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Comme inspecteur des forets de S. A, R., à la résidence d'Orléans , vous me permettrez de répondre à de telles assertions, et leséclair. cissemens que je vais vous donner sur cette prétendue chasse vous mettront, j'espère, à même de reconnoitre l'inexactitude des rensei. gnemens qui vous ont été donnés. ? Les réunions de gardes et agens pour toutes les chasses qui se font dans mon inspection doivent être ordonnées officiellement par moi : or, je puis attester n'avoir donné aucun ordre de ce genre, et il me seroit facile de prouver que j'ai consacré le jour de Pâque à remplir mes devoirs de chrétien, et non à procurer un scandale éclatant à toute une contrée. En outre, la chasse 'étoit fermée depuis longtemps : double motif pour qu'un tel ordre ne fût pas émané de moi.

Mais d'un autre côté, Monsieur, il est des mesures que commåndent les circonstances, mesures que vous-même prendriez, si l'expérience vous eût prouvé, nombre de fois, que les mauvais sujets saisissent le moment de l'office de la fête de Pâque pour mettre le feu à votre maison, car alors je ne puis douter que vous ne la fissiez garder par une partie de vos gens, tandis que vous enverriez l'autre å la messe. Eh bien! Monsieur, tel a été l'ordre que j'ai donné, nonseulement aux agens de l'arrondissement d'Orléans,

mais encore

à ceux des autres arrondissemens , et cela parce qu'en 1826 et 1827 le feu fut mis, le jour de la fête de Pâque'et pendant la messe, dans les arrondissemens de Lorris et de Vitry, où, en peu de momens, 80 hectares de bois furent la proie des flammes. J'ajouterai de plus que dans les bois de l'Etat, cette année même, il a été mis à onze endroits peu éloignés les uns des autres.

Cercottes se trouvant presque au milieu de la forêt et près des parties les plus exposées à ce genre de délit, a été indiqué par les agens qui commandoient les patrouilles comme point de réunion. Là ils se raffraichirent et reprirent ensuite le chemin de la forêt, présence peut-être a empêché d'étre le théâtre de nouveaux incendies.

Voilà , Monsieur, ce qui a eu lieu à Cercoltes le jour de la fête de Páque; et je vous avone que j'étois éloigné de penser que cela pût donner lieu à l'article de votre journal du 3 mai dernier; car outre que je professe la religion de mes pères, je suis persuadé que le prince que je sers, si je me fusse mis dans le cas que vous avez signalé, n'eût paş manqué de me faire connoître son mécontentement par l'intermédiaire de mes chefs, en supposant qu'il n'eût pas prononcé ma destitution.

J'attends, Monsieur, de votre impartialité que vous vouliez bien insérer cette réponse dans votre plus prochain numéro; et je dois d'autant plus y compter, qu'ami de lu religion et du Roi vous devrez vous trouver heureux de réhabiliter dans l'esprit de la société des hommes que vous avez pcints sous des couleurs on ne peut plus défavorables. Recevez l'assurance, etc.

LECAUCHOIX , inspecteur des forêts dc S. A. R. Mgr le

duc d'Orléans.

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que leur MERCRED: 30 JUILLET 18.8.

(N° 1458.)

Le Siècle de fer des Jésuites, ou la Persécution après

décès (1).

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« Décidément les Jésuites sont dans une veine de malheur comme jam.is on n'en a vu, tout leur tourne à persécution et å ruine; à peine sortis comme innocens par une porte, on les fait rentrer comme criinineis par une autre. Il n'y a pas jusqu'à l'ordre légal qui ne se dérange de sa route pour les poursuivre. Lui qui a de la tolérance pour tous les besoins et des accommodemens pour tous les goûts; lui qui voit du même wil les bons et les mauvais citoyens, le nouveau régione de la Charte et l'ancien régime parlementaire, les jansenistes de 1762 et les jacobins de 1793, les intérêts monarchiques et les intérets révolutionnaires; lui, enfin, qui protège tout le monde, sans distinction d'amis et d'ennemis, eh bien! il ticnt cependant une exception en réserve, et la fatalité veut que cette rude exception, que ceite exception unique soit applicable-aux pauvres Jésuites ! Non, vraiment, on n'est pas plus malheureux ! »

Sur ce seul début, je gage que l'on devinera de qui est ce nouvel écrit. Il est impossible d'y méconnoître la touche spirituelle et plaisanie d'un auteur qui s'est déjà signalé dans la défense de la mêipe cause. M. B. a un cachet qui n'appartient qu'à lui, et qui donne à ses productions un caractère particulier. Ce que j'y admire le plus, ce n'est pas le goût, la verve et l'originalité qui y brillent; c'est la vérité, le sens et l'àpropos de ses saillies, c'est le jugement profond qu'elles récèlent, c'est la mesure parfaite qu'il sait y observer. Il ne blesse point, il n'injurie point, il ne défend point ses cliens avec des personnalités grossières ou avec des plaisanteries pleines d'amertume. Il n'a ni emportement, ni exagération. Son ironie a quelque chose de fin et de délicat qui annonce un homme de bonne compagnie, et le lecteur se sent d'autant plus entraîné

(1) In-8°, A Paris, chez Dentu, rue du Colombier, no 21, et à la librairie ecclésiastique d'Adr. Le Clere et compagnie , au bureau de ce journal.

Tume LVI. L'Ami de la Religion et du Roi. Z

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à déférer à ses jugemens, qu'ils sont pleins de sagesse pour le fond et pour la forme.

L'auteur remarque, dans les circonstances même du coup qui a frappé les Jésuites, des preuves de l'estime qu'on leur porte :

« A la vérité, le bras séculier s'est levé pour frapper les victimes; mais combien de répugnances et d'hésitations ont précédé le sacrifice! que de détours et de chemins tortueux il a fallu prendre pour les atteindre! Non, jamais Pilate ne se sentit plus embarrassé de son cruel ministère; jamais l'innocence du Roi des rois ne lui causa plus de trouble, de scrupules et d'angoisses. Comme lui, des ministres ont códé aux vociférations, aux flots tumultueus, aux passions aveugles de la multitude. Mais avant de céder, ils ont aussi voulu se laver les mains. L'un d'eux n'a pas craint de déclarer solennellement que les Jésuites étoient des homines pieux et justes; qu'il se plaisoit à proclamer leur désintéressement, leurs vertus et leurs services, à pier l'esprit d'inirigue dont on les accusoit, a les reconnoitre enfin pour des modèles de bonnes moeurs et de régularité.

» Le gouvernement du Roi ne s'en est pas tenu là. Il a cru devoir une marquc plus éclatante encore de son estime et de sa confiance aux dignes ecclésiastiques qui dirigent les buit petits séminaires frappés d'interdiction. »

Cette marque de confiance, c'est de leur avoir accordé quatre mois d'existence; on n'en auroit pas usé ainsi avec des hommes dangereux, on ne leur auroit pas laissé le temps d'échauffer les esprits de la jeunesse; mais on étoit bien sûr que les Jésuites n'abuseroient pas de ce délai, et n'inspireroient à leurs élèves que des pensées de soumission :

« Ce que je viens de dire, cependant, n'est encore que la moindre partie de l'oraison funèbré des Jésuites. Voyez les regrets et les douleurs dont tout l'épiscopat, dont tout le clergé de France les honore; voyez la désolation des milliers de familles qui les pleurent, et le désespoir de tant d'élèves placés entre la nécessité de se séparer d'eux ou de les accompagner dans les cxils; écoutez les profonds gé. missemens de tout ce que la France possède de plus pur en vrais chrétiens, en catholiques fidèles; ajoutez-y, si vous voulez, les joies infernales et les imprécations de tout ce qu'elle renferme de plus corrompu, et vous aurez, je pense, la meilleure apologie qu'on puisse faire des trois cents prêtres que l'impiété nous force de lui livrer. »»

Nous avons parlé du procès pour la succession de

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l'abbé Beck à Colmar. L'auteur a tiré le plus heureux parti de cette affaire; il établit un colloque très-plaisant entre l'abbé Beck et la Gazette des tribunaux, et montre que la correspondance du Père Grivel n'a rien de bien horrible, que les dons de l'abbé Beck ne sont pas exorbitans, et qu'il n'y a rien de scandaleux dans son testament. En donnant une idée de ce procès, nous avions dit qu'il n'y avoit aucune comparaison à faire entre une succession de 60,000 fr. et celle du sieur Jacquinot, qui a été dévolue à la boîte à Perrette; mais nous aurions dû faire remarquer qu'il n'est nullement prouvé que la succession de l'abbé Beck soit do 60,000 fr. Les avocats de Colmar et la Gazette des tribunaux l'ont estimée à ce taux pour grossir les crimes des Jésuites, mais les pièces du procès ne la font monter qu'à 12,000 fr. Voilà cette énorme succession dont l'abbé Beck a conçu l'affreuse pensée de laisser le quart ou peut-être la moitié à des hommes qu'il estimoit! M. B. répond très-plaisamment à toutes les déclamations de la Gazette des tribunaux sur ce procès, et s'étonne cependant qu'on fasse tant de bruit pour un si mince legs dans un siècle où tant de gens cherchent à s'enrichir sans être fort scrupuleux sur les moyens d'y parvenir. Cet endroit est un des plus piquans de la brochure.

L'auteur compare ensuite la manière dont on traite aujourd'hui les Jésuites avec leur première proscription il y a plus de 60 ans, et avec les mesures prises

y contre eux sous Buonaparte, et il en déduit la

preuve des progrès que nous avons faits dans la route de l'ordre légal. Enfin il termine par les réflexions suivantes :

« Ainsi je suis toujours ramené aux considérations que j'ai présentées à leur sujet : ce n'est point leur position particulière qui les a conduits où ils sont, c'est notre position générale; ce n'est point de leur propre mal qu'ils sont morts, c'est du notre; c'est le mauvais air de notre atmosphère qui les a tués, et c'est un air qui nous tnera comme eux. Le dépérissement progressif des principes religieux et monarchiques, les rayages prodigieux de la licence, les vents.chauds

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qui nous vienvent de l'enfer; voilà les vraies causes de l'accident qui les a renversés; mais, aiosi que dans la plupart des autres maladies, la crise mortelle n'est venue que par accès. Nous avons vu s'amasser, pour ainsi dire, goutte à goutte le flot qui les a emportés. En un mot, ils ont fini parce que tout finissoit pour l'église de France.

» Maintenant, à quelles autres victimes du sacerdoce sont destinés les premiers coups: Les journaux révolutionnaires de tarderout pas à nous l'apprendre. En attendant, ils ont déjà la franchise de nous avouer que les Jésuites n'étoient à leurs yeux que des espèces de boucs émissaires qu'ils avoient choisis pour satisfaire à toutes les ex piations. Le Consiitutionnel du 19 juillet se montre là-dessus d'une candeur à étonner. Il déclare formellement que c'étoit par une combinaison réféchie, et par ménagement pour le reste du ciergé, qu'on étoit convenu de réunir contre la malheureuse compagnie d'élite tout le feu de la persécution, tous les procès à intenter, tous les griefs qui pouvoient peser sur le corps entier du sacerdoce catholique. Or, dit-il, puisque c'étoit pour sauver les autres que nous avions imaginé de perdre les Jésuites, et puisque ces autres ne nous savent pas gré de cette attention délicate, ils verront beau jeu! et pour qu'ils le voient tout de suite, il commence par entreprendre l'épiscopat, en lui reprochant d'être Jésuite, de faire cause commune avec les Jésuites , et de ne pas mieux valoir que les Jésuites.

» Et qui donc a jamais doute que le procès ne dút prendre celle dernière marche? Si nous cussions été embarrassés pour le deviner, c'eût été bien notre faute assurément, car les journaux révolutionnaires, les vocifératious de l'impiété, les intrigues antireligieuses, le langage des clubs électoraux, les barricades, les funérailles de nos grands hommes de l'athéisme, et jusqu'aux commentaires de M. Dupin sur les movogramares, tout s'étoit réuni pour nous préparer à quelque chose de pareil. Ainsi nous a urions tort de nous plaindre; Diea merci, nous n'avons point été attaqués par surprise, et les yeux qui n'auroient point vu, les oreilles qui n'auroier pas entendu, seroient vraiment bien affligés.

» Seulement on avoit paru espérer que la faction anticatholique ne rentreroit pas en campagne dès le lendemain de la mort des Jésuites, et qu'après les avoir si rudement flagellés, elle auroit essayé, du moins pendant quelque temps, de cacher scs verges à l'épiscopat. Ce n'est pas seulement ici un

seulement ici un plaidoyer très-amusant en faveur des Jésuites ; c'est un écrit plein d'aperçus judicieux sur notre situation présente, sur les maux de la religion et sur la double conspiration qui nous travaille. L'auteur n'est pas seulement un liomme sage et prévoyant, qui voit nos dangers et qui les signale; c'est encore un chrétien.courageux qui envisage notre avenir avec les vues de la foi, et qui nous ap

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