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pas être plus magnanimes, et des libéraux devroient-ils montrer lant de rancune et d'esprit de vengeance?

Le second crime de M. d'Hermopolis est plus précis encore que le premier; il a toléré les Jésuites proscrits par nos lois. L'attentat est patent, la seule présence des Jésuites parmi nous accuse le ministre. Oserons-nous adresser quelques petites observations à M. Labbey de Pompières? Sur les huit établissemens de Jésuites qui existent actuellement, six existoient avant le dernier ministère; Saint-Acheul, Bordeaux, Montmorillon, Auray, Forcalquier, Aix ont été formés en 1814, 1815, ou peu après; ils ont été formés en vertu de l'ordonnance du 5 octobre 1814, qui assuroit aux évêques le droit d'avoir une école ecclésiastique. Ils ont subsisté sous les divers ministères qui se sont succédé depuis 1814. Ainsi M. Lainé, M. Pasquier, M. Decazes, M. Siméon ne seroient pas moins coupables que M. d'Hermopolis; il -faudroit les mettre tous en état d'accusation. Ils ont trahi, ils ont forfait; il faut en faire un exemple qui inspire une frayeur salutaire aux ministres présens et futurs. Ils ne violeront plus aussi ouvertement les lois, quand on en aura pendu une douzaine.

Deux écoles seulement de Jésuites ont été établies sous le dernier ministère, l'une à Dôle, l'autre à Clermont; toutes deux l'ont été conformément aux dispositions de l'ordonnance du 5 octobre 1814. Les évêques de St-Claude et de Clermont ont provoqué l'érection de ces deux écoles; l'Université a donné son avis, et sur le rapport de M. Corbière, ministre de l'intérieur, deux ordonnances rendues le 17 décembre 1823 et le 4 août 1824 ont autorisé les deux écoles. Le dernier ministère n'a donc fait en cela que se conformer à la législation existante; il a suivi l'exemple des ministères précédens, qui avoient laissé s'établir les six autres écoles de Jésuites, le tout en vertu de l'ordonnance de 1814. Cette ordonnance portoit que les évêques nommeroient les supérieurs de leurs écoles ecclésiastiques. Ces maisons étoient exclusivement sous leur autorité; ils y appeloient qui ils vouloient, le ministre ne pouvoit les contrarier dans leurs choix. Les évêques de St-Claude et de Clermont ont appelé des Jésuites comme avoient fait précédemment les archevêques de Bordeaux et d'Aix, les évêques d'Amiens, de Poitiers, de Digne et de Vannes. Ceux-ci n'avoient point été

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gênés par les précédens ministères; les autres ne pouvoient pas l'être davantage par la dernière administration. On ne peut donc lui faire aucun reproche qui ne retombe en plein sur les ministres antérieurs, et si ceux-ci ne sont pas coupables, les autres ne sauroient l'être.

Nous aurions même encore une autre autorité à alléguer M. Royer-Collard a été, pendant plusieurs années, président de la commission d'instruction publique; c'étoit sous les ministères qui ont précédé le dernier. St-Acheul florissoit alors, il étoit notoire la maison étoit dirigée que par les Jésuites. M. Royer-Collard, qui en étoit bien instruit, qui savoit sans doute par le recteur de l'Académie tout ce qui s'y passoit; M. Royer-Collard ne s'éleva pas contre cet abus, il n'envoya pas ordre au recteur de disperser les Jésuites, il ne les dénonça ni au ministère ni aux chambres. Il jugea apparemment que, s'il y avoit quelques abus, on ne pouvoit les faire cesser que par un changement dans la législation de l'instruction publique. Il laissa donc en paix St-Acheul, Bordeaux, Montmorillon, etc. Il est donc aussi complice du crime de M. d'Hermopolis, il a trahi, il a forfait, il a violé les lois. M. Labbey de Pompières ne peut se dispenser de provoquer aussi contre lui un acte d'accusation. De fil en aiguille, nous trouverions bien d'autres coupables, et ce seroit une suite d'accusations qui pourroient ne pas amuser beaucoup de gens, même parmi ceux qui crient contre le

dernier ministère.

Depuis que cet article étoit rédigé, M. Girod (de l'Ain). a fait son rapport dans la séance du 21 juillet, au nom de la commission chargée d'examiner la proposition de M. Labbey de Pompières. M. Girod (de l'Ain) est un conseiller à la cour royale de Paris et un ancien membre de la chambre des représentans pendant les cent jours. Le témoi gnage de ce député ne sera pas suspect de partialité en faveur de l'ancien ministère. Son rapport ne nomme point en particulier M. l'évêque d'Hermopolis, et déclare que, d'après l'avis de la majorité de la commission, des religieux n'avoient pas été rappelés en secret en France par le dernier ministère. Deux membres seulement de la commission ont cru qu'il y avoit eu trahison de la part du ministère dans la protection accordée aux Jésuites; cinq ont été d'un avis contraire, et deux ont opiné pour un plus ample informé.

Ainsi ce chef d'accusation est écarté, et en effet, il ne paroît pas soutenable. A la vérité, la majorité de la commission a aussi émis cet avis que la tolérance et la protection accordée aux Jésuites par l'ancien ministère étoient contraires aux lois. Mais l'ancien ministère n'a pas plus fait pour les Jésuites que les ministères qui l'avoient précédé, et par conséquent, il ne mérite pas plus de blâme sur ce point.

Ce rapport de M. Girod (de l'Ain) donneroit lieu à bien des réflexions. On est étonné, en le lisant, d'y trouver si peu de matière à une accusation. Aussi voit-on que les membres de la commission ont été extrêmement divisés sur les divers chefs; il n'y a eu d'unanimité sur aucune question, tant les crimes de l'ancien ministère étoient notoires et frappoient tous les yeux! On remarquera encore que lės repro❤ ches faits à ce ministère ne sont pas de n'avoir pas hien servi le Roi et la monarchie; non, c'est de n'avoir pas bien servi la révolution, d'avoir contrarié le système libéral, d'avoir arrêté des conspirations, etc. On y a fait entrer jusqu'à des minuties ridicules, par exemple, d'avoir cédé à des religieux la jouissance de quelques arpens de bois. Il semble que, d'après ce rapport même, les ministres auroient pu être sur-le-champ déchargés de toute accusation; mais non, on vouloit les tenir en haleine. C'est une épée qu'on laisse suspendue sur leurs têtes; cette arme pourra les inquiéter quelque jour. Dans l'intervalle de la session, on travaillera les esprits; les journaux seront chargés d'exciter des ressentimens et d'appeler des vengeances. Les partisans de l'accusation se fortifieront peut-être dans la chambre; voilà les espérances des ennemis du dernier ministère, voilà comment ils pratiquent l'union et l'oubli qu'ils prêchent aux autres. Nous examinerons une autre fois le reste des crimes de M. d'Hermopolis.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le samedi 19, M. l'abbé de Maccarthy a prêché dans l'église de l'Assomption le panégyrique de saint Vincent de Paul; il avoit pris pour texte ces paroles des Actes des apôtres: Pertransiit benefaciendo et sanando omnes. Si ces pa

roles, a-t-il dit, pouvoient jamais s'appliquer à un homme, ce devoit être surtout à Vincent de Paul, qui avoit soulagé tant de misères, calmé tant de douleurs, ramené à Dieu tant de pécheurs égarés, et qui avoit laissé après lui de si précieuses institutions et des établissemens si sagement conçus et si noblement exécutés. Ce discours, partagé en deux parties, a offert partout une brillante et magnifique composition, digne en tout d'un si riche sujet. Dans la première partie, l'orateur a montré saint Vincent de Paul travaillant au bonheur des hommes par la réformation efficace de leurs mccurs, et dans la seconde, saint Vincent de Paul travaillant au bonheur des hommes par le soulagement non moins efficace de toutes les infortunes. M. de Maccarthy a rempli ces deux points de la manière la plus attachante et la plus heureuse, présentant tour à tour des faits touchans, de brillans tableaux, d'éloquens mouvemens. Il s'est demandé si la bienfaisance du siècle, ce magnifique mensonge, pourroit opérer tant de prodiges, et il a montré que la religion seule avoit pu inspirer tant de vertus et donner tant d'influence à un homme pauvre et d'une humble condition. Un nom breux auditoire remplissoit l'église de l'Assomption. Après le discours, M. l'ancien évêque de Tulle a donné le salut.

Deux députés estimables, M. de l'Epine, député du Nord, et M. de Verna, de Lyon, ont déposé sur le bureau de la chambre des pétitions de plusieurs notables de leur département, qui demandent la révocation des ordonnances du 16 juin. Ces pétitions ne méritent-elles pas autant d'être accueillies que celles de Marcet et consorts? On dit néanmoins qu'il ne sera pas fait de rapport à cet égard.

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Un Mémoire très-bien fait vient d'éclaircir une affaire dont l'esprit de parti s'étoit emparé pour exciter des préventions et des haines contre le clergé; un extrait de ce Mémoire servira de réponse aux déclamations qu'avoit accueillies un journal toujours fort empressé à révéler et à grossir les scandales. Voici les principaux faits de l'affaire, qui a eu un grand éclat dans quelques départemens de l'ouest. L'abbé Fraigneau, né à St-Maixent, et attaché à une paroisse de cette ville, mourut le 30 janvier 1826, à l'âge de 83 aus, laissant environ 2000 fr. de rente que ses héritiers recueillirent. Deux mois avant sa mort, il avoit envoyé au petit séminaire de Saint-Maixent une somme de 7917 fr., afin de

contribuer à l'éducation de quelques jeunes ecclésiastiques. Il fit remettre en même temps environ 2000 fr. à la supérieure des filles de la Charité pour les pauvres de la ville. Le 4 décembre 1825, l'abbé Fraigneau avoit annoncé ses intentions à M. Auzuret, curé de St-Maixent, et ce fut, ce pasteur qui fut chargé d'en prévenir les supérieurs du petit séminaire. Ils allèrent aussitôt en remercier l'abbé Fraigneau, qui, le jour même, fit porter l'argent au séminaire par sa domestique.. Une lettre de lui, en date du 21 décembre 1825, montre qu'il avoit voulu employer en oeuvres pies une somme de 10,000 fr. qu'il avoit touchée autrefois pour dommages et intérêts dans un procès calomnieux. L'argent envoyé au petit séminaire fut consacré sur-le-champ à acheter une petite maison de campagne pour y conduire les élèves les jours de congé; cette maison fut cédée par Mm veuve de Magne pour 9000 fr., et cette acquisition fut autorisée par ordonnance du Roi du 30 avril 1826. Le séminaire étoit en possession de cette maison, lorsqu'il se forma un complot pour l'en dépouiller; des lettres anonymes et menaçantes furent adressées aux supérieurs, et un particulier très-connu de St-Maixent, mais que le Mémoire ne nomme pas, excita les héritiers Fraigneau à répéter la somme donnée par leur oncle. Il s'offrit de faire toutes les démarches, et parvint, à force de zèle, à mettre le procès en train. Les supérieurs du séminaire sont assignés par-devant le tribunal de Niort pour restituer un dépôt de 15,200 fr. qu'ils avoient reçu, disoiton, de l'abbé Fraigneau; ils répondent qu'ils n'ont point reçu de dépôt, mais un don de 7917 fr. Un jugement du 3 avril 1827 termina ce premier procès, en déclarant les héritiers non-recevables dans leur demande contre les supérieurs personnellement, sauf à eux à intenter action contre le séminaire, s'ils s'y croyoient fondés. Mais il fallut faire entendre à toute la France le plaidoyer prononcé à Niort contre les supérieurs, MM. Cherbonneau et Lacroix, et la Gazette des tribunaux du 28 mai 1827 consacra 5 colonnes à reproduire des contes ridicules. On supposoit que les supérieurs du séminaire avoient effrayé l'abbé Fraigneau, fui avoient montré l'enfer ouvert, s'il ne leur dounoit pas son bien. Le 23 juillet, nouvelle demande formée contre le séminaire, nouvelle instruction, nouveau scandale de plaidoirie, et enfin, le 3 décembre 1827, le tribunal de Niort re

et

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