beau, où les décrets du Saint-Siége déclarent les avoir ensevelis à perpétuité? C'est là un secret renfermé dans les trésors de la divine Providence, qu'ils se hâtent d'ouvrir en leur faveur, mais qu'il ne nous est pas donné de pénétrer. Leur naissance, du moins en France, éprouva de grandes contrariétés, et concourut avec de grandes calamités. Les événemens non moins remarquables de la révolution, dont ils ont cru pouvoir profiter pour reparaître sur la scène, doivent-ils être pris pour des symptômes de leur résurrection? On devrait être assez disposé à le croire, en voyant le nouvel épiscopat couvrir de sa prédilection ceux que l'épiscopat du grand siècle avait flétris par tant de censures. On sait que le siècle des révolutions est assez souvent celui des miracles; c'est là un problême dont nous renvoyons la solution aux élèves des séminaires où l'on a embrassé la théorie de M. Le Maistre et compagnie. Nous ferons cependant observer aux apôtres de la Société, qu'on ne peut y procéder que par une révision sérieuse du procès, et que par la réfutation assez difficile des graves et nombreux motifs de suppression consignés dans la bulle Dominus ac redemptor, qui avait coûté quatre ans de travail au pape Clément XIV. A moins de procéder de cette manière, ils pour
ront obtenir une résurrection de fait; mais leur réputation restera toujours entachée des délits dont ils sont chargés par cette bulle, qui, selon leurs propres principes, emporte l'idée et les effets d'un jugement dogmatique et irréformable. Enfin, comme nous l'avons déjà dit, ils pourront être rétablis; mais à moins de subir l'épreuve de ces formalités, ils ne seront jamais justifiés.
De l'établissement des Jésuites dans le royaume jus- qu'à leur bannissement en 1595.
Opposition qu'ils éprouvent de la part de tous les corps de l'État.-Conditions auxquelles l'assemblée de Poissy leur ac- corde son consentement, et auxquelles le parlement se décide à enregistrer leurs lettres-patentes. Ces conditions portent que leur admission sera regardée comme non-avenue, s'ils ne les observent pas.-L'Université exclut leurs élèves des gra- des universitaires. -Leur conduite séditieuse dans la ligue. -Ils sont impliqués dans les affaires de Barrière et de Châtel. -Ils sont bannis du royaume par un arrêt solenuel du par- lement, autorisé par Henri IV, qui a force de loi.
De leur rétablissement en 1603..
Leurs manoeuvres pour rentrer en fraude dans plusieurs villes.-Leurs intelligences avec les factieux du dedans et les ennemis du dehors. Henri ne se détermine à les rappeler que par l'espérance de les toucher de reconnaissance, sans ces- ser de les regarder comme coupables des délits qui ont provo- qué leur bannissement. Leur général élève des difficultés. sur les clauses de l'édit. Le pape n'y a aucun égard. — Re- montrances énergiques du parlement. Absurdité de la ré- ponse du roi à M. de Harlay fabriquée par les jésuites. Analyse de la véritable réponse conservée par M. de Thou.— Le parlement ne se résout à enregistrer cet édit, après d'itéra- tives lettres de jussion, que par la crainte qu'une plus longue résistance ne mette la personne du Roi en péril, et ue le rende lui-même responsable des événemens.
Les Jésuites confesseurs des rois à la faveur d'une clause de l'édit.
Leur conduite dans cette place.-Instructions du cardinal de Richelieu au P. Suffren sur la manière dont il doit s'y comporter.-Affaire du P. Caussin. · Lettre curieuse de ce père au général de la Société.-Abus dont les PP. La Chaise et Le Tellier se rendent coupables dans ce poste. - Mesure prise sous la Régence pour en exclure les jésuites. Ils y rentrent par l'influence du cardinal Dubois et du P. Daubenton. Réfutation d'une erreur sur le secret de la confession dans les affaires d'état. —Aventure du P. Daubenton.
Les Jésuites persistent, après leur rétablissement, dans le système de doctrine qui avait provoqué leur bannissement.
Opinion générale sur l'influence que ce système a eue dans le crime de Ravaillac.-Ils y persistent après qu'il a été aban- donné par les autres éco'es.-Illusions des déclarations qu'ils ont été obligés de donner sur ce point, en differentes occa- sions.
Leurs prétentions contre les droits de la hiérarchie.
Leur doctrine à cet égard date de la naissance de la Société. -Tous leurs engagemens de renoncer à leurs priviléges ont été aussitôt violés que contractés. Ils soutiennent sur ce point une lutte vive, opiniâtre, souvent scandaleuse, contre le corps épiscopal, pendant le dix-septième siècle, se jouent des censures lancées contre eux. -Ils ont été plutôt com- primés que réprimés par l'assemblée du clergé de 1700%
Système théologique des Jésuites..
Ils inventent une manière de procéder en cette matière qui tend à détruire l'autorité de la tradition et à favoriser toute; les innovations qu'on voudra introduire dans l'Église.-C'est en faisant usage de cette méthode qu'ils ont accrédité le sys- tème de Molina sur la grâce et la prédestination qui a infecté toutes les écoles et causé tant de rumeur dans la theologic.- - Le pape Clément VIII, n'ayant pu apaiser les troubles qu'il causait en Espagne, convoqua les fameuses congrégations de auxiliis où il fut longuement discuté entre les théologiens jésuites et ceux de l'ordre de St.-Dominique. Paul V avait dressé une bulle pour le condaniner, mais des raisons de prudence et d'économie l'obligèrent d'en suspendre la publi- cation. Il est résulté de ce silence une guerre sourde qui a mis le désordre dans l'enseignement de la théologie, et qui s'est perpétuée sous le nom de jansénisme.
Cette hérésie fut imaginée par les jésuites pour faire di- version à la guerre qu'ils avaient à soutenir an sujet de leurs nouveaux systèmes sur le dogme, la morale et la hiérarchie. -Ils échouent sur la question de droit, la seule qui offrît un intérêt réel, et se rejettent sur la question de fait,-Ils propo sent le nouveau système de l'infaillibilité de l'Eglise sur les faits nop-révélés, que leurs théologiens avaient combattu jus- qu'alors. En changeant ainsi de boucliers, ils mettent la di- vision dans l'épiscopat, font intervenir la puissance sécu- lière, et profitent de la confusion pour se rendre importans et pour opprimer tous les corps ecclésiastiques qui leur faisaient ombrage. A cette première guerre contre le livre de Jansenius, ils en font succéder une autre contre celui du P. Quesnel, qui prend sa source dans leur ressentiment contre le cardinal de Noailles, tout aussi absurde que la précédente, et dont ils profitent pour subjuguer l'épiscopat, et pour auéantir les trois derniers articles de la déclaration du clergé, ou du moins pour ne leur laisser qu'une valeur nominale.
« ForrigeFortsett » |