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dégoûtant, tout ce qui lui a paru le plus propre àjeter de la défaveur sur les principes qu'elle voulait combattre; elle a rappelé les noms exécrables des Marat et des Roberspierre, et elle a eu l'impudence d'assimiler les opinions des hommes qui se dévouaient généreusement à la défense de nos lois, à celles de ces hommes stupides et atroces; retraçant avec complaisance le tableau des horreurs auxquelles leurs principes avaient servi de prétexte, affectant de craindre que la doctrine des défenseurs de la constitution, qui avait sa source dans la charte même, n'entraînât, un jour, les mêmes excès; opposant ainsi continuellement la révolution à la constitution, et invoquant, en quelque sorte, des crimes nés du mépris des lois, comme une raison pour les violer encore.

A ces moyens de considération, dont il paraît que la première idée lui appartenait, et que les autres journaux n'ont employés qu'après elle, la Quotidienne a encore ajouté celui d'adresser beaucoup de personnalités aux hommes contre lesquels se dirigeaient ses attaques; elle a pensé, à ce qu'il semble, que

l'intérêt de sa cause lui commandait de ne garder aucune pudeur à leur égard, et son ion avec eux a presque toujours été celui d'une courtisanne déhontée.

Toute cette tactique de la Quotidienne doit entrer parfaitement dans ses goûts et dans ses moyens. Il paraît qu'elle a pour principaux rédacteurs deux ou trois jolis petits poètes, dont la principale occupation, sous le dernier gouvernement, a été de faire de petits madrigaux, de petites odes, de petits vaudevilles à la louange de Bonaparte et de sa famille, et qui croient aujourd'hui ne pou voir mieux se faire pardonner la faiblesse d'avoir chanté l'usurpateur, et prendre faveur sous le roi légitime, qu'en lançant beaucoup d'épigrammes à tous les hommes qu'ils supposent devoir déplaire aux ministres. On sent qu'il serait assez inutile d'aller chercher dans les articles de ces messieurs des raisonnemens à combattre. Ces messieurs ne raisonnent point, la raison est une arme dont ils se sont tout-à-fait interdit l'usage, et ils paraissent bien décidés à ne défendre leur systême qu'en disant des injures à quiconque ne penserait D.....R. pas comme eux.

JOURNAL GÉNÉRAL DE FRANCE.

On sait qu'en défendant à la tribune de la chambre des députés le projet de loi destiné à rétablir la censure, M. l'abbé de Montesquiou fit, sur la probité de nos journalistes, une profession de foi tout-à-fait édifiante; il avona que ces messieurs étaient toujours de l'avis de celui qui leur donnait le plus d'argent; et qu'ainsi, soit que la presse fût libre, soit qu'elle ne le fût pas, le ministre disposerait de leur plume, dès qu'il voudrait se donner la peine de l'acheter.

Après un tel aveu, M. le ministre ne pouvait employer des journaux qu'il avait publiquement discrédités, et qui, suivant lai s'étaient prêtés à toutes les volontés ou à tous les caprices des ministres du gouverne→ ment impérial. Il devenait donc nécessaire d'en créer un qui fût ministériel sans être vénal, et qui pût propager les opinions du

ministre, sans avoir à craindre d'être accusé d'embrasser toujours la cause du plus fort. C'est, dit-on, à cette nécessité que le Journal général de France doit l'existence.

Les personnes qui ne sont point dans l'habitude de le lire, croiront peut-être, d'après ce que nous venons de dire, que les rédacteurs préconisent continuellement le pouvoir absolu et l'obéissance passive; qu'ils regrettent le régime féodal, et qu'ils préparent insensiblement le retour des jésuites. Hé bien! rien de tout cela n'a lieu; les rédacteurs raisonnent froidement sur tous les objets; ils ne se mettent jamais en colère par ordre supérieur; ils ne sont point entêtés de l'ancien régime ; ils trouvent même qu'il est ridicule de se faire un mérite personnel de la naissance, et se moquent quelquefois des jésuites.

Ils conviennent cependant que la génération actuelle a de grandes obligations à la compagnie de Jésus; car, si nous les en croyons, elle lui doit les Fontanes, les Bausset, les Royer-Collard, les Bonald, et plusieurs autres grands hommes de notre siècle.

<< Notre bon roi lui-même, disent-ils, gouvernerait-il aussi paternellement, avec tant de sagesse, de tolérance et de lumières, s'il n'avait pris des leçons de gouvernement et des directions de conscience d'un jésuite d'Angleterre? (1)» Feuille du 2 octobre). ·

Le Journal Général ne cherche donc pas à nous ramener aux usages ou aux institutions gothiques qui existaient en France avant 1789; il n'essaie pas d'exhumer, comme le Journal Royal, le fatras de Grotius et de Puffendorf; il veut s'en tenir aux institutions de Bonaparte. Une foule d'écrivains ont attaqué l'université ci-devant impériale; cette insti

(1) Quelques personnes croient qu'en reconnaissance de ses éminens services, on va placer auprès des ministres, non une troupe de jeunes étourdis, comme sous le gouvernement impérial, mais un certain nombre de graves jésuites, qui apprendront à leurs Excellences comment il faut intepréter les lois quand l'exécution en devient embarrassan te, ou comment on doit tenir sa parole quand on l'a témérairement engagée.

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