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Sur le projet d'accusation de M. Labbey de Pompières contre
M. l'évêque d'Hermopolis.

(Fin du no 1457.-)

Un troisième crime de M. d'Hermopolis est d'avoir toléré les Capucins, les Chartreux, les Trapistes. Voyons si, en cela, le ministre a audacieusement violé les lois. Les Capucins ont deux maisons, à Crest, diocèse de Valence, et à Marseille. Ces deux établissemens étoient nécessaires pour soutenir la mission du Levant, dite mission de Saint-Louis ou des Capucins français. Cette mission a 7 maisons ou hospices, dont le principal, celui de Saint-Louis, sert de résidence au supérieur; cet hospice est placé dans l'enceinte du palais de France à Constantinople, et l'église du couvent est la paroisse de l'ambassade. Il y a d'autres hospices à Smyrne, à Scio, à Athènes, à Naxi, à Syra et à Candie. Autrefois ces maisons avoient 25 religieux; elles n'en ont plus que Ces religieux devoient être tous Français, il n'y en a plus aujourd'hui que 4, tous les autres sont Italiens. L'hospice de Candie est vacant, et les Latins qui y habitent sont privés des secours de la religion. La France est menacée de perdre cet établissement et les biens qui en dépendent; les Turcs ont déjà fait des tentatives pour s'en emparer.

15.

Le roi de France, qui est depuis long-temps le protecteur des Latins du Levant, pourroit-il renoncer à ce titre? De sages considérations, qui embrassent presque tous les avantages de la religion, de la politique et du commerce, ont fait sentir la nécessité de soutenir des établissemens anciens et utiles. L'ambassadeur du Roi à Constantinople faisoit valoir les motifs les plus puissans pour appeler l'attention du gouvernement sur cet objet. Quelques vieux Capucins étoient réunis à Crest; on pensa qu'ils pourroient former des sujets pour la mission du Levant. Une autre maison à Marseille serviroit pour les religieux qui viendroient s'embarquer. Depuis 1820, les ambassadeurs du Roi à Constantinople et les divers ministres des affaires étrangères avoient réclamé l'autorisation formelle des maisons de Crest et de Marseille. 1.Tomie LVI. L'Ami de la Religion et du Roi.

Sous le ministère de M. Decazes, on fit venir un Capuciu qui étoit curé en Normandie pour l'envoyer à Crest. Les religieux de cette maison et de celle de Marseille rendent de plus des services dans le ministère; ils vont prêcher dans les campagnes, et ils se font respecter par leur conduite et par leur zèle. Les missions du Levant tomberoient, si on ne trouvoit pas les moyens d'y envoyer des sujets français qu'on étoit accoutumé à y voir, et qui ne sont pas inutiles à notre influence politique dans ces climats lointains.

Il paroît qu'il y a aussi quelques Capucins dans le diocèse d'Aix. Il existe sur le mont Genèvre, diocèse de Gap, un hospice très-utile pour les voyageurs qui traversent les Alpes sur ce point. Cet hospice fut desservi depuis 1807 jusqu'en 1812 par des Trapistes, et depuis 1812 jusqu'en 1817 par des Bénédictins du mont Cenis. Quatre religieux de la maison de Crest l'habitent aujourd'hui.

Pour les Chartreux, une ordonnance royale du 27 avril 1816 a affecté à une maison de retraite les bâtimens de l'ancienne Chartreuse, diocèse de Grenoble. La même ordonnance a accordé 15,000 fr. pour les réparations des bâtimens. L'emploi de ces 15,000 fr. a eu lieu dans les formes administratives, et a été autorisé par le ministre de l'intérieur en 1818. Cela est donc bien antérieur à la gestion du dernier ministère.

Il existe plusieurs établissemens de Trapistes, qui se sont formés presque tous dans les premières années de la restauration. A Meilleraye, des Trapistes, qui avoient demeuré long-temps en Angleterre, ont formé un établissement qui procure de grands avantages au pays; un rapport lait au Roi en 1821, par M. Siméon, alors ministre de l'intérieur, rapport qui a été imprimé, signale ces religieux comme d'excellens agriculteurs; quatre départemens ont voté des fonds pour établir auprès d'eux une école d'agriculture. A l'ancienne maison de la Trappe, près Mortagne, il reste aujourd'hui très-peu de religieux; cette maison avoit été rachetée par l'ancien abbé, qui est mort à Lyon l'année dernière. À l'ancienne abbaye du Gard, diocèse d'Amiens, des Trapistes, venus d'Allemagne vers 1816, cultivent les terres, exercent l'hospitalité et desservent des paroisses dépourvues de prêtres. La maison des Trapistes du Port-du-Salut, près Laval, a été établie en 1814; le conseil général de la

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Mayenne faisoit leur éloge en 1818, pour les services qu'ils rendoient et les bons exemples qu'ils donnoient. La maison d'Aiguebelle, diocèse de Valence, existe depuis environ dix ans; les Trapistes qui vivent dans cette retraite sont respectés dans toute la contrée.

On n'a pas fait un crime aux anciens ministères d'avoir laissé se former ces établissemens; pourquoi accuseroit-on le dernier ministère de n'avoir pas empêché d'autres établissemens du même genre, tels que ceux de Saint-Aubin, de la Baume, etc.? Ou c'est une injustice d'attaquer les derniers ministres sur ce point, ou le blâme doit retomber sur leurs prédécesseurs.

Enfin, puisque nous en sommes sur les communautés d'hommes, nous dirons un mot des Frères hospitaliers de St-Jean-de-Dieu, qui ont aussi donné lieu à quelques dé¬ clamations. En 1820, les autorités civiles de Marseille de mandèrent l'autorisation de ces Frères pour le service des hôpitaux. Ils desservent à Bourg un hospice d'aliénés par suite d'un traité passé avec l'administration des hospices. Le duc de Richelieu faisoit, en 1820, l'éloge de leur charité et de leur dévoûment, et M. le comte Siméon, alors ministre de l'intérieur, dans la réponse qu'il faisoit au duc, disoit que l'existence des Frères hospitaliers ne lui paroissoit point contraire aux lois du royaume, mais qu'il restoit à exami→ ner s'il convenoit de demander l'autorisation légale de l'établissement, ou de continuer à le maintenir par simple tolérance; manière d'exister, ajoutoit le ministre, qui constitue une sorte d'épreuve préalable, pendant laquelle l'autorité peut balancer les avantages et les inconvéniens de l'institution, sans que les Frères cessent de rendre les mêmes services. Cette réflexion du ministre nous paroît fort judicieuse, et pourroit s'appliquer à d'autres qu'aux Frères de St-Jeande-Dieu.

Il résulte de tout ceci que, s'il existe en France des congrégations religieuses d'hommes, aucune ne s'y est introduite sous le dernier ministère; elles s'y étoient établies sous les ministères qui ont précédé. Voilà donc ceux-ci enveloppés. dans l'accusation, ou plutôt les voilà qui arrivent obligeamment pour tirer d'accusation M. de Villèle et ses collègues. On ne peut, en effet, faire à ceux-ci aucun reproche qui ne retombe à plomb sur leurs prédécesseurs, et tout ce qu'on

diroit pour justifier ces derniers seroft une complète apologie des autres. Cette simple réflexion atténue beaucoup les crimes de M. d'Hermopolis.

C'est peut-être ici le lieu de parler de quelques reproches qui n'étoient point mentionnés dans l'acte d'accusation de M. Labbey de Pompières, et qui ont trouvé place dans le rapport de M. Girod (de l'Ain). Ces reproches rentrent dans la catégorie de ceux que nous venous d'examiner. La commission s'est occupée de quelques concessions de terrains faites, dit-on, aux missionnaires du Calvaire, aux fabriques des cathédrales de Reims et de Châlons, aux religieux de la Grande-Chartreuse, aux Trapistes de Meilleraye. On a discuté sérieusement si ces concessions étoient légales, et en dernier résultat, la majorité de la commission a été d'avis qu'il y avoit eu des concessions illégales en faveur des Chartreux et des Trapistes. On a écarté ce grief quant au Calvaire et quant aux cathédrales de Reims et de Châlons, et on a bien fait; car M. l'évêque de Châlons vient de déclarer, dans un journal, que le fait étoit faux pour sa cathédrale, et que les réclamations qu'il avoit présentées pour rentrer en possession des bois étoient restées inutiles. De plus, on est convenu qu'il y avoit eu d'autres concessions antérieures faites aux religieux de la Grande - Chartreuse. Au fond, c'est une grande pauvreté que toutes ces chicanes. L'Etat en sera-t-il plus pauvre quand on aura abandonné à des missionnaires une montagne nue et qui n'est d'aucun produit, ou quand on aura cédé à de bons religieux la jouissance d'un désert qui leur appartenoit autrefois, qu'ils avoient rendu plus tolérable à force de travaux, de patience et de dépenses, et où seuls ils ont le courage d'habiter? Ceux qui leur envient cette apre et austère retraite seroient bien attrappés, si on les condamnoit à y demeurer seulement 6 mois.

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Il nous reste à examiner d'autres points de l'acte d'accusation en ce qui concerne M. l'évêque d'Hermopolis; ce sera le sujet d'un troisième et dernier article.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le jour de la fête de saint Pierre, le souverain pontife a officié pontificalement dans la basilique du Vatican,

avec la pompe usitée dans les solennités. La veille, le saint Père avoit béni les pallium suivant l'usage. Dans les deux soirs, les palais et les édifices publics furent illuminés, ainsi que la coupole, la façade et la double galerie de l'église StPierre. La chambre apostolique reçut les tributs et cens dus à l'Eglise romaine, et S. S. renouvela les protestations pour ceux qui ne furent pas acquittés.

Le mardi 1er juillet, on a tiré du bâtiment sur lequel on l'avoit apportée de Venise, et on a mis a terre, la 2o co→ lonne colossale d'un seul morceau de granit blanc et noir, destinée à soutenir l'arc dit de Placidie, dans la nouvelle église de St-Paul. Cette 2o colonne est semblable à celle déjà précédemment arrivée. Le débarquement s'est fait avec beau coup d'ordre et de soin, grâce à l'intelligence et à l'activité de ceux qui étoient chargés de cette opération difficile; on avoit creusé encore davantage le canal pour mettre à terre cette grande masse.

PARIS. M. Drach, dont on connoît le zèle pour éclairer ses frères, vient de publier une Relation de la conversion de M. H. Deuts, baptisé à Rome le 3 février 1828; précédée de quelques considérations sur le retour d'Israël dans l'Eglise de Dieu (1). L'auteur voit dans ce qui se passe aujourd'hui sous nos yeux l'accomplissement de ce qui est annoncé dans l'Ecriture sur le retour des Juifs:

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« Celui qui oseroit nier que cette grande prophétie commence à s'accomplir seroit démenti par les faits. Jamais, depuis la dispersion d'Israël, on n'a vu tant de Juifs embrasser la foi catholique. Autrefois c'étoit une chose fort remarquable lorsqu'un seul d'entre eux se convertissoit; depuis quelques années, on les voit entrer en foule dans cette Eglise qui est fondée sur la pierre solide et inébranlable du prince des apótres. Les Juifs régénérés en N. S. Jésus-Christ à la dernière fête de la Pentecôte et la veille, surpassent en nombre ceux qui, à une époque plus reculée, ont été baptisés dans le cours de plusieurs siècles. Aussi entend-on plus d'un membre de la synagogue déclarer hautement que, dans vingt-cinq ans, les Juifs seront extrêmement rares. Un savant israélite, qui s'est imposé la noble tâche de réformer, par ses excellens écrits, les moeurs de ses coreligionnaires, ne cesse de répéter depuis cinq ans que leurs rangs s'éclaircissent journellement,

» Le moment n'est pas encore arrivé de proclamer publiquement les noms des principaux néophytes. Je dis des principaux, car il me seroit impossible à moi-même de les connoître tous. »

M. Drach raconte ensuite la conversion de son beau

(1) In 8o. Prix, 1 fr. 50 cent. A Paris, chez l'Auteur, en Sorbonne.

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