diroit pour justifier ces derniers seroit une complète apologie des autres. Cette simple réflexion atténue beaucoup les crimes de M. d'Hermopolis. C'est peut-être ici le lieu de parler de quelques reproches qui n'étoient point mentionnés dans l'acte d'accusation de Ñ. Labbey de Pompières, et qui ont trouvé place dans le rapport de M. Girod (de l'Ain). Ces reproches rentrent dans la catégorie de ceux que nous venoirs d'examiner. La commission s'est occupée de quelques concessions de terrains faites, dit-on, aux missionnaires du Calvaire, aux fabriques des cathédrales de Reims'et de Châlons, aux religieux de la Grande-Chartreuse, aux Trapistes de Meilleraye. On a discuté sérieusement si ces concessions étoient légales, et en der. nier résultat, la majorité de la commission a été d'avis qu'il y avoit eu des concessions illégales en faveur des Chartreux et des Trapistes. On a écarté ce grief quant au Calvaire et quant aux cathédrales de Reims et de Châlons, et on a bien fait; car M. l'évêque de Châlons vient de déclarer, dans un journal, que le fait étoit faux pour sa cathédrale, et que les réclamations qu'il avoit présentées pour rentrer en possession des bois étoient restées inutiles. De plus, on est convenu qu'il y avoit eu d'autres concessions antérieures faites aux religieux de la Grande - Chartreuse. Au fond, c'est une grande pauvreté que toutes ces chicanes. L'Etat en sera-t-il plus pauvre quand on aura abandonné à des missionnaires une moutagne nue et qui n'est d'aucun produit, ou quand on aura cédé à de bons religieux la jouissance d'un désert qui leur appartenoit autrefois, qu'ils avoient rendu plus tolérable à force de travaux, de patience et de dépenses, et, où seuls ils ont le courage d'habiter ? Ceux qui leur envient cette âpre et austère retraite seroient bien attrappés, si on les condamnoit à y demeurer seulement 6 mois. Il nous reste à examiner d'autres points de l'acte d'accusation en ce qui concerne M. l'évêque d'Hermopolis ; ce sera le sujet d'un troisième et dernier article. NOUVELLES BCCLÉSIASTIQUES. Rome. Le jour de la fête de saint Pierre, le souverain pontife a officié pontificalement dans la basilique du Vatican, avec la pompe usitée dans les solennités. Ea veille, le saint Père avoit béni les pallium suivant l'usage. Dans les deux soirs, les palais et les édifices publics furent illuminés, ainsi que la coupole, la façade et la double galerie de l'église StPierre. La chambre apostolique reçut les tributs et cens dus à l'Eglise romaine, et S. S. renouvela les protestations pour ceux qui ne furent pas acquittés. - Le mardi 1er juillet, on a tiré du bâtiment sur lequel on l'avoit apportée de Venise, et on a mis a terre, la 2° colonne colossale d'un seul morceau de granit blanc et noir, destinée à soutenir l'arc. dit de Placidie, dans la nouvelle église de St-Paul. Cette 2. colonne est semblable à celle déjà précédemment arrivée. Le débarquement s'est fait avec beau. coup d'ordre et de soin, grâce à l'intelligence et à l'activité de ceux qui étoient chargés de cette opération difficile; on avoit creusé encore davantage le canal pour mettre à terre cette grande masse. Paris. M. Drach, dont on connoît le zèle pour éclairer ses frères, vient de publier une Relation de la conversion de M. H. Deuts, baptisé à Rome le 3 février 1828; précédée de quelques considérations sur le retour d'Israël dans l'Eglise de Dieu (1). L'auteur voit dans ce qui se passe aujourd'hui sous nos yeux l'accomplissement de ce qui est annoncé dans l'Ecrilure sur le retour des Juifs : « Celui qui oseroit nier que cette grande prophétie commence à s'accomplir seroit démenti par les faits. Jamais, depuis la dispersion d'Israël, on n'a vu tant de Juifs embrasser la foi catholique. Autrefois c'étoit une chose fort remarquable lorsqu'un seul d'entre eux se convertissoit; depuis quelques années, on les voit entrer en foule dans cette Eglise qui est fondée sur la pierre solide et inébranlable.du prince des apôtres. Les Juifs régénérés en N. S. Jésus-Christ à la dernière fête de la Pentecôte et la veille, surpassent en nombre ceux qui, à une époque plus reculée, ont été bapticés dans le cours de plusieurs siècles. Aussi entend-on plus d'un membre de la synagogue déclarer hautement que, dans vingt-cinq ans, les Juifs seront extrêmement rares. Un savant israélite, qui s'est imposé la noble tâche de réformer, par ses excellens écrits, les moeurs de ses coreligionnaires, ne cesse de répéter depuis cinq ans que lcurs rangs s'éclaircissent jnurnellement, » Le moment n'est pas encore arrivé de proclamer publiquement les noms des principaux néophytes. Je dis des principaux , car il me seroit impossible à moi-même de les connoitre tous. » M. Drach raconte ensuite la conversion de son beau (1) In 8o. Prix, 1 fr. 50 cent. A Paris, chez l'Auteur, en Sorbonne. frère, M. Simon Deutz, fils du grand rabbin du consistorre central des Israélites de France, M. Simon Deutz est un jeune homme de 36 ans qui s'étoit distingué de bonne heure par ses progrès dans la théologie rabbinique, mais que la lecture des livres philosophiques jeta ensuite dans une étrange confusion de pensées. Il en vint à pier les principales vérités de la révélation et à abandonner les pratiques du judaisme. En même temps sa haine pour la religion chrétienne le rendoit un des plus ardens persécuteurs des Juifs qui embras. soient le christianisme. Cependant l'étude et la réflexion découvrirent à M. Deutz la fausseté des systèmes philosophiques, mais elles lui inspirèrent aussi des inquiétudes sur son sort à venir. Il ne trouvoit pas dans sa religion le calme dont il avoit besoin ! « C'est dans ces circonstances que M. H, Deutz tourna ses regards du côté de la religion catholique , vers laquelle il se sentoit entraine par un attrait dont il ne pouvoit pénétrer la cause. Il me communiqua son heureuse pensée de s'instruire des dogmes de l'Eglise , en protestant toutefois qu'il n'étoit pas encore décidé à se faire chrétien, attendu qu'il n'avoit pas la conviction religieuse nécessaire pour se décider à faire une démarche aussi sérieuse. En même temps lạ Providence lui ménagea le bonheur de voir M. l'archevêque de Paris. Il découvrit à S. G. toutes ses dispositions, sans même lui cao cher qu'il n'étoit pas encore convaincu de la vérité de la religion cao tholique. L'illustre pontife daigna s'entretenir assez long temps avec cet intéressant Israélite, qui le quitta édifié de l'onction de ses paro: les , et surtout étonné d'avoir vu un prétré qui croyoit de bonne foi. Je le mis en rapport avec plusieurs autres ecclésiastiques, il ne tarda pas à acquérir la certitude que les prêtres ne sont pas des jongleurs, comme le croient généralenient les jeunes gens qui se repaisšent journellement des articles impies de nos folliculaires irréligieux. » Cette découverte lui inspira l'idée de faire une autre expérience. & Je vois maintenant, dit-il, que lorsqu'on examine les choses de by près, on se délivre de plus d'un préjugé, de plus d'une injuste 3 prévention. Je veux faire la connoissance des Jésuites, » Les Jésuites! les terribles Jésuites, dont le nom seul avoit la propriété de le mettre en fureir! Nouveau sujet d'étonnement. Dans ces maisons où ; sur lå foi des organes de la révolution, il a cru jusqu'ici que se tramoient les intrigues les plus coupables, que se décidoit le sort de tous les Etats de l'Europe, que trouve-t-il? Des religieux vivant dans la plus grande simplicité, renonçant à eux-mêmes, ne s'occupant qu'à travailler dans la vigne du Seigneur, et à élever des enfans dans la crainte de Dieu et l'amour du Roi. Certes, ils sont bien dangereux tous nos jeunes gens de bons chrétiens et des royalistes falles. Teis ces pendant devroient être tous les Français. » M. Deutz songea à se rendre à Rome pour achever de s'y instruire de la religion chrétieppe. Il éprouva beaucoup de combats, et eut peine à s'arracher des bras d'un père qu'il aimoit tendrement. Arrivé à Rome, il se livra à une étude approfondie; il trouvoit dans la bibliothèque du Vatican et et au collège Romain tous les secours qu'il pouvoit désirer en livres hébreux et autres. Dieu n'abandonna pas un coeur si droit, il fit briller à ses yeux la vérité. M. Deutz se prépara à son baptême par la lecture et la prière. Dans ses lettres à M. Drach, il lui témoigna très-souvent le regret de l'avoir persécuté lui et ses enfans au sujet de leur baptême. Lui-même reçut ce sacrement à Rome des mains de M. lc cardinal d'Isoard; on lui donna au baptême le nom d'Hyacinthe : la cérémonie eut lieu le dimanche 3 février dans la chapelle du cardinal. M. Ostini, archevêque de Tarse et noncé en Suisse, administra la confirmation au néophyte, qui eut ensuite le bonheur de communier. M. le cardinal d'Isoard lui adressa une pieuse exhortation. Les lettres de M. Deutz montrent combien sa foi étoit vive. Il eut, peu après, l'honneur d'être présenté au souverain pontise, qui le reçut avec bonté et s'entretint avec lui sur sa famille. Il annonça sa conversion à son père par une lettre dont M. Drach cite quelques extraits. Il se proposoit d'étudier la théologie et d'embrasser l'état ecclésiastique. Dans ses notes, M. Drach cite des extraits des lettres d'un Israé. lite qui jouit d'une grande autorité dans le consistoire de la synagogue de Paris. Cet écrivain parle avec respect de JésusChrist, et dit que la religion juive ira sans cesse en déelipant. Cette Relation de M. Drach est également intéressante par les faits qu'elle expose et par les réflexions pieuses et judicieuses qu'ý joint l'estimable auteur, MADAME, duchesse de Berri, qui avoit visité le petit séminaire d'Auray, a voulu voir aussi celui de Bordeaux, dirigé, comme le premier, par des maîtres estimables, aujourd'hui en butte à tant de calomnies. Cette visite a du moins été pour eux une consolation au milieu des chagrins qu'on leur suscite. La princesse fut reçue à l'entrée de la cha le supérieur de la maison, lequel lui adressa un compliment plein de cette sage réserve qui convient si bien à des hommes pénéirés du véritable esprit de la religion. Il ne fit entendre aucune plainte, et n'exprima que les voeux pelle par les plus ardens pour la princesse, pour son auguste fils et pour la prospérité de la France. Les élèves chantèrent avec enthousiasme le Domine salvum fac Regem. Au sortir de l'église, la princesse fut conduite sous un pavillon dressé au milieu de la cour. Un jeune homme, M. Marcellin Mazas, complimenta la princesse au nom de ses condisciples. Son discours, rempli des plus honorables sentimens, fit éclater, entr’autres, l'attachement des élèves pour leurs mai: tres et leur dévoûment pour le Roi. S. A. R. parut sensible à ce double témoignage de la bonne éducation de ces jeunes gens; elle exprima sa satisfaction au supérieur, et se retira comblée des bénédictions des élèves et des parens, qui étoient accourus pour jouir de cet instant de bonheur. Cette visile de MADAME a été fort remarquée à Bordeaux, et a achevé de prouver ce qu'on savoit déjà des sentimens de la princesse pour les hommes pieux et vénérables sur lesquels l'impiété appelle une nouvelle persécution. 1 NOUVELLES POLITIQUES. Paris. On a imprimé dernièrement à Epinal, et on a fait circuler dans le département des Vosges une circulaire de quelques électeurs de ce pays, qui prennent le titre de comité électoral des Vosges. Ces électeurs sont MM. Mongeot, Laurent, Deblaye et Genin. Qui leur a donné leur mission ? Belle demande ! Ils nous l'apprennent euxmêmes en disant qu'ils ont réorganisé leur comité et rétabli la correspondance avec tous les cantons ainsi qu'avec le comité central de Paris, qui vient de provoquer notre sollicitude. Ainsi, voilà l'existence du comité directeur reconnue et proclamée. Le comité électoral des Vosges engage les électeurs à se faire inscrire sur les listes, et à signaler les erreurs qui s'y trouveroient. Il ne borne même pas là son zèle : C'est un devoir, dit-il, pour tous les patriotes gallicans, protestans ou philosophes d'observer partout autour d'eux les prédications et les actes du clergé, d’en combattre et paralyser l'influence, si elle est nuisible, et d'en dénoncer publiquement et courageusement les abus. Ainsi, voilà le clergé bien averti que c'est à lui que l'on en veut; on exercera sur lui une inquisition sévère, tout en lui faisant de belles phrases sur la tolérance. C'est en effet ce que font les journaux depuis plusieurs années; ils observent partout autour d'eux les prédications et les actes du clergé, ils combattent son influence, ils dénoncent les abus. C'est un parti pris, on en fera autant par toute la France; le comité directeur l'a recommandé sans doute aux différens comités électoraux. Il ne faut point se lasser de le dire : voilà l'union et l'oubli des libéraux. : |