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avoit formé à Paris, près St-Sulpice, la petite communauté des clercs, dirigée par M. Dubourg, actuellement évêque de Montauban, et qui a donné à l'Eglise des prêtres zélés et même des martyrs.

C'est donc fort légèrement que l'auteur des Nouvelles Réflexions suppose qu'on n'avoit pas entendu parler de petits séminaires avant le commencement du 19° siècle. Il ajoute que leur établissement étant dû à l'esprit irréligieux du siècle, ils seroient inutiles, si cet esprit venoit à changer; comme rien malheureusement n'annonce un tel changement, comme au contraire cet esprit irréligieux fait chaque jour des progrès effrayaus, il n'est pas probable que les petits séminaires deviennent de si tôt inutiles. Quelles seroient les ressour ces de l'Eglise pour la perpétuité du sacerdoce, si elle n'en avoit à attendre que des établissemens universitaires? C'est une vérité de fait, dit un Mémoire que nous avons sous les yeux, Mémoire rédigé en 1817 par un ecclésiastique distingué, aujourd'hui évêque; c'est une vérité de fait, qu'il ne se forme point dans les 36 collèges royaux d'élèves pour l'état ecclésiastique; c'est également une vérité de fait qu'en général il ne s'en forme qu'un petit nombre dans les collèges communaux et les pensions. Ce sont là des faits positifs et notoires, et on ne conçoit pas comment l'auteur des Nouvelles Réflexions a pu dire que, depuis 1809, les institutions et les collèges communaux avoient donné plus de prêtres que tous les petits séminaires ensemble. Il étoit difficile d'imaginer une assertion qui fût plus aisément démentie par l'expérience de tous les diocèses.

Enfin une autre assertion de l'auteur n'est pas moins étonnante; il dit que, d'après les états adressés par les évêques, le nombre des théologiens dans les grands séminaires est à peu près le même cette année qu'en 1821. Or, en consultant l'Almanach du clergé de 1822, je vois qu'il y avoit dans les séminaires, au 1er janvier 1821, 5848 théologiens, et dans l'Almanach du clergé de cette année, il y en a 9285; ce qui fait une différence de 3437, différence qui n'est pas si petite, à ce qu'il semble. Comment l'auteur a-t-il donc pu ajouter hardiment qu'il ne s'étoit guère plus manifesté de vocations sacerdotales dans un temps que dans l'autre? Est-ce que trois mille prêtres de plus ne lui paroissent rien? Cette différence entre le nombre des étudians en 1821 et

1818 est encore plus sensible pour les élèves des petits séminaires; on comptoit en 1821 1183 philosophes, 12,204 jeunes gens dans les petits séminaires, en tout 13,386, tandis que, dans l'Almanach du clergé de 1828, on compte 3725 philosophes et 21,118 étudians dans les petits séminaien tout 24,843 jeunes gens, ce qui fait une différence de 11,457 entre le nombre de 1821 et le nombre actuel.

res,

Mais indépendamment de ces inexactitudes et de ces méprises, tout le plaidoyer de l'auteur contre les petits séminaires est bien déplacé dans les circonstances présentes. Il est même en contradiction avec le rapport de M. l'évêque de Beauvais au Roi, publié en tête de l'ordonnance du 16 juin. Le prélat y insistoit sur la nécessité des écoles ecclésiastiques :

« Dans de telles conjonctures, disoit-il, on ne pouvoit, sans compromettre le sort de l'église de France, s'en tenir à l'usage généralement suivi autrefois. Il étoit facile de prévoir que, dans l'état actuel des choses, s'il n'y avoit que les écoles ordinaires pour cultiver les dispositions naissantes des jeunes lévites, la plupart des vocations devant se trouver comme étouffées dans leur germe, c'en étoit fait de la tribu sainte, et par conséquent de la religion catholique dans le royaume très-chrétien... Ainsi le grand motif de l'épiscopat, en demandant la faculté de créer de nouvelles écoles spéciales pour les élèves ecclésiastiques, étoit manifestement puisé dans la plus impérieuse de toutes les nécessités, celle de sauver le sacerdoce près de périr. »

L'auteur des Nouvelles Réflexions contredit donc M. l'évêque de Beauvais en attaquant les petits séminaires. Il y a même, dans cette partie de sa brochure, une teinte d'ironie qui sied mal à la gravité du sujet : aussi son apologie, outre qu'elle est inexacte sur plusieurs points, déplaira encore sous d'autres rapports au clergé. Il est à craindre que les ennemis de la religion n'aillent y chercher des armes contre des institutions précieuses et nécessaires qu'a formées le zèle, que soutient la charité, que l'autorité doit protéger, et qui ne peuvent paroître ridicules qu'à des esprits frivoles ou indifférens aux maux de l'Eglise.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Dans toutes les grandes crises de la religion, c'est

la coutume que les évêques élèvent la voix, soit pour éclairer les fidèles, soit pour avertir l'autorité, soit pour défendre les droits de l'Eglise, soit pour protester contre des mesures inquiétantes. A l'époque de l'orage qui éclata contre les Jésuites, il y a plus de 60 ans, des assemblées du clergé prirent hautement leur défense, et un grand nombre d'évêques publièrent des écrits sous diverses formes en faveur d'un corps injustement attaqué. Ces réclamations sont des monumens pour l'histoire de l'Eglise; elles attestent le zèle autant que la sagesse du clergé. L'épiscopat actuel n'est ni moins pénétré de ses devoirs, ni moins empressé à fendre ses droits. On assure que des représentations fortes et respectueuses ont été adressées ces jours derniers au Roi, sur les ordonnances du 16 juin; ces représentations avoient été dressées dans les réunions d'évêques qui ont eu lieu. Elles sont signées, dit-on, du doyen des évêques de France au nom de tous ses collègues. On ajoute que les évêques dispersés dans les provinces out adhéré aux résolutions prises à Paris, et on s'attend à voir publier dans quelque temps leurs déclarations et protestations, qui tiendront leur place parmi les plus importantes, de l'histoire de notre époque.

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Nous avions annoncé qu'il existoit un projet pour sauver d'une destruction totale des établissemens utiles, et pour remplacer les Jésuites par des ecclésiastiques soumis au régime universitaire. Ce projet, qui ne regardoit que St-Acheul, a rencontré des obstacles inattendus. Nous avouons que nous le regrettons dans l'intérêt des familles : tout en déplorant le renvoi des Jésuites, il nous paroissoit désirable de voir subsister quelque chose d'un établissement qui avoit rendu tant de services. On a dit que ce seroit là une sanction publique de l'iniquité, un acte de foiblesse, et pis que de la foiblesse; qu'alors le dépouillement des évêques deviendroit légal et la violence légitime. Nous ne voyons pas comment c'eût été légitimer la violence et sanctionner l'iniquité que de chercher à atténuer une mesure désastreuse ; nous ne voyons pas comment le dépouillement des évêques fût devenu légal, parce qu'ils eussent mis des ecclésiastiques à la place des Jésuites. Quand ceux-ci furent renvoyés de leurs collèges il y a soixante ans, on ne crut pas que ce fût une foiblesse et pis qu'une foiblesse de ménager le bienfait d'une éducation religieuse aux enfans qui perdoient leurs

vertueux instituteurs. Quoi qu'il en soft, et sans insister davantage sur un projet abandonné, on ne peut que s'affliger de l'embarras où vont se trouver des milliers de pères de famille tourmentés dans leurs affections les plus chères. Enverront-ils leurs enfans au dehors? Mais ce moyen ne peut convenir à tous. Le collège des Jésuites à Fribourg est grand et spacieux, il a été bâti il y a quelques années, et peut recevoir un surcroît d'élèves; ce sera une ressource fort utile pour les enfans des provinces adjacentes: mais ceux des provinces éloignées en pourront-ils profiter? On a parlé des collèges de Chambéri et de Nice; mais nous croyons que les bâtimens en sont peu considérables, et ne pourroient recevoir un grand nombre de jeunes gens. On a dit qu'il étoit question d'établir des collèges à Guernesey, à Douvres, à Irun; il est difficile de croire qu'on pût réaliser sitôt un pareil projet. N'est-ce pas une cruauté, dans un temps de liberté, de réduire ainsi des pères de famille à chercher au loin lés moyens de faire élever leurs en fans comme ils le souhaitent? L'ordre légal exigeoit-il qu'on fît cette violence aux affections les plus légitimes? Ah! on ne le sait que trop, il existe des institutions où les enfans sont élevés dans l'indifférence en matière de religion, où même ils reçoivent des leçons et des exemples d'impiété, et on ne croit pas pouvoir fermer ces établissemens; mais on ferme des écoles où les enfans apprenoient à aimer et à pratiquer la religion, et les amis de la liberté trouvent cela tout simple! et ils écrivent pour justifier ce procédé violent!

- De pieuses cérémonies se sont succédées à des époques assez rapprochées dans deux cantons limitrophes de l'arrondissement d'Altkirch, ceux de Habsheim et de Landser. Déjà, il y a peu d'années, les paroisses d'Eschentzwiller, de Ruelesheim et de Zimmersheim, situées dans le premier de ces cantons, avoient acquis de nouvelles cloches pour remplacer celles qui avoient été enlevées par la révolution. Les paroisses de Habsheim et de Dietwiller viennent de suivre cet exemple en faisant fondre chacune trois cloches. Celles de Dietwiller ont été bénites le lundi de la Pentecôte par le curé du chef-licu. La cérémonie fut suivie de l'érection d'un calvaire. La bénédiction des cloches de Habsheim · · a eu lieu le 6 juillet, et a été faite par M. Schull, curé du licu, assisté du clergé des paroisses voisines. Le discours fut

prononcé par M. Danzer, curé de Mulhausen et chanoine honoraire de Strasbourg, qui expliqua les différentes parties de la cérémonie, et en tira des conséquences morales et pratiques. Il fit remarquer que, pendant les huit ou dix années qui précédèrent la révolution, cette contrée avoit vu s'élever une vingtaine d'églises nouvelles, qui, à peine construites, furent profanées et dépouillées. L'empressement actuel des fidèles à réparer les ravages de l'impiété seroit-il aussi le prélude de nouveaux désastres? C'est une idée que nous voulons écarter. On nous ajoute que la bénédiction de ces cloches a été un sujet de joie pour les bons et religieux habitans de cette partie de l'Alsace. Quelques personnes apprendront peut-être avec surprise qu'au moment de la fonte et avant de couler, le fondeur ne manquoit pas chaque fois de dire aux assistans: Nous allons travailler pour la gloire de Dieu. La droiture d'intention de ce brave homme nous a paru mériter d'être signalée.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le Roi a bien voulu ajouter aux premières faveurs qu'il avoit accordées à l'occasion du combat de Navarin. M. le comte de Chabrol n'attendoit que les états et renseignemens parvenus depuis au ministère pour solliciter des bontés du Roi de nouvelles grâces; l'affaire de Grabouza méritoit aussi quelque récompense. Sur le rapport de M. Hyde de Neuville, S. M. vient de nommer capitaine de vaisseau M. le capitaine de frégate Gueau de Reverseaux, et de conférer le titre de baron à M. le capitaine Hugon. Plusieurs officiers ont été promus à un grade plus élevé, et un certain nombre de croix de SaintLouis et de la Légion-d'Honneur ont été accordées par la même ordonnance royale.

Sur l'exposé fait à nos princes, par M. le préfet des PyrénéesOrientales, des ravages causés dans quelques communes au mois de mai dernier, le Roi a fait remettre à ce magistrat 1500 fr., M. le Dauphin 1000 fr., Mme la Dauphine 1000 fr., et MADAME, duchesse de Berri, 400 fr. pour être distribués aux victimes les plus malheureuses de ce désastre.

- Sur la demande de M. de Conny, député de l'Allier, M. le Dauphin a daigné accorder une somme de 1000 fr. pour venir au secours des habitans de Beaulon qui ont le plus souffert d'une trombe qui a ravagé dernièrement cette commune.

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Le 24 juillet, MADAME, duchesse de Berri, arriva à Saint-Jeande-Luz au milieu des plus vives acclamations et des plus grandes marques de joie. Elle se rendit à l'église, et donna audience au clergé et aux fonctionnaires. S. A. R. voulut ensuite passer la frontière de

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