il appelle cela une espèce d'embauchement. Ainsi voilà M. l'evêque de Chartres traduit comme un embaucheur, et embaucheur parce qu'il s'abstient. Cette insolente expression auroit pu étonner autrefois dans un journal que l'on croyoit royaliste et religieux; mais le ton qu'a pris ce journal depuis quelques années, ses écarts et ses violences nous ont préparés à ses insultes. Le Constitutionnel, qui fait assaut de politesse et de retenue avec les Débats, accuse aussi le clergé de résistance et de révolte, et il joint à cela. une autre idée qui n'est pas moins heureuse, c'est que le clergé est, depuis 40 ans, en révolte contre tous les gouvernemens. Oh! ce trait-là mérite la palme en fait d'absurdités; la révolte du clergé contre l'assemblée constituante, qui l'a dépouillé de ses biens, de ses droits, de ses honneurs, qui y a introduit la discorde le schisme! la révolte du clergé contre l'assemblée législative, qui a décrété la déportation et laissé faire les massacres de septembre! la révolte du clergé contre la convention, qui a mis l'apostasie en honneur, qui trainoit les prêtres sur les échafauds, ou les faisoit périr dans les cachots et sur les pon. tons! la revolte du clergé contre le directoire, qui avoit organisé une persécution plus sourde, mais non moins efficace, qui envoyoit les prệtres à la Guyane, ou les entassoit à l'ile de Rhé! la révolte du clergé contre des gouvernemens qui ont fait des milliers de victimes dans le clergé, qui avoient soif du sang des prêtres, qui avoient juré de les exterminer ! Ainsi ce sont les bourreaux qui sont justifiés, et ce sont les víctimes qui sont coupables; il y a dans cet argument autant d'humanité et de sensibilité que de raison et de logique. En vérité, ne semble-t-il pas que la haine de certaines gens contre le clergé va jusqu'à la barbarie, et de telles déclama ions ne fortifient-elles pas les raisonnemens et les prévisions de M. l'évêque de Chartres, loin de les affoiblir? --- Dans les temps de parti, il arrive quelquefois que ceux qui ne sont pas violens sont accusés de timidité, et qu'on est tenté de regarder comme pusillanime quiconque s'abstient de toute exagération. En disant ce que nous pensiops des ordonnances du 16 juin, nous nous étions exprimé franchement, mais sans aigreur. Nous n'avons point pris mollement le parti des Jésuites, et nous avops réclamé avec force contre le coup qui les frappe, et qui est un juste sujet de deuil pour la religion et pour les familles; mais nous n'a vons point dit que ce fût là une question rétrécie, comme si la première ordonnance étoit beaucoup moins déplorable que la seconde. En parlant de celle-ci, nous en avons montré les tristes conséquences, mais nous n'avons point mêlé de personnalités à nos raisons. Les gémissemens de la douleur se concilient mal avec l'ipsulte et le persifflage. Nous nous serions fait scrupule surtout de flétrir un évêque qui, lors même qu'il se seroit trompé, mériteroit encore des égards; comment peut-on trouver étonnant que des journaux attaquent le clergé avec violence, si des chrétiens prennent plaisir à humilier un évêque et à l'accabler d'insultes et de dérisions pleines d'amertume ? Nous avons évité également d'allier des reproches outrés à des plaintes trop légitimes; nous ne nous pardonnerions pas, par exemple, d'avoir dit que, par les nouvelles ordonnances, l'enseignement théologique étoit transporté au Roi, tandis qu'il n'y a pas dans ces ordonnances un mot relatif à l'enseignement théologique; ce qui est assez évident, puisqu'il n'y est question que des petits séminaires. Encore nous concevrions jusqu'à un certain point ces exagérations dans un premier mouvement de zèle et de sensibilité de la part d'un chrétien plein de foi; mais ce qui nous paroîtroit plus étonnant, c'est que la réflexion ne l'eût pas ramené dans les bornes convenables, et qu'il eût cru, pendant une discussion de plusieurs jours, pouvoir se livrer à un ton de moquerie et de déclamation qui n'étoit digne ni de lui ni de sa cause. Il se félicite d'avoir obtenu d'illustres suffrages ; c'est un avantage qui n'a pas manqué non plus à celui qu'il taxe de timidité. Des noms honorables dans le clergé ont approuvé ce qu'il lui plaît de trouver pâle et foible. Dernièrement encore, un évêque d'un noble caractère et d'un beau talent est venu nous montrer, par son exemple, comment il convient de défendre la religion. La Lettre de M. l'évêque de Chartres est un modèle de cette discussion grave et solide, mais en même temps sage et mesurée, qui évite tous les excès et sait observer toutes les convenances. Nous nous estimons heureux de suivre, quoique de loin, les traces d'un prélat si judicieux et si zélé, et de concilier le respect pour l'autorité avec de légitimes réclamations. Nous espérons marcher toujours ainsi sur la même ligne que l'épiscopat, qui, sans doute, n'approuve pas qu'on verse l'ignominie sur un de ses membres. Cette courte explication suffit peut-être pour repousser le blame injuste dont nous avons été l'objet, et auquel nous ne devions pas nous attendre. Il étoit inutile apparemment de donner ce sujet de joie à nos ennemis, et d'étaler à leurs yeux de tristes divisions, qui nous affoiblissent encore, et qui augmentent leur audace. NOUVKLLES POLITIQUES. Paris. Il nous est impossible de donner aujourd'hui les détails du voyage de MADAME, duchesse de Berri, depuis la Vendée jusqu'à Bordeaux. Partout la princesse a été reçue avec un enthousiasme qu'ont redoublé encore sa grâce et son affabilité. S. A. R. a quitté Bordeaux le 18, et est arrivée à Pau le lendemain. - A l'occasion de sa fêle, M. Ic duc de Bordeaux a fait remettre à M. le curé de Saint-Cloud , tant pour habiller les enfans de l'école de charité que pour soulager les vieillards, une somme de 600 fr. recueil. Jie sur ses épargnes. S. A. R. se propose, en outre, de faire les frais des prix qui seront distribués à cette école à la fin de l'année scolaire, - M. le duc de Bordeaux a daigné envoyer un nouveau sccours de 200 fr. aux pauvres de Plauzat (Puy-de-Dôme). M. le curé de cette paroisse a célébré, à cette occa ion, une messe solennelle pour la conservation de l'enfant de France et de son auguste famille. - Mlle d'Orléans a fait passer à M. le préfet du Puy-de-Dôme une somme de 300 fr. pour les incendiés de Chambon. - Le nouvel ambassadeur britannique en France, lord Ch. Stuart, est arrivé à Paris. Le dimanche 6 juillet, à 3 heures après midi, un violent orage a éclaté sur la ville de Tarare; un nuage chargé de grêle y a porté la désolation et le ravage. Les récoltes ont été entièrement détruites à la campagne; dans la ville, presque toutes les vitres ont été cassées, et l'église de la Madeleine éprouve une perte de 2000 fr. environ. M. l'archevêque d'Amasie, instruit de ce désastre, a envoyé un secours aux curés de la ville pour remédier aux besoins les plus pressans. · Les ravages que la petite vérole exerçoit dernièrement à Marseille commencent à se ralentir. - A la suite d'une chaleur extrême, un horrible ouragan, qui a fondu sur la ville de Bucharest, a détruit et renversé une quantité de bâtimens. Beaucoup de personnes ont été tuées. On évalue les dégâts à 3 millions de piastres. Les symptômes de peste diminuent dans cette ville, - Les Russes avancent toujours; les bulletins portent qu'ils ont déjà pris plus de 800 pièces de conon aux Turcs. La forteresse d'Anapa, attaquée par terre et par mer, s'est rendue le u juin , après s'être vaillamment défendue pendant 40 jours. - Le r-résident de la Grèce s'est rendu , avec Maurocordato , à Monasteri, pour conférer avec les évêques envoyés par le sultan. CHAMBRE DES PAIRS. Le 19, M. le duc de Tarente a d'abord prononcé l'éloge funèbre du maréchal marquis de Lauriston. M. le comte Malé a fait ensuite deux rapports, le premier, sur la proposition faite par M. le vicomte Lainé, relativement à la compétence et an mode de procéder de la cour des pairs; le second, sur le projet relatif à l'interprétation des lois. La discussion de ce projet a été fixée à mardi. Le surplus de la séance a été occupé par divers rapports faits au nom du comité des pétitions, par MM. le marquis d'Orvilliers et le comte d'Argout. merce. CHAMBRE DES DÉPUTÉS. Une somme de 10,000 fr. est affectée à l'impression et à la publication de documens concernant l'industrie. M. Ch. Dupin voudroit qu'on ajoutat à cette allocation 50,000 fr. sur les 74,000 fr. retranchés co dernier lieu la veille. M. de Saint-Cricg consent, au nom du Roi , à cette proposition; elle est appuyée par MM. Oberkampf, Dc marçay, Petou et Sébastiani, puis rejetée à la majorité. La chambre adopte au contraire, sur cet article, une réduction de 8000 fr proposée par la commission. Primes accordées pour la pêche de la morue et de la baleine, 2,400,000 fr. M. Morel appuie cet article. M. Ch. Dupin monte en.. core à la tribune : les nombreux cris de clôture obligent M. le président à la meltre aux voix, et, malgré 2 éprcuves douteuses, la discussion coniinue. Beaucoup de «léputés se retirent dans la salle des conférences, et l'orateur prononce, au milieu du bruit, un discours pour présenter ses vues sur la pêche, et se plaindre de la manière dont se distribuent les primes. M. le ministre du commerce donne des explications, et l'article est adopté, On passe au budget du ministère de la guerre. Le ministre expose la situation de notre armée, les économies que l'on apporte dans les différenies dépenses de son administration, M. Demarçay présente de longues considérations sur toutes les parties du service militaire; mais l'inattention et l'impatience de la chambre le forcent à abréger la lecture de son discours. M. Lesergent combat la réduction de 441,927 fr., que la commission propose sur les camps de manoeuvres de Sant-Omer et Lunéville. M. Jacqueminot se plaint de voir figurer au budget la maison militaire du Roi, et surtout les 12,000 Suisses au service de la France. La conserva. tion de ces soldats étrangers lui pareit une question de budget : on feroit mieux de faire garder le Roi par la garde naticoale parisienne. Il insiste pour qu'on fasse .disparoitre du budget la solde de ces troupes, et que, par le même moyen, on licencie de fait la légion de Hohenlohe. 5 M. de Salvandy, commissaire du Roi, tout en annonçant qu'il vient combattre les orateurs qui ont parlé contre ce budget, traite la question des Suisses d'une manière qui a excité quelquefois les murmures de la droite. M. Leydet appuie les observations des préopinans. Le. 18, on continne la discussion générale sur le ministère de la guerre. M. D. de Sesmaisons croit que tout ce que l'on peut faire est de réduire le plus possible les dépenses en temps de paix. Il regarde comme d'une bonne politique de maintenir les capitulations avec les cantons helvétiques. M. Coutard prend la défense des Suisses, et rappelle leur héroïque fidélité; il fait remarquer que les auxiliaires étrangers donnent à un certain nombre de nos jeunes cultivateurs, le loisir de se livrer à l'agriculture. M. Mathieu Dumas demande aussitot la parole; mais la clôture est prononcée. La chambre adople la rédnction de 30,000 fr. sur le traitement du ministre , une de 20,000 fr. sur les !,060,000 fr. destinés à ceux des employés, et une de 35,000 fr. sur le matériel , suivant les conclu. sions de la commission. Etats-majors, 17,873,000 fr. M. Moyne demande la suppression des 219,000 fr. affectés aux gouverneurs militaires, en taxant ces places de sinécures. M. Sébastiani rappelle qu'elles sont données à des généraus qui se sont illustrés, et s'oppose à cette suppression. M. Aug. Perrier appuie l'amendement de M. Moyne. M. le ministre de la guerre fait observer que, parmi tous les officiers-généraux , il n'y en a pas plus de 20 qui cumulent 2 trailc. mens. Quant aux gouvernemens des divisions militaires, c'est une récompense que le Roi donne à des généraux qui ont commandé en chef des armées : c'est un titre intermédiaire entre ceux de lieutenant-général et de maréchal de France. M. Dupin ainé se plaint de ce qu'on fasse tant de disficultés pour établir des économies ; il trouve qu'il y a beaucoup trop de généraux, et insiste pour la suppression. M. Coulard soutient qu'on attaqueroit les prérogatives de la couronne, si l'on ôtoit au Roi , chef de l'armée, le moyen de récompenser les services des généraux. M. Arihur de Labourdonnaye croii que l'on ne devroit pas ainsi marchander avec des guerriers qui ont versé leur sang si généreusement. M. de Berbis, rapporteur de la commission, repousse la suppression proposée par M. Moyne : elle est cependant adoptée par une majo. rité formée des deux partirs de la gauche et de quelques membres du centre droit. M. Jacqueminot demande que l'on ritranche du chapitre les 118,000 fr. destinés à l'état-major des Suisses, M. le ministre de l'intérieur fait voir qu'il y va de l'honneur de la chambre et de la France , comme de la couronne, de rejeter une pareille proposition. C'est en vertu de traités que les troupes suisses sont au service du Roi, et ce seroit un inanque (le foi que de mettre le gouvernement dans l'impessibilité de rétribuer ces tronpes, M. Dupin ainé attaque avec chaleur l'emploi des Suisses. A la fin de son discours, souvent interrompu par les improbations de la droite, il lui échappe de dire les Jésuites pour les Suisses , ce qui exeite une |