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DE

GASCOGNE

BULLETIN MENSUEL

DE LA

SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE GASCOGNE

Nouvelle Série. - TOME VI

AUCH

IMPRIMERIE CENTRALE, RUE SAINTE-URSULE, 5

1906

Fr 33.1

Harvard College Library

SEP 29 1913
Gift of

Prof. A. G. Goolidgo

F.. C. Lowell fund

Le Voyage de Jean d'Aignan à Paris

Sa Correspondance.

Il existe dans les archives de la famille d'Aignan (1) quelques feuilles couvertes en totalité d'une écriture. fine qui s'entasse sur les lignes et mange les marges; c'est la correspondance que le chanoine Jean d'Aignan, official et vicaire général de Dominique de Vic (2), archevêque d'Auch, avait adressée à son frère, le chanoine Paul d'Aignan, promoteur, pendant un voyage et un séjour à Paris en 1664.

Cette correspondance, certes, n'était point écrite pour la publicité; elle marche à la bonne franquette, donnant sans suite et au courant de la plume des nouvelles d'un procès, des réflexions sur les faits et écrits du Jansénisme, le tout mêlé aux affaires de Fouquet, aux nouvelles de la cour, aux nominations ecclésiastiques,

(1) Les lettres et les documents divers qui ont servi à cette étude ont été mis à ma disposition par Mlle Marguerite d'Aignan. Qu'elle daigne lire ici l'expression de ma respectueuse gratitude.

(2) Jean d'Aignan était né en 1610. Il reçut la tonsure dans le chœur de la cathédrale d'Auch, le 26 mars 1622, des mains de Léonard de Trapes. Le même archevêque lui donna les « quatre moindres » le 21 mai 1632. Il était sous-diacre au 18 mars 1638, car à cette date Mgr de Vic l'autorisait à recevoir ailleurs l'ordre du diaconat. Il avait pris son grade de docteur en théologie à la Faculté de Toulouse, le 14 octobre 1637. Dominique de Vic lui donna la prêtrise dans la chapelle des RR. PP. Jésuites d'Auch, le 18 septembre 1638. Le 17 octobre 1651, par acte daté de Mazères, le même prélat le nommait son vicaire général.

Son frère, le chanoine Paul d'Aignan était né en 1600. Ils moururent tous deux, à deux jours d'intervalle, Paul mourut le premier à l'âge de 88 ans, en 1688. On n'avait pas voulu annoncer à Jean la mort de son frère. Ils furent ensevelis tous deux, le même jour, dans le choeur de la cathédrale. Leur décès était survenu à Prathaué, leur résidence, près de Roquelaure. Hilaire d'Aignan leur frère, dont il est quelquefois question dans la correspondance de Jean d'Aignan M. de Saint-Martial, avait une des dix prébendes fondées en 1355 dans la cathédrale d'Auch. (Cf. arch. d ́Aignan et ms. d'Aignan, (Biblioth. de la v. d'Auch, 86 (73), p. 647).

à des incidents intéressant nos compatriotes. Et cela rapidement, avec un abus réel des abréviations qui cependant commençaient à passer de mode, et des allusions aux personnages auscitains de ce temps qu'il est plus d'une fois difficile d'expliquer.

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car il

Fréquemment, il désigne ses adversaires en avait et d'acharnés -sous des noms de guerre : le visage de fer, l'homme à la large ceinture. Ce sont des collègues du chapitre qui n'étaient pas de ses amis.

Nous essaierons de préciser les faits et d'identifier les personnages auxquels ces lettres font allusion par des notes aussi nombreuses que possible, mais il n'en restera pas moins bien des points obscurs que d'autres éclairciront peut-être quelque jour.

Pour se déterminer à ce voyage qui dura plusieurs mois, Jean d'Aignan avait de très bonnes raisons. Il avait été vicaire général et official de Dominique de Vic. A cette époque on ne remplissait pas ces charges sans péril; chaque décision prise, chaque jugement porté, et il en fallait porter heaucoup, faisait un mécontent, souvent deux. De plus, l'archevêque défunt avait donné toute sa confiance à Jean d'Aignan, il en avait fait le confident le plus intime de ses pensées et l'auxiliaire le plus dévoué de son administration archiepiscopale. Ce dernier avait laissé au bon chanoine certains revenus qui lui furent contestés, et son anneau épiscopal qu'il n'avait quitté qu'à ses derniers moments. Or, Dominique de Vic était mort au château d'Ermenonville, que le séjour de Jean-Jacques Rousseau devait plus tard rendre célèbre, et le frère et héritier de l'archevêque d'Auch, Emeric de Vic, comte de Fienne, n'avait pas donné l'anneau.

D'ailleurs, le successeur de Dominique de Vic était

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