« Il est accordé au ministère des allaires ecclesiastiques, sur les fonds de l'exercice 1829, un crédit extraordinaire de 1,200,000 fr. spécias lement affecté à l'instruction ecclésiastique secondaire. » La chambre fixe la discussion de ce projet après ceile de la loi sur la partie du budget relative aux dépenses. Aucun orateur ne s'est fait inscrire à l'ayance pour soutenir cette nouvelle loi. Les députés qui se présentent pour la combattre sont MM. de Corcelles, Duplessis de Grénédan, Marchal, de Caqueray, G. de la Rochefoucauld. On reprend la délibération sur le budget du ministère de l'intérieur. L'article relatif aux établissemens scientifiques et littéraires porte 1,593,000 fr. M. Ch. Dupin prétend que l'école polytecnique ne pro, duit plus d'hommes instruits comme sous l'usurpateur, et que les élèves qui ne peuvent payer 2000 fr. de pension n'y sont pas admis. M. Becquey répond qu'il y a cependant 24 bourses pour les jeunes gens peu fortunés qui présentent des dispositions, qu'il résulte des examens quc Ics éléves n'ont jamais éié plus instruits, et que, si les jeunes gens se destinent plutôt pour les ponts-el-chaussées que pour le génie militaire, c'est parce que l'on est en temps de paix. M. Étienne demande le retranchement des 12,000 fr. affectés, à titre de frais de représentation, au gonverneur de cette école. Cette réduction 'est'adoptée. Encouragemens aux sciences , aux lettres et aux arts, 160,000 fr. M. B. Constant s'oppose à cette allocation. Il est détourné de la voter par la doctrinc qu'a professée le ministère sur la prérogative royale, et par l'ordre du jour qu'il a provoqué. Il craint que ces fonds'ne servent à protéger des écrivains et des opinions qui étoient en honneur sous le dernier ministère. M. de Martignac montre qu'il n'a fait que son devoir en soutenant les droits de la prérogative royale, qu'on ne sauroit contester én pareil cas. Quant à l'allocation, elte ne sert point à appuyer la politique du ministère, puisque ces fonds sont distribués en encouragemens par une commission bien connue. M. Dupin ainé revient sur la question du licenciement. M. De!aborde annonce qu'il auroit continué cette discussion, mais qu'une autre (celle de l'accusation) la fera bientôt rouvrir. A ce souvenir, M. B. Constant retire sa proposition, et l'allocation est adoptée: Subvention aux théâtres royaux, y compris l'école de chant et de' déclamation, 1,460,000 fr. La commission propose une réduction de 160,000 fr. M. S. de la Rochefoucauld, directeur-général, s'y oppose. Il entre à cet effet dans des détails pour défendre son administration, et montrer les économies qu'on y apporte. M. G. de la Rochefoucaulali. s'élève contre les redevances des petits théâtres en faveur des grands. M. le préfet de la Seine et M. le ministre de l'intérieur combattent la réduction demandée , et sputiennent la nécessité de l'allocation. M de Berbis insiste pour le retranchement, qui est ensuite adopté. La section V contient 11,825,796 fr. pour dépenses départementales. M. Jobez attaque les préfets , parce qu'ils ont été nommés la plupart par le dernier ministère, qu'ils exercent dans leurs départemins une influence politique dangereuse , et qu'ils ne marchent pas Le 16, l'on dans la voie constitutionnelle. Ses excursions excitent à tout moment les interruptious de la droite. M. le ministre de l'intérieur se plaint de ce que le préopinant reproche au ministère de mettre trop de lenteur et de prudence dans les épurations désirces; il voudroit que l'on citât un préfet qui n'agit point comme it le doit, et il s'empresseroit de faire justice. M. Lepelletier d'Aulnay voudroit qu'on s'occupât' d'une loi municipale , et qu'on pût examiner les dépenses de chaque département. M. Gallul demande une réduction de 500,000 fr. sur les traitemens des préfels : elle est rejetée. Une autre de 10,000 fr. , proposée par M. Thénard, est adoptée. M. Petou demande une réduciion d'un vingtième sur les 2,917,000 fr. d'abonnemens pour les préfectares , sommes qui servent aux frais des bureanx et à ceux d'einployés. Çe retranchement, qui s'élève à 145,850 fr., d'abord combattu par M. de Berbis, parce que la commission ne l'a pas demandé, est mis aux voix. Deux épreuves étant douteuses, on procède à l'appel nominal, et il est adopté à la majoriré de 151 contre 134, ce qui est suivi d'une vive agitation. Les articles des dépenses variables de départemens, des secours spéciaux , passent ensuite , et terminent le ministère de l'intérieur. avant à la discussion de son budget, M. le ministre du commerce prononce un discours dans lequel il s'attache prin. cipalement à défendre le système actuel de douanes. Le moyen de satisfairc aux réclamations élevées au sujet des vins lui semble être de modérer les droits d'octroi, en commençant par ceux de la ville de Paris. MM. d'Harcourt, Voyer d'Argenson et J. Lefèvre sc plaignent de la création du ministère du commerce. M. Syricys de Marinhac défend l'utilité de cette administration; mais il pense qu'on ne doit pas y joindre la direction de l'agriculture , qui ne peut qu'appartenir au ministre de l'intérieur. M. de Saint-Cricq répond aux orateurs qui ont parlé contre son ad.. ministration. La chambre adopte la réduction de 30,000 fr. sur le traitement du ministre , et une économie de 33,600 fr. proposée par la commission sur les 272,000 fr. portés pour le personnel des bureaux. MM. Pelet et Pelou réclament la suppression des 74,000 fr. dewan. dés pour les agens commerciaux. M. de Saint-Cricq soutient l'utilité de ces functionnaires. Après deux épreuves douleuses, la suppression est: adoptée à la majorité de 192 contre 126. L'article suivant porte 380,000 fr. pour le conservatoire des arts et métiers et les écoles royales de Châlons et d'Angers. M. G. de la Rochefoucauld prononce , malgré les murmures de la droite et l'impa.? tience de la chambre, un discours où il rappelle particulièrement le transfert de l'école de Châlons à Toulouse , pour lequel il prétend qu'on a abusé de la puissance du Roi. M. de Syrieys répond à tous les détails dans lesquels le predpinant est entré sur cette école. M. Ch. Dupin revient sur cette atfaire; il prend la défense des élèvos , parle surtout du duc de la Rochefoucauld-Liancourt , et proposc au ministre up plan d'instruction à prescrire. . 9 9 a Depuis la lettre des 150 élèves des Jésuites que nous avons insérée, no 1453, il en est quelques autres qui ont aussi élevé la voix eu faveur de leurs maitres. Un jeune de Santine a fait insérer dans la Quotidienne un témoignage de sa reconnoissance et de son attachement pour les Jésuites; il croiroit manquer à un devoir, s'il néglia, geoit de rendre hommage à leur mérite et à leurs rares vertus. Un autre jeune homme, Louis Caverot, qui ne se trouvoit point à Paris, et qui n'a pu prendre part à la déclaration de ses auciens camarades, ' annonce qu'il adhère de ceur et d'affection à tout ce qu'ils ont proclamé des vertus et du dévoûment des Jésuites qu'il faut avoir vus de près pour les apprécier comme ils le méritent. M. Paulin de Malmussc, ancien élève de Saint-Acheul, proteste également, dans uno leltre adressée à la Quotidienne, contre les calomnics dont les Jésui-. tes sont l'objet. Aux réclainations des jeunes gens on peut joindre celle d'un père de famille, de M. le baron de l'Epine , député du Noril, qui, dans la séance du 8 juillet, s'est élevé contre les nouvelles ordonnances, et spécialement contre celle qii proscrit les écoles tenues par les Jesuites. Nous ne donnerons qu'un extrait de son discours, ou on trouvera l'accent d'un chrétien et d'un père : « Je représente l'opinion et les douleurs de trois mille pères de famille, qui mettent comme moi au-dessus de tout la nécessité de donner à leurs enfans des principes religieux, seu! gage de la paix des familles et de la stabilité des empires. Nous l'avions trouvée cette éducation religieuse et monarchique; depuis près de quinze années l'expérience avoit prouvé l'excellence de ses méthodes et la supériorité de ses institutipnus. Par quelle aveugle fureur de détruire a-t-on porté la hache sur ces établissemens précieux, qu'il auroit fallu créer si nous n'avions eu le bonhcur de les posséder? » Qu'elle est profonde cette plaie qui vient d'être faite à la religion et à la monarchie ! Nos enfans étoient élevés dans l'amour de leur Dieu et de leur Roi; ils croissoient à l'abri de ces asiles protec. teurs où n'osa jamais pénétrer cette licence qui insecte tant d'autres établisseinens : leurs 'mours étoient pures, leurs jeunes coenrs formés de bonne heure à de nobles, à de religieus sentimens. Heureux de notre cunliance et de la docilité de leurs élèves, leurs vertueux maitres, selon l'ingénieuse expression l'un de nos honorables collègues, qui s'est fait tout à coup leur adversaire après avoir été un de leurs plus chauds admirateurs, leurs maitres pouvoient, comme autrefois l'illustre Cornélie, les montrer avec une égale confiance à leurs amis et à leurs ennemis. » Déjà, forts de leurs principes et d'une instruction sulide, ces élèves , rentrés au sein de leurs familles, commençoient à se répandre છે. en assez grand nombre dans la société, à y donner l'exemple des vertus unies à d'estimables talens , à une modestie plus estimable encore.... » Se seroit-on effrayé de cette apparition sulite d'une génération nouvelle qui nous menaçoit d'un heureux retour à la foi de nos pères, d'un attachement inviolable à la dynastie légitime; d'une génération qui, en faisant revivre les bonnes moeurs, s'annonçoit avee. le triste présage de ramener la prospérité dans l'Etat et le bonneur dans les familles ? On seroit tenié de le croire, aux cris d'alarmes et de fureur qui ont éclaté de toutes parts. » Mais, dit-on, nous ne voulons point de ces instituteurs qui obéissent à un chef étranger..... Dans ce cas, abjurons tous le catholie cisme, car le chef de cette religion n'habite pas la France. - » Hommes de bonne foi, je dois le croire, mais dout on a cruellement surpris la confiance, vous avez cru devoir céder à ces importunes clameurs..... » Concessions malheureuses, fécondes en repentirs, et dont vous n'avez pas calculé toutes les suites! » Vous nous mettez en opposition avec la plupart des peuples qui nous enlourent; vous proscrivez ce qu'ils ont tous le bon esprit d'éncourager et d'accueillir, vous faites refluer chez eux l'or que la France en recevoit; vous faites pire, vous faites refluer chez eux, à notre préjudice , le mode d'éducation que vous repoussez. » Vous répandez la consternation dans le sein des familles : vous ne connoissez donc pas le cour des pères? Si vous le connoissiez , vous ne les auriez pas blessés dans leurs affections les plus tendres, dans leurs droits les plus justes, dans leurs devoirs les plus sacrés. » On a pa remarquer que, depuis quelque temps, nos numéros étoient presque entièrement remplis par des articles de circonstances sur différens sujets. Les réclamations des évêques entrent de dioit dans notre journal; de plus, nous avons eu à présenter des pièces ou des réflexions sur l'instruction primaire, sur les Jésuites, sur les écoles ecclésiastiques, sur le mariage des prêtres, sur les discours de la chambre , enfin sur des matières d'un intérêt présent, et qu'on ne pouvoit renvoyer à un utre temps. Les évènemens se pressent, et nous ne pouvons nous dispenser de mettre nos lecteurs au courant de tout ce qui se passe d'important pour la religion et pour la société. Mais en même temps ce soin nous laisse fort en arrière pour rendre compte des ouvrages nouveaux : nous recevons, tant de Paris que des provinces , des instances pourelles ou même des reproches de la part d'auteurs, d'éditeurs et de libraires qui se plaignent qu'on n'annoncc pas les livres qu'ils avoient envoyés. Il est vrai que nous en avons un assez grand nombre dont il ne nous a pas encore été possible de parler. On nous excusera à raison de la gravité des circonstances et de l'intérêt de quelques discussions du moment. Nous espérons pouvoir nous remettre pen à peu au courant , et remplir les justes désirs des personnes qui nous avoient adressé leurs ouvrages. La fin de la session amènera, il faut le croire , un peu plus de calme dans la politique, et nous laissera plus de place pour les annonces arriérées des livres, de: entreprises et des éditions qui méritent l'estime et les encouragemens du public. Sur deux procès portés récemment devant les tribunaux. Notre siècle, nous fournit des rapprochemens et des contrastes assez piquans, en voici un qui vaut la peine d'être remarqué. Le hasard veut qu'il se trouve en même temps deux procès devant les tribunaux pour deux successions; l'un de ces procès étoit pour un legs universel fait à la boile à Perrette, l'autre pour un legs fait, dit-on, aux Jésuites. Le premier legs a été trouvé bon et valable; quant au second, c'est une manoeuvre ténébreuse et abominable, c'est une preuve de la cupidité et de l'immoralité des Jésuites. Des gens qui se prétendent impartiaux trouvent tout simple qu'on dépouille les familles pour enrichir la boîte à Perrette; mais donner à des Jésuites, quelle horreur! on seroit peutêtre tenté de croire qu'une contradiction si choquante est une fiction plaisante. Non, les deux causes ont retenti devant les tribunaux. Nous avons nous-même rendu compte, no 1365, du procès des héritiers Jacquinot contre la boîte à Perrette. Les faits, les interrogatoires, toutes les circonstances du procès tendoient à montrer le fidéi - commis. Néanmoins les jansénistes se remuèrent, ils ont des amis, et le tribunal de première instance de Paris, qui a pour viceprésident un des légataires, jugea, le 31 août de l'année dernière, que les héritiers n'étoient point recevables dans leurs demandes. Ceux-ci en appelérent; la cause fut portée devant la cour royale. M. Dupin plaida, le 17 juin dernier, pour les béritiers, et M. Barthe pour les légataires. Tous deux ont fait l'éloge de l'ordonnance contre les Jésuites , qui venoit de paroître. M. Dupin, qui ne vouloit blesser personne, a évité de désigner les légataires comme jansenistes; ce sont de très-honnêtes gens, a-t-il dit, mais c'est précisément là qu'est le danger. Ces honnêtes gens se feront une fausse conscience, et croiront travailler à leur' salut en s'emparant d'une succession. M. Barthe s'est moqué de ceux qui voyoient le jansénisme dalis celte affaire; il s'est plaint de la Gazette des tribunaux, qui avoit intitulé son premier article : Testament Tome LVI. L'Ami de lo lieligion el du Rni X |