roles , a-t-il dit, pouvoient jamais s'appliquer à un homme, ce devoit être surtout à Vincent de Paul, qui avoit soulagé tant de misères, calmé tant de douleurs, ramené à Dieu tant, de pécheurs égarés, et qui avoit laissé après lui de si précieuses institutions et des établissemens si sagement conçus et si noblement exécutés. Ce discours, partagé en deux parties, a offert partout une brillante et magnifique composition, digne en tout d'un si riche sujet. Dans la première partie, l'orateur a montré saint Vincent de Paul travaillant au bonheur des hommes par la réformation efficace de leurs miocurs, et dans la seconde, saint Vincent de Paul travaillant au bonheur des hommes par le soulagement non moins efficace de toutes les infortunes. M. de Maccarthy a rempli ces deux points de la manière la plus attachante et la plus heureuse, présentant tour à tour des faits touchaps, de brillans tableaux, d'éloquens mouvemens. Il s'est demandé si la bien fai-ance du siècle, ce magnifique mensonge, pourroit opérer tant de prodiges, et il a montré que la religion seule avoit pu inspirer tant de verlus et donner tant d'influence à un homme pauvre et d'une humble condition. Un nombreux auditoire remplissoit l'église de l'Assomption. Après le discours, M. l'ancien évêque de l'ullc a donné le salut. - Deux députés estimables, M. de l'Epine, député du Nord, et M. de Verna, de Lyon, ont déposé sur le bureau de la chambre des pétitions de plusieurs potables de leur départenient, qui demandent la révocation des ordonnances du 16 juin. Ces pétitions ne méritent-elles pas autant d'être accueillies que celles de Marcet et consorts? On dit néanmoins qu'il ne sera pas fait de rapport à cet égard. Un Mémoire très-bien fait vient d'éclaircir une affaire dont l'esprit de parti s'étoit emparé pour exciter des préventions et des haines contre le clergé; un extrait de ce Mémoire servira de réponse aux déclamations qu'avoit accueillies un journal toujours fort empressé à révéler et à grossir les scan. dales. Voici les principaux faits de l'affaire, qui a eu un grand éclat dans quelques départemens de l'ouest. L'abbé Fraigneau, né à St-Maixent, et attaché à une paroisse de cette ville, inourut le 30 janvier 1826, à l'âge de 83 ans, laissant environ 2000 fr. de rente que ses héritiers recueillirent. Deux nois avant sa mort, il avoit envoyé au petit séminaire de Saint-Maixent une somme de 7317 fr., afin de contribuer à l'éducation de quelques jeunes ecclésiastiques. Il fit remettre en même temps environ 2000 fr, à la supérieure des filles de la Charité pour les pauvres de la ville. Le 4 déagmbre 1825, l'abbé Fraigneau avoit annoncé ses intentions à M. Auzuret, curé de St-Maixent, et ce fut ce pasteur qui fut chargé d'en prévenir les supérieurs du petit séminaire. Ils aslèrent aussitôt en remercier l'abbé Fraigneau, qui, le jour même, fit porter l'argent au séminaire par sa domestique. Une lettre de lui, en date du 21 décembre 1825, montre qu'il avoit voulu employer en ceuvres pies une somme de 10,000 fr. qu'il avoit touchée autrefois pour dommages et intérêts dans un procès calomnicux. L'argent envoyé au petit séminaire fut consacré sur-le-champ à acheter une petite maison de campagne pour y couduire les élèves les jours de congé; cette maison lut cédée par Mme veuve, de Magne pour 9000 fr.., et cette acquisition fut autorisée par ordonnance du Roi du 30 avril 1826. Le séminaire étoit en possession de cette maison, lorsqu'il se forma un complot pour l'en dépouiller; des lettres anonymes et menaçantes furent adressées aux supérieurs, et un particulier très-connu de St-Maixent, mais que le Mémoire ne nomme pas, excita les héritiers Fraigneau à répéter la somme donnée par leur à oncle. Il s'offrit de faire toutes les démarches, et parvint, à force de zèle, à mettre le procès en train. Les supérieurs du séminaire sont assignés par-devant le tribunal de Niort pour restituer un dépôt de 15,200 fr. qu'ils avoient reçu, disoiton, de l'abbé Fraigneau; ils répondent qu'ils n'ont point reçu de dépôt, mais un don de 7917 fr. Un jugement du 30 avril 1827, termina ce premier procès, en déclarant les héritiers non-recevables dans leur demande contre les supérieurs personnellement, sauf à eux à intenter aclion contre le séminaire, s'ils s'y croyoient fondés. Mais il fallut faire entendre à toute la France le plaidoyer prononcé à Niort contre les supérieurs, MM. Cherbonneau et Lacroix, et la Gazette des tribunaux du 28 mai 1827 consacra 5 colonnes à reproduire des contes ridicules, On supposoit que les supérieurs du séminaire avoient effrayé l'abbé Fraigneau, et fui avoient montré l'enfer ouvert, s'il ne leur donnoit pas son bien. Le 23 juillet, nouvelle demande formée contre le séminaire , nouvelle instruction, nouveau scandale de plaidoiric, et enfin, le 3 décembre 1827, le tribunal de Niort re connut que le don de l'abbé Fraigneau avoit été fait de sa pleine volonté, mais le déclara nul, faute d'une autorisation spéciale du roi. Le séminaire fut donc tenu de rendre les 7917 fr., plus les intérêts, et de payer les dépens. Les superieurs en ont appelé à la cour royale de Poitiers, et c'est en cet état qu'est l'affaire. Le Mémoire que nous avons sous les yeux, et qui est signé Bréchard et Foucher, est rédigé avec beaucoup de modération et de retenue. Après avoir exposé les faits , les avocats discutent le point de droit : ils montrent 1° qu'un don manuel est consommé par la simple tradition; 2° qu'il n'a pas besoin de l'accep!ation royale; 3o que le don de l'abbé Fraigneau a été approuvé par le Roi; 4° enfin que c'est le fruit de la volonté la plus libre. Nous ne suivrons point le Mémoire dans la preuve qu'il donne de ces quatre chefs; nous remarquerons seulement la partie du Mémoire qui tend à prouver que les dons manuels ne sauroient être sujets à revendication. Si les églises ont été restaurées de-. puis le concordat, si elles ont été pourvues d'ornemens et de vases sacrés, c'est par des dons manuels, des oblations et des quêtes, et jamais il n'est venu à la pensée de personne qu'on pật les répéter. Les séminaires particulièrement n'ont été rétablis et ne subsistent que par ces dons et offrandes, et ce seroit les anéantir que de déclarer ces dons nuls. Que de sommes à restituer! Il suffircit donc de constater par les registres d'un séminaire qu'il a reçu telle somme, pour que les Héritiers eussent droit de la répéter. On pourroit ainsi révoquer de même les dons faits aux établissemens de charité. Ůn tel système est insoutenable, et les premiers juges n'en ont pas senti apparemment toutes les conséquences. Le Mémoire finit pas repousser les calomnies répandues contre les supérieurs du petit séminaire de St-Maixent, calomnies qui n'ont point trompé les magistrats, mais qui n'ont trouvé que trop d'esprits crédules paimi la multitude et dans les classes ignorantes ou prévenues. Nous rendrons compte de l'arrêt, si on a la bonté de nous en informer; tous les établissemens ecclésiastiques ne peuvent que prendre un vif intérêt à la décision d'une affaire qui les touche également, et d'où dépendent leur conservation ou leur ruine. - Immédiatement après la mission donnée à Limoges par les missionnaires de France, M. l'évêque de Limoges appela cinq ecclésiastiques de son diocèse, qui avoient déjà travaillé dans les missions, et qui avoient suivi les exercices de la dernière : ces ecclésiastiques sont M. Pic, ancien supérieur des prêtres auxiliaires ; MM. Lainé, curé de Bénévent; Ribière, curé de St-Priest-Ligoure; Jaucour, curé de SaintDizier, et Ninard, aumônier du collège. Le prélat les chargea d'aller donner une mission à Chambon, petite ville du département de la Creuse , à l'extrémité du diocèse. Ils y arrivèrent le 26 mai, et furent reçus avec de grandes démonstrations de respect et de joie. Le peuple alla au-devant d'eux et les accompagna à l'église, ou les missionnaires allerent d'abord faire leur prière. L'ouverture de la mission eut lieu le 27 par un discours et une procession à laquelle assistèrent les autorités et beaucoup de fidèles des paroisses' voisines. Aucun nuage n'a troublé ces jours de salut: L'affluence, l'assiduité aux exercices, le zèle pour entendre la parole de Dieu, ont répondu au zèle des missionnaires. Il venoit des fidèles de vingt paroisses environnantes, non-seulement du département de la Creuse, mais des départemens voisins de l'Allier et du Puy-de-Dôme. Sept confesseurs en permanence n'ont pu suffire aux besoins. Il a fallu prier les curés de venir confesser leurs paroissiens. Plusieurs mariages ont été bénis; plus de 200 mauvais livres ont été jetés au feu, et d'autres marques efficaces de foi et de repentir ont été données. Il y a eu environ 1500 communians, par la réunion des fidèles de paroisses voisines. La plantation de la croix, qui a eu lieu le 27 juin, a été fort édifiante; la croix étoit portée par des hommes choisis, qui tous avoient fait leur mission, et le discours du missionnaire fut entendu avec de vives démonstrations de piété. Les habitans ont prié le grand - vicaire présent à la cérémonie pour obtenir de M. l'évêque un vicaire, afin de seconder leur pasteur, qui est âgé; le prélat le leur a promis, et le traitement du vicaire est déjà assuré. On'a établi la confrérie du Rosaire, et les missionnaires vont, sur la demande des habitans, former un dépôt de bons livres. M. l'évêque se propose de visiter ces braves gens et d'établir parmi eux le chemin de la croix. On se rappelle qu'il y a quelque temps, une Seur Ollivier a présenté à la chambre des députés une pétition contre M. l'évêque de Châlons. Elle avoit annoncé, dit-on, quc sa pétition feroit du scandale, et se réjouissoit de forcer son évêque à ployer. Vers le même temps, le prélat alloit а visiter les hospices de la ville. Il célébra la messe à l'HôtelDieu, visita les malades dans les différentes salles, distribua des aumônes et adressa à chacuu des paroles de consolation. Il s'arrêta surtout dans la salle des militaires, leur parla avec affection, et les engagea à bien servir Dieu et le Roi. La même visite eut lieu à l'hospice des Vieillards et des Orphelins; les uns et les autres assistèrent à la messe que le prélat célébra pour eux. Il voulut aussi les servir, et leur adresser quelques mots d'encouragement et de piété. Il les engagea à être bien recopaoissans des soins des Soeurs, qui l'accompagnoient partout. La Soeur Ollivier étoit du nombre, elle a recueilli, comme les autres, les bénédictions de son évêque, et reçu les mêmes témoignages. de bonté. C'est ainsi que sait se venger un vertueux prélat. Tous les ans, il visite les hospices, et y laisse des leçons et des exemples de piété, de zèle et de charité. Les prisons de la ville ne peuvent porter d'envie aux hôpitaux; les malheureux habitans de ces tristes demeures ont vu M. l'évêque visiter tous les cachots, faire distribuer des vivres et de l'argent, et adresser des paroles de paix et de consolation. S NOUVELLES POLITIQUES. Paris. M. le Daupbin a mis à la disposition de M. le préfet des Bouches-du-Rhône une somme de 1000 fr., pour secourir les plus nécessiteux des habitans de Marseille atteints de la petite vérole. Sur la demande de M. le général Ilygonnet, député du Cantal , M. le Darphin a accordé 400 fr. aux habitans malheureux de la commune de Ladinhae, et Mme la Dauphine 200 fç. à ceux de Labrousse. La nouvelle loi relative aux journaux et écrits périodiques vient d'être sanctionnée par le Roi et publiée dans le Bulletin des lois et dans le Moniteur. Une ordonnance royale du 16 prescrit de nouvelles mesures de précautions pour les diligences, messageries et voitures publiques. Il sera tenu, à chaque bureau de départ et à chaque relai, un registre paraphé par le maire, dans lequel les voyageurs pourront inscrire les plaintes qu'ils auroient à former. M. Viennet avoit avancé à la tribune que le cours sur l'histoire de France avoit été supprimé dans l'établissement des élèves de la marine à Angoulême. M. le contre-amiral vicomte de GallardTerraube, leur gouverneur, vient de déclarer que ce fait est de la 'plus grande inexactitude. - M. le marquis Dulyon, député des Landes, et ancien maire de Mont-de Mirsan, est mort le 21, à l'âge de 66 ans. |