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des congrégations de Auxiliis, devinrent celles de l'interminable querelle de ce qu'on appelle le jansénisme, avec cette différence que, dans le premier cas, les disputes roulèrent sur un fond de doctrine clairement exposé de part et d'autre, et que, dans le dernier, les assaillans, vaincus sur les principes, eurent l'art d'introduire des questions dans la discussion desquelles il était facile d'égarer les spectateurs, et même les juges du combat. A l'époque des premières hostilités, les jésuites n'avaient pas encore acquis, dans l'Église et dans l'État, le grand crédit qu'ils possédèrent à la dernière. Ils eurent pour anta¬ gonistes, un corps puissant, et pour juges, des papes savans qui, élevés dans les anciens principes, suspendirent l'exécution de leur projet de domination, et firent qu'ils n'eurent pas un triomphe complet. A la dernière époque, ils étaient maîtres de la conscience d'un roi absolu qui ne revenait jamais.de ses préventions ; et ils eurent l'art d'intéresser sa politique à leur cause, en lui persuadant que la doctrine de la petite Société de Port-Royal formait une secte dans l'Église et une faction dans l'État, contre laquelle les deux puissances devaient s'armer pour la sûreté de l'autel et du trône. Quels moyens pouvaient avoir des hommes uniquement occu

pés de la prière et de l'étude, de résister à des ennemis rusés qui disposaient des deux puissances au gré de leurs passions et de leurs intérêts? Tel est le tableau raccourci des tristes relles qui font le sujet du chapitre suivant,

que

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I. LE jansénisme proprement dit, qui, depuis environ deux siècles, a excité tant de controverses, et dont on ignore encore la nature, est une hérésie indéfinissable qui fut imaginée par les jésuites pour faire diversion au soulèvement général que causaient leurs innovations sur les caractères de la grâce, leurs entreprises contre la juridiction des pasteurs, et le relâchement de leurs casuistes touchant la morale : c'est une pomme de discorde qu'ils jetèrent dans le champ du Seigneur, et un moyen dont ils se servirent habilement pour les intérêts de leur Société.

Le jansénisme, disait le docteur Arnauld, n'ayant point de notion fixe, on l'appliqua à tout ce qu'on voulut. Un janséniste, selon le maréchal d'Harcourt, n'était souvent autre chose qu'un homme qu'on voulait perdre à la cour. Aussi le chancelier d'Aguesseau se plaignait-il de ce que les jésuites en avaient appliqué la note à son père, pour le rendre suspect à Louis XIV.

Bossuet nous apprend qu'il avait eu lui-même beaucoup de peine à détruire, dans l'esprit du Roi la même prévention qu'on lui avait inspirée contre sa personne. Enfin, dans le nouveau clergé, les noms de gallican et de janséniste sont devenus à-peu-près synonymes, surtout dans la langue des séminaires.

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Jansénius avait été député deux fois à la cour d'Espagne, pour y solliciter la conservation des droits de l'Université de Louvain contre les entreprises des jésuites. Chaque fois sa mission avait eu un plein succès: hinc prima mali labes. Un grief bien plus grand envers les mêmes, adversaires, fut d'avoir composé l'ouvrage intitulé: Augustinus, dans lequel il s'était proposé d'expliquer la doctrine de saint Augustin contre les pélagiens. Le docteur Fromond, son ami chargé de l'édition posthume de cet ouvrage, y avait inséré un parallèle de la doctrine des jésuites sur la grâce, avec celle des semi-pélagiens de Marseille. Ces pères en furent extrêmement offensés, et tout leur ressentiment en retomba sur l'évêque d'Ypres, qu'ils croyaient ou qu'ils affectaient de croire l'auteur de ce parallèle. Ils dénoncèrent le livre au pape Urbain VIII, qui en prohiba la lecture, comme ayant pour objet des questions sur lesquelles ses prédécesseurs avaient imposé silence, et comme

renouvelant des propositions ci-devant condamnées par Pie V et par Grégoire XIII, sans les spécifier et sans désigner aucun auteur qui

les soutînt.

Un décret aussi vague ne remplissait pas les vues des dénonciateurs qui en voulaient à la personne et au livre de Jansénius. Alors les PP. Sirmond, Pétau, Rabardeu, Nouet et M. Cornet, leur ancien confrère, firent un extrait de cinq propositions qu'ils prétendaient avoir tirées de l'ouvrage, et que le dernier, en sa qualité de syndic de Sorbonne, dénonça à la Faculté de théologie, en déclarant toutefois qu'elles étaient étrangères à Jansénius, non agitur de Jansenio. Cependant, soixante docteurs, attachés à la doctrine de saint Augustin, les trouvant rédigées d'une manière captieuse et équivoque, se pourvurent au parlement qui imposa silence aux deux partis. Dans cette circonstance, la faction des jésuites chercha à faire intervenir le clergé dans sa querelle; mais elle n'osa pas s'adresser à l'assemblée générale qui se tenait alors, se tenait alors, de peur d'y éprouver de trop grandes contradictions. On préféra la voie des signatures inviduelles que le P. Dinet se chargea de recueillir tant à Paris que dans les provinces. La lettre des prélats signataires au pape Innocent X, ne contenait pas encore l'attribution des propo

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