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Ignace Fourbiquet et du général Félix Aconiti. Tout cela n'est-il pas spirituel et de bon goût? Aussi la même seuille libérale assure que l'écrit en question est plein de malice et d'esprit, et qu'on ne peut se jouer des Jésuites avec plus de finesse et de causticité.

Mais quel est l'auteur de cette amusante facétie? On dit qu'elle est du même écrivain à qui nous devions déjà l'Antidote de Montrouge, de celui qui, non content de poursuivre les Jésuites dans ses écrits, les dénonce encore à la chambre et demande leur expulsion. Il paroit que M. Salgues ne compte pas beaucoup sur l'efficacité de ses plaisanteries, et qu'il a senti le besoin d'employer d'autres armes. Ses pamphlets et ses pétitions se prêtent un mutuel appui, et il aura l'honneur d'avoir contribué par l'une au coup qui a frappé les Jésuites, comme il a la gloire de continuer à les poursuivre après ce coup. Nous demandions dernièrement si ce M. Salgues étoit le prêtre constitutionnel qui avoit écrit à la convention le 4 frimaire an II. Seroit-ce aussi le même qui publioit, en 1797, un Journal des Spectacles? est-ce le même qui est auteur du livre intitulé: Des erreurs et des préjugés répandus dans la société, livre rempli de plaisanteries assez peu religieuses et de détails que le goût auroit dû supprimer. On y lit, page 80 du tome II: On ne trouve guère de prophètes que dans les temps d'ignorance et chez les peuples superstitieux. En général, l'auteur affecte un ton railleur et goguenard, même en parlant de ce qu'il y a de plus sérieux et de plus respectable; il veut imiter le persifllage de Voltaire, et se moque des dévots, de leurs préjugés ou de ce qu'il plaft aux incrédules d'appeler ainsi. La manière dont il discute quelques faits relatifs à l'Ecriture est d'un homme qui cherche plus à faire rire qu'à éclairer.

Si M. Salgues le pétitionnaire et l'auteur du Petit Catéchisme étoit le parent de celui dont nous venons de parler, les Jésuites et le Père Picotin se consoleroient d'avoir un tel adversaire. Il n'y a point parmi eux de Père Fourbiquet; ne seroit-il pas possible d'en trouver parmi ceux qui auroient renoncé à leur état en 1793, et qui auroient déclaré qu'ils étoient jusque-là des imposteurs et des fourbes?

Réflexions d'un Français catholique romain sur deux articles de la Charte et sur les ordonnances concernant les petits séminaires par M. Boussot, ancien avocat (1).

L'auteur examine les articles 5 et 6 de la Charte, et en déduit la légalité de l'existence des Jésuites. I combat la première ordonnance du 16 juin, et montre l'injustice de la mesure adoptée par le ministère. Cet écrit est d'un homme religieux, droit et qui raisonne juste les libéraux et les journaux n'en feront pas l'éloge, car il les apprécie très-bien.

(1) In-8°, prix, 60 cent. et 75 cent. franc de port. A Paris, chez Béthune, et au bureau de ce journal.

Nouvelles Réflexions sur l'ordonnance du 16 juin 1828, concernant les petits séminaires, in-8°, chez F. Didot.

Cet écrit n'a point rapport à la première ordonnance rela tive aux huit maisons des Jésuites, il ne parle que de la se conde sur les écoles ecclésiastiques, et il a pour but de justifier. Il commence par se plaindre qu'on ait mis de l'exa gération dans cette discussion:

« Il n'est pas plus permis d'agiter, d'effrayer le troupeau, que d'outrager le pasteur. Le zèle excuse les alarmes du fidèle, mais il ne l'autorise pas à les répandre. C'est de plus haut qu'elles doivent partir, quand elles sont fondées.

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» Ces observations, dégagées de toute amertume et de toute personnalité, sont principalement applicables à l'époque présente; les noms de violation du sanctuaire, de persécution de l'Eglise catholique, ne sont pas des termes abstraits pour la génération à laquelle on parle. Ils vont remuer au fond des cours des émotions toutes vivantes, et quand on les prononce avec éclat, quand on les imprime à la tête des actes du gouvernement, on glace de terreur les ames les plus fermes. Nous vivons au milieu des confesseurs, et nous avons vu les martyrs. Les pierres portent encore les traces de leur sang, et leur pied toucha le même échafaud où chaque jour monte l'assassin pour subir sa peine. Qu'on ne soit donc pas étonné, si quelques phrases bien sombres et bien alarmantes ont encore la puissance de plonger l'Eglise dans une inconsolable désolation. Les provinces surtout, condamnées à ne voir les évènemens que comme il plaît aux feuilles publiques de les raconter, privées de la connoissance des causes qui les produisent, et par conséquent, incapables de les isoler des commentaires passionnés qui les précèdent ou qui les suivent; les provinces sont livrées sans défense aux plus fausses terreurs. Elles se hatent de faire part de leur trouble aux écrivains de la capitale qui le leur ont envoyé; ceux-ci s'en servent de nouveau pour légitimer les frayeurs qu'ils ont répandues. Les couleurs se rembru nissent, un long gémissement s'exhale de toutes les bouches, et, comme dans ces iles reculées dont parlent les voyageurs, on entend gronder les orages sous un ciel serein. »

On voit que l'auteur n'est point effrayé de notre situation; loin de s'alarmer des maux de l'Eglise et des dangers de la religion, il est calme et tranquille, il a même la force d'être plaisant et de semer sur un si grave sujet de piquantes railleries. Non-seulement il ne voit rien de fâcheux dans

Tome LVI. L'Ami de la Religion et du Roi.

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l'ordonnance; il va jusqu'à dire qu'elle plante l'arbre de vie au milieu de nos institutions, qu'elle unit plus intimement l'autel au trône et la religion à l'Etat. Nous n'osons plaisanter à notre tour sur ces magnifiques promesses, mais l'examen que nous allons faire des Nouvelles Réflexions dissipera, à co que nous croyons, le prestige, et montrera que l'auteur est bien peu instruit de ce qu'il devroit savoir le mieux.

L'auteur discute trois reproches faits à l'ordonnance, 1o sur la fixation du nombre des élèves; 2o sur la nomination des directeurs; 3° sur le diplome de bachelier. Sur le premier grief, l'auteur prétend que les petits séminaires n'ont pas toujours existé et ne sont pas nécessaires à l'Eglise, Qui ne sait, dit-il, qu'avant le commencement de ce siècle, on n'avoit point entendu parler d'écoles secondaires ecclésiastiques ni de petits séminaires? Le clergé se formoit auparavant dans les collèges. Les petits séminaires n'ont pas vingt années de date, le sacerdoce s'est perpétué pendant dix-huit siècles sans leur secours, on en trouve à peine des vestiges dans les conciles et dans la discipline générale de l'Eglise. Leur établissement étant dû à l'esprit irreligieux du siècle, cet esprit venant à changer, ils seroient parfaitement inutiles. L'auteur va plus loin; à l'en croire, d'après les états adressés par les évêques, le nombre des théologiens dans les grands séminaires est à peu près le même cette année qu'en 1821, d'où il suit qu'avec des petits séminaires plus multipliés et un nombre presque double de jeunes élèves, il ne s'est guère plus manifesté de vocations sacerdotales dans un temps que dans l'autre. Ailleurs l'auteur avance que, depuis 1809, les institutions et les collèges communaux ont donné plus de prêtres à la France que tous les petits séminaires ensemble.

Il y a, dans ces assertions, bien des inexactitudes et de l'exagération. Il est faux que l'on trouve à peine dans les conciles des vestiges des petits séminaires, puisque le concile de Trente recommande formellement la formation de ces écoles ecclésiastiques. Dans sa 23° session, chap. 18, il entre dans de longs détails sur ces établissemens, et ce qui prouve qu'il est question là de ce que nous appelons proprement des petits séminaires, c'est que le concile dit qu'on y recevra des enfans âgés au moins de 12 ans; il veut qu'on choisisse de préférence les enfans des pauvres, qu'ils portent dès-lors

la tonsure et l'habit clérical, et qu'outre la grammaire on les forme peu à peu aux connoissances et aux pratiques qui conviennent à l'état ecclésiastique. Assurément, en parlant d'enfans de 12 ans, le concile n'entendoit pas les théologiens ni même les étudians en philosophie, et tout ce chapitre ne peut avoir trait qu'à la formation des petits séminaires.

Il n'est pas plus exact de dire qu'avant le commencement de ce siècle on n'avoit point entendu en France parler de petits séminaires. L'abbé Fleury, dans son 5 discours sur l'histoire ecclésiastique, dit que la discipline des collèges formés au 13° siècle tendoit non seulement à l'instruction des écoliers, mais à régler leurs moeurs et à les former à la vie cléricale; c'étoient, ajoute-t-il, comme de petits séminaires. L'assemblée de Melun en 1579 invita les évêques à remplir les vues du concile de Trente, la nécessité des temps, disoitelle, et la pénurie des cleres l'exigent; elle recommandoit de n'admettre que ceux qui avoient au moins 12 ans. Ce fut un petit séminaire que saint Vincent de Paul établit en 1635 au collège des Bous-Enfans. L'historien de sa vie, Collet, dit positivement que le saint suivit le plan du concile de Trente, et commença à recevoir des enfans de 12 ou 14 ans. S'il modifia ensuite ce plan, et s'il forma de préférence des séminaires pour la théologie, c'est qu'alors la première éducation n'étoit pas à beaucoup près ce qu'elle est aujourd'hui. Les collèges dirigés par des ecclésiastiques ou par des hommes religieux n'éloignoient pas comme aujourd'hui les jeunes gens de la vocation sacerdotale; ils y prépa roient au contraire les enfans par l'habitude des pratiques de la religion et par l'esprit général qui dominoit dans la société et qui en animoit toutes les classes. On avoit donc bien moins besoin alors d'écoles spéciales pour le clergé.

- Toutefois le roi et les évêques concouroient pour l'établissement des petits séminaires. Louis XIV, par sa déclaration du 15 décembre 1698, enregistrée au parlement, exhortoit les évêques et leur enjoignoit d'établir, dans les diocèses où il y avoit déjà des séminaires pour les.clercs plus âgés, des maisons particulières pour l'éducation des jeunes clercs pauvres depuis l'âge de 12 ans. C'étoient là, sans doute, des petits séminaires comme nous les entendons aujourd'hui. Il se forma successivement, à Paris et dans les provinces, des

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établissemens de ce genre. A Paris, les communautés formées par M. de la Barmondière, curé de St-Sulpice, par l'abbé Traullé, par l'abbé de Chansiergues, n'étoient autre chose que des petits séminaires; on y préparoit de bonne heure les enfans aux pratiques de la vie cléricale. Chansiergues avoit établi trois associations de pauvres écoliers qu'il réunit ensuite. Un docteur de Sorbonne, l'abbé Gillot, forma aussi une communauté semblable, qui subsista assez. long-temps. Dans les provinces, le zèle des évêques donna naissance à des écoles du même genre. Ainsi, dans le diocèse d'Orléans, le collège de Meung-sur Loire n'étoit autre qu'un petit séminaire qui a subsisté jusqu'à la révolution. De bons curés prenoient plaisir à réunir des jeunes gens et à les élever pour l'état ecclésiastique; rien n'étoit si fréquent autrefois dans les campagnes, et beaucoup de prêtres sont sortis de ces écoles privées et temporaires, que les universités de ce temps-là ne songeoient pas à entraver.

Toutefois, à mesure que l'éducation publique se détérioroit, on sentit le besoin de multiplier et de régulariser ces établissemens. Depuis la destruction des Jésuites surtout, les collèges étant moins bien tenus, et l'esprit d'indifférence ou même d'irréligion y pénétrant de plus en plus par la négligence des maîtres, par l'introduction des mauvais livres et par toutes les séductions de l'esprit qui commençoit à dominer dans la société, les petits séminaires devenoient plus que jamais nécessaires. Aussi cet objet attira l'attention de l'assemblée de 1775, et nous trouvons dans ses procès-verbaux un mémoire et une délibération sur ce point. L'assemblée invita les évêques à procéder à l'établissement des petits séminaires. Plusieurs diocèses remplirent ce vœu et en recueillirent le fruit. Dans l'assemblée de 1785, on revint encore sur ce sujet, et M. Dulau, archevêque d'Arles, fit, le 5 septembre 1786, un rapport sur l'établissement des petits séminaires. Ce rapport se trouve dans ses OEuvres, tome [or, page 408; et au tome II est un autre mémoire où l'on montre l'utilité et l'importance des petits séminaires. On y parle, entr'autres, des heureux résultats qu'avoit produits un petit séminaire établi récemment à Châlons. Dans le synode de Toulouse en 1782, on arrêta le plan d'un petit séminaire, absolument dans le même genre de ceux que nous avons aujourd'hui; enfin, peu avant la révolution, on

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