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La discussion générale ayant été close, M. le comte Molé en a présenté le résumé.

L'art. 2 du projet, sur lequel des amendemens avoient été proposés par MM. le marquis de Malleville et de Frenilly, a donné lieu à une discussion dans laquelle ont été entendus ces deux nobles pairs, et MM. le vicomte Laine, le comte Molé, le garde-des-sceaux et le ministre de l'instruction publique.

Le projet de loi a été ensuite adopté, sans amendement, à la majorité de 111 voix contre 42.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 22, on reprend la discussion du budget de la guerre.

Les articles relatifs aux camps de manoeuvre, à la solde de l'artillerie, du génie, des équipages et des vétérans, sont adoptés, sans s'arrêter aux réductions proposées.

Le chapitre 2 porte 16,825,000 fr. pour dépenses de la gendar merie. M. de Corcelles demande une réduction de 3 millions. Il croit que, dans un gouvernement constitutionnel bien assis, on n'a pas besoin d'un échafaudage aussi grand de police et de gendarmerie. Ce retranchement, appuyé par l'extrême gauche, est rejeté. Le comte de Lobau trouve la gendarmerie trop chère; il voudroit qu'on la réduisît à Gooo hommes pour toute la France. M. du Coetlosquet, commissaire du Roi, fait voir qu'elle coûte moins que l'ancienne maréchaussée et les troupes qui aidoient celle-ci. M. de Tracy s'élève aussi contre le nombre et la solde des gendarmes; il voudroit qu'ils fussent remplacés par des gardes civiques. (Murmures.) L'orateur demande du moins un retranchement de 1,500,000 fr.: il est rejeté comme l'autre, après quelques explications du ministre de la guerre, qui expose que le nombre des gendarmes est calculé sur les demandes des autorités locales, sur les besoins et les vœux des départemens; que la gendarmerie étoit d'ailleurs trois fois plus nombreuse sous l'usurpateur.

Maison militaire du Roi (garde royale), 3, 160,coo fr. M. Jacqueminot demande une réduction de 1,460,000 fr., et propose de mettre le surplus à la charge de la liste civile. M. de Lamezan combat cette proposition; il rappelle que la liste civile est déjà grevée par une quantité de pensions accordées par la bonté du Roi à de vieux militaires ou à leurs veuves. La réduction est rejetée, et le chapitre' adopté.

Des réductions proposées par MM. Delaborde et Boissy d'Anglas sur les subsistances militaires sont écartées, et ce chapitre passe à la majorité, après avoir entendu M. Thirat de Saint-Aignan, commissaire du Roi.

Vivres, 12,612,000 fr. La chambre adopte, malgré les observations de MM. le ministre de la guerre et de Panat, une réduction de 70,597 fr. sur les liquides, et une de 45,885 fr. sur les fourrages. Un' autre retranchement de 36,000 fr., également proposé par la commission, sur les 2,491,000 fr. de chauffage et éclairage, est aussi admis.

Le chapitre de l'habillement, harnachement et campement, montant à 12,778,000 fr., passe avec une réduction de 180,000 fr. Ceux des hôpitaux et du casernement ne donnent lieu à aucune discussion.

M. Ch. Dupin présente quelques observations sur la manière dont, se fait le recrutement; du reste, le chapitre est adopté. Les frais de justice criminelle, de remonte, de transports, les arsenaux, le matériel du génie, les établissemens militaires, passent ensuite, après quelques discussions sur les moyens de transport, la fabrication des armes et la carte de France.

Le 23, on arrive au chapitre des écoles militaires, porté à 1,248,000 f. La commission demande une réduction de 64,000 fr. M. Salverte en propose une de 320,000 fr., en se plaignant de l'existence des écoles militaires, qu'il trouye contraires à la Charte et à l'avancement des soldats. M. le général Lafont répond qu'on a toujours observé la loi de 1818 sur le recrutement, qui réserve une bonne partie des places d'officiers aux sous-officiers, M. le ministre de la guerre ajoute que les écoles militaires ont produit de grands capitaines. La réduction proposée par M. Salverte est repoussée; celle de la commission est adoptée.

La chambre adopte les 600,000 fr. pour l'ordre de Saint-Louis, les 5,005,500 fr. pour dépenses temporaires et imprévues, et, après une légère discussion, le chapitre des poudres et salpêtres.

On passe an budget du ministère de la marine:

M. le ministre prononce un discours dans lequel il rend d'abord hommage aux services importans rendus à ce département par son prédécesseur. Il promet des économies, des institutions utiles; il tra vaille à établir, à la Martinique et à la Guadeloupe, la législation salutaire qui a été donnée à l'ile Bourbon par les soins du dernier ministère; il protégera les hommes de couleur sans léser les colons, et il prendra toutes les mesures possibles pour mettre un terme à la traite.

M. Labbey de Pompières attaque la bureaucratie; mais la chambre ne lui prête aucune attention. M. Ch. Dupin arrive avec un énorme manuscrit. Après avoir félicité plaisamment M. Hyde de Neuville des éloges donnés à M. de Chabrol, il entre dans de longues considérations sur toutes les parties de la marine. Il se plaint, à diverses reprises, de l'inattention, de la désertion et du bruit de ses collègues, et termine en votant pour le budget. M. Salverte s'élève contre l'administration en vigueur dans les colonies, et attaque surtout l'organisation judiciaire. Il croit qu'on devroit armer les noirs.

Le 24, M. le ministre des finances présente un projet de loi qui a pour but de concéder à perpétuité, à la ville de Paris, la place Louis XVI, les Champs-Elysées et les constructions qui existent sur ce terrain, à la charge de faire, dans le délai de 5 ans, des travaux d'embellissement jusqu'à concurrence de 2,250,000 fr. au moins. On reprend la discussion générale du budget de la marine.

M. Tupinier, commissaire du Roi, parcourt les différentes dépenses de ce ministère, et répond aux objections de plusieurs orateurs. M. Dumoncel demande que l'on consacre une somme de 150,000 fr.

pour

l'achèvement du port de Cherbourg. M. Guilhem propose quelques réformes. M. Sébastiani voudroit que les dépenses et les recettes des colonies fussent soumises à la chambre; il prétend que la France ne possède les colonies que sous le bon plaisir de l'Angleterre.

M. le ministre de la marine relève cette expression; il montre ensuite que nos colonies sont plus avantageuses et moins onéreuses qu'on ne le croit.

On passe à la délibération des articles.

Le traitement du ministre est réduit, comme celui de ses collègues, à 120,000 fr. Une réduction de 40,000 fr., proposée par la commission sur le personnel et le matériel de l'administration, est adop tée, malgré les réclamations de M. Hyde de Neuville. Une autre économie de 40,000 fr., sur les traitemens du conseil d'amirauté, estrejetée:

MM. Viennet, Sébastiani et le ministre présentent des observations sur les équipages de ligne. La chambre adopte des réductions proposées par la commission sur la direction forestière de la marine, les officiers de santé, les gradins des bâtimens. Celle demandée sur l'administration. des forges est rejetée, d'après les réclamations de MM. de Leyval, Sébastiani, Ch. Dupin et Hyde de Neuville.

Les chapitres de solde à la mer, hôpitaux et vivres, passent sans difficulté. M. de Briqueville demande que l'hôpital de ClermontTonnerre, à Brest, cesse de porter ce nom (murmures à droite). M. le ministre répond que cet hôpital a reçu ce nom par une décision du Roi. Une réduction de 42,000 fr. sur les dépenses diverses est adoptée. Le budget du ministre de la marine est terminé. Il ne reste plus, dans la loi des dépenses, que celui du ministre des finances.'

M. de Cambon demande que l'on s'occupe de suite de la discussion de la loi sur la dotation de la chambre des pairs. Cette proposition est rejetée sur les observations de M. de Berbis, rapporteur, qui représente la nécessité de ne point interrompre les débats sur le budget. La chambre arrête que cette délibération aura heu après le vote de la loi des recettes.

AU RÉDACTEUR.

Monsieur, vous avez rendu compte, dans votre numéro du 3 mai dernier, d'une chasse qui auroit eu lieu dans la partie de la forêt d'Or léans située près le village de Cercottes, le jour même de la fête de Pâquc, que vous pensez n'avoir été imaginée que pour insulter à la piété des fidèles, empêcher les gardes et autres employés forestiers de remplir leurs devoirs de chrétiens, et vous demandez si le prince peut approuver une telle conduite, et apprendre avec indifférence que ses bois ont été le théâtre d'une scène où l'on peut voir une insulte faite à la religion qu'il professe, et qui est celle de sa famille, de l'Etat et de presque toute la nation. Enfin, Monsieur, vous terminez en disant que, quelque soit celui qui a ordonné cette chasse, il pouvoit se dispenser, sans doute, d'afficher ainsi son mépris pour ce que nous respectons, et de donner un scandale éclatant à toute une contrée.

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- Comme inspecteur des forêts de S. A. R., à la résidence d'Orléans, vous me permettrez de répondre à de telles assertions, et les éclaircissemens que je vais vous donner sur cette prétendue chasse vous mettront, j'espère, à même de reconnoître l'inexactitude des renseignemens qui vous ont été donnés.

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Les réunions de gardes et agens pour toutes les chasses qui se font dans mon inspection doivent être ordonnées officiellement par moi : or, je puis attester n'avoir donné aucun ordre de ce genre, et il me seroit facile de prouver que j'ai consacré le jour de Pâque à remplir mes devoirs de chrétien, et non à procurer un scandale éclatant à toute une contrée. En outre, la chasse étoit fermée depuis longtemps: double motif pour qu'un tel ordre ne fùt pas émané de

moi.

Mais d'un autre côté, Monsieur, il est des mesures que commåndent les circonstances, mesures que vous-même prendriez, si l'expérience vous eût prouvé, nombre de fois, que les mauvais sujets saisissent le moment de l'office de la fête de Pâque pour mettre le feu à votre maison, car alors je ne puis douter que vous ne la fissiez garder par une partie de vos gens, tandis que vous enverriez l'autre à la messe. Eh bien! Monsieur, tel a été l'ordre que j'ai donné, nonseulement aux agens de l'arrondissement d'Orléans, mais encore à ceux des autres arrondissemens, et cela parce qu'en 1826 et 1827 le feu fut mis, le jour de la fête de Pâque et pendant la messe, dans les arrondissemens de Lorris et de Vitry, où, en peu de momens 80 hectares de bois furent la proie des flammes. J'ajouterai de plus que dans les bois de l'Etat, cette année même, il a été mis à onze endroits peu éloignés les uns des autres.

Cercottes se trouvant presque au milieu de la forêt et près des parties les plus exposées à ce genre de délit, a été indiqué par les agens qui commandoient les patrouilles comme point de reunion. Là ils se raffraîchirent et reprirent ensuite le chemin de la forêt, que leur présence peut-être a empêché d'être le théâtre de nouveaux incendies.

Voilà, Monsieur, ce qui a eu lieu à Cercottes le jour de la fête de Pâque; et je vous avoue que j'étois éloigné de penser que cela pût donner lieu à l'article de. votre journal du 3 mai dernier; car outre que je professe la religion de mes pères, je suis persuadé que le prince que je sers, si je me fusse mis dans le cas que vous avez signalé, n'eût pas manqué de me faire connoître son mécontentement par l'intermédiaire de mes chefs, en supposant qu'il n'eût pas prononcé ma destitution.

J'attends, Monsieur, de votre impartialité que vous voulez bien insérer cette réponse dans votre plus prochain numéro; et je dois d'autant plus y compter, qu'ami de la religion et du Roi vous devrez vous trouver heureux de réhabiliter dans l'esprit de la société des hommes que vous avez points sous des couleurs on ne peut plus défavorables.

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Recevez l'assurance, etc.

LECAUCHOIX, inspecteur des forêts de S. A. R. Mgr le 'duc d'Orléans.

MERCRED: 30 JUILLET 1828.

(N° 1458.).

Le Siècle de fer des Jésuites, ou la Persécution après

décès (1).

« Décidément les Jésuites sont dans une veine de malheur comme jamais on n'en a vu, tout leur tourne à persécution et à ruine; à peine sortis comme innocens par une porte, on les fait rentrer comme criminels par une autre. Il n'y a pas jusqu'à l'ordre légal qui ne se dérange de sa route pour les poursuivre. Lui qui a de la tolérance pour tous les besoins et des accommodemens pour tous les goûts; lui qui voit du même œil les bons et les mauvais citoyens, le nouveau régime de la Charte et l'ancien régime parlementaire, les jansénistes. de 1762 et les jacobins de 1793, les intérêts monarchiques et les intérêts révolutionnaires; lui, enfin, qui protège tout le monde, sans distinction d'amis et d'ennemis, eh bien! il tient cependant une exception en réserve, et la fatalité veut que cette rude exception, que ceite exception unique soit applicable-aux pauvres Jésuites! Non, vraiment, on n'est pas plus malheureux! >>

Sur ce seul début, je gage que l'on devinera de quiest ce nouvel écrit. Il est impossible d'y méconnoître la touche spirituelle et plaisante d'un auteur qui s'est déjà signalé dans la défense de la même cause. M. B. a un cachet qui n'appartient qu'à lui, et qui donne à ses productions un caractère particulier. Ce que j'y admire le plus, ce n'est pas le goût, la verve et l'originalité qui y brillent; c'est la vérité, le sens et l'àpropos de ses saillies, c'est le jugement profond qu'elles récélent, c'est la mesure parfaite qu'il sait Ꭹ observer. Il ne blesse point, il n'injurie point, il ne défend point ses cliens avec des personnalités grossières ou avec des plaisanteries pleines d'amertume. Il n'a ni emportement, ni exagération. Son ironie a quelque chose de fin et de délicat qui annonce un homme de bonne compagnie, et le lecteur se sent d'autant plus entraîné

(1) In-8°. A Paris, chez Dentu, rue du Colombier, no 21, et à la librairie ecclésiastique d'Adr. Le Clere et compagnie, au bureau de ce journal.

Tome LVI. L'Ami de la Religion et du Roi.

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