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sidération, et le respect dans l'étranger. Un événement semblable eût entièrement levé et lévera toujours tout obstacle aux négociations ou à la paix. Il assureroit à la France la jouissance tranquille de son ancien territoire; et les autres nations de l'Europe trouveroient dans la paix la sécurité qu'elles sont forcées de chercher aujourd'hui dans la guerre.

"

Cependant, quelque desirable que puisse être cet événement pour la France et le monde entier, S. M. ne limite pas à son accomplissement la possibilité d'une paix sûre et durable.

«S. M. ne prétend point prescrire à la France la forme de son gouvernement, ni le choix des mains auxquelles elle devra confier l'autorité nécessaire pour diriger les intérêts d'une grande et puissante nation.

«S. M. ne considère que la sécurité de ses propres états, celle de ses alliés, et la sûreté générale de l'Europe. Lorsqu'elle jugera que ces avantages peuvent être atteints d'une manière quelconque, soit qu'ils résultent de la situation intérieure de la France, source des dangers présents, soit de toute autre circonstance qui produiroit le même effet, S. M. saisira avec ardeur l'occa sion de concerter avec ses alliés les moyens d'une pacification immédiate et générale.

Jusqu'à présent il n'existe malheureusement aucune sécurité de ce genre, aucune certitude suffisante des principes qui dirigèrent le nouveau gouvernement; aucune base raisonnable, d'après laquelle on puisse juger de sa stabilité. Dans cet état de choses, il ne reste pour le moment à S. M. que de poursuivre, de concert avec d'autres puissances, les efforts qu'exige une guerre juste et défensive; guerre que sa sollicitude pour

1799+

1799.

Dispositions de la

Russie.

le bonheur de ses sujets ne lui permettra jamais nf de continuer au-delà de la nécessité qui la fit naître, ni de la terminer sur aucun autre fondement que ceux qui peuvent leur assurer efficacement la jouissance de leur tranquillité, de leur constitution et de leur indépendance. GRENVILLE.

«Downing-Strect, 4 janvier 1800. »

L'orgueilleuse fermeté de cette réponse du ministre anglois étoit fondée sur les succès que les alliés avoient obtenus en Italie, et principalement sur l'accession de la Russie à la coalition. Mais les sentiments et les intérêts qui avoient déterminé cette dernière puissance à entrer dans le plan et à recevoir les subsides de l'Angleterre, avoient déja perdu une grande partie de leur force. L'empereur Paul I n'avoit été mu, dans cette détermination, par aucun intérêt particulier. Persuadé qué le gouvernement républicain de la France étoit incompatible avec la situation actuelle de l'Europe, il crut qu'il devoit, en sa qualité de souverain, pourvoir à sa sûreté, comme à celle de tous les autres, en faisant tous ses efforts pour le détruire. Il pensoit qu'à son exemple, tous les autres princes ne manqueroient pas de s'unir et de former une croisade contre les Francois.

Lorsque dans les divers événements de la campagne de 1799, campagne glorieuse pour son armée, malgré les revers qu'elle finit par essuyer, il vit que les grands motifs de rétablissement d'ordre social, de souveraineté légitime, de juste équilibre de puissance, qu'on avoit tant fait valoir dans les proclamations et dans les négociations, n'étoient que de vains prétextes, et que

lui seul combattoit franchement pour le grand intérét commun, il ne songea plus qu'à sortir du tourbillon dans lequel il s'étoit laissé entraîner.

Le retour de Buonaparte, et les événements qui le suivirent, justifièrent ses conjectures et sa conduite. A cette époque, il étoit d'autant mieux disposé à une pacification générale, qu'il n'avoit voulu combattre que pour arriver à ce but honorable (1).

La maison d'Autriche n'étoit pas éloignée des mêmes dispositions. Ses dernières victoires lui avoient rendu, il est vrai, ses anciennes possessions d'Italie; mais la défection soudaine des Russes avoit considérablement affoibli ses forces. Elle n'ignoroit pas que les armées françoises s'organisoient pour la troisième fois sous les ordres d'un homme dont elle connoissoit la puissance et les talents, qui, de plus, étoit devenu le chef de l'état, et dont le génie actif substituoit un nouveau ressort, celui de la gloire, au fanatisme politique qui étoit usé. Ainsi tout conseilloit la paix à la cour de Vienne, et comme Buonaparte la proposoit sur les bases du traité de Campo - Formio, on ne put douter qu'elle n'eût été conclue à cette époque, si le cabinet de Londres n'avoit redoublé d'efforts et prodigué les sacrifices pour l'empécher.

Outre la constance du gouvernement anglois dans sa haine et dans la poursuite de ses plans hostiles contre la France, deux grandes erreurs de sa part contribuèrent à rallumer le flambeau de la guerre.

Peu d'observateurs des scènes de la révolution avoient suivi leur enchaînement, démêlé leurs causes

(1) Le traité de paix entre la France et la Russie fut signé le 13 vendémiaire an 10.

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Disposi l'Autri

tious de

che.

Dispositions de l'Angle

terie.

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successives et la complication de leurs effets. On s'occupoit fort peu, même en France, de remarquer, dans ces secousses fréquentes les éléments qui les avoient produites. Les intérêts froissés, les imaginations exal tées, les remords, l'ambition, s'empressoient de jeter dans l'oubli et de couvrir d'un égal mépris les scènes et les acteurs qui se remplaçoient successivement. On blâmoit tout en masse, et tout aveuglément... Combien de faits néanmoins et d'exemples dignes de mémoire sont restés ignorés! Combien d'ombres illustres attendront dans ces épaisses ténèbres que les regards de la postérité viennent à les découvrir et à les rendre à la vie de l'histoire!

Les ennemis de la France ne manquèrent pas de confondre la crise du 18 brumaire avec celles qui l'avoient précédée, et d'en méconnoître les effets.

Cependant l'événement qui venoit de concentrer dans les mains d'un seul chef l'exercice de l'autorité et la disposition sans partage de la force armée, n'étoit pas moins remarquable, mais en sens contraire, que celui de la première révolution, qui, en disséminant les pouvoirs et en les enlevant au roi, lui ôta les moyens de les rallier dans l'intérêt national et dans celui de sa propre conservation.

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que

A cette première erreur sur la révolution du 18 brumaire, le ministère anglois joignit celle de croire les ressources de la France étoient épuisées à un tel point, qu'on ne pouvoit plus désormais lever ni subsides, ni soldats, sans employer la violence: si Buonaparte craignoit de l'employer, il restoit sans armée et sans moyens de résistance; s'il osoit l'employer, ik

compromettoit ouvertement sa puissance et sa vie. Telles furent les causes du refus obstiné et presque insultant qu'opposa le cabinet de Londres à l'ouverture de paix que lui fit le premier consul.

la

Cependant, après tant de malheurs enfantés par guerre de la révolution, le desir d'une réconciliation tant intérieure qu'extérieure étoit si unanime et si sincère en France, qu'on sut bon gré au premier consul de ses démarches pour l'obtenir; et l'on se livroit aux plus douces espérances, quand la réponse du cabinet de Londres vint dissiper ces illusions. La consternation fut générale; mais la nation, blessée de la fierté d'un refus absolu d'écouter aucune sorte de proposition, ressentit plus vivement qu'en aucune autre circonstance les injures qui lui furent prodiguée à ce sujet dans les deux chambres du parlement, et le mépris avec lequel on y traita le chef de l'état.

Buonaparte profita habilement de ces impressions. Une administration éclairée et vigoureuse, la modification des lois atroces contre l'émigration, la réforme de quelques abus, une sorte de tendance vers toute espèce d'améliorations, lui ramenoient insensiblement les esprits.

1799

seconde

guerre de

Il s'appliqua d'abord à terminer la guerre de la Ven- Fin de la dée, que les excès du directoire et les terreurs de la loi sur les otages avoient rallumée. Tous les chefs avoient Vendée. reparu; toutes les bandes s'étoient rassemblées. Les proclamations firent peu d'effet, parcequ'on ne croyoit plus à leur sincérité. Mais il réussit mieux et plus promp、 tement qu'il ne l'avoit espéré, en envoyant dans ces contrées deux généraux, Hédouville et Brune, qui y

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