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» On voit donc que les observations azimutales du soleil levant et couchant, faites en août 1831, se trouvent vérifiées d'une manière très satisfaisante.

>> Je passe sous silence les nombreuses et intéressantes observations météorologiques recueillies à Alger et dans d'autres lieux voisins, pendant les années 1830 et 1831, et dont le tableau est annexé au registre manuscrit d'où les nombres qui précèdent sont extraits. D'ailleurs on peut consulter à cet égard le 1o volume du Voyage dans la régence d'Alger, par

M. Rozet.

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>> Tels sont, en peu de mots, les déterminations astronomiques employées comme données fondamentales du calcul des positions géographiques de tous les points de la petite triangulation qui a servi de canevas à la carte topographique des environs d'Alger, levée immédiatement après la prise de cette ville; triangulation que d'autres officiers d'état-major, familiarisés avec la géodésie, comme le sont ceux qui formaient le corps des ingénieurs-géographes, pourront étendre régulièrement loin du littoral de la Méditerranée, et lier à quelques points de l'intérieur de la régence qu'ils auront déterminés astronomiquement. Mais il est nécessaire, pour une opération de ce genre, que le succès de nos armes ait complétement assuré la paisible possession de l'Algérie. En attendant, des reconnaissances dirigées dans des sens différents, appuyées autant que possible d'observations célestes, et combinées avec les levés topographiques des côtes, seront très propres à rectifier des erreurs de position, et à jeter de nouvelles lumières, tant sur la configuration et la nature du terrain que sur la géographie comparée de ces régions si peu connues scientifiquement. Il est donc à désirer que les Dépôts de la Guerre et de la Marine continuent d'intervenir activement, chacun en ce qui le concerne, dans l'exécution de ce travail important: alors seront bientôt résolues plusieurs des questions qui ont trait à la défense et à la prospérité de notre colonie africaine, ou qui se rattachent à celles sur lesquelles l'honorable président de la Commission scientifique de l'Algérie vient de fixer l'attention de l'Académie. »

M. Puissant est prié de s'adjoindre à la Commission chargée de faire un rapport sur la proposition de M. Dureau de la Malle, relative à l'exploration scientifique de l'Algérie.

PALEONTOLOGIE.

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Sur le nouveau genre Siva therium, trouvé fossile au bas du versant méridional de l'Himalaya, dans la vallée du Markanda; animal gigantesque de l'ancien Monde, que je propose de rapporter au genre Camelopardalis; par M. GEOFFROY SAINTHILAIRE (1).

<< M. de Blainville a placé, en novembre dernier, dans le Compte rendu des séances de l'Académie (2), une note pour annoncer et pour y joindre une lettre de l'officier anglais, M. Henri Durand. Cette lettre, écrite de Dadoopor, à son frère à Paris, signale la découverte d'ossements fossiles, qu'il est, dit M. de Blainville, impossible de ne pas rapporter au dromadaire ou chameau à une seule bosse, ainsi que le prouve, selon cet académicien, un dessin qui passe sous les yeux de l'Académie. Je considère, toutefois, cette communication recueillie par mon honorable collègue, plutôt comme une indication de desiderata, que comme la constatation d'un fait; car cette détermination n'était nullement justifiée par l'apport sur le bureau d'un crâne de chameau, ce crâne sorti de la collection d'anatomie.

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Aujourd'hui que je possède la clé du problème, je m'empresse d'en faire part à l'Académie, pour que la rectification de cette erreur profitât à nos lecteurs des Comptes rendus. J'ai été redevable de renseignements à ce sujet à l'obligeance et à la recommandation des auteurs qui ont décrit le nouveau fossile; ce sont M. le docteur Hugh Falconer, directeur du Jardin Botanique de Scharampur, et M. le capitaine Cautley, sur-intendant du doab-canal, tracé dans la branche Sivalek des montagnes inférieures de l'Himalaya. M. Jacquemont, dans une de ses lettres à l'administration du Muséum, datée de Chihi en Kauwor, 15 juillet 1830, donne des détails sur le lieu de la découverte de ce fossile; notre infortuné voyageur avait été accueilli dans le Jardin Botanique que la Compagnie des Indes entretient au pied de l'Himalaya; c'est là, à Scharampur, ou, selon une autre orthographe, à Saharunpour, qu'il a fait ses préparatifs pour aller explorer les célèbres montagnes des Indes.

» Le mémoire très bien rédigé de mes bienveillants correspondants, fut adressé à la Société Asiatique, et imprimé dans son journal, à Calcutta,

(1) Ce mémoire n'ayant pu être lu faute de temps, M. Geoffroy Saint-Hilaire a demandéqu'il fût inséré en totalité.

(2) Second semestre, 1836, no 19, pages 528 et 529.

dans les premiers jours de 1836; une planche très bien faite, et rendant des faits un compte fidèle, accompagnait le mémoire de ces savants anglais. Le dessin original est de M. le capitaine Cautley.

» Or, on apprendra sans doute avec un vif intérêt, que le gigantesque animal sorti des flancs de l'Himalaya, n'est autre qu'une giraffe antédiluvienne. Au premier aspect, et sur la vue des chevilles frontales, je l'ai aussitôt reconnue pour telle.

» La nature des prolongements frontaux des giraffes, qu'abusivement on appelle ses cornes, constitue dans l'organisation une si singulière anomalie, si décidément et tellement personnelle à l'animal, que ce fait ne saurait être compris que comme un cas presque tératologique, et qu'il n'est explicable qu'en recourant aux principes de l'anatomie philosophique. » Les prolongements frontaux des giraffes ne sont ni des cornes, car leur noyau osseux n'est point entouré de matière épidermique ou cornée; ni des bois, car ils se composent de l'unique tige en quoi consiste la dague du premier âge des cerfs. Dépouillés de leur peau velue, continuation des téguments communs, ce sont autant de chevilles osseuses, identiquement les mêmes que les exostoses qui naissent sur le coronal des boeufs et des antilopes. On appelle daguets les faons de cerf, de l'existence de la dague que ce premier âge porte d'abord. Et ces choses ainsi posées, les giraffes, qui portent toute leur vie leurs prolongements frontaux, quand ces tiges tombent chez les cerfs daguets pour être reproduites en rameaux branchus, les giraffes sont au fond, comme système organique, des daguets frappés d'un arrêt de développement. J'ai écrit sur cela un mémoire que je laissai à M. Cuvier avant mon départ pour l'Égypte, et que mon honorable ami fit imprimer pendant mon absence, je traitais dans ce mémoire de la question physiologique touchant ces tiges coronales, cherchant à expliquer les causes de l'arrêt de développement qui prive les dagues, ou chevilles frontales de leur chute habituelle: ce qui subséquemment empêche la renaissance des bois de seconde et troisième année.

» Or de tels événements sont propres uniquement au genre de la giraffe je ne pouvais donc, les ayant si soigneusement étudiés, me méprendre sur leur notion, et encore mieux sur leur valeur de signification, comme éléments de détermination zoologique. Quand je revins de Marseille, où je fus envoyé pour amener à bien le voyage à Paris de notre giraffe, présentement âgée de i2 ans, j'eus occasion de donner une notice sur cet intéressant animal, et d'insister surtout sur de nouvelles recherches, présentant les particularités bien curieuses et explicatives, comme

anatomie et physiologie, de l'organisation des prolongements frontaux (1).

» A proprement parler, ce n'est point comme formation, dans le sens étymologique de ce terme, une réelle exostose; j'y aperçois au contraire un os isolé, qui ne compte point parmi les pièces craniennes; mais qui serait dû à un germe déposé primitivement dans des feuillets cutanés. Les os du boutoir chez les cochons, les carapaces des tatous, les tubercules osseux saillants hors de la peau des raies et des ostracions, en fournissent des exemples: et je rappelle à ce sujet que mon fils a fait une découverte importante (2), dans son observation d'une lame osseuse étalée et isolée, sur les bosses frontales des veaux, cette plaque étant entourée dans le premier âge de tuniques cartilagineuses et tégumentaires : c'est en effet une sorte de germe, comme cela se dit des premiers noyaux dentaires, un germe qui finit par devenir le principe et le point de départ de l'organe qui va être sur-ajouté à un système d'ailleurs déjà complété. » Or, ce point théorique se montre là un fait puissant, et qui éclate visiblement chez la giraffe : le diaphragme cartilagineux, entre le frontal et la dague, s'aperçoit à un moment du développement par l'âge, pour disparaître et bientôt amener la jonction et décidément la soudure des os.

» Voilà une marche dans l'organisation qui est notablement spéciale dans la giraffe, qui est remarquable par des temps diversement marqués dans l'évolution, et qui réalise enfin les conditions de la plus surprenante

anomalie.

» Pour que ces diversités, se prononçant aussi distinctement dans l'évolution, reparaissent ailleurs, ce ne saurait arriver qu'autant que les mêmes

(1) Voici mes remarques écrites en 1827, dans les Annales des Sciences naturelles, t. XI, p. 221.

« Nous eussions dit autrefois que l'os du front s'allonge chez les ruminants branchus ou cornus, et qu'il est renfermé dans les téguments communs qui croissent simultanément; mais d'après la découverte que je viens de faire, et dont la giraffe est le sujet, nous sommes dans le cas de modifier notre langage: nous avons vu, sur le crâne de la jeune giraffe rapportée du Cap par Delalande, que le prolongement osseux que jusquelà nous avions dit formé par l'os frontal, et que nous avions présumé être le produit d'une extension des fibres allongées de cet os, se trouve au contraire une pièce à part, une tige à large base qui recouvre un plancher subjacent : un périoste est dessous cette tige, et prouve son essence d'individualité, dans la plus parfaite évidence. >>

(2) Il ne l'a jusqu'à présent énoncée que dans ses cours, et non publiée par la voie de l'impression.

systèmes d'organisation devinssent le propre d'espèces de même genre; c'est de cela que je fus convaincu en voyant la tête fossile de l'Himalaya. Or m'étant dit que ce concours de circonstances n'était possible que si toutes les raisons du nisus formativus se présentaient toutes à la fois pour produire une giraffe, je ne pus rester un moment en doute que les prolongements frontaux étant semblables, ce caractère d'une puissante indication me révélait que dans les temps antédiluviens, il avait existé une giraffe d'un volume corporel supérieur à celui des giraffes vivantes actuellement.

>> Cette giraffe retrouvée pierre en Asie dans les monts Himalaya, étaitce bien l'ancêtre, la souche des espèces africaines du moħde actuel? C'est dans l'ordre des faits nécessaires, qu'il en existât dans le monde primitif pour perpétuer les races jusqu'à nos jours; mais elle est colossale. N'y aurait-il ici qu'un fait de réduction, comme taille, imposé aux êtres organiques de seconde époque? Ces animaux n'auraient fait que subir une action amoindrissante, et causée par un changement profond dans la nature des milieux ambiants: ceux-ci alors, après de grands cataclismes, ou après la lente et miraculeuse influence du temps, auraient rejeté l'état météorologique de l'atmosphère dans une mesure de pénurie. Qu'on me permette de hasarder cette expression figurée, qui manque de la sévérité exigée dans le langage de la science; je n'ai trouvé que cette manière insolite pour traduire ma pensée.

>> Voilà par quelle série de déductions logiques j'en vins à comprendre promptement, mais toutefois seulement à priori, comment de tels arrangements devaient avoir eu lieu dans le monde primitif, et avaient sans doute donné de premières conformations de giraffe. Or, ceci aperçu, j'avais intérêt à en chercher les preuves par un travail fait à posteriori. MM. Falconer et Cautley, qui m'avaient favorisé en m'envoyant leur description, très heureusement fort étendue, laquelle ils avaient insérée dans les journaux de Calcutta, en janvier 1836, et de plus, l'avantage d'avoir trouvé à point nommé leur mémoire traduit en français dans les Annales des Sciences naturelles, cahier de juin dernier, m'avaient établi en mesure de consulter sans peine les seuls éléments publiés touchant le gigantesque fossile de l'Himalaya : ainsi je possédai les moyens de lire utilement tous les nouveaux faits sur l'ostéologie des giraffes vivantes. Or, qu'y ai-je considéré? Une parfaite répétition sur tous les points quant à la tête, répétition qui s'étend seulement aux rapports génériques. Les dents, toutes les aspérités des reliefs, convexité comme concavité de la face, mais surtout toutes les circonstances caractéristiques des prolonge

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