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frère, M. Simon Deutz, fils du grand rabbin du consistoire central des Israélites de France. M. Simon Deutz est un jeune homme de 26 ans qui s'étoit distingué de bonne heure par ses progrès dans la théologie rabbinique, mais que la lecture des livres philosophiques jeta ensuite dans une étrange confusion de pensées. Il en vint à nier les principales vérités de la révélation et à abandonner les pratiques du judaïsme. En même temps sa haine pour la religion chrétienne le rendoit un des plus ardens persécuteurs des Juifs qui embrassoient le christianisme. Cependant l'étude et la réflexion découvrirent à M. Deutz la fausseté des systèmes philosophi ques, mais elles lui inspirèrent aussi des inquiétudes sur son sort à venir. Il ne trouvoit pas dans sa religion le calme dont il avoit besoin !

« C'est dans ces circonstances que M. H, Deutz tourna ses regards du côté de la religion catholique, vers laquelle il se sentoit entraîné par un attrait dont il ne pouvoit pénétrer la cause. Il me communiqua son heureuse pensée de s'instruire des dogmes de l'Eglise, en protestant toutefois qu'il n'étoit pas encore décidé à se faire chrétien, attendu qu'il n'avoit pas la conviction religieuse nécessaire pour se décider à faire une démarche aussi sérieuse. En même temps la Providence lui ménagea le bonheur de voir M. l'archevêque de Paris. Il découvrit à S. G. toutes ses dispositions, sans même lui cacher qu'il n'étoit pas encore convaincu de la vérité de la religion catholique. L'illustre pontife daigna s'entretenir assez long temps avec cet intéressant Israélite, qui le quitta édifié de l'onction de ses paroles, et surtout étonné d'avoir vu un prêtre qui croyoit de bonne foi. Je le mis en rapport avec plusieurs autres ecclésiastiques, et il ne tarda pas à acquérir la certitude qué les prêtres ne sont pas des jongleurs, comme le croient généralement les jeunes gens qui se repaissent journellement des articles impies de nos folliculaires irréligieux. » Cette découverte lui inspira l'idée de faire une autre expérience. Je vois maintenant, dit-il, que lorsqu'on examine les choses de »près, on se délivre de plus d'un préjugé, de plus d'une injuste prévention. Je veux faire la connoissance des Jésuites, » Les Jésuites! les terribles Jésuites, dont le nom seul avoit la propriété de le mettre en fureur ! Nouveau sujet d'étonnement. Dans ces maisons où, sur la foi des organes de la révolution, il a cru jusqu'ici que se tramoient les intrigues les plus coupables, que se décidoit le sort de tous les Etats de l'Europe, que trouve-t-il? Des religieux vivant dans la plus grande simplicité, renonçant à eux-mêmes, ne s'occupant qu'à travailler dans la vigne du Seigneur, et à élever des enfans dans la crainte de Diet et l'amour du Roi. Certes, ils sont bien dangereux d'un certain parti, ces hommes qui voudroient faire de tous gens de bons chrétiens et des royalistes fidèles. Tels cependant devroient être tous les Français. »

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M. Deutz songea à se rendre à Rome pour achever de s'y instruire de la religion chrétienne. Il éprouva beaucoup de combats, et eut peine à s'arracher des bias d'un père qu'il aimoit tendrement. Arrivé à Rome, il se livra à une étude approfondie; il trouvoit dans la bibliothèque du Vatican et et au collège Romain tous les secours qu'il pouvoit désirer en livres hébreux et autres. Dieu n'abandonna pas un cœur si droit, il fit briller à ses yeux la vérité. M. Deutz se prépara à son baptême par la lecture et la prière. Dans ses lettres à M. Drach, il lui témoigna très-souvent le regret de l'avoir persécuté lui et ses enfans au sujet de leur baptême. Lui-même reçut ce sacrement à Rome des mains de M. le cardinal d'Isoard; on lui donna au baptême le nom d'Hyacinthe la cérémonie eut lieu le dimanche 3 février dans la chapelle du cardinal. M. Ostini, archevêque de Tarse et nonce en Suisse, administra la confirmation au néophyte, qui eut ensuite le bonheur de communier. M. le cardinal d'Isoard lui adressa une pieuse exhortation. Les lettres de M. Deutz montrent combien sa foi étoit vive. Il eut, , peu après, l'honneur d'être présenté au souverain pontife, qui le reçut avec bonté et s'entretint avec lui sur sa famille. Il annonça sa conversion à son père par une lettre dont M. Drach cite quelques extraits. Il se proposoit d'étudier la théologie et d'embrasser l'état ecclésiastique. Dans ses notes, M. Drach cite des extraits des lettres d'un Israé hite qui jouit d'une grande autorité dans le consistoire de la synagogue de Paris. Cet écrivain parle avec respect de JésusChrist, et dit que la religion juive ira sans cesse en déclinant. Cette Relation de M. Drach est également intéressante par les faits qu'elle expose et par les réflexions pieuses et judicieuses qu'y joint l'estimable auteur.

MADAME, duchesse de Berri, qui avoit visité le petit séminaire d'Auray, a voulu voir aussi celui de Bordeaux, dirigé, comme le premier, par des maîtres estimables, aujourd'hui en butte à tant de calomnies. Cette visite a du moins été pour eux une consolation au milieu des chagrins qu'on leur suscite. La princesse fut reçue à l'entrée de la chapelle par le supérieur de la maison, lequel lui adressa un compliment plein de cette sage réserve qui convient si bien à des hommes pénétrés du véritable esprit de la religion. Il ne fit entendre aucune plainte, et n'exprima que les vœux

les plus ardens pour la princesse, pour son auguste fils et pour la prospérité de la France. Les élèves chantèrent avec enthousiasme le Domine salvum fac Regem. Au sortir de l'église, la princesse fut conduite sous un pavillon dressé au milieu de la cour. Un jeune homme, M. Marcellin Mazas, complimenta la princesse au nom de ses condisciples. Son discours, rempli des plus honorables sentimens, fit éclater, entr'autres, l'attachement des élèves pour leurs mat. tres et leur dévoûment pour le Roi. S. A. R. parut sensible à ce double témoignage de la bonne éducation de ces jeunes gens; elle exprima sa satisfaction au supérieur, et se retira comblée des bénédictions des élèves et des parens, qui étoient accourus pour jouir de cet instant de bonheur. Cette visite de MADAME a été fort remarquée à Bordeaux, et a achevé de prouver ce qu'on savoit déjà des sentimens de la princesse pour les hommes pieux et vénérables sur lesquels l'impiété appelle une nouvelle persécution.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. On a imprimé dernièrement à Epinal, et on a fait circuler dans le département des Vosges une circulaire de quelques électeurs de ce pays, qui prennent le titre de comité électoral des V osges. Ces électeurs sont MM. Mongeot, Laurent, Deblaye et Genin. Qui leur a donné leur mission? Belle demande! Ils nous l'apprennent euxmêmes en disant qu'ils ont réorganisé leur comité et rétabli la correspondance avec tous les cantons ainsi qu'avec le comité central de Paris, qui vient de provoquer notre sollicitude. Ainsi, voilà l'existence du comité directeur reconnue et proclamée. Le comité élec toral des Vosges engage les électeurs à se faire inscrire sur les listes, et à signaler les erreurs qui s'y trouveroient. Il ne borne même pas là son zèle : C'est un devoir, dit-il, pour tous les patriotes gallicans, protestans ou philosophes d'observer partout autour d'eux les prédications et les actes du clergé, d'en combattre et paralyser l'influence, si elle est nuisible, et d'en dénoncer publiquement et courageusement les abus. Ainsi, voilà le clergé bien averti que c'est à lui que l'on en veut; on exercera sur lui une inquisition sévère, en lui faisant de belles phrases sur la tolérance. C'est en effet ce que font les journaux depuis plusieurs années; ils observent partout autour d'eux les prédications et les actes du clergé, ils combattent son influence, ils dénoncent les abus. C'est un parti pris, on en fera autant par toute la France; le comité directeur l'a recommandé sans doute aux différens comités électoraux. Il ne faut point se lasser de le dire voilà l'union et l'oubli des libéraux.

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M. Louis Cadoudal, heutenant-colonel de gendarmeric à Nanci, répond, dans un journal à ce qui est dit de son frère dans les Mémoires du duc de Rovigo. L'ancien ministre de la police impériale maltraite fort Georges Cadoudal : il prétend que Georges avoit été ecclésiastique avant la révolution, et étoit peu estimé dans la prétrise ; qu'il étoit hypocrite, ambitieux ; enfin que c'étoit une bête féroce. Georges, né en 1769, n'étoit pas prêtre à l'époque de la révolution; les Vendéens n'auroient pas admis dans leurs rangs un prêtre apostat, et Georges montra toujours de vifs sentimens de religion. L'appeler béte féroce après l'avoir fusillé n'est pas généreux : quel est le plus feroce de l'assassin ou de la victime? Nous nous borncrons à cet extrait de la lettre de M. Louis Cadoudal, qui a été insérée dans la Gazette de France.

Par ordonnance royale du 29 juillet, les conseils-généraux de département sont convoqués pour le 15 jour après la promulgation de la loi des finances de 1829. Les conseils d'arrondissemens se réuniront pour la première partie de leur session le 13 août, et pour la seconde partie, dix jours après la clôture des conseils-généraux.

Une ordonnance royale du même jour règle l'exécution de la loi du 18 juillet sur les journaux et écrits périodiques.

M. Sapey a déposé, sur le bureau de la chambre des députés, une pétition tendant à faire supprimer la rétribution universitaire.

-L'Académie des sciences a procédé, lundi, à l'élection d'un membre dans la section de médecine, en remplacement de M. Chaussier. M. Serres, premier médecin de l'hôpital de la Pitié, a été nommé à une grande majorité.

Mme la duchesse de Praslin vient de mourir à l'âge de 48 ans. -La ville d'Angoulême n'ayant pas eu le bonheur de recevoir dans ses murs S. A. R. MADAME, a envoyé une députation à Bordeaux pour offrir à la princesse les hommages et les voeux des habitans d'Angoulême. Cette députation avoit à sa tête M. le baron de Chasteigner, maire de ladite ville.

- Soixante-dix communes de l'arrondissement de Langres ont été, le 17 juin dernier, tellement ravagées par la grêle, que tout espoir de récolte y est anéanti.

La reine de Bavière est heureusement accouchée d'un prince le 19 juillet.

Le duc de Modène, pour préserver ses sujets de la contagion morale fomentée par les productions de la presse, vient d'établir dans ses Etats des commissions de censure, composées par moitié d'ecclésiastiques et de laïcs; plus, une commission de surveillance des susdits censeurs. L'article 8 porte que les propriétaires des manuscrits livrés volontairement à la censure, mais qui ne seront pas admis, recevront de bons livres en échange.

- M. de Chalex, ministre de l'intérieur du roi de Sardaigne, vient de mourir.

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- C'est le 3 juin que le comte Capo d'Istria a donné audience, à Poros, aux évêques grecs envoyés par le patriarche de Constanti nople et porteurs d'une proposition d'amnistic. Trois officiers supé rieurs de marine, dont un Français, un Anglais et un Rurse, assistè

rent à cetle conférence, qui fut de courte durée. On répondit que les propositions étoient insuffisantes: il fut signifié aux envoyés, en termés polis cependant, qu'ils pouvoient s'en retourner à Constantinople, ce qu'ils firent aussitôt. Pendant leur voyage au travers du Péloponèse, ils avoient été soigneusement surveillés, et on ne leur avoit pas permis de communiquer avec les habitans.

La peste continue ses ravages à Bucharest, les tribunaux ont suspendu leurs fonctions.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 29, il a d'abord été procédé à la réception de M. le comte de Nansouty, nommé par l'ordonnance du 5 novembre dernier, mais auquel son âge n'avoit pas permis de siéger.

La discussion s'est ensuite ouverte sur le projet de loi rélatif aux comptes de 1826. La chambré a entendu MM. le baron Pasquier, les comtes d'Ambrugeac, de Tournon, Molé, le baron de Monville, le comte de Villèle, le ministre de la guerre et le directeur-général des ponts et chaussées.

Le 30, la discussion générale a continué sur la loi des comples de 1826. La chambre a entendu MM. les comtes de Tocqueville, Molé, le baron de Monville, le marquis de Marbois, le vicomte Lainé, le comte de Chabrol et le directeur-général des ponts et chaussées.

La discussion ayant ensuite été close, M. le comte Daru, rapporteur, a présenté le résumé.

Le 31, les articles 2 et 3 du même projet ont donné lieu à diverses discussions, dans lesquelles ont été entendus MM. le comte de Villèle, le baron Pasquier, le marquis de Marbois et le comte de Tournon.

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L'ensemble du projet a été adopté au scrutin, à la majorité de 138 contre 3.

La chambre s'est ensuite occupée des 3 projets de loi relatifs aux crédits supplémentaires de 1827. Un seul orateur, M. le duc de Tarente, a été entendu sur le dernier de ces projets de loi. Ils ont été successivement adoptés.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 28, on reprend la discussion du budjet du ministère des finances. Quinze millions, 53,700 fr. sont portés pour traitement et frais de services des payeurs du trésor. M. Gravier demande une rédaction d'un million et la réunion des fonctions de payeurs à celles de receveurs généraux. M. de Bully fait observer que ces deux fonctions sont incompatibles. M. Cunin-Gridaine propose de faire au moins une économie de 500,000 fr. Ces réductions, combattues par MM. de la Boulaye, Mestadier. Méchin, et par le ministre des finances et M. de Berbis, rapporteur de la commission, sont rejetées,

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