Sidebilder
PDF
ePub

blique l'institut selon lequel elle croyait pouvoir se diriger.

Dans le fait, ajoutait le ministre, « les Pères » de la foi ne sont que des jésuites déguisés; ils >> suivent l'institut des anciens jésuites; ils pro>> fessent les mêmes maximes; leur existence est >> donc incompatible avec les principes de l'É>> glise gallicane, et le droit public de la nation. » On ne peut faire revivre une corporation dis>> soute dans toute la chrétienté, que par les or>> donnances des souverains catholiques, et par >> une bulle du chef de l'Église. »

D'autres considérations importantes viennent à l'appui des principes précédens. Le grand intérêt de la religion est aujourd'hui de protéger les pasteurs, au lieu de laisser établir à côté d'eux, ou sur leurs têtes, des hommes qui puissent les opprimer. Le clergé séculier est encore trop faible pour pouvoir diriger et contenir un établissement qui, dès sa naissance, serait plus influent que les évêques. Le gouvernement ne peut, après une grande révolution, se fier à une institution qui, ayant d'autres principes que les siens, pourrait devenir infiniment dangereuse. Les sujets manquent pour le service des paroisses. Est-ce dans un tel moment, qu'il convient de favoriser un établissement qui achèverait d'enlever tous ceux qui ont de la piété, du zèle et des

lumières ? Dans ces circonstances, il importe de dissoudre les aggrégations et Sociétés religieuses qui se sont établies clandestinement et à l'insu des lois.

Ce rapport fut suivi d'un décret qui fit fermer tous les établissemens des pères de la foi. Ceux du diocèse de Lyon subsistèrent encore quelque temps sous la protection du cardinal Fesch: mais il fallut enfin céder à des ordres impératifs qui ne laissèrent plus lieu à la résistance. Le pape Pie VII ayant confirmé, le 7 mars 1801, les pères de la foi de Russie, ceux de France d'Angleterre, et les restes des paccanaristes, se réunirent enfin sous la conduite du P. Gruber, et le reconnurent pour général de la Société. Nous arrivons à la bulle de Pie VII.

CHAPITRE XII.

Du rétablissement des Jésuites par le pape Pie VII.

I. Le pape Pie VI s'était engagé, dans le conLE clave où il fut élu, à rétablir la Société des jésuites. C'est même à cette condition que la faction Rezzonico le porta au souverain pontificat. Mais, quand il voulut entreprendre de remplir sa promesse, il n'osa pas aller contre la résistance des cours résolues de soutenir l'ouvrage de son prédécesseur. Il se contenta de reconnaître ceux de Silésie et de la Russie-Blanche. A peine Pie VII eut-il repris les rênes du gouvernement, qu'une de ses premières opérations fut de rétablir la Société par un bref du 4 août 1814, quatre mois seulement après sa restauration. On fut étonné de cette précipitation, dans un temps où l'Église semblait exiger des soins bien plus pressans de la sollicitude pontificale pour réparer les grandes brèches de la maison de Dieu.

Les Églises de France et d'Allemagne étaient privées, ou se voyaient sur le point d'être privées de leurs premiers pasteurs. Sous ce rapport, elles

présentaient un bien plus urgent besoin qu'une Société particulière qui, quelqu'idée qu'on s'en fasse, ne tient point essentiellement à la constitution de l'Église générale. Pie VII ne vit dans les jésuites que les plus vigoureux rameurs, validos remiges, de la barque de saint Pierre. Il ne se mit point en peine, comme l'avait fait Clément XIV, de compulser les documens qui pouvaient lui fournir des instructions sur le grand procès déjà irrévocablement jugé par le concours des deux puissances, de méditer sur les résultats d'une si délicate opération, devant lesquels avait reculé Pie VI, malgré ses engagemens. Il ne se plaignit d'aucune surprise faite à l'auteur de la bulle Dominus ac Redemptor. Il ne soumit point à un nouvel examen les puissantes raisons qui l'avaient dirigé dans son jugement. Il ne fut point question des griefs qui l'avaient provoqué. Que résulte-t-il de toutes ces considérations? Que si Pie VII a ressuscité les jésuites, il ne les a point justifiés.

Mais, dit ce vénérable pontife, le monde ca tholique demandait d'une voix unanime, le rétablissement de la compagnie de Jésus. Quelles preuves allègue-t-il de cette voix unanime? N'aurait-il pas pris pour elle les sollicitations des dévots et des dévotes du faubourg Saint-Germain, dont il fut presque toujours entouré, pendant son

séjour à Paris? A peine son bref fut-il publié, que le prince régent de Portugal fit signifier à toutes les cours de l'Europe une protestation contre cet acte. Ni l'Autriche, ni les autres puissances d'Allemagne, ni la majorité des cantons suisses catholiques, ne s'empressèrent d'en permettre l'exécution. En Italie, ce n'est qu'avec la plus extrême répugnance que les autres corps religieux les ont vu reparaître. En France, ils ne s'y sont introduits que furtivement, comme ils le faisaient pendant leur bannissement sous Henri IV, qu'en déguisant leur véritable nom : à peine s'est-on áperçu de leur apparition, qu'il s'est fait une explosion générale contre leur invasion, Ou plutôt que la nation s'est vue divisée en deux par

tis très animés l'un contre l'autre. Reconnaît-on à tous ces traits les caractères d'une voix unanime en leur faveur ?

A l'époque de la restauration, Louis XVIII fut assailli par le parti des jésuites, qui avait de puissans appuis à la cour, pour l'engager à détruire l'ouvrage de son aïeul. Il ne se laissa, à la fin, arracher son consentement qu'après une longue résistance, et que sous la condition qu'il ne serait question ni du nom, ni de la robe, faible barrière pour contenir des gens qui savent prendre toutes sortes de formes afin d'arriver à leur but. Quand on lui représentait, depuis, l'ascendant que les jé

« ForrigeFortsett »