-Christ, le comble de la vertu. Un gouvernement chrétien peut-il donc voir un motif de méfiance et d'exclusion dans ce qui a été aux yeux de l'Homme - Dieu un titre de prédilection et de faveur ? Comment concilier la profession de respect pour l'Evangile avec une appréciation des choses directement contraire à l'Evangile? Il faut avouer, monseigneur, qu'on se perd dans ces contradictions. En voici cependant une plus frappante encore. Il est permis de blasphémer Dieu, et il n'est pas permis, du moins sans s'exposer à de tristes rigueurs, de s'unir pour mieux servir Dieu! Quoique l'Etat reconnoisse lc Fils de Marie pour le divin fondateur de sa religion, il a été permis de nier la divinité de Jésus-Christ, dans un livre imprimé et déclaré innoccnt , et il n'est pas permis, dà moins si l'on |