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suffit peut-être pour repousser le blâme injuste dont nous avons été l'objet, et auquel nous ne devions pas nous attendre. Il étoit inutile apparemment de donner ce sujet de joie à nos ennemis, et d'étaler à leurs yeux de tristes divisions, qui nous affoiblissent encore, et qui augmentent leur audace.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Il nous est impossible de donner aujourd'hui les détails du voyage de MADAME, duchesse de Berri, depuis la Vendée jusqu'à Bordeaux. Partout la princesse a été reçue avec un enthousiasme qu'ont redoublé encore sa grâce et son affabilité. S. A. R. a quitté Bordeaux le 18, et est arrivée à Pau le lendemain.

- A l'occasion de sa fête, M. le duc de Bordeaux a fait remettre à M. le curé de Saint-Cloud, tant pour habiller les enfans de l'école de charité que pour soulager les vieillards, une somme de 600 fr. recueillie sur ses épargnes. S. A. R. se propose, en outre, de faire les frais des prix qui seront distribués à cette école à la fin de l'année scolaire.

M. le duc de Bordeaux a daigné envoyer un nouveau sccours de 200 fr. aux pauvres de Plauzat (Puy-de-Dôme). M. le curé de cette paroisse a célébré, à cette occasion, une messe solennelle pour la conservation de l'enfant de France et de son auguste famille.

Mlle d'Orléans a fait passer à M. le préfet du Puy-de-Dôme une somme de 300 fr. pour les incendiés de Chambon.

Le nouvel ambassadeur britannique en France, lord Ch. Stuart, est arrivé à Paris.

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Le dimanche 6 juillet, à 3 heures après midi, un violent orage a éclaté sur la ville de Tarare; un nuage chargé de grêle y a porté la désolation et le ravage. Les récoltes ont été entièrement détruites à la campagne; dans la ville, presque toutes les vitres ont été cassées, et l'église de la Madeleine éprouve une perte de 2000 fr. environ. M. l'archevêque d'Amasie, instruit de ce désastre, a envoyé un secours aux, curés de la ville pour remédier aux besoins les plus pressans.

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Les ravages que la petite vérole exerçoit dernièrement à Marseille commencent à se ralentir.

- A la suite d'une chaleur extrême, un horrible ouragan, qui a fondu sur la ville de Bucharest, a détruit et renversé une quantité de bâtimens. Beaucoup de personnes ont été tuées. On évalue les dégâts à 3 millions de piastres. Les symptômes de peste diminuent dans cette ville.

Les Russes avancent toujours; les bulletins portent qu'ils ont déjà pris plus de 800 pièces de canon aux Turcs. La forteresɛe d'Anapa, attaquée par terre et par mer, s'est rendue le 11 juin, après s'être vaillamment défendue pendant 40 jours.

- Le président de la Grèce s'est rendu, avec Maurocordato, à Monasteri, pour conférer avec les évêques envoyés par le sultan.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 19, M. le duc de Tarente a d'abord prononcé l'éloge funèbre du maréchal marquis de Lauriston.

M. le comte Malé a fait ensuite deux rapports, le premier, sur la proposition faite par M. le vicomte Lainé, relativement à la compétence et an mode de procéder de la cour des pairs; le second, sur le projet relatif à l'interprétation des lois. La discussion de ce projet a été fixée à mardi.

Le surplus de la séance a été occupé par divers rapports faits au nom du comité des pétitions, par MM. le marquis d'Orvilliers et le comte d'Argout.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 17, on continue la discussion du budget du ministère du com

merce.

Une somme de 10,000 fr. est affectée à l'impression et à la publication de documens concernant l'industrie. M. Ch. Dupin voudroit qu'on ajoutát à cette allocation 50,000 fr. sur les 74,000 fr. retranchés en dernier lieu la veille. M. de Saint Cricq consent, au nom du Roi, à cette proposition; elle est appuyée par MM. Oberkampf, De marçay, Petou et Sébastiani, puis rejetée à la majorité.

La chambre adopte au contraire, sur cet article, une réduction de 8000 fr proposée par la commission.

Primes accordées pour la pêche de la morue et de la baleine, 2,400,000 fr. M. Morel appuie cet article. M. Ch. Dupin monte en.. core à la tribune : les nombreux cris de clôture obligent M. le président à la mettre aux voix, et, malgré 2 épreuves douteuses, la discussion continue. Beaucoup de députés se retirent dans la salle des conférences, et l'orateur prononce, au milieu du bruit, un discours pour présenter ses vues sur la pêche, et se plaindre de la manière dont se distribuent les primes. M. le ministre du commerce donne des explications, et l'article est adopté,

On passe au budget du ministère de la guerre.

Le ministre expose la situation de notre armée, les économies que l'on apporte dans les différentes dépenses de son administration. M. Demarcay présente de longues considérations sur toutes les parties du service militaire; mais l'inattention et l'impatience de la chambre le forcent à abréger la lecture de son discours. M. Lesergent combat la réduction de 441,927 fr., que la commission propose sur les camps de manœuvres de Saint-Omer et Lunéville. M. Jacqueminot se plaint de voir figurer au budget la maison militaire du Roi, et surtout les 12,000 Suisses au service de la France. La conservation de ces soldats étrangers lui parcit une question de budget: on feroit mieux de faire garder le Roi par la garde nationale parisienne. Il insiste pour qu'on fasse disparoitre du budget la solde de ces troupes, et que, par le même moyen, on licencie de fait la légion de Hohenlohe.

M. de Salvandy, commissaire du Roi, tout en annonçant qu'il vient combattre les orateurs qui ont parlé contre ce budget, traite la question des Suisses d'une manière qui a excité quelquefois les murmures de la droite. M. Leydet appuie les observations des préopinans. Le 18, on continue la discussion générale sur le ministère de la guerre.

M. D. de Sesmaisons croit que tout ce que l'on peut faire est de réduire le plus possible les dépenses en temps de paix. Il regarde comme d'une bonne politique de maintenir les capitulations avec les cantons helvétiques. M. Coutard prend la défense des Suisses, et rappelle leur héroïque fidélité; il fait remarquer que les auxiliaires étrangers donnent à un certain nombre de nos jeunes cultivateurs le loisir de se livrer à l'agriculture. M. Mathieu Dumas demande aussitôt la parole; mais la clôture est prononcée.

La chambre adopte la réduction de 30,000 fr. sur le traitement dù ministre, une de 20,000 fr. sur les 1.060,000 fr. destinés à ceux des employés, et une de 35,000 fr. sur le matériel, suivant les conclusions de la commission.

Etats majors, 17,873,000 fr. M. Moyne demande la suppression des 219,000 fr. affectés aux gouverneurs militaires, en taxant ces places de sinécures. M. Sébastiani rappelle qu'elles sont données à des généraux qui se sont illustrés, et s'oppose à cette suppression. M. Aug. Perrier appuie l'amendement de M. Moyne.

M. le ministre de la guerre fait observer que, parmi tous les officiers-généraux, il n'y en a pas plus de 20 qui cumulent 2 traite mens. Quant aux gouvernemens des divisions militaires, c'est une récompense que le Roi donne à des généraux qui ont commandé en chef des armées : c'est un titre intermédiaire entre ceux de lieutenant-général et de maréchal de France.

M. Dupin ainé se plaint de ce qu'on fasse tant de difficultés pour établir des économies; il trouve qu'il y a beaucoup trop de généraux, et insiste pour la suppression. M. Coutard soutient qu'on attaqueroit les prérogatives de la couronne, si l'on ôtoit au Roi, chef de l'armée, le moyen de récompenser les services des généraux. M. Arthur de Labourdonnaye croit que l'on ne devroit pas ainsi marchander avec des guerriers qui ont versé leur sang si généreusement. M. de Berbis, rapporteur de la commission, repousse la suppression proposée par M. Moyne: elle est cependant adoptée par une majo rité formée des deux parties de la gauche et de quelques membres du centre droit.

M. Jacqueminot demande que l'on retranche du chapitre les 118,000 fr. destinés à l'état-major des Suisses,

M. le ministre de l'intérieur fait voir qu'il y va de l'honneur de la chambre et de la France, comme de la couronne, de rejeter une pareille proposition. C'est en vertu de traités que les troupes suisses sont au service du Roi, et ce seroit un nanque de foi que de mettre le gouvernement dans l'impossibilité de rétribuer ces troupes.

M. Dupin ainé attaque avec chaleur l'emploi des Suisses. A la fin de son discours, souvent interrompu par des improbations de la droite, il lui échappe de dire les Jésuites pour les Suisses, ce qui excite une

longue hilarité dans la chambre. Quelques députés s'écrient : Il a toujours un Jésuite dans la gorge. M. Jacqueminot retire son amendement.

La chambre adopte, suivant les conclusions de la commission, et malgré les observations de MM. de Caux et Hygonnet, une réduction de 239,000 fr. sur les états-majors.

La réduction de 105,954 fr., proposée par la commission sur les camps de manœuvre, est rejetée après 2 'épreuves.

Une autre réduction de 60,000 fr. sur les traitemens de l'intendance militaire, portés à 2,306,000 fr., et une de 40,000 fr. sur les 1,575,000 fr. de traitemens d'états-majors de place, sont ensuite adoptées, quoique combattues par le ministre.

Le 19, M. Lepelletier d'Aulnay fait le rapport de la commission qui a été chargée de l'examen du projet de loi sur la dotation de la pairie. Il conclut à l'adoption du projet, en supprimant les art 4, 5 et 6.

MM. Dupont (de l'Eure), de Sade et Andréossy font un rapport de pétitions.

Le sieur Hue-Sallé se plaint de soustractions d'effets de commerce contenus dans des lettres confiées à la poste. Ces billets, montant à 7748 fr., ont été payés à un individu se disant demeurer à Vaugirard. M. le marquis de Vaulchier rappelle que la poste n'a aucun moyen de suivre les traces des lettres qui lui sont confiées, lorsqu'on ne les fait pas charger, et que les soustractions, qui sont d'ailleurs fort rares, peuvent se commettre par les portiers, les domestiques ou les commis auxquels les lettres sont remises. Il annonce, au reste, que tous les moyens judiciaires et de police ont été employés pour rechercher les coupables, en supposant que la déclaration du pétitionnaire soit véritable. M. Crignon de Montigny ne suspecte pas plus la probité des employés de la poste que l'allégation du plaignant; mais il croit qu'on pourroit attribuer le fait au cabinet noir

M. de Formont se plaint de ces réclamations qu'on fait à l'envi contre une administration aussi bien tenue, et qui a un chef si respectable. Il raconte qu'une lettre contenant des valeurs, pour laquelle il avoit fait des réclamations, fut retrouvée long-temps après chez lui, dans des papiers où son portier l'avoit glissée par mégarde. Quant au monopole de cette administration, l'orateur soutient qu'on ne sauroit y renoncer. M. B. Constant appuie avec chaleur ces nouvelles plaintes.

M. le ministre des finances assure que tous les moyens de surveillance possibles sont employés, que le cabinet noir n'existe point. Avant d'accuser l'administration des postes, il auroit fallu avoir des preuves que la soustraction provient de ses agens. Il est d'un bon esprit, ajcute S. Exc., de dénoncer les abus; mais il ne faut pas les exagérer ceux dont il s'agit ne sauroient d'ailleurs être plus rares.

M. Laisné de Villevêque défend la pétition. M. Jacquinot-Pampelune annonce qu'il a fait faire une instruction judiciaire. M. Pe. tou voudroit que l'on ajournât cette affaire au samedi suivant, parce qu'il y aura des réclamations semblables. Le renvoi au ministre des finances est prononcé, suivant les conclusions de la commission.

La chambre renvoie au garde-des-sceaux une autre pétition d'un

sieur Ferat, employé de la poste, qui voudroit qu'il existât une punition contre les individus autres que les employés qui se permettroient d'ouvrir des lettres.

Elle passe à l'ordre du jour, d'après les explications de M. de Curzay, préfet, sur une réclamation de deux électeurs d'Ille-et Villaine, qui se plaignent d'avoir été privés du droit de voter.

M. l'abbé Joffroi, curé à Joigny, demande qu'on améliore le sort des prêtres sexagénaires. Renvoi au ministre des affaires ecclésias-tiques.

Le sieur Pfaffenhoffen demande de nouveau le remboursement des sommes qu'il dit avoir prêtées aux princes pendant la révolution. La commission propose le renvoi au ministre des finances.

S. Exc. annonce que le Roi a nommé une commission pour examiner les créances de cette nature. L'ordre du jour est prononcé. Une autre réclamation sur les domaines du prince de Conti a le même sort, après quelques débats..

La chambre renvoie aux ministres de l'intérieur, du commerce et de la justice plusieurs pétitions contre les abus du colportage.

Elle prononce l'ordre du jour sur celle d'un sieur Anduze, qui se plaint de ce que, malgré le concordat, les fêtes supprimées sont fètées le jour même, et qui demande que les cérémonies de l'Eglise soient gratuites.

Le 21, l'affluence est extrêmement nombreuse; la tribune des pairs est remplie. M. le duc de Chartres est présent.

M. Girod (de l'Ain) fait le rapport de la commission qui a examiné la proposition de M. Labbey de Pompières.

M. le rapporteur rend compte des opérations de la commission.. Elle a cru devoir demander aux ministres actuels des renseignemens précis sur l'admission des Jésuites, sur les instructions données aux préfets pour les élections, sur la concession d'un domaine de l'Etat au Calvaire et celle de l'ancienne Chartreuse, diocèse de Grenoble, sur la restitution de forêts à des fabriques et aux cathédrales de Reims et Châlons, sur le port gratuit des journaux et pamphlets, le rapport au Roi sur la garde nationale, l'arrestation de Caron, la détention de plusieurs habitans de la Martinique, etc.

M. Portalis a répondu, au nom de ses collègues, que des motifs de l'ordre le plus élevé ne leur permettoicnt pas de donner communiIcation des documens demandés.

Ici M. Girod (de l'Ain) prend en particulier chacun des 17 faits examinés par la commission, et rend compte des divergences d'opinions qui ont eu lieu sur ces faits: 4 membres ont été d'avis que la censure avoit été établie à propos; 8 ont pensé que le dernier ministère n'avoit pas traité défavorablement les protestans; 3 membres ont déclaré qu'il n'étoit pas coupable dans l'affaire des troubles de la rue Saint-Denis, mais la majorité a pensé le contraire; la majorité a reconnu que les Jésuites n'avoient pas été introduits par le dernier ministère.

Lorsqu'il s'est agi de prendre un parti sur la question de savoir s'it y avoit lieu à accusation, 3 membres ont répondu non; 2 ont répondu non, avec réserve de blâme ; 4, oui, avec réserve d'instruire.

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